Castaneda a ouvert une grande porte vers la compréhension intérieure de l'être et le mystère de la vie, à travers son rapport avec le sorcier Don Juan Matus et ses semblables.
Commenter  J’apprécie         80
La personne responsable de ce changement d’orientation de mes travaux fut un Indien Yaqui du nord du Mexique, don Juan Matus, qui me présenta plus tard à don Genaro Flores, un Indien Mazatèque des régions centrales. Ils pratiquaient l’un et l’autre une ancienne sapience, connue de notre temps sous le nom banal de sorcellerie et que l’on considère communément comme une forme primitive de science médicale ou psychologique. En réalité, c’est une tradition, avec des praticiens dont la maîtrise est parfaite et les techniques extrêmement subtiles et élaborées.
En raison de ces circonstances, me voici maintenant confronté à un nouveau problème : celui d’être obligé d’expliquer ce que je fais. Je suis très éloigné de mon point de départ – en tant qu’homme occidental comme les autres ou en tant qu’ethnologue – et, avant toute chose, je dois répéter sans relâche que mes ouvrages ne sont pas des mièvres de action – même si ce que je décris paraît irréel : c’est simplement étranger à nous.
Je compris aussitôt que je n’étais pas allé sur le site de Tula par simple curiosité. Si j’avais accepté l’invitation de mon ami, c’était parce qu’au moment de mon premier séjour avec la Gorda et les autres, ils m’avaient appris une chose à laquelle don Juan n’avait jamais fait allusion devant moi, à savoir qu’il se considérait comme un descendant culturel des Toltèques. Tula avait été l’ancien épicentre de l’empire toltèque.
A partir de ce moment là, il cessa de poser un poids sur moi. Il me laissa rêver sans intervenir. Il me demandait de temps en temps de lui parler de mes expériences, puis il me donnait des points de repère. C'est ainsi que l'on doit pratiquer l'enseignement du rêve.