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Citations de Éric Vuillard (1003)


En fin de journée, les Espagnols se rassemblèrent en armes sur la place. L'Inca apparut une chaîne au cou, les mains liées dans le dos. Valverde ouvrit la marche. Il y avait un trésorier, un capitaine, un alcalde et des soldats. Tout le monde était sur son trente-et-un. Atahualpa semblait rêver. Il questionnait les hommes, cherchait à comprendre, promit une nouvelle rançon et sans doute mille autre chose encore. Il était né fils de roi, destiné à la vie éternelle, cette mort n'était pas la sienne, ce n'était pas possible. Pourtant, les Espagnols n'avaient pas l'air de rire avec leurs torches rouges. On n'allait pas le brûler en effigie, mais pour de bon.
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[...] Ici, il n'y a qu'un art de convaincre qui vaille, iln'y a qu'une seule manière d'obtenir ce que l'on souhaite - la peur. Oui, ici, c'est la peur qui régne. Terminées les politesses allusives, les formes retenues de l'autorité, les apparences. Ici, le petit Juncker tremble.
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Aimer les pauvres, c'est aimer la pauvreté haïssable, ne plus la mépriser. C'est aimer l'homme. Car l'homme est pauvre. Irrémédiablement. Nous sommes la misère, nous errons entre le désir et le dégoût.
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L'homme n'est jamais sûr ; un pauvre bougre peut soudain aller creuser au fond de lui-même, il y trouve une résistance absurde, un petit clou, une écharde.
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Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais de l'Assemblée ; mais bientôt, il n'y aura plus d'Assemblée, il n'y aura plus de Président, et dans quelques années, il n'y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants.
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Schuschnigg regarda fixement Adolf Hitler Il écrira plus tard dans son livre de souvenirs qu'Hitler exerçait sur les hommes une emprise magique . Et il ajoute :"Le Fuhrer attirait les autres à lui par une force magnétique puis les repoussait avec une telle violence qu'un abime s'ouvrait alors que rien ne pouvait combler ".On voit qu'il n'est pas avare d'explications ésotériques .Cela justifie ses faiblesses .Le chancelier du Reich est un être surnaturel ,celui que la propagande de Goebbels veut nous montrer, créature chimérique, effrayante , inspirée . 52
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On voit que l’ingénierie financière sert depuis toujours aux manœuvres les plus nocives.
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[...] lorsque l’humour incline à tant de noirceur, il dit la vérité.
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La littérature permet tout, dit-on.
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À cette époque, à la grande braderie des personnalités, les Françaises veulent Tino Rossi aux Galeries Lafayette et les Américaines swinguer sur des tubes de Benny Goodman. Mais les Autrichiennes s’en foutent bien de Tino Rossi et de Benny Goodman ; elles ont demandé Adolf Hitler. Ainsi, régulièrement, à l’entrée des villages, on entend crier : “Der Führer kommt !” Et puis, comme rien ne vient, on se remet à discuter de choses et d’autres.
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“ De la Bastille, il ne reste rien. La démolition du bâtiment commença dès la nuit du 14 juillet 1789. De l’événement, nous avons les récits du temps. Les députations de notables qui se rendirent à la citadelle et les délibérations de l’Hôtel de Ville y prennent une importance démesurée. On nous raconte la prise de la Bastille du point de vue de ceux qui n’y étaient pas ; et qui vont devenir nos représentants. Ils n’y étaient pas et ne souhaitaient d’ailleurs pas que la Bastille tombe. Ils firent même tout pour l’empêcher. Mais ils ont laissé des témoignages. Car ces gens-là savaient écrire.
Il fallait donc retrouver les relations des gens ordinaires, s’appuyer sur le récit personnel de leur participation à l’émeute du 14 Juillet. Il fallait éviter tout surplomb, afin de ne pas écrire un 14 Juillet vu du ciel. En m’en tenant aux récits méprisés, écartés, j’ai voulu me fondre dans la foule. Et puisque c’est bien le grand nombre anonyme qui fut victorieux ce jour-là, il fallait également fouiller les archives, celles de la police, où se trouve la mémoire des pauvres gens.
L’Histoire nous a laissé un compte et une liste : le compte est de 98 morts parmi les assaillants ; et la liste officielle des vainqueurs de la Bastille comporte 954 noms. Il m’a semblé que la littérature devait redonner vie à l’action, rendre l’événement à la foule et à ces hommes un visage.
À une époque où un peuple se cherche, où il apparaît sur certaines places de temps à autre, il n’est peut-être pas inutile de raconter comment le peuple a surgi brusquement, et pour la première fois, sur la scène du monde.”
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Dans chaque cimetière, il y a une division pour les pauvres, un petit carré mal entretenu, recouvert d’une lourde trappe, sans croix, sans nom, sans rien. Quelquefois, un galet est posé par terre, un bouquet sec, un prénom est tracé à la craie sur le sol, une date. C’est tout. Il n’y a rien de plus émouvant que ces tombes. Ce sont peut-être les tombes de l’humanité. Il faut les aimer beaucoup.
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Ils s'appellent BASF, Bayer, Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken. Sous ces noms, nous les connaissons. Nous les connaissons même très bien. Ils sont là, parmi nous, entre nous. Ils sont nos voitures, nos machines à laver, nos produits d'entretien, nos radios-réveils, l'assurance de notre maison, la pile de notre montre. Ils sont là, partout, sous forme de choses. Notre quotidien est le leur. Ils nous soignent, nous vêtent, nous éclairent, nous transportent sur les routes du monde, nous bercent. Et les vingt-quatre bonshommes présents au palais du président du Reichstag, ce 20 février, ne sont rien d'autre que leurs mandataires, le clergé de la grande industrie; ce sont les prêtres de Ptah. Et ils se tiennent là impassibles, comme vingt-quatre machines à calculer aux portes de l'enfer.
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Les copropriétaires discutent de millièmes qu’ils ne possèdent pas encore, des millièmes d’encre, des centimètres de carte qui représente des territoires inouïs et inconnus. Et déjà ils pinaillent sur les réparations de la cage d’escalier, sur la façade qu’il faudra refaire, sur l’entretien des boites aux lettres.
On hoche la tête. Chacun y va de sa petite réclamation frontalière, de sa servitude de passage. On parcourt en tous sens l’Afrique à la loupe. Alors, l’oeil s’écarquille. Que c’est grand ! Que c’est beau ! C’est une avalanche de formes réelles, de côtes, de forêts, de rivières, de lacs.
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Si l'on soulève les haillons hideux de l'Histoire, on trouve cela: la hiérarchie contre l'égalité, et l'ordre contre la liberté.
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Alors, il pleut des bulles. Le pape se fâche et quand le pape se fâche, il pleut des bulles.
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Les Peaux Rouges étaient considérés comme les débris d'un monde ancien et le mot d'ordre était désormais qu'ils devaient s'assimiler.
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Müntzer est fou, mettons. Sectaire. Oui. Messianique. Oui. Intolérant. Oui. Peut-être seul. en quelque sorte.
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On avait du mal à comprendre pourquoi Dieu, le dieu des mendiants, crucifié entre deux voleurs, avait besoin de tant d’éclat, pourquoi ses ministres avaient besoin de tellement de luxe, on éprouvait paroi une gêne.
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Et peu importe que ce matin-là Helene ait vu ou non, parmi la foule hurlante, les Juifs accroupis, à quatre pattes, forcés de nettoyer les trottoirs sous les regards amusés des passants. Peu importe qu'elle ait ou non assisté à ces scènes ignobles où on leur fit brouter de l'herbe. Sa mort traduit seulement ce qu'elle ressentit, le grand malheur, la réalité hideuse, son dégoût pour un monde qu'elle vit se déployer dans sa nudité meurtrière. Car au fond, le crime était déjà là, dans les petits drapeaux, dans les sourires des jeunes filles, dans tout ce printemps perverti. Et jusque dans les rires, dans cette ferveur déchaînée, Helene Kuhner dut sentir la haine et la jouissance. Elle a dû entrevoir-en un raptus terrifiant-, derrière ces millions de silhouettes, de visages, des millions de forçats. Et elle a deviné, derrière la liesse effrayante, la carrière de granit de Mauthausen. Alors, elle s'est vue mourir. Dans le sourire des jeunes filles de Vienne, le 12 mars 1938, au milieu des cris de la foule, dans l'odeur fraîche des myosotis, au cœur de cette allégresse bizarre, de toute cette ferveur, elle dut éprouver un noir chagrin.
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