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EAN : 9782221134085
288 pages
Robert Laffont (04/01/2018)
3.89/5   78 notes
Résumé :
Jeanne pense souvent au point de bascule. L’instant où la vie change de cours. Où l’homme qui n’était qu’un voisin, un parent, un amant, un fonctionnaire, un commerçant, devient un criminel ou une victime. Quand elle compulse ses dossiers, quand elle punaise une coupure de presse sur son mur, c’est ce mystère qui la hante. L’instant où le passé, le présent et l’avenir cristallisent sans remède. »
Paris, 2017. Saint-Pétersbourg, 1909. Une rencontre sur un qua... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Eve de Castro se sert d'un fait divers datant du début du 20ème siècle en Russie pour mettre en lumière une réalité malheureusement encore beaucoup trop présente dans les sociétés de nos jours : la violence faite aux femmes.

Si Lena avait vécu de nos jours, elle n'aurait pas chômé… Elle serait sacrément débordée même ! Car en France, au cours d'une année, en moyenne 219'000 femmes âgées de 18 à 75 ans, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime. L'auteur de ces violences est le mari, concubin, pacsé, petit-ami ; ancien ou actuel ; cohabitant ou non.

Dans ce thriller historique deux histoires vont se côtoyer, deux voix vont se lever et se répondre pour mieux pénétrer le cerveau aux aguets du lecteur aguerri.
A travers une fable noire et cruelle l'auteure nous plonge dans les prémices de la révolution russe et du chaos sociétal, pour revenir de nos jours dans la petite bourgeoisie parisienne.

Fluide et recherché à la fois, le style de l'auteure fonctionne tout de suite, on se suspend à ses lèvres de conteuse virtuose, pour suivre les méandres d'une femme en quête d'absolu.

Travaillée au cordeau, la structure narrative de ce récit, ingénieuse et singulière, est un piège pour le lecteur et crée une addiction puissante, un vrai plaisir romanesque.

Eve de Castro écrit des romans comme des tableaux, qui dépassent leur support à travers les émotions qu'il nous procurent.
Plus on avance dans la lecture, plus on est saisi par l'intensité et la brutalité de l'Histoire, la vraie, celle de millions de russes à l'aube de la révolution.

Brillant du début à la fin, avec un coup de théâtre final étourdissant.


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Voici un superbe thriller historique , derrière ce titre intrigant se cache deux destins en théorie , diamétralement opposés mais présentant quelques similitudes.
L'auteure conte l'histoire d'un fait divers du tout début du XX° siècle: Jeanne et Lena , l'une en 2017 à Paris , octogénaire passive , retraitée , fataliste qui organise sa vie pour ne pas sombrer , l'autre Lena de 1880 à 1909 à Saint- petersbourg , afin de mettre en lumière les violences faite aux femmes, sexuelles ou physiques.

Les deux histoires se croisent au fil des chapitres , l'auteure choisit de les mettre en corrélation , ce qui rend compte de leurs choix sans les juger.

Lena , première femme russe féministe était aussi une fameuse criminelle , terrible justicière , condamnée à mort le 9 juillet 1909, le fameux point de bascule ou l'instant où la vie change de cours : soit que l'on devienne un criminel ou une victime , Lena: Alexandra Grigorievna Popova née en 1866, perdra son mari en 1891 , lors de l'incendie de leur maison à Samara , puis se fera la justicière, se mettra au service des femmes afin de les soulager: «  Au seuil de l'Isba une femme pleurait sous le joug d'un homme » .
«  Elle a délivré presque trois cents malheureuses » .
Nous plongeons dans les prémices de la révolution russe , le chaos , la famine dans la Russie de ces années -- là : , «  La famine devenait malédiction ». «  On parlait de châtiment divin, de fin du monde. ».
«  On avait dévoré tout ce qui marche , rampe , pousse , sur et sous la terre. On mastiquait le cuir des bottes , le papier des livres, la toile des sacs. On arrachait les dernières feuilles, on mâchait l'herbe , la mousse, la neige . On mangeait les vêtements , les cheveux , les ongles , les déjections » .
La Russie vit les derniers feux de l'autocratie .
L'auteure souligne avec force l'apathie du peuple russe, , son indolence, sa soumission au sort, tout ce pan de l'âme russe que la révolution lavera, secouera , nettoiera , le battra pour qu'il en sorte autre chose,..

Lena fait bouger les choses à sa manière , fort ,en quête de reconnaissance , sans que son sexe devienne une entrave.
Jeanne , dans le Paris littéraire, de 2017 , finit par s'habituer , trouve des fils auxquels s'arrimer , « On les tisse, on s'en enveloppe , on se calfeutre » dans le souvenir de son Maurice disparu lors d'un accident à Samara, et de son travail à L'Opéra , jusqu'à sa rencontre avec Paul Brideau , écrivain qui cumule les conquêtes ...
Ces deux femmes humiliées , bafouées, violentées se vengeront : « Vengeance, tu seras »

N'en disons pas plus...
La fin est géniale , je m'y attendais un peu mais quand même !
Le style est fluide, l'auteure fait preuve d'un incroyable talent de conteuse , au début , les deux histoires ont du mal à imprégner le lecteur puis Ève de Castro nous fascine, nous bouscule, nous séduit jusqu'à la dernière page par son écriture travaillée ses évocations lyriques , à la fois réalistes , visuelles , presque cinématographiques de la pré - révolution russe.

Un très bel ouvrage où la tendresse côtoie l'humour et le dispute à la gravité des moments .
J'ai préféré les chapitres consacrés à la Russie , écrits dans une police différente des chapitres du Paris contemporain.
J'avais lu «  le roi des ombres  »en 2013 et «  Nous serons comme des dieux » , il y a longtemps.


«  Tu prônes la nécessité du sacrifice sur l'autel de la liberté . Tu prétends lutter pour la délivrance du peuple russe .
Mais que sais- tu de nos souffrances camarade LÉNINE? » .....

«  Dans ta chair , qu'en sais - tu ? »....

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Premier coup de coeur de l'année que je dois à Babelio et aux éditions Robert Laffont ! Eve de Castro dans La femme qui tuait les hommes nous offre deux portraits de femmes saisissants. La première vit en Russie au tout début du XXe siècle. Elle se fait appeler Léna et est une sorte de justicière se portant au secours des femmes russes, battues et asservies par des maris violents dont elle se presse de les débarrasser… ce que d'aucuns appellent une tueuse d'hommes !

"la tête haute, les épaules ouvertes, le torse bombé. Je voulais ressembler à une guerrière, à la figure de proue d'un navire."

Rude femme du peuple, elle n'a d'yeux que pour le jeune Vladimir Illich.

"Je voulais que tu sois là comme on veut que Dieu existe et que la mort soit un début".

La seconde, Jeanne vit à Paris à notre époque. Elle est une vieille femme qui a traversé la vie comme une feuille emportée par le vent : sans liberté ni rébellion. Seulement une sorte de fatalisme et de passivité. Retraitée, elle organise sa vie à la minute près pour ne pas sombrer.

"On finit par s'habituer, oui. On trouve des fils auxquels s'arrimer, on les tisse, on s'en enveloppe, on se calfeutre."

Jusqu'au jour où elle croise le chemin de Lucie… et celui de Paul Brideau, écrivain qui collectionne les conquêtes comme d'autres les trophées de chasse.

Eve de Castro nous plonge dans une Russie en plein bouleversement, où la famine sévit et les consciences s'éveillent. Il y a des pages sublimes dans ce livre sur la Grande Famine ; en très peu de mots, l'autrice pose tout de suite le décor et on se retrouve littéralement plongé dans cet enfer.

La vie de Jeanne n'est guère plus clémente, bien que celle-ci semble souvent être plus spectatrice qu'actrice des événements qui la composent. Un peu comme si elle vivait par procuration :

"Tu me rapporteras des souvenirs ?"

On suit en parallèle ces deux histoires sur deux époques différentes, en se demandant quel sera le lien qui finira par les unir. Puis, Paul Brideau, cet écrivain qui "pose des rails pour que d'autres voyagent" entre dans la danse. Et là, tout prend sens… jusqu'au rebondissement final.

"Toi qui me lis et pour qui j'ai vécu, me vois-tu enfin ?"
Lien : https://wordpress.com/read/f..
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« le titre est cool, je pense qu'il y a plein de nanas qui voudraient en tuer des tas de mecs. Non ? »
Lena en tuera 272 ! Par amour d'un homme ! Pour sauver des femmes.
Jeanne racontera l'histoire de Lena, son histoire et celle de Lucie.
Lena et Jeanne se vengeront à deux voix des hommes qui violent, qui battent, qui humilient les femmes. Chacune à leur manière mais avec le même chant, celui de la colère, celui de la lassitude d'être bafouée, abandonnée.
Retrouvez les pièces manquantes de cette critique façon « puzzle » en lisant ce roman lourd et illuminé où les mots d'Eve de Castro accrochent parfois abrupts comme du Teulé ou fins comme du Brontë mais toujours enrobés d'un souffle romanesque sans pareil.
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Ce roman est à l'image des matriochkas russes, vous savez ces petites poupées russes s'emboitant les unes dans les autres et se découvrant de la plus grande à la plus petite. Voici un roman à multiples tiroirs mais commençons pas le début et le début c'est l'épilogue...... Oui je m'explique.

1909 - Prison de Kresty (Saint Pétersbourg) - Tout commence par une lettre d'une femme, Lena, une lettre-testamentaire écrite avant d'être exécutée qu'elle adresse à son idole, Vladimir Ilitch Oulianov mais en plus connu sous celui de Lénine, celui dont elle se sent proche par sa propre lutte pour rendre justice et dont elle s'est voulue le bras armé et pour laquelle elle a commis 272 crimes.

2017 - Paris - Une rencontre sur un quai de métro entre Jeanne, octogénaire et Julie, 26 ans désespérée suite à une rupture avec Paul Brideau, romancier et coureur de jupons qui rêve de voir couronné son travail par un prix Goncourt.

Voilà vous avez toutes les poupées : de la plus grande qui correspondrait à la grande Histoire avec Lénine qui se bat pour la cause du peuple mais aussi la sienne et qui entraîne dans son sillage une sorte de "fan" inconditionnelle qui se veut la vengeresse de toutes les femmes opprimées qu'elle rencontre, par devoir mais aussi un moyen d'existence car elle se fait rétribuer : 20 roubles la vengeance. Et puis il y a Jeanne, une ancienne couturière au Palais Garnier, une femme de l'ombre, qui travaillait en coulisses, vit dans une mansarde et qui va faire de cette rencontre avec Julie une sorte de "cheval de bataille" pour se sentir utile, devenir visible et indispensable avec une idée en tête bien sûr.

Il y a le passé avec la grande Histoire et la révolution bolchévique, il y a le présent, beaucoup moins glorieux, avec Jeanne, fait de rencontres et en particulier d'un amour éternel pour Maurice. Il y a également un roman qui s'écrit sous vos yeux, un roman écrit à plusieurs mains.... Oui je sais c'est difficile de s'y retrouver mais croyez-moi une fois plongé dedans on ne lâche pas même si au début on flotte à la fois dans les époques et les narrations des différents personnages.

J'ai beaucoup aimé démêler, grâce à l'auteure qui maîtrise parfaitement les différentes narrations, les fils et remettre au fur et à mesure chacun à sa place, à son rôle, comprendre ce qui dans le passé de chacun des personnages avait provoqué cette soif de justice. J'ai aimé Jeanne qui? à sa manière devient la projection d'une justicière russe pour se guérir de ses propres blessures. J'ai abominé l'odieux Paul Brideau et sa soif de chair féminine et de consécration n'hésitant pas à mettre à profit l'utilisation des femmes pour arriver à ses fins. J'ai été soufflée par le personnage de Lena, qui ne dévira jamais de sa route, de son sacerdoce faisant de sa justice une lutte pour les femmes.

L'écriture est vivante, la construction est très habile ne dévoilant les événements qu'au moment opportun pour en garder tout le mystère sur certains même si l'on se doute qu'une fin est programmée mais qui n'en garde pas moins tout son charme.

Chacun(e) sa lutte, chacune son destin, il y a de l'histoire, une forme d'aventure, une pointe de suspense, de la tendresse et de la rage, des personnages hauts en couleur, très bien installés et décrits. Je me suis installée auprès de Jeanne, sur son banc dans le métro et je l'ai sentie revivre grâce à une rencontre qui lui a permis de sortir de sa monotonie et lui donner une raison de vivre.

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
19 mars 2018
Ève de Castro s’est inspirée de la vie d’une tueuse en série russe du début du 20e siècle, Lena Popova, pour écrire un nouveau thriller historique très prenant, mis en parallèle avec une histoire contemporaine se déroulant à Paris : La femme qui tuait les hommes.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Je vais te dire Vladimir Ilitch, ce que la faim fait aux gens.
Quand ils ne trouvent plus rien, vraiment plus rien de solide ni de liquide à se mettre dans le ventre, ils déterrent les cadavres. Ils le font en cachette, ils ont honte. Mais les hordes grossissent, la honte s’efface devant l’urgence, ils piochent en plein jour. Les fossoyeurs touchent leur part, l’horreur fait recette. Les dépouilles sont tronçonnées, vendues, bouillies, revendues. On enterre à tour de bras, mais pas assez vite pour nourrir les vivants.
Alors les affamés mangent ceux qui meurent sous leur toit. Parents, conjoint, enfants. Ils pleurent, ils se flagellent, ils se traînent à genoux devant les icônes. La faim ronge toujours. Ils regardent leurs proches, ils voient de la viande sur pied. Cette pensée s’empare de leur âme, ils égorgent l’oncle qui les emmenait pêcher, la tante qui les a bercés.
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A cette époque, je parlais souvent à Dieu. Je lui ai parlé longtemps, et beaucoup. Quand j'ai compris que l'homme creuse sa tombe sans que le ciel réagisse, j'ai arrêté. Pries-tu encore, Volodia ?
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Tu prônes la nécessité du sacrifice sur l'autel de la liberté. Tu prétends lutter pour la délivrance du peuple russe. Mais que sais-tu de nos souffrances, camarade Lénine ? Dans ta chair, qu'en sais-tu ?
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«  Les coups ne sont rien à côté de la faim. Tu peux te sauver devant les poings et le fouet , tu peux te cacher, parfois tu peux rendre les gifles.
Tu n’échappes pas au garde- manger vide et au puits à sec.
La grande famine a été la forge et l’enclume. Elle a fait de nous les soldats que nous sommes » .
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Les coups ne sont rien à côté de la faim. Tu peux te sauver devant les poings et le fouet, tu peux te cacher, parfois tu peux rendre les gifles. Tu n'échappes pas au garde-manger vide et au puits à sec.
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