Tunisie, 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid : Mohamed Bouazizi, un modeste vendeur à la sauvette, s'immole en plein centre-ville ; les forces de l'ordre venaient de lui confisquer son seul moyen de subsistance.
« Ce sacrifice enflamme l'ensemble du monde arabe ».
Les émeutes gagnent l'ensemble de la Tunisie, Ben Ali fuit en Arabie Saoudite le 14 janvier et le 17 février 2011, la Place du 7 novembre (nommée ainsi en référence à la date symbolique de la prise du pouvoir par Ben Ali le 7.11.1987) est rebaptisée « Place Mohamed Bouazizi »…
Le Printemps arabe a commencé…
Egypte, 11 février 2011. le Président Moubarak abandonne le pouvoir, cédant ainsi face au mouvement révolutionnaire qui anime le pays qu'il dirige depuis 1981. Dès lors, au Caire, la Place Tahrir est devenue le lieu où l'anniversaire de la chute de Moubarak était célébré chaque semaine.
Yémen, février 2011. le mouvement contestataire gronde. Les manifestants se mobilisent. A Sanaa, lieu de forte mobilisation, le peuple prend d'assaut la place Taghyir qu'ils rebaptisent « Place du changement. le Président Saleh, au pouvoir depuis 1990, quitte finalement le pouvoir en février 2012 après un an de conflits.
Syrie, mars 2011. La colère des peuples voisins se propage dans tout le pays suite au décès de jeunes adolescents, torturés par les forces de l'ordre. La nouvelle se répand et met le feu aux poudres. Les manifestants se rassemblent en brandissant la photo de Hamza al Khatib, 13 ans, qui a péri suite aux sévices subis. Fadwa Suleiman prend la parole et rejoint le corps des militants pour tenter de faire plier le règne de la famille Al-Assad (au pouvoir depuis 1970).
Libye, 15 février 2011. L'arrestation de Fathi Terbil, avocat et défenseur des droits de l'Homme, est l'événement déclencheur pour la Libye. Les habitants de Benghazi descendent dans la rue, assiègent le Commissariat central et font libérer Terbil. le soulèvement contre Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, s'étend sur l'ensemble du territoire.
Maroc, Bahreïn, Palestine, Arabie Saoudite, Algérie… le monde arabe se soulève et réclame le départ de ses despotes.
L'ouvrage se découpe en 16 courts chapitres qui reviennent méthodiquement sur les événements. On pourrait découper l'album en deux parties : une première qui présente de manière globale les événements vécus par certaines nations et qui ont conduits les détenteurs du pouvoir à fuir ou abdiquer (Tunisie, Egypte, Yémen) et une seconde partie – à compter du chapitre 8 – dans laquelle
Jean-Pierre Filiu revient sur les manifestations et aborde des événements plus ciblés (la mort de Kadhafi est traitée au chapitre 9, l'actions des Ultras (supporters de l'équipe de football de l'Ahly au chapitre 11 ou les événements de Laghouat – Algérie – au chapitre 14).
Le premier chapitre avait été publié dans son intégralité dans le collectif le jour où…
France Info, 25 ans d'actualités. Quant au seizième et dernier chapitre englobe le mouvement arabe de manière globe et propose une lecture plus large des événements en pointant notamment l'influence des médias internationaux sur l'opinion publique (ils laissent parfois libre court aux suppositions, renforçant notamment l'idée de conspiration et laissant entrevoir les enjeux financiers et stratégiques sous-jacents des pays occidentaux).
Jean-Pierre Filiu s'arrête sur des personnalités qui ont marqué l'actualité, comme Fadwa Suleiman (Syrie) dont je parlais plus haut mais aussi Oussama El Khlifi qui a mobilisé les marocains et initié le « Mouvement du 20 février » ou encore Rami Al-Sayed (Syrie) Hamza Kashgari (Arabie Saoudite) et Chadi, cet étudiant d'Alep qui a mobilisé le corps étudiant contre le régime.
Le scénario est dense mais finalement, la scission en courts chapitres donne du rythme au témoignage. La narration est alerte et entraine le lecteur dans son élan contestataire, ses scènes de liesse et de mobilisations populaires. le travail graphique de
Cyrille Pomès est précis, réaliste, sobre et percutant. Les reliefs sont réalisés à l'aide de jeux de hachure, ces effets s'accordent bien avec la gravité des propos. Quant à la mise en couleur, on retiendra également la sobriété des choix qui ont été faits (bruns, verts, rouges, bleus prédominent, dans des palettes assez sombres). La luminosité perce grâce au fait que le dessinateur s'affranchit régulièrement des cases, les individus évoluent ainsi plus librement au coeur des pages dont l'arrangement semble mû par la teneur des propos et la volonté de ne pas oppresser les illustrations dans des cadres prédéfinis
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