5.
Le Jardin des Finzi-Contini
Giorgio Bassani
4.07★
(972)
Comme dans Les lunettes d'or et autres histoires de Ferrare, c'est encore de la société provinciale italienne que Giorgio Bassani nous donne, autour d'une énigmatique figure de jeune fille, un tableau minutieux et concret, mais en même temps voilé de brume. Quand le livre s'achève, tout a été dit. Cependant, pour le lecteur comme pour le narrateur, se posent des questions sans réponse, et l'on se rend compte que c'est une visite au royaume des morts que l'on vient de faire; la mélancolie vient assombrir le décor d'un passé irrémédiablement perdu.
le Jardin des Finzi-Contini est un roman singulièrement envoûtant, car c'est surtout celui des relations humaines complexes qui finalement demeurent en suspens : celles qui lient le narrateur à l'insaisissable Micol, celle-ci à son frère Alberto, l'amitié trouble d'Alberto pour le Milanais Malnate, ou celle difficile du protagoniste pour ces deux jeunes gens.
Et tout autour d'eux, il y a , extraordinairement vivant, le microcosme de la Ferrare bassanienne, dont se détache, aristocratique et solitaire, la famille Finzi-Contini, séparée du monde par les murs de son immense jardin planté d'essences rares. L'assaut des discriminations raciales et des persécutions, dont on voit lentement se resserrer l'étau, semble un instant devoir combler le fossé qui s'ouvre entre elle et ses compagnons de malheur, mais il ne fait en réalité que le creuser davantage ; comme si , depuis toujours, les Finzi-Contini avaient attendu ce tragique signe d'élection, comme si tout leur orgueil n'avait été que celui de s'acheminer, les yeux grands ouverts, tête haute, vers le brasier qui réduit en cendres une époque. Et finalement, vue à travers la poésie de Bassani, la communauté israélite de Ferrare devient le symbole de la société humaine.