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Ludo Godot (Illustrateur)
56 pages
délit buissonnier n°6 (01/07/2022)
5/5   3 notes
Résumé :
cris et kiffs d’une maîtresse d’école
l’école et moi

emprise

comment écrire ou dire
leitmotiv
tenir
j’pose ma dèm’
j’entame une reconvers’

cris et kiffs d’un conte de fées
quand je serai grande je serai maîtresse d’école
quand je serai grande je veux m’occuper des enfants en difficultés
quand je serai grande je connaissais pas l’éducation nationale
la baguette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
À l'image de la quatrième de couverture qui est un extrait de l'avant-dernier poème, ce recueil, que j'ai beaucoup aimé, est un cri lucide de colère paradoxalement apaisée par une terrible envie de « renouveau ». J'ai comme l'impression que si la cloche a sonné, cette fois-ci elle n'annonce pas des vacances scolaires, mais plutôt un nouveau départ. La maîtresse aux mille mugs « Merci maîtresse » et au « sac tissu pour voyage/avec écrit Aline dessus » semble prendre son envol et s'éloigner des enfants qui (étaient ?) « sont le seul nid de rêverie/ Aux traits longilignes infinis/ qui s'offre à [son] quotidien ».
En fée de conte à la baguette magique de volonté de bien faire son travail elle a vaillamment lutté, mais la lucidité a touché son fond, « car avoir de l'acuité/être lucide/peut rendre fou », « c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier ». L'éducation nationale, ce « train qui va dans le mur », ce « système [qui] est foireux » semble sonner les cloches de la maîtresse aimée des enfants qu'on préfère, parce qu'elle ne se glisse plus dans le moule, envoyer devant le « spécialiste de la santé mentale et spécialiste en expertise » : « il faut qu'il trouve que c'est [elle] la défaillante et pas le système éducation nationale » (page 46). J'ai relevé, ce vers très touchant « j'évoque des occupations poétiques qui le laissent totalement indifférent » à rapprocher de l'image de l'oisillon de la page 45, qui « peut/ouvrir ses ailes comme il veut ». Pour cette maîtresse d'école maternelle, « le seul logis est le poème » (page 4), car parmi les nombreux cadeaux reçus à la fin de l'année scolaire il y a aussi « un dictionnaire de rimes et un livre de poésie ». Il y a encore des parents qui comprennent que la poésie est vitale. La maîtresse s'interroge (elle est « trop question » dès la page 34), sans aucun signe d'interrogation, en silence, car « muselée », cris étouffés « jusqu'à quel âge on peut travailler/avec des tout-petits enfants ».
Les quelques illustrations originales de Ludo Godot, sont fort à propos, je trouve. Sombres comme le tableau dépeint par la slameuse de talent qui nous restitue vigoureusement et sans avoir sa langue dans la poche les « cris et kiffs d'une maîtresse d'école maternelle » (page 4).
Parmi les tranches de vie de ce quotidien professionnel, il y a des moments délicieux comme la visite du peintre Marjan en classe (page 39), la piscine qui « sort [les enfants] du quartier » (page 8), ou bien la « Sortie à la campagne » (page 14) quand « Le lapin tremble posé sur une caisse/des morveux passent lui faire une caresse ». J'ai ressenti beaucoup de tendresse, paradoxalement, dans ce « morveux » désignant « les enfants [qui] ont droit d'être un troupeau ».
Quand la cloche sonne uniquement les grands vacances, on est déjà dans le passé, quand « le lit douillet que personne veut quitter/les retards les pleurs tout/s'envole dans l'été et les grandes vacances » (page 29).
Je souhaite solidairement et de tout coeur à Aline que « le jour abreuve l'esprit/d'un fouet vital » encore pour longtemps et dans la même poésie qui libère.
Les enseignants on beau se mettre au numérique et regretter incidemment le papier, l'air qu'ils respirent est celui « étouffé d'un métier /un peu malade/un peu vieilli/que personne veut soigner » (page 25). J'ai bien peur, et je me permets de le dire en connaissance de cause, que ce ne soit pas le seul service public souffrant gravement de liberté. Celle-ci « se nourri[ssant]/de tas de pourquoi », elle est devenue incompatible avec un système qui souvent renie le bon sens.
Vive la force créative de la colère et vive la poésie d'Aline !
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Aline Recoura tisse un récit, émaillé de tendresses, de quotidien revisité, d'illusions perdues et de sincérité à fleur de peau. Sous le prisme poétique, c'est autant de vague à l'âme que d'enthousiasmes spontanés qui ponctuent ses vers de petites piques et de grands élans vertueux. Une vieille dame est malade, très malade. Elle s'appelle éducation nationale. Comment naviguer dans ses rouages et ses travers, quand on a la vocation d'une maîtresse professeur des écoles en maternelle. Jusqu'où tenir et quand lâcher ? le parcours est sensible et les illusions tenaces jusqu'à l'abandon.
« La cloche a sonné » de Aline Recoura chez délit buissonnier n.6
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cette petite fille n’avait de mot
que le prénom de sa maîtresse
qu’elle a eu en maternelle
pendant deux ans
en CP la nommant encore et toujours
quand on lui demande qui est ta maîtresse
l’institution décide de la faire retourner en maternelle
quelques heures par jour
la maîtresse est toujours là
la maîtresse vit très mal
tombe malade
elle adore cette petite fille
elle pleure son abandon
elle pleure chaque jour quand à la sortie de l’école
la petite fille lui saute dans les bras et la serre tellement fort
elle dit non à l’institution
on lui reproche son manque de travail d'équipe
ça dégénère dans sa tête
elle comprend qu’on lui demande de pallier
toutes les incompétences et défaillances
elle est coincée
on lui parle de professionnalisme
de laisser ses émotions de côté
quand pendant deux ans tout le monde semblait
ravi que la maîtresse sorte des cadres affectifs
donne à la petite fille ce qu'elle ne trouvait nulle part d'autre
tout le monde semblait content d'avoir la paix
de cette petite fille comprise au moins par une personne
la maîtresse
c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier

(p. 50)
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Se mettre à la page au numérique
à la tablette l'ordinateur le téléphone
triple écran pour travailler
créer vérifier optimiser
book créator maternelle
le rêve
j'apprends de mes années 90
l'évolution internet révolution numérique
point phare à l'école
mort des machines à encre
du papier plein les poubelles
du bourrage de la photocopieuse
de son toner sec

(p. 22)
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