Constance sent la main de Thomas qui lui attrape l’épaule et son souffle dans le cou :
– Il est temps pour nous d’avoir un enfant, ne crois-tu pas ?
Et voilà, se dit Constance.
Elle regarde le cercueil d’Elsa, sa grand-mère, glisser le long des cordes et se poser sur ceux qui sont déjà enfouis dans le caveau familial. La première poignée de terre recouvre les mots qui n’ont jamais été prononcés et ne le seront jamais.
Et voilà, se dit à nouveau Constance.
Il n’y a plus qu’elle. Plus rien ne se sait et ne se saura sur les femmes de « la chaîne des trois bougies » comme les appelle Constance.
Elle a suivi l’homme des yeux, le mur, la cour, le poulailler. Il s’y est engouffré tel un renard. Mais elle savait bien qu’il n’était pas un renard. Elle a décidé de l’aider. Celui-là, la mort ne l’emporterait pas. Pas comme son frère, son petit frère, le joyau, le bonheur. Elle sent son ventre se serrer et sa poitrine rétrécir. Ne pas se laisser prendre dans les griffes. Toujours les mêmes. Les griffes sauvages et fines qui la transpercent d’un coup et qui la jettent à terre où elle essaie de les arracher. Sans jamais y arriver. Jamais.