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Critiques de Éric Vuillard (1121)
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Une sortie honorable

Un angle inédit et très intéressant sur la guerre d'Indochine et la présence française dans cette région du monde. Les dessous des cartes et de la guerre, qui démontre une fois de plus qu'on ne se bat pas pour un pays ou des valeurs mais pour des industriels et le capitalisme.
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L'ordre du jour

Formidable livre! Précis, agréable, captivant. La tension est permanente, présente, on vit littéralement chaque scène avec leurs protagonistes. Des volets majeurs de l'histoire du XXe siècle décrit avec brio par un auteur de tout premier ordre. Prix Goncourt bien mérité.
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14 Juillet

C'est un événement en soi mais c'est la première et unique fois où j'ai été déçu par un livre d'Éric Vuillard. J'ai adoré tous ses ouvrages, du premier au dernier, mais dans le cas de "14 juillet", ça n'a pas été le cas. Pire, je n'ai même pas pu le lire jusqu'à la fin. En plus d'une dilution de l'action dans les mots, pour une fois, le style remarquable habituel d'Éric Vuillard n'est même pas au rendez-vous.

Alors, l'idée de départ de "rendre" la révolution française, plus précisément la prise de la Bastille au peuple, aux "petites gens" était originale et audacieuse. le problème est que l'on se perd littéralement dans cette foule que l'auteur veut mettre en avant. On subit des listes de noms d'inconnus et de métiers, pour montrer cette diversité et cette universalité révolutionnaire, loin des noms des "célébrités" de 1789, jusqu'à la nausée. C'est hélas indigeste. Lourd. Rébarbatif et lassant.

Finalement, c'est à se demander si l'idée, justement, de résumer la révolution et l'histoire aux "grands" noms n'est pas la bonne solution, car tenir à citer tout le monde, c'est diluer les faits dans la banalité.

Je n'aurais jamais imaginé écrire une critique négative d'un roman de l'un de mes auteurs préférés, mais c'est hélas le cas aujourd'hui. En revanche, plongez-vous dans ses autres oeuvres, c'est un régal, mais évitez le 14 juillet.
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L'ordre du jour

"L'Ordre du jour" d'Éric Vuillard est une plongée saisissante dans les coulisses de l'histoire, où la politique se mêle à l'intrigue avec une finesse déconcertante.

À travers des anecdotes captivantes, l'auteur nous entraîne dans les méandres de l'Allemagne nazie et des relations internationales de l'époque.



Cependant, je dois admettre que par moments, l'histoire politique m'a semblé un peu complexe, et j'ai parfois eu du mal à suivre toutes les subtilités des alliances et des intrigues.



Malgré quelques difficultés de compréhension, son pouvoir évocateur et sa pertinence historique en font une lecture enrichissante et stimulante.
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Tristesse de la terre

J'ai vraiment beaucoup aimé ce petit livre qui se lit très vite. À travers l'histoire de Buffalo Bill, Eric Vuillard va nous esquisser l'histoire du génocide indien par les américains. C'est incroyable qu'en si peu de pages on puisse ressentir autant d'effroi. On retrouve le style que j'ai beaucoup aimé dans l'ordre du jour, incisif, des descriptions de scènes centrées sur les sensations plus que les descriptions. En particulier, la scène du massacre de Wonded Knees est vraiment glaçante. On y est, on voudrait ne pas y être mais comme si l'on était témoin d'une catastrophe, on ne peut s'empêcher de regarder jusqu'au bout. Il réussi le pari de parler de quelque chose de terrible, de nous indigner, sans entrer dans des détails glauques ou voyeuristes. Je pense que ce livre restera gravé dans ma mémoire un moment.
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L'ordre du jour

Les tours de passe-passe sous le chapeau des dictateurs



De quelle façon et au terme de quelles manipulations un bonimenteur comme Hitler a-t-il ouvert le gouffre et le vertige de sa « grande Allemagne » ? Quels acteurs puissants a-t-il mis au fond de sa poche afin de faire jouer les sinistres marionnettes de son Troisième Reich ?

Avec une méticuleuse attention et une grinçante ironie, Éric Vuillard choisit de relater quelques-uns des moments de la montée en puissance de l’inquiétant dictateur dont les méthodes rappellent étrangement celles de Poutine : mensonges, menaces, pièges, manipulations, trafic des images, désinformation…

On se souvient de la cauchemardesque colonne de chars russes déployés à proximité de Kiev au début de la tentative d’invasion de l’Ukraine, colonne de chars soudain figés dans une sorte de filet onirique aux allures ironico-tragiques... Le 12 mars 1938, la machine infernale est en marche et malgré la grotesque panne d’essence qui bloque la Panzer division aux portes de l’Autriche, rien ne semble cependant pouvoir l’arrêter.

Et pendant ce temps-là, dans un asile de fous, l’écrivain évoque le peintre Louis Soutter, devenu incapable de manier un pinceau à cause de son arthrose, « Il était peut-être en train de dessiner avec les doigts sur une nappe en papier une de ses danses obscures. Des pantins hideux et terribles s’agitent à l’horizon du monde où roule un soleil noir ».


Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Tristesse de la terre

Lu en 2016. Une biographie romancée de Buffalo Bill agréable à lire. Une plume concise et ciselée, une sobriété dans la narration, une justesse dans le ton.

Un regard sur l'homme et la portée de sa légende, à travers le succès de son célèbre Wild West Show qui a enthousiasmé les foules d'Amérique jusqu'en Europe. Cela raconte la tristesse, le pathétisme, l'avilissement, la surenchère, la manipulation et la fascination malsaine... Des photographies d'époque émaillent l'ouvrage, ajoutant au récit sa force tragique et émotionnelle.
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L'ordre du jour

Lu en 2021, ce roman lauréat du prix Goncourt 2017.

Je n'avais franchement pas été emballée par la narration, froide et lancinante, malgré un sujet qui mérite toute l'attention des lecteurs : la montée au pouvoir d'Hitler, l'annexion de l'Autriche, les mécanismes politiques (entregent, intérêts économiques).
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Une sortie honorable

Un livre exceptionnel que j'ai découvert par hasard à ma bibliothèque et que j'ai dévoré. L'écriture est de grande qualité et nous raconte comment des entreprises françaises bien connues profitaient de la guerre d'Indochine. Le colonialisme, les banques, la cruauté des humains, l'armée, la politique,... Tout y passe avec une plume acide pointant toujours le noeud du problème. C'est brillant, cruel et instructif. Un délice.
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La bataille d'Occident

Comme un patchwork des grands noms de la guerre, le livre s'éparpille dans le contraste entre les grandes stratégies, les pseudos grands homme et la simple vie de tous les jours du pékin moyen. Le parallèle relevé avec un humour noir est souvent saisissant. C'est certes démonstratif mais, au delà des images, j'ai regretté le manque de consistance de l'ouvrage, trop porté sur la dérision. Mais c'est un style qui semble être la marque de fabrique de l'auteur.
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Tristesse de la terre

Vuillard raconte un Buffalo Bill qui a décidé d’entretenir sa légende. En effet, l’homme a mis en scène ses batailles qui ont fait de lui ce qu’il est. Le hic, c’est que dans ces représentations, il y fait ‘’jouer’’ de vrais Indiens. Le Wild West Show fait le tour des États-Unis. Succès retentissant. Mais derrière se cache un visage moins glorieux. Celui d’un peuple dépossédé, martyrisé, humilié. Les Indiens d’Amérique ont souffert, beaucoup, se sont vus exploités, déracinés, de leurs terres, de leurs. Un texte bouleversant, au ton juste. Un texte fort, marquant. Une lecture nécessaire, pour la mémoire.
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L'ordre du jour

Il me fallait lire un livre primé pour Les Jeux en Folie... et le Challenge Multi-Défis. Les livres primés et moi ne sommes que très rarement en phase, j’ai donc pris le plus petit que je savais où trouver mais avec un sujet qui m’intéressait !!



Allemagne, février 33, une réunion des 24 plus grands industriels, convoquée à l’instigation d’Hitler pour remplir les caisses du parti nazi. Et par la même occasion, remporter leur adhésion sur l’avenir.



Je vais faire court, très court même, je n’ai pas apprécié la plume de l’auteur ! Son texte, ni vraiment roman, ni réellement livre d’Histoire, ne m’a pas apporté plus de précisions sur ce que je peux savoir sur l’Allemagne nazie avant et pendant la guerre. Sur quelques faits historiques ou personnes réelles, l’auteur ironise à coup de grands mots parfois obscurs voire abscons sur des comportements et des décisions prises !



J’ai eu l’impression de le voir se faire plaisir à nous lancer son érudition au visage sans se donner la peine de partager des découvertes ou des explications !



J’aime les jolis mots, les belles phrases, les envolées lyriques bienvenues mais j’ai eu la sensation de lire un égocentrique s’autocongratuler sur sa manière d’interpréter l’Histoire ! Un livre très snob qui ne m’a absolument rien apporté !



Jeux en Foli...ttérature XX

Challenge Multi-Défis 2024
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L'ordre du jour

Dans ce court récit historique, Éric Vuillard nous raconte l’effet papillon d’un rendez-vous de 24 industriels et banquiers allemands convoqués par Goering (nouveau président du Reichstar) en 1933, de la visite hallucinante de Lord Halifax alors ambassadeur d’Angleterre ou du manque de courage de Schuschnigg - premier ministre autrichien.



L’ordre du jour raconte l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, mais il relate surtout l’opportunisme d’Hitler et ses complices qui ont pu compter sur des hommes peu regardant, rapidement vaincus malgré la maîtrise approximative de certaines situations par les nazis.



C’est intéressant, bien écrit.

Ça ne sera pas une lecture très marquante pour moi mais je suis contente que ce livre soit passé entre mes mains.
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L'ordre du jour

Un petit livre avec sur sa première de couverture, un homme en tenue de grande classe, et pour cause il s’agit de : Gustav Krupp. Février 1933 une réunion des principaux hommes d’affaires allemands à lieu au Reichstag, dans le seul but d’aider le financement du chancelier allemand Hitler, et dont ils bénéficieront en retour de multiples largesses dans les commandes d’armement et d’une main-d’œuvre gratuite ! Nous avons là les grands noms de l’industrie allemande tels que : BASF, Bayer, Agfa, Opel, Siemens, Allianz...



L’auteur relate les prémisses de l’entrée de la deuxième guerre mondiale, en l’occurrence l’Anschluss, période de mars 1938, tout simplement, l’annexion de l’Autriche, lors de la – Blitzkrieg –. Les tendances belliqueuses du troisième Reich se font déjà sentir quelques années auparavant, avec des événements dramatiques révélateurs, tels que : dès 1933, les projets (ouverture de Dachau, la stérilisation des malades mentaux, la nuit des longs couteaux, entre le 29 juin et le 2 juillet 1934, qui va officiellement éradiquer la montée en puissance des SA de Ernst Röhm, ainsi que la nuit de Cristal le pogrom contre les juifs qui se déroula du 9 au 10 novembre 1938).



L’aveuglement des autres pays face à la montée du péril, que se soient Lord Halifax, Neuville Chamberlain et Édouard Daladier, qui animés d’une volonté de paix ferment les yeux devant l’ogre nazi. Certes, il est facile de juger après tant d’années, et peut-être sommes-nous toujours pusillanimes devant le risque de guerre. Nonobstant, le sentiment de désastre, la situation conflictuelle contemporaine, ne laisse pas d’augurer d’un avenir radieux. Et la lecture de ce récit ne peut que conforter une tristesse abyssale devant le propre de l’homme : la cruauté.



Prix Goncourt 2017, « Éric Vuillard » nous remémore avec ce synthétique « L’ordre du jour » les motifs fallacieux de l’entrée en guerre de la puissante Allemagne. Un excellent rappel sur les dangers du pouvoir politique, de même que du pouvoir de l’argent, qui ne peut que faire craindre, le sempiternel règne des mensonges.


Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Tristesse de la terre

Bienvenue dans la société du spectacle comme aurait dit Guy Debord. Parce que la téléréalité, qui du reste n’a de réalité que le nom, celle qui se donne des airs de représentation du réel en simplifiant à outrance, et qui fait du business avec, eh ben vous savez quoi ? C’est Buffalo Bill qui l’a inventée. Oui, je sais, ce raccourci peut surprendre.



Eric Vuillard, dans ce roman aux allures d’essai revient sur le fameux Wild West Show créé par William Cody plus connu sous le nom de Buffalo Bill, et son acolyte John Burke. Ces deux-là ont fait circuler à travers les États-Unis d’Amérique et en Europe avec un immense succès, une troupe de huit cents personnes, cinq cents chevaux et des dizaines de bisons et reproduisaient les grandes batailles contre les peuples autochtones sur une scène de cent mètres de large dans des décors en carton pâte. Le pire, dans tout ça, c’est que les indiens, et parmi eux, le plus célèbre d’entre eux, Sitting Bull, moyennant quelques dollars, sont venus jouer leur propre rôle dans ce ridicule pastiche. Et que Monsieur et Madame Toulemonde, avec leurs enfants, se sont rués pour voir les indiens se faire massacrer pour de faux. Cody a poussé l’ignominie jusqu’à faire jouer des enfants indiens, quitte à en perdre quelques uns, laissés malades dans telle ou telle ville étape du spectacle.



Cody a également inventé le merchandising parce qu’à l’entracte, en mangeant des hot-dogs, on pouvait s’acheter une veste à franges, un tomahawk ou un collier indien. Business is business.

On ressort de cette lecture avec un profond dégoût pour la manière dont les indiens ont été tués une deuxième fois, assimilés à des bêtes curieuses, le regard vide, ayant perdu toute dignité.

Après, on a eu Loft Story. Voyeurisme et exhibitionnisme. Pauvres de nous.



Challenge Multi-Défis 2024.

Chalenge Riquiqui 2024.
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L'ordre du jour

Sujet historique qui a déjà fait l'objet de nombreuses publications. Si vous vous sentez concerné par notre actualité politique et guerrière ce livret d'Eric Vuillard est loin d'être inintéressant.

Un dictateur, même élu dans un premier temps, n'est rien sans les soutiens financiers qui lui permettent d'étendre son pouvoir. En fait, l'histoire est soumise aux opportunistes qui profitent d'une situation.

Et quand ils se sont remplis les poches au point d'être incontournables pour le nouveau régime ils finissent toujours par s'en sortir, au lieu de se retrouver accrocher à un gibet avec les idiots qui se sont mouillés politiquement.

J'ai longtemps hésité sur l'intérêt de ce minuscule "roman". Sa force, sa moralité, surgit dans les 20 ou 30 dernière pages, c'est là que j'ai compris que le prix Goncourt pouvait se justifier.

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L'ordre du jour

Féru de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, je me suis enfin plongé dans l'Ordre du jour, récit historique narré de manière plaisante. L'auteur n'hésite pas à changer de mode narratif, se plaçant parfois en tant qu'observateur extérieur. le procédé est intéressant et réussi. Éric Vuillard parvient en outre à ne jamais paraître péremptoire (ou disons, pas trop...), ce qui est le risque de ce genre d'exercice.



L'ordre du jour est truffé de nombreux détails qui raviront les amateurs d'histoire. Ribbentrop notamment, nous est dépeint avec brio au cours d'une soirée surréaliste chez Chamberlain. Ce sont ainsi plusieurs petites anecdotes, esquissées avec talent, qui dépeignent la grande Histoire, à travers deux évènements dont l'importance capitale fut occultée par la suite : le soutien des industriels allemands aux nazis en 1933, et l'anschluss, l'annexion de l'Autriche.



Néanmoins, c'est un livre très court qui ressemble davantage à un travail préparatoire qu'à un véritable roman. 160 pages lues en une heure et demi, j'ai refermé ce bel ouvrage avec un sentiment de trop peu. Je vais néanmoins me pencher sur les autres travaux de cet auteur que je n'avais jamais lu.



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Une sortie honorable

Ce livre m’a été prêté et chaudement recommandé par un lecteur averti. Je commence avec ce livre ma découverte de cet auteur. Si les trois premières pages ont accroché mon attention, les 45 suivantes ont été plus pénibles à lire jusqu’à me demander si je n’allais pas abandonner la lecture, le style faisant écran au fond. Lyrisme? Un mélange de points d’exclamation et de mots d’argot au milieu de phrases complexes? et puis j’ai poursuivi et ai lu d’un trait la suite, appréciant ma lecture et savourant notamment la visite de De Lattre de Tassigny aux États Unis et son interview. Source d’informations notable et mise en abîme des travers de nos pseudo démocraties.
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L'ordre du jour

Une nouvelle bien difficile à imaginer à notre époque et pourtant le rapprochement de l’Autriche et de l’Allemagne avant la 2ème guerre mondiale devraient nous faire réfléchir et nous mettre à l’abri de la dictature et de l’horreur. Méfions nous des malades qui nous dirigent, de ceux qui critiquent nos démocraties au profit de sociétés libérales ou socialistes. La réalité du terrain est bien différente de ce qu’on veut bien nous faire croire.
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Une sortie honorable

« Une sortie honorable » : le titre est explicite, empreint de mépris envers le peuple assujetti. Comment sortir la tête haute de cette sale guerre embourbée en Indochine, « épicentre de quelque chose, une angoisse, un désir aphasique, silencieux, avare ». Ici les choses sont claires d'entrée, on se fout royalement des pertes humaines, surtout locales. Il s'agira avant tout de « relancer la guerre pour en finir et reconquérir l'Indochine pour la quitter». Il y aura bien en 1950 Mendès-France pour évoquer une sortie par la négociation de cette guerre trop onéreuse, idée vite balayée dans l'Assemblée par un vent d'indignation dans une analogie funeste, car « la capitulation, c'est toujours Munich ou Vichy, lieu commun de la rhétorique de tribune ».

C'est aussi et surtout à une galerie de portraits sans concession à laquelle on aura droit au long de ce court récit, un festival de piques mordantes envers les caciques du pouvoir de l'époque. Hommes politiques, militaires ou banquiers, de Maurice Viollette à De Lattre de Tassigny en passant par Henri Navarre et Marie Ferdinand de la Croix de Castries mais aussi Emile Minost, tous ne sont pas connus, mais tous seront épinglés par la verve ironique d'Éric Vuillard. Même s'il faut toutefois les nuancer : « si les militaires avaient bel et bien pratiqué la torture, le bombardement des civils, l'emprisonnement arbitraire, si les parlementaires avaient encouragé la guerre, adoptant à la tribune le ton des grandes heures, en revanche, les administrateurs de la banque n'avaient officiellement rien dit. » On apprendra sans réelle surprise à la toute fin qui touchera le jackpot.

Sans se perdre dans le détail historique, Eric Vuillard construit son récit en ciblant une éloquence avant tout persuasive et explicite, dans des chapitres courts aux allures de scénettes sans lien forcément apparent entre elles, même si le puzzle indochinois se révèlera au final avec maestria. Ses sources documentées et variées s'intéressent à des éléments factuels d'époque, mais aussi aux « éléments du langage » comme pour le titre, ou par exemple le lexique à connaître pour ce guide touristique de l'époque : « va chercher un pousse, va vite, va doucement, ...relève la capote, conduis-moi à la banque, chez un bijoutier,.... ». Des éléments de langage restitués dans son langage à lui, acerbe et corrosif, précis. Ça étrille et ça dézingue, les mots y sont comme des coups de poignard dans la cuirasse de la IVème République. Mais il y a aussi le rire (jaune) qui peut surgir à l'improviste chez le lecteur. De Lattre de Tassigny invité à « Meet the Press », émission politique de la NBC, ou encore Henri Navarre tourmenté d'avoir mal appris « ses leçons à l'école de guerre », en révisant son Jomini après une cuisante défaite...



Le Goncourt avait consacré « L'ordre du jour », récit sur l'Anschluss. Ici le lecteur reconnaîtra la manière singulière d'Eric Vuillard dans ce nouveau récit historique aux mots punchy et corrosifs, au ton caustique et ironique, au phrasé virtuose et à la construction éloquente. À la différence que cette sortie honorable a été organisée près de chez nous, il y a moins d'un siècle.
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