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Citations de Ève de Castro (248)


«  Les coups ne sont rien à côté de la faim. Tu peux te sauver devant les poings et le fouet , tu peux te cacher, parfois tu peux rendre les gifles.
Tu n’échappes pas au garde- manger vide et au puits à sec.
La grande famine a été la forge et l’enclume. Elle a fait de nous les soldats que nous sommes » .
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Nous aimions tous les deux les romans anglais, les chevaux, les plages bretonnes, les bons vins. Nous voulions ce que veulent, je suppose, tous les couples de notre genre : trois beaux enfants, un grand appartement où recevoir commodément, une dévouée Philippine à plein temps, un manoir dans une région desservie par le TGV et un voyage pour nos anniversaires respectifs. Un peu image d'Epinal, mais dans nos milieux, on se renie rarement.
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En haut des six marches vermoulues, une toute petite lanterne se balance avec des couinements doux. C'est Piotr qui, malgré la dépense en huile et en mèches, tient à l'allumer dès la tombée du jour. « Pour les âmes égarées, sourit-il sur ses trois chicots, pour qu'elles sachent que chez nous, on les accueillera bien. » Un clin d'œil dans la nuit. « Parce que la nuit, ajoute le vieil homme en alignant avec soin ses allumettes dans leur boîte, la nuit guette au fond de chacun de nous. »
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La cuite c'est comme la jambe en l'air, une rente, on ne manque jamais de clients.
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Pas un instant je ne songeai que j’avais conclu un pacte qui m’allait conduire en enfer. J’avais promis à Marie que jamais la situation ne m’échapperait, et je me faisais fort de mettre un terme à cette collaboration si les modalités venaient à me déplaire, ou si l’affaire tournait à mon désavantage. Ma tête grouille de personnages mais les rangs ne se mélangent pas, non plus que les vertus et les vices. Quand j’ai besoin d’un caractère, d’un décor ou d’une rime, je ferme les yeux, je passe mes étagères en revue et sans rien déranger je me sers. Dans ma hâte de jouer au grand auteur Baptiste crachait ses idées sur ma table comme des noyaux d’olive. Trois sur quatre me tiraient un soupir. Je surveillais la pendule. Il gémissait :
- Etes-vous déjà las de moi ?
Je répondais :
- Travaillons.
- Mais je travaille ! Cela ne se voit pas ?
Il se cassait en deux et improvisait la querelle d’un barbon avec un valet.
- Vous ne notez rien ?
Je repoussais les feuillets que nous venions de relire.
- A quoi bon ? Une fois sur le théâtre vous en ferez autre chose.
Des deux mains il m’envoyait un baiser.
- L’Illustre a raison ! Il a toujours raison !
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Je me demande à quoi ressemblerait mon visage démasqué. Je n’aurai jamais la réponse, heureusement. Je ne souhaite pas, au soir de ma vie, me regarder dans le miroir et rencontrer quelqu’un que je ne connais pas.
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Je suis homme de plume. De silence et de réflexion. Des orteils à l’occiput Baptiste était homme de scène. Il ne pensait pas, il sentait. Son monde intérieur ressemblait à une auberge un soir de banquet, tout y était cul par-dessus tête, les sentiments et les habits s’y tachaient de potage, ce n’étaient que cris, cavalcades, broches à tourner, pots de chambre à vider, et sans cesser de sautiller, de se mordre les doigts, de fourrager sous sa perruque et de grimacer face au miroir, il piochait au petit bonheur dans ce désordre. La construction d’une intrigue l’intéressait peu, l’unité d’action, de lieu et de temps encore moins. Il savait reconnaître un beau vers et s’extasiait devant la perfection des miens, mais eussent-ils été bancals qu’il m’eût félicité pareillement. Il ne se souciant pas d’ne pénétrer les intentions cachées, il ne se demandait jamais si les réflexions suggérées dans les comédies qu’il signait méritaient d’être incarnées autrement que sur le mode grotesque. Il n’y cherchait ni l’écho de nos vies, ni celui du siècle. Ces objets que je mettais sur le tour et polissais pour lui, si vibrants d’émotion qu’ils fussent, n’étaient à ses yeux que marchandise d’une valeur à peine supérieure aux costumes des acteurs.
Il songeait avant tout à gagner la faveur royale, et dans cette quête mon génie lui était un outil parmi d’autres.
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J’ai peur. Je ne suis plus Apollon, ni le roi de France, je ne suis plus que Louis consumé de terreur.
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«  Le vierge , le vivace et le bel aujourd’hui
Va - t- il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !  » ..

Mallarmé .
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Les femmes devraient avoir la même liberté d'être et d'agir que les hommes. Elles ont autant d'intelligence, souvent plus de réflexion. Elles ont aussi la force morale, qui vaut mieux que la force physique. Si on ne leur donne pas le droit de faire ce que font les hommes, elles doivent le prendre. Leur destin leur appartient.

[p63]
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Quand on manque de tout, rien n'est à personne.
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- J'ai souvent pensė qu'il serait plaisant de faire un mariage entre ces deux êtres. Ce qui en résulterait résoudrait les questions que nous nous posons.
Une voix d'homme renchérit :
- Savez-vous où trouver cette Anastasia ?
-Elle vit en Pologne chez une connaissance de Zofia Boruwlaska qui l'a prise par charité.
Une voix de femme demande:
-Et si l'on tentait l'expérience avec une femme de taille normale, que pensez-vous qu'il en résulterait ?
-La chose est impossible ! Voit-on des carlins s'accoupler avec des dogues femelles ?
-Ou des coqs avec des paonnes ?
-Et pourquoi pas ? Malgré la difference de taille, la gymnastique pour deux humains ne serait pas très compliquée.
-Aurions-nous ici deux humains au sens où nous l'entendons ?
-Je préfère pour ma part l'idée de Joujou et de sa soeur. Une portée de lutins à leur image, ce serait ravissant.
-Anastasia n'est pas une chatte, selon toute vraisemblance elle n'aurait qu'un ou deux bébés à la fois.
-Alors nous remettrions l'ouvrage sur le métier jusqu'à obtenir une lignée ! Une lignée de poupées Boruwlaski blondes aux yeux bleus!
-J'en veux une!
-Moi aussi !
-Seront-elles à vendre ?
- Tout dépendra du nombre de produits obtenus. S'il n'y a que deux ou trois, je les garderai pour moi.
-Quel égoïsme !
-Je vous les échangerai contre la paire de juments albinos , celles que vous admirez chaque fois que je les fais atteler.
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De surcroît Mrs Frasers s'offrait le luxe de posséder une réputation de mathématicienne impressionnante ,une voix comme une pluie d'étoiles et des gestes si gracieux qu'ils donnaient envie d'embrasser l'air autour d'elle .
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Ma belle-soeur dit que mourir est la dernière sottise qu'il nous soit donné de faire ; plus on la recule, mieux c'est.
Qu'elle soit confiante, je prendrai tout mon temps. Je prendrai même celui que Dieu hésite à me donner.
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On peut nommer, prier et honorer le Créateur sous différents noms et de différentes manières. Il ne répond jamais, quoi qu'on lui dise, et ne châtie pas non plus, quoi qu'on prétende et là-dessus on prétend l'abondance.
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Lorsque les rois sont véritablement rois, ils sont moins humains que les autres hommes parce que la passion et la grandeur étouffe en eux toutes les autres. Ils rêvent de réconciliation, ils voudraient pardonner. Ils ne le peuvent.
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On s'habitue aux coups. Le corps apprend à esquiver les plus vicieux, l'esprit à s'évader pour échapper au désespoir. Mais pas toujours. As-tu recensé combien de femmes russes se pendent ou se jettent dans le puits parce que mourir vaut mieux qu'endurer ce qu'elles vivent ?
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Avec les mots, découvre t-il, on chasse l'ennui, la tristesse, la honte, le manque, la peur.
Dans chaque livre, un autre monde palpite.
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Oui, Monsieur, à la Cour, il vous faudra porter perruque. Le roi sous l'impressionnant échafaudage capillaire que vous lui verrez n'a plus aujourd'hui le poil vaillant , il se fait raser le peu qu'il lui reste et personne n'oserait afficher près de lui une chevelure en pleine santé. Mais ne vous souciez pas d'acheter un postiche, il s'en loue à chaque coin du château. Vous choisirez une coiffure courte pour assister à la messe de sa Majesté, une bien serrée pour jouer à la paume ou chasser, et une mi-longue pour le jeu ou le bal. Demandez ce qui sied à votre âge, et si vous hésitez, prenez conseil du Duc de Chartres, le fils de Monsieur, il saura ce qui convient. Par contre dans les rues de Paris, dans les jardins du palais-Royal ou à la Comédie, vous pourrez aller au naturel. Tirez vos boucles en arrière en les faisant un peu bouffer, comme je vous ai montrė et poudrez les å l'amidon de riz plutôt que de maïs, legèrement le matin, généreusement le soir. Lavez votre tête au moins une fois le mois, peignez-vous en veillant à décoller les croûtes, usez de la lotion vivifiante que je vous ai laissé et je vous promets qu'à mon âge vous ne serez pas chauve.
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Le tailleur n'en revient pas. Le bottier et le chapelier non plus. Le gantier encore moins. Ils reprennent leurs mesures une fois, trois fois, dix fois. Joseph Boruwlaski, neuf ans, yeux bleus, cheveux dorés, mesure un pied huit pouces, qui font cinquante centimètres, soit la taille moyenne d'un garçon ordinaire à la naissance. Cinquante centimètres des talons à l'occiput, avec le tour de crâne, de poitrine et de hanches, la longueur des membres et du cou, celle des mains et des pieds parfaitement proportionnés à cette hauteur. Le nouveau protégé de la starostine n'est pas un nain à grosse tête et courtes pattes comme on en voit dans les foires.
'C'est un enfant minutiarisė', dit le peintre appelé pour croquer au fusain la gracieuse silhouette.
'Une réduction d'humain', dit le médecin qui l'examine avec le sérieux et les instruments de la science.
'Un lilliputien égaré sur nos terres', dit le lecteur de Madame de Caorliz qui vient d'achever Les voyages du capitaine Lemuel Gulliver, traduction de l'abbé Desfontaines de l'ouvrage du sieur Jonathan Swift.
'Un miracle incarné' dit le chapelain qui se signe discrètement chaque fois qu'il croise Joseph, au cas improbable mais néanmoins possible où ce miracle serait l'oeuvre du Prince des ténèbres et non celle du Très -Haut.
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