Tipasa, à 60km d'Alger est un site de l'époque romaine, entre mer et montagne, un des plus beaux endroits du monde paraît-il, où subsistent une nécropole et les vestiges d'un théâtre antique.
Sur la couverture du roman, des morceaux de photos aux bords dentelés représentant :
Une petite fille tenant la main de sa mère,
Un homme et une femme marchant bras dessus dessous sur une avenue bordée de palmiers,
Un homme à lunettes de soleil se détachant sur fond de ruines,
le même, une cigarette au bec devant une maison,
La narratrice, dont le prénom n'est pas révélé, est professeure et enseigne la littérature française à des adolescents, en l'occurrence elle leur fait travailler
L'étranger d'
Albert Camus. Sa fille vit à New York et sa mère est en train de s'éteindre dans une maison de retraite. Au moment crucial où sa mère est sur le point de disparaître, une photo oubliée dans une édition ancienne du roman
L'étranger, emmène la narratrice dans une enquête mémorielle pour reconstituer le récit des débuts de sa propre vie dont les éléments se télescopent avec le cours sur Camus. Quel rapport entre
Tipasa, Camus, la narratrice, les photos et les lettres d'amour de Camus et Maria Casarès ?
Dominique Lebel a construit ce roman autour de vignettes qui s'ajustent peu à peu avec une efficacité confondante, pour reconstituer le tableau de famille avant le drame, avant la guerre, avant la séparation des parents, avant le retour en France à l'âge de sept ans.
Des photos anciennes, des lambeaux de souvenirs, c'est tout ce dont dispose la narratrice pour reconstituer des épisodes fondateurs de sa propre vie. Les éléments cadrés par le photographe, une loupe pour grossir les détails, et l'imagination pour ce qui se passe hors champ. Des bribes de souvenirs, des bouts de phrase, des odeurs. C'est tout ce dont disposent ceux qui sont nés dans un pays où ils ne sont jamais retournés depuis leur enfance.
Il nous est donné au passage d'assister à un cours éblouissant sur Camus, ne notez rien, écoutez, démontrant qu'il est possible de captiver des adolescents qui n'ont rien à cirer de
L'étranger, à condition de rendre poreuses les frontières de la littérature et de leur vie, et de rendre proches à ces enfants blonds, l'arabe anonyme assassiné sur une plage par Meursault, Camus, le prix Nobel que Maria Casarès appelait mon cher amour et aussi les asphodèles et les lentisques qu'ils n'ont jamais vues sur leurs plages du nord.
Cette prof de talent livre encore à ses élèves un constat aussi cruel qu'universel signé
Albert Camus : La vie sépare, voilà tout.
Cela aurait pu être le titre de cet ouvrage.
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