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Eva Dalmat (Illustrateur)
EAN : 9782376730484
233 pages
La Lucarne des écrivains (01/12/2022)
5/5   3 notes
Résumé :
Perte des eaux
Un œil se ferme puis devient mobile
Naissance

L’envol
Le minuscule faisceau de lumière
La provision de vie
Le panier de sensations
La photographie
Le chant de la voix maternelle
L’alentour des choses
Le corps à corps
L’émotion blanche

Le bébé naît

Une naissance, le début d’une traversée. Parallèles de la mère et du fils, de la femme et du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le recueil débute par la « perte des eaux » et se referme sur un poème intitulé « Au bébé qu'il était ». La boucle est bouclée sur ce cercle vertueux de la maternité, accompagné par des peintures expressionnistes d'Eva Dalmart (une vingtaine + la couverture).
Une belle réalisation matérielle puisque le papier y est glacé et la mise en page agrémentée de petites touches de couleurs vives au moyen de formes géométriques discrètes.
J'ai été éblouie par le tableau de la page 167 (« Gérald et les puits de pétrole », 2013 avec ce regard d'une incommensurable tristesse) et par la magnifique toile « Love » (p. 182) qui comporte un joli jeu de mots sur « unie vers ».

Quelle clarté émouvante dans ce cri d'amour protéiforme : « mère comment deviendrai-je maman » (p. 13) !
J'adore le rythme de staccato du slam d'Aline Recoura. Énumérations, répétitions, enchaînements alertes de phrases courtes, verbes à l'infinitif, parfois rimes internes (volontaires ou pas, qu'importe, elles sont là) de petits secrets de fabrication qu'elle maîtrise si bien.
Et puis un franc-parler une parole libérée sur la maternité de nos jours : père débordé qui peine à rester, allaitement, sexualité, vieillissement (vie rallongée pas toujours par le bien-être), contes de fées « renversés », adolescence et son lot de liberté recherchée, internet et ses déboires.
J'arrête là l'invitation à lire ce « Des jours et des bleus » en confirmant que cela se lit comme un récit dont le fil est si rouge, rouge sang mais sans fioriture aucune. Et puis j'oubliais de vous dire Aline Recoura s'est nourrie visiblement de grandes lectures (y compris Fifi Brindacier) à qui elle n'oublie pas de rendre subtilement mais parfois ouvertement hommage de temps à autre (L'Homme qui rit de Victor Hugo, par exemple), car il est bon de « croire à la lumière dans les ténèbres » (p. 21).
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Le livre raconte, à travers une sorte de journal de bord non daté d'une femme devenue mère, les paradoxes féminins parfaitement résumés par cette citation :

Y'a du sang
dans ma douceur
y'a des révoltes
Y'a du coeur
rouge vibrant
strié de noir
aux cauchemars récurrents
[…]
Y'a les déchirements
les hurlements
la douleur
l'impuissance
à accepter
la disparition
le désamour
Y'a tant de cris
dans ma douceur

(pp. 44-45)

Parfois de simples listes se métamorphosent en de vigoureux poèmes qui parlent, sur un ton critique et tendre à la fois de notre monde avec téléphones portables (écrans en général, cf. pp. 94-95, notamment), peu de nature en vue, des corps meurtris par un quotidien répétitif où « mettre un pied devant l'autre/ [n'est] pas toujours facile » (p. 63).

J'ai adoré, tout comme l'illustration page 85 (« Just Say It », 2015)
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Des jours et des bleus, publié à La Lucarne des écrivains en décembre 2022, avec des peintures d'Eva Dalmat.
Quel thème ? Pourquoi une forme poétique ? Pour qui ? Pour quoi ? …
Il retrace la traversée d'une femme de tous les jours, occidentale, vivant en région parisienne, sur une quinzaine d'année : maternité, monoparentalité, solitude, rencontres, questionnements.
Doutes – Rêves
Un quotidien décortiqué (comme une petite crevette grise), sublimé, raconté et autopsié voir opéré avec l'oeil d'une chirurgienne, permettre aux valves du coeur de continuer à fonctionner, aux poumons de continuer à respirer, à l'estomac de continuer à digérer, au sang de continuer à circuler…
Poèmes après poèmes (sans titre) c'est une histoire qui se tisse, une histoire d'aujourd'hui, elle n'est ni triste, ni joyeuse, elle est là, avec ses hauts et ses bas, dans chacun des gestes et des mots de cette femme de tous les jours qui se bat pour tenir dans les bouleversements sociétaux et toutes les contradictions et réflexions qu'ils impliquent.
Elle est libre. S'assume financièrement. Travaille. Séparée du père de son enfant. La première femme de sa famille ayant cette " vie là". Quinze années pour se questionner et continuer de le faire.
Elle n'a pas forcément choisi cette vie là. Au début elle était « comme toutes les femmes » bercée de romantisme, de visions idéales de la famille hétérosexuelle, et d'une vie motivée par l'amour pour un homme… Elle a choisi à chaque étape, avec douleur souvent et jamais la solution de facilité. Chaque circonstance a construit son indépendance…
La forme poétique rend la traversée fluide, la progression est un mélange, un compromis, entre la chronologie et le thème.
Histoire de lit emmène sur les rives des draps, des histoires d'amour accompagnées souvent de violence mais aussi les nuits partagées avec le bébé…
Vie à deux flotte sur le duo adulte-enfant et tous les bonheurs mais aussi moments de solitude face à un enfant qui grandit… à tous les parents-solo…
Cycle convoque la grand-mère maternelle, comme contre-point générationnel, avec tendresse et questionnement sur la filiation …
Unie vers vogue vers d'autres visions de la vie de cette femme et vers un autre fleuve, celui de l'estime de soi …
La poésie pour dire ce voyage comme liberté.


Des jours et des bleus
231 p
22,90 e
Aline Recoura
La Lucarne des écrivainss
lalucarnedesecrivains2@gmail.com
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Danser et embrasser
toute la nuit dans ses rêves
un peu mal partout
aller travailler
j’imagine un balcon
avec vue sur la campagne
j’imagine que je n’ai pas
à m’habiller tout de suite
j’imagine que je peux lire
ou écrire ou écouter une émission de radio
j’imagine que je suis libre de mon temps
j’imagine que j’ai tout changé
que peut-être je suis en crise de quarante-sizaine
j’imagine que je garde mon salon et mes livres
juste ça
et que je déplace tout ailleurs
j’imagine
mon café est bu
je cherche mes clés
je vérifie que je n’ai rien oublié

(p. 124)
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J’ai encore envie d’écrire
sur nos voyages au fond des bateaux
des trains des zones des bus chargés
de sacs d’attentes et de patiences
nous les champions
les courageux
les petits marcheurs de banlieue

(p. 80)
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La poésie
sans elle
la vie m’aurait engloutie

depuis que je l’ai reconnue
depuis que je me suis autorisée
à la dévoiler
depuis que je lui ai dit
viens
viens encore
elle jaillit
encore plus
de mon ventre

elle se glisse
entre les mots
de la longue phrase
qu’est une journée

elle est
la vraie vie
qui
souffle
sans s’essouffler

(p. 220)
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Maman s’en va
elle est chercheuse de pistil
elle est pirate d’argent
elle est star tyrolienne
Maman revient
elle est supportrice de baskets rouges
elle est danseuse de mots addicts
elle est cheffe sweet home
Maman reste
elle est cœur à attraper
elle est lectrice de minuit
elle est humoriste de 18 h
elle est dealeuse de vers
elle est ma maman

(p. 74)
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