Dans ce livre destiné à la jeunesse (mais très intéressant aussi pour les adultes), l'auteure évoque la façon dont, à l'âge de 11-12 ans elle a vécu le débarquement des forces alliées en juin 1944, en Normandie où elle habite (pas très loin du village de Sainte-Mère-Eglise).
Elle témoigne de ses conditions de vie extrêmement difficiles liées à la pauvreté de ses parents (dont le père est garde-barrière), à la position géographique des deux passages à niveaux à surveiller (dans les marais) et bien sûr aux restrictions dues à la guerre et à l'occupation allemande.
Dans un style simple, fluide et très accessible, l'auteure fait la narration (c'est une enfant qui parle) des événements qui ont précédé la nuit du débarquement et la semaine qui a suivi celui-ci. En effet, bien que peu instruits et socialisés, le père, la mère et Geneviève ont accompli des actions hors du commun quand il s'est agi de guider dans les marais les parachutistes américains de la 82e et de la 101e Airbone Division (un peu plus de 300 hommes), de récupérer sur le terrain armes et ravitaillement largués et tombés dans les marais, de soigner et de nourrir certains d'entre eux blessés ainsi que trois Allemands. Des actions héroïques dont ils seront, plus tard, officiellement récompensés.
L'intérêt de ce livre est double.
S'agissant de la "petite histoire" : il permet de voir Geneviève évoluer au sein de sa famille et progressivement gagner en maturité (de souffre-douleur soumise elle devient une femme-enfant active et volontaire dénonçant la guerre et rejetant Dieu qui ne fait rien pour l'empêcher) ; de rendre compte de la transformation sensible du père (qui d'alcoolique illettré lâche et violent se révèle, in fine, un héros totalement humble très soucieux de "ses petits gars" qu'il a sauvés et un père qui semble voir sa fille sous un nouveau jour ; de découvrir une mère aimante, très croyante et convaincue du pouvoir de l'amour, de la foi et de la prière qui, là aussi, passe d'un statut de femme discrète et soumise à un statut de femme déterminée et efficace sur qui tout repose. En figures secondaires, il y a le dernier-né Claude totalement perturbé par ce qu'il vit, l'aîné Francis qui se sort miraculeusement d'un bombardement pourtant ciblé, mais aussi la grande soeur dont on est sans nouvelles.
S'agissant de la "grande Histoire" : le lecteur est informé des conditions dans lesquelles les premières forces alliées sont arrivées sur le territoire français (avant même le débarquement) afin d'ouvrir la voie aux troupes qui allaient accoster. On mesurera là l'abnégation de ces soldats qui, pour beaucoup, se seront sacrifiés pour permettre à d'autres d'avancer. On voit aussi que dans l'enceinte feutrée et chaleureuse de la maison familiale, Américains et Allemands ont pu cohabiter et même se respecter dès lors que pour eux, la guerre était terminée puisque blessés.
C'est donc une histoire vraie facile à lire et qui se lit comme un roman d'aventures, malgré le caractère dramatique de certains passages. A n'en pas douter, ce récit devrait plaire aux adolescents mais aussi à toute personne qui s'intéresse à la Seconde Guerre mondiale.
Il permet de s'interroger sur les notions de liberté, de solidarité, de fraternité, et même de pardon. Il interroge aussi sur l'absurdité de la guerre et sur la précarité de la vie. Il donne à voir les ravages de l'alcoolisme, la violence intra-familiale, les horreurs des blessures et de la mort.
Ce témoignage met en avant le vécu d'une famille qui, malgré l'adversité et sa pauvreté, malgré la guerre et ses privations, vexations, trahisons et délations a su donner à l'Autre le peu qu'elle avait, au risque de sa propre sécurité. Elle montre que tout un chacun est capable de se dépasser, de changer dès lors que l'on est placé face à des enjeux ou des circonstances qui le nécessitent. Et le lecteur ne peut que se demander s'il en aurait fait de même...
Seul petit bémol pour moi : malgré la présence de deux cartes en début de livre, j'ai eu une réelle difficulté à visualiser la topographie des lieux et donc à mesurer la réalité des différents trajets effectués par les uns et les autres d'un point à un autre (mais cela reste malgré tout accessoire).
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Quelle émotion j'ai ressentie en lisant le récit des souvenirs de cette fillette. L'auteur décrit avec humilité ce qu'elle a vécu étant enfant. Elle a vécu la guerre (ses horreurs mais aussi ses espoirs) et nous raconte avec ses mots à elle ce qu'elle a ressenti lorsque les troupes alliées ont débarqué le 6 Juin 1944. C'est un récit poignant, j'ai été très touchée par les sentiments décrits et analysés.
Geneviève nous permet de vivre le débarquement de l'intérieur, quasiment en direct. Ce témoignage est différent parce que le héros ne se situe pas qu'en 1ère ligne. On pleure pour cette petite fille si effrayée et en même temps si courageuse. L'émotion est palpable. L'excitation de ce jour aussi.
Ce n'est pas une autobiographie, c'est un témoignage. Et il nous montre qu'au milieu des horreurs d'une guerre, il peut y avoir de l'amour, de la générosité. C'est un livre parfait pour les collégiens qui veulent pousser plus loin la réflexion et compléter les leçons du professeur. Il devrait se trouver au programme d'études tant il est instructif. Aussi bien sur le plan historique que le plan humain.
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Cette histoire se passe durant la Seconde Guerre mondiale,c'est un sujet qui m'intéressait et je voulais lire un livre qui en parlait. Pourtant après plusieurs pages,je n'étais pas plus emballée que ça,je m'attendais à quelque chose de vivant,illustrant bien la guerre et ces premières pages m'ont déçues.
Le début du livre s'étale beaucoup sur la situation initiale de l'histoire,avec la petite vie quotidienne de Geneviève,le personnage principal du livre,pendant 70 pages.
Mais,à la suite des pages,je me suis sentie de plus en plus absorbée et intéressée.Ce livre ne raconte pas seulement la guerre mais raconte aussi l'évolution des relations durant la guerre,entre Geneviève et son père alcoolique et violent,Geneviève et sa mère travailleuse,mais aussi Geneviève et son petit frère bien-aimé.Celui-ci raconte aussi l'amour,la gentillesse,la bonté et l'indulgence de cette famille pourtant si pauvre et peu soudée qui s'unit et regarde pour une fois dans la même direction pour sauver les soldats américains alliés...comme les soldats allemands ennemis.C'est une très bonne leçon de morale.
J'ai vraiment aimé ce livre,où alternent des moments de grande tristesse,et les horreurs de la guerre avec les quelques moments de bonheur devenus rares.Le fait que cela soit une histoire vraie prête à réfléchir,surtout après avoir lu la fin,à laquelle je ne m'attendais pas du tout et qui m'a attristée.
Je conseille ce livre qui nous apprend à voir la vie du bon côté,malgré toutes les horreurs qui peuvent arriver.
C-P.
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Ce roman, c'est l'histoire de Geneviève, fillette de 12 ans qui relate l'arrivée des parachutistes, dans la nuit qui précède le débarquement, dans les alentours de Sainte Mère Eglise.
Elle raconte comment sa mère, a accueilli ces soldats, comment son père a parcouru avec sa barque les marais, pour récupérer, les soldats qui ont atterrit dans l'eau, le ravitaillement et les caisses de munitions.
Elle relate également les jours qui ont suivi et l'horreur de cette guerre, mais aussi, les relations qui vont s'établir, entre les blessés secourus par sa mère, américains ou allemands.
Un roman où règne humanité et humilité.
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« - S’il vous plaît, madame, je voudrais écrire un petit mot à ma famille. Auriez-vous une feuille de papier et une enveloppe ?
Son regard si triste devient suppliant.
- Je vais mourir aujourd’hui, madame. Je sais que je ne reverrai plus jamais les miens.
- Quelle idée ! Vous n’avez pas fini de dire des choses pareilles ? Vous êtes en bonne santé, pour vous la guerre est finie. Alors pourquoi voudriez-vous mourir ? Votre femme ne serait pas contente si elle vous entendait.
- Les Américains, tout à l’heure, vont m’emmener. Je sais ce que cela signifie pour moi.
- Vous dites n’importe quoi. Les Américains sont des hommes d’honneur. Ils ne tireront pas sur un adversaire désarmé.
Maman a parlé fermement. Douloureusement, l’Allemand précise :
- Vous n’avez pas compris, madame. Ce ne sont pas les Américains qui vont me tuer.
Alors maman comprend. Elle cache son visage dans ses mains et s’écrie :
- Oh non, ce n’est pas possible ! Vous ne voulez pas dire que …
- Hélas, oui, madame.
Il sait, lui, que les Allemands qui le verront dans la jeep aux côtés des Américains vont le prendre pour un traître et l’abattre en priorité. A moins qu’ils ne fassent pas de différence et tirent d’office sur tout ce qui bouge. De toute façon, l’officier se sent perdu. Irrémédiablement.
- Voilà pourquoi je tiens à écrire une dernière fois à ma famille.
Posant sa main sur l’épaule de l’officier, maman soupire :
- Mon pauvre garçon, mon pauvre garçon, comme c’est bête, la guerre.
Je crois bien qu’ils pleurent tous les deux. »
Fils d'Amérique, vos vies à mes yeux avaient un prix inestimable. Pourquoi vous a-t-il fallu payer un tel tribut pour nous rendre une liberté dont nous ne serons peut-être pas dignes ? Sans les menées de ce fou criminel qui a pour nom Adolph Hitler, quel aurait été votre destin, là-bas, près de vos familles, en ce beau pays d'Amérique ? Petits soldats, mes amis, je saigne de toutes vos blessures, je souffre toutes vos agonies et si je me remets tout de même à chanter, c'est parce-que vous m'avez appris la rude leçon, du courage et de l'espérance. Cette leçon, je ne l'oublierai pas.
Kerry et l'officier s'observent. Puis, spontanément, l'Allemand tend la main à l'Américain. Kerry hésite une fraction de seconde. Son regard croise celui de maman qui lui fait un imperceptible signe de tête. Le doux géant, alors, accepte la main tendue.
Les deux hommes se regardent longuement, amicalement. Chez nous, il n'y a plus d'ennemis. Il n'y a que des hommes qui souffrent
Tout à coup, je prends conscience de tout ce nous manque réellement. J'en ai le vertige. pas de pansements, pas le mondre désinfectant. Nous avons aucune notion médicale, pas la moindre idée de la façon dont il faut s'y prendre pour réduire une fracture. Nous ne savons même pas si une fracture de ce genre est guerissable. Je comprend tout à coup que la pauvreté n'est pas seulement matérielle. Il y a une autre pauvreté, beaucoup plus profonde, beaucoup plus injuste : la pauvreté intellectuelle. Et c'est chez nous, les plus pauvres parmi les pauvres que Dieu envoie ses enfants blessés. Décidement, ce bon Dieu-là, je ne le comprendrerai jamais.
L'enfer est ici, sur la terre, et ce jour qui se lève va, un instant, entrebâiller sa porter.
Les méconnus de l'histoire
Les méconnus de l'histoire qui donnent "le coup de pouce à l'histoire"
Geneviève DUBOSCQ, présente son
autobiographie "Bye bye Geneviève". Elle avait 12 ans en juin 44, et vivait près de Sainte Mère l'Eglise. Des parachutistes Américains détournés par le mauvais temps, tombèrent dans la zone inondée par les allemands, c'est ainsi que la famille Duboscq sauva environ 300 a 500...