Edencity, tome 2 : Les patrouilles du crépuscule

Une suite tout à fait à la hauteur du premier tome. Elle m'a d'ailleurs donné énormément envie de me replonger dans Alice Crane, la série spin-off de Edencity.

Nous reprenons l'histoire là où nous l'avion laissé. Saralyn et Gaspard sont toujours accaparés avec l'arrivé de Démétrius dans le quartier rouge d'Edencity et les choses se compliquent autant qu'elles se précipitent. La menace pèse sur nos deux héros mais j'ai trouvé en plus de cela qu'il y avait un degré de paranoïa encore plus intense. Difficile d'avoir confiance en qui que ce soit. Par le biais de Saralyn, bien entendu, certains personnages nous paraissent sympathiques et digne de confiance mais le doute persiste toujours. C'est assez inconfortable pour le lecteur d'autant plus que nous n'avons toujours pas vraiment de réponses concernant Saralyn et son passé. Pour le coup, la guerre interne qui se passe chez les corbusards passe assez au second plan. Elle n'a même quasiment pas d'intérêt en soi. On connait assez facilement quel clan va l'emporter et on se concentre vraiment sur notre héroïne. le côté « enquête » manque peut-être un peu d'ailleurs de ce côté-là, mais il n'en reste pas moins que le roman est très intéressant.

Il faut dire que ce second tome joue plus sur les relations entre les personnages. On voit que Gaspard et Saralyn ont développé quelque chose de plus fort. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on a un début de romance, mais un attachement réel sans aucun doute. C'est assez flou en somme. J'aime beaucoup leur dynamique même si les problèmes de personnalités de Saralyn font qu'on tourne de temps en temps un peu en rond. Lorenzo est aussi beaucoup plus présent. J'aime beaucoup ce personnage pour plusieurs raisons. D'abord, son duo avec Saralyn, sans aucune hésitation. L'amitié qui se construit est vraiment sympathique. Et puis Lorenzo nous offre aussi une vision des corbusards qui n'est pas forcément évidente. Ils ne sont pas tous à mettre dans le même panier car beaucoup sont des monstres, mais il y a tout de même une nuance. Une exploitation très réussie de ce côté-là. Et puis, le vampire a un sens de l'humour que j'aime aussi beaucoup.

Saralyn est au centre de l'histoire. J'apprécie toujours autant le personnage mais j'avoue que quelques points me chagrinent. Son manque de curiosité. Plusieurs personnages le lui reprochent d'ailleurs. Un trait de caractère voulu par l'auteur, sans aucun doute, mais qui est une vraie torture pour le lecteur. Elle est aussi dans l'émotionnel sans vraiment l'être. Je m'explique. du fait de son amnésie, de son conditionnement et de ce qu'elle est, une lycaride (voire plus…), elle a un côté très humain mais qui est freiné par le reste. C'est un équilibre étrange mais positif. C'est quelque fois comme suivre un nouveau né qui a tout à apprendre. Et elle apprend mais pas toujours comme on le voudrait. le cas Justin est un l'exemple même. Ce type est louche à tous les niveaux. Mais alors très très louche. Sa fausse gentillesse exacerbée, ses secrets, son côté hypocrite, l'étouffement qu'il produit sur Saralyn… J'aurais fui un type pareil depuis belle lurette mais l'instabilité de notre héroïne fait qu'elle doute. Et c'est compréhensible quand on prend le personnage dans sa globalité mais… je ne le sens pas du tout pour la suite.

La fin m'a passablement énervée. Pas parce qu'elle n'est pas bien, juste à cause d'un événement qui se produit. Injuste et assez incompréhensible. Il va pas mal chambouler, je le pense, la suite de l'histoire. Mais en même temps, je me dis que cela va pimenter la vie de Saralyn, même si elle n'en a pas vraiment besoin. de quoi me donner bien envie de poursuivre l'aventure !

Nous retrouvons Saralyn Fara, toujours Spécialiste de l'Organisation, chargée d'exterminer les Corbusards, ces non-humains qui, non contents de s'en prendre aux humains, se font la guerre entre clans rivaux, manipulés par un certain Demetrius, étranger très puissant apparu depuis peu à Edencity. Mais le roman est principalement axé sur les relations ambigües de Saralyn avec son coéquipier Gaspard, qui apparaît tantôt comme un ami dévoué prêt à tout pour la protéger, tantôt comme un traître à l'Organisation détesté par tous. Un autre personnage lié à Saralyn se montre sous différents visages : Lorenzo, alias Rack l'ivrogne, chef controversé des Sorciers, qui entretient un lien très particulier avec elle, une amitié contre-nature étant donné le métier de la jeune femme. Justin, son protecteur et supérieur au sein de l'Organisation, n'est pas très net lui non plus : que lui cache-t-il sur son passé, que sait-il de ses pouvoirs qui se dévoilent chaque jour un peu plus au prix de souffrances physiques intolérables ?
Beaucoup de paranoïa dans ce tome, et de la frustration par rapport aux nombreuses interrogations encore en suspens... Des réponses dans le 3ème volume ?

Le titre semble nous narguer avec son antithèse et attire immédiatement les lecteurs amateurs de fantastique. Comparer Eden City à l'enfer est un premier clin d'oeil, car la ville est une entité démoniaque à elle seule. Dès l'incipit, on se plonge dans le quotidien hors du commun et mystérieux des personnages. La tourmente intérieure de l'héroïne et les secrets de son acolyte ajoutent du poids à l'ambiance. L'intrigue ne manque pas de rebondissements. L'aura qui se dégage du roman est pesante, et l'enquête criminelle sert davantage à révéler d'autres conflits entre les êtres surnaturels qui foisonnent. le climat est oppressant, sanglant, mais un charme gothique opère. Les scènes de violence sont très bien décrites, les émotions des personnages très bien exprimées. Ce qui m'a séduit, c'est le caractère de l'héroïne qui, contrairement à ce qu'on voit souvent en bit-lit, n'attend pas qu'un beau gars chapeaute ses décisions ou ses actions : elle se débrouille seule malgré ses doutes. J'ai été séduite par l'originalité de l'univers fantastique de l'auteur. J'ai vu une allégorie de notre propre société dans cette lutte contre les créatures inhumaines et les crimes plus horribles. J'ai dévoré la série, en trois tomes, disponible en littérature jeunesse, mais je suis définitivement une ado...

Ce second tome d'Edencity met en scène Saralyn Fara après trois mois d'expérience comme agent aux côtés de Gaspard Flynn, toujours sous l'autorité de Justin.

La guerre entre les différentes factions surnaturelles de la ville fait maintenant rage et celles-ci se regroupent en deux catégories: les opposants et les alliés de "l'Étranger". À travers l'exercice de ses fonctions, Saralyn entrera malgré elle dans les coulisses de l'ORPHS (organisme pour lequel elle travaille) tandis que des non-humains (corbusards) puissants interagissent discrètement avec elle de leur côté.

Fidèle à son caractère calme et ouvert d'esprit, elle fait face à toutes les situations avec courage et détermination, même si le doute s'immisce de plus en plus: pourquoi son coéquipier est-il unanimement détesté ? ; pourquoi l'Étranger et d'autres corbusards lui vouent-ils une attention particulière ? ; que se cache-t-il derrière les ombres de son amnésie et sous celui de ses cauchemars récurrents ?

Si ce tome ne répond pas complètement à ces questions, il a au moins le mérite de nous révéler d'étonnantes informations sur plusieurs personnages gravitant autour de Saralyn: la famille de Justin, le passé de son coéquipier, la nature cachée du chef des vampires... sans compter, naturellement, quelques nouveaux détails sur le passé de Saralyn elle-même.

Le tout est raconté avec beaucoup de talent par l'auteur, qui nous plonge dans cet univers mystérieux dans un rythme envoûtant et une plume directe.

Nous continuons à suivre les aventures de Saralyn, qui se dévoile de plus. L'apparition de l'étranger, et l'attention qu'il semble lui accorder apporte encore plus de mystère sur l'identité de Saralyn et ce qu'elle représente. Elle est toujours aussi attachante et perdue.
Gaspard se révèle de plus en plus et nous apparaît de plus en plus profond, sympathique, ses réactions et attentions envers Saralyn sont très touchantes même si le doute persiste sur sa fidélité à l'Organisation.
Nous nous attachons de plus en plus à Lorenzo, car son personnage est plus développé et présent dans ce tome ci.
Encore beaucoup de questions sans réponse qui donne très envie de lire le troisième.