Les romans terroir sont un genre à part entière. J'ai l'impression de n'en avoir lu qu'en français mais peut-être en existe-t-il dans toutes les langues. J'aime leur façon de nous plonger dans une région française et une époque (ici la Normandie de la fin du XIXème siècle), très souvent en se basant sur un métier particulier (ici les fabricants de cidre). Cela ne reste tout de même pas mon style préféré car je lui trouve un certain manque d'originalité stylistique et narrative (il ne faudrait pas faire fuir le lectorat habituel) et parfois un manque de force dans les personnages principaux.
Malheureusement ces défauts se retrouvent ici et peut-être même de façon renforcée. Les personnages peuvent être décrits en deux ou trois traits (Victor est beau gosse et violent, Alphonsine séductrice et bravache, Aubin louche mais est un garçon honnête et travailleur, Mariette est belle mais sage) et fonctionnent en duo ou trio opposés (la famille Lefebvre est caractérisée par la violence, la radinerie et le conservatisme, là où les Canteleux sont généreux, ouverts et progressistes). le seul duo finalement assez réussi est celui des chiffonniers mère et fils : l'ivrogne Céleste et son fils Hyppolite, l'idiot du village, savoureusement surnommé Innocent III. Ils apportent un peu d'inattendu et d'originalité à cette galerie de protagonistes bien trop figée.
Cela aboutit à des histoires stéréotypées, où chacun joue tour à tour le rôle qui lui est dévolu, de façon très répétitive, l'intérêt n'étant relancé que par des rebondissements finalement attendus et logiques. Plus gênant, l'auteur s'emmêle même parfois dans sa narration pourtant linéaire. En effet, il nous annonce d'abord par exemple qu'on vient annoncer un décès dans une famille le matin… alors qu'on se rend compte deux pages plus loin que cette famille a elle-même participée à la veillée funèbre dans la nuit… Hum…
Ne lisant jamais les quatrièmes de couverture, je n'ai compris qu'à la fin que l'histoire est construite sur un fait divers s'étant réellement produit. Quand on y arrive, c'est presque encore plus stéréotypé et répétitif puisqu'on assiste aux interrogatoires… puis aux contre-interrogatoires… puis au procès… d'une histoire qu'on connait puisqu'on vient de nous la décrire. L'intérêt semble être qu'on a reproduit in extenso des parties des réels PV de police et d'audience. Oui, et ?
Alors l'intérêt du terroir me direz-vous ? J'ai été content et nostalgique de faire des liens entre les traditions et le parler normands décrit et ce que je connais de mon Nord d'enfance. La langue d'oil permet d'unifier les patois locaux de la partie Nord de la France et certaines tournures ont sonné familièrement à mon oreille. La manière de faire dans les mariages ou à table ne m'était pas non plus totalement étrangère. Les passages sur la récolte des pommes et la fabrication des différents cidres et boissons à base de la récolte sont finalement assez succins et ne parviennent pas à relever l'ensemble.
Je ne lis au maximum qu'un roman terroir par an… Celui-ci ne m'incitera vraiment pas à augmenter ma moyenne !
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Beaucoup de mal a entrer dans le livre... les personnages centraux du roman mettent du temps à être identifié... Mais la deuxième partie du roman et très bien...
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Un peu sombre mais pas mal
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Ils étaient amis, ce qui ne les empêchait pas d'être objectifs l'un envers l'autre. Canteleu jugeait Léonard rude, le cœur sec, âpre au gain ; Lefebvre pensait que la vie citadine avait corrompu son camarade. Celui-ci épluchait tous les jours les articles du Journal de Honfleur, parlait politique, économie et autres sujets abscons ou confus auxquels Léonard ne comprenait goutte. Pire, il évoquait le partage des biens entre les gens d'une même communauté. Propos fumeux et dangereux. Pour Léonard, le monde était divisé en deux: les bosseurs et les feignants. Les uns méritaient de s'enrichir, les autres pouvaient bien crever.
France 3 Normandie - 10/11/2010
Gilles Henry et Yves Jacob : le roman historique. A l'occasion de la sortie de 'Dans les pas des Dumas' aux éditions OREP. www.orepeditions.com.