Vanina, en vacances en Sardaigne avec une amie, décide sur un coup de tête de se livrer à un inconnu croisé sur la plage pour vivre sa première expérience sexuelle et amoureuse. Elle bâtit néanmoins avec son amant un protocole assez élaboré qui doit aboutir au dépucelage. Les deux amants passent à l'acte dans une forêt, sorte de no man's land coincé entre la mer et les étangs, loin du bourg où ils résident.
Dans ce court roman, Mandiargues excelle à créer une forte tension érotique, née de descriptions où s'exprime une sensualité exacerbée, et de la mise en place d'une ambiance irréelle et onirique qui n'exclut pas la précision des détails. le récit se joue dans une zone tampon de bord de mer, en grande partie la nuit ou à des moments de la journée où la vie semble s'arrêter. Cela m'a rappelé par certains côtés la sensation de rêve éveillé que suscite Gracq dans le Rivage des Syrtes. Au-delà de l'acte physique très concret auquel se livre Vanina, le lecteur se retrouve plongé dans l'intériorité et l'imaginaire de la jeune fille, qui transforme son expérience en une manifestation d'amour quasi transcendantal.
Une courte et belle lecture.
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Deux jeunes filles sont en vacances en Sardaigne.Très belles, elles sont remarquées. Un jeune Italien observe plus particulièrement l'une d'elles, sans toutefois l'approcher, et celle-ci décide que ce sera "lui". Elle réfléchit avec minutie au rituel de son initiation amoureuse. Elle s'offrira à "l'ancienne". Pourquoi ? On ne le sait pas, mais choisir de s'offrir, c'est encore choisir. Elle dictera donc les règles. Lui ne parlera pas ; il disparaîtra sans que les prénoms s'échangent après l'accomplissement de sa mission.
Un conte plus qu'un roman ; un hymne à la nature.
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L'amour n'est pas une chose commune sur laquelle on peut broder ... et il faut l'offrir et l'accepter, le donner et le recevoir, avec cet esprit de dépouillement et de simple feu qui est le meilleur moyen pour arriver à l'intimité des âmes et des corps.
Les pieds de Vanina étaient presque nus, posés sur de la corde, sans le moindre talon; ses jambes étaient nues. Elle n'avait guère qu'une robe de toile, sorte de tunique, sans manches, peu ajustée, plus échancrée sur le dos que sur la gorge, mais d'un rouge inimitable. Ce rouge éclatait dans l'ombre du sous-bois et vêtait de feu la jeune fille, comme la flamme d'un bûcher de sorcière.
-- Viens, dit-il en lui prenant la main. Je vais te conduire dans un endroit où je te verrai mieux.
Toute nature est un sanctuaire, suivant que l'on regarde; c'est-à-dire - idée de création mise à part - qu'elle est habitée par un dieu (ou plusieurs)
Rien ... n'est indescriptible autant qu'une belle nuit.
André Pieyre de MANDIARGUES – Un siècle d'écrivains : L'amateur d'imprudence (DOCUMENTAIRE, 2000)
Émission « Un siècle d'écrivains », numéro 249, intitulée « L’amateur d’imprudence », diffusée sur France 3, le 7 décembre 2000, et réalisée par Evelyne Clavaud.