Une auteure qui a une belle plume, sait construire un scénario crédible et camper des personnages solides avec de la finesse psychologique. Les personnages peuvent paraître un peu caricaturaux, un père véritable monstre froid et cynique, l'épouse soumise jusqu'à la bêtise, un fils affublé d'une maladie rare et très invalidante, une soeur rebelle et provocatrice, l'ensemble donne une famille assez atypique autour de laquelle gravite la narratrice qui enquête et cherche à comprendre la signification de cette phrase "Qui a tué la petite Ana ?"... Mais on accepte ces profils et on suit l'auteure dans son scénario. J'ai particulièrement aimé les échanges entre la narratrice et son psychanalyste à qui elle se confie personnellement et à qui elle déroule l'avancement de son enquête, l'objet même du livre qu'on est en train de lire et qu'elle est en train d'écrire.
Un thriller méconnu mais qui tient la route. Une auteure des environs de Toulouse à découvrir, que j'ai rencontrée par hasard lors d'une séance de dédicaces dans la librairie de mon village à St-Orens, dont je n'hésiterai pas à me procurer les autres romans à la prochaine occasion.
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* Dialogue entre la narratrice et son psychanalyste :
- Vous êtes donc allée trouver la dame ? Vous deviez être bien désespérée pour… La mort brutale de votre mari a dû être un grand choc. Partir ainsi à l’aventure n’est-ce pas fuir la douleur..,
- Par pitié, n’assaisonnez pas tout ce que je vous raconte à la sauce pathos ! Je me débrouille avec mon étal de veuve et encore une fois je ne suis pas ici pour…
- Justement, je n’ai pas encore bien compris pourquoi vous êtes ici. J’ai écouté vos histoires, Jacob, Kurt et celle de ce malheureux Saad... Où voulez-vous en venir ?
- Je croyais les psys patients.
- C’est un jeu de mots ou un lapsus ?
- Pardon ?
- Vous avez dit que les psys étaient patients…
- Vous avez de l’humour.
Dans ma tête la phrase d’une de mes amies :
Ceux-là ne sont pas toujours du bon côté de la seringue.
- Je ne voudrais pas que vous perdiez votre temps et votre argent.
- ça me regarde. Du moment que je vous paie…
- Justement... Quel est votre rapport à l’argent ?
Le voilà qui enfourche un nouveau dada !
Je le trouve soudain trop bavard.
- Je n’en manque pas, donc la question est sans pertinence.
- Très bien, alors je vous écoute.
* Autre dialogue
CHEZ LE PSY, CINQUIEME SEANCE, PREMIERE PARTIE
Il m’accueille avec un : votre sœur m’a téléphoné.
La stupeur manque m’étouffer.
- Gabrielle ?
- Elle voudrait une séance commune.
- Vous avez accepté de lui parler ! Vous n’aviez pas le droit ! Le secret médical.
- … n’exclut pas la politesse. Je lui ai simplement suggéré d’en discuter avec vous.
Mes neurones s’agitent en une danse de saint Guy. D’où Gabrielle connaît-elle l’existence de mon psy ? Cette démarche, entreprise derrière mon dos, réveille un malaise trop familier. Celui-là même qui m’envahissait lors de ses débordements pathologiques. Elle m’a affirmé avoir changé. C’était encore l’un de ses nombreux mensonges et je me sens bernée.
Ma frustration explose quand il ose avancer que ce ne serait peut-être pas une si mauvaise idée.
- Mêlez-vous de vos Affaires ! Ce n’est qu’une manipulation de plus !
- Je n’en suis pas si sûr, laisse-t-il tomber négligemment.
- Je crois que je vais chercher quelqu’un d’autre !
- Comme vous voulez.
Andy ouvre au premier coup de sonnette.
Violette jette un ultime coup d’œil vers sa voiturette garée de guingois sur le trottoir. Et dire que dix ans auparavant, elle roulait encore en Lamborghini ! Les vieux beaux n'ont pas l'exclusivité !
Les voitures de sport, une passion qui l'accompagnait depuis son adolescence. Un virus transmis par génétique paternelle, suivi de l'héritage d'une collection impressionnante.
Mais l'alcool avait insidieusement pris une trop large place au fil du temps et les réservoirs n'étaient pas les seuls à recevoir leur plein.
Jusqu'au jour où, grillant un feu, elle avait failli tuer le conducteur qui débouchait sur sa droite.
Récidiviste et plus d'un gramme dans le sang...
On avait saisi sa voiture avant de l'envoyer en comparution immédiate. Si elle avait, en vertu de son âge, échappé à, la prison, le juge ne lui avait pas épargné un discours cinglant: meurtrière en puissance, danger public !
Grosse amende, permis confisqué et trois ans d'obligation de soin, le tout assorti d'une sortie réglementée du territoire.
Elle n'avait pas argumenté.
C'était mérité.
Grâce au suivi psychologique, elle avait compris le pourquoi de son addiction et fait le deuil du volant.
Elle emprunte donc, de temps en temps cette ridicule trottinette qui se traîne sur les routes, occupant la place d'un vrai véhicule mais pouvant être conduite sans permis ! Une véritable aberration !
De cette histoire ancienne, elle évite de se vanter.