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EAN : 9782916842585
96 pages
Paris : Éditions du Temps présent. (16/06/2018)
3/5   2 notes
Résumé :
À l’approche des cent ans de l’armistice entre les Alliés et l’Allemagne, un historien, un philosophe et des témoins de massacres de masse abordent les questions de la violence, de la vengeance et de la réconciliation.

Dans sa préface, l’historien Maurice Vaïsse dresse un panorama des différentes tentatives des nations, au cours du XXe siècle, pour établir un monde un peu plus pacifique. Et constate que la plus aboutie, malgré ses imperfections et ses... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci à Masse Critique !

Violence paix et réconciliation a été réalisé pour les cent-ans de l'armistice entre les Alliés et l'Allemagne (8 mai 1945). Les notions que développe le livre sont une lumière pour comprendre notre société aujourd'hui.Le conflit est intrinsèque à la nature humaine.

L'union européenne, à l'origine réduite à la CECA, a été une marche dans la réconciliation, sans précipitation entre la France et l'Allemagne. La préface insiste sur la nécessité de « légiférer » la paix, lui donner des règles juridiques. Sur ce théâtre juridique, seule la parole, peut jouer, et non la violence qui n'a pas sa place : une bienséance ? Nous rejoignons par là la conception kantienne de la paix (projet de paix perpétuelle) : donner des cadres juridiques. On a désarmé la paix, on a crée la SND, l'ONU, mais son impuissance a été de ne pas être capable de « désarmer les coeurs ». Il faut « un esprit de paix ».

La première partie recueille les témoignages (quatre en total) qui nous plonge dans le souvenir profond et douloureux de la shoah et du génocide rwandais. Par ces témoignages, une conscience humaine s'en dégage, en plus de l'essai-conférence sur la violence qui va suivre. On y sonde les fossiles de la violence, les responsabilités, les engagements qui naissent face à une violence féroce. Je n'irais pas à dire qu'elle est « inhumaine », car la raison qui est le propre de l'homme peut être destructrice. La raison n'est pas le couronnement du progrès, du bonheur de l'Humanité. On peut utiliser la raison non pas uniquement comme étendard du bien mais comme arme destructrice. Telle est la preuve qu'une vision positive qui lui est associée est réductrice. En effet, le nazisme n'est-il pas une idéologie appuyée par la raison, le mal germé n'est-il pas semence de la raison ? La raison n'est pas en soi la loi suprême du bien, c'est son utilisation, qui fait des actes négatifs ou positifs. Il ne suffit pas d'être doter de raison pour effacer les actes irraisonnables ou mauvais, il nécessite une volonté qui ait foi en la vie.

le témoignage de Raphael Esrail, ancien résistant et déporté soulève la question suivante : Comment réparer l'irréparable ? Il constate que sur des dizaines de milliers de nazis, seulement 3 mille condamnations ont été comptés. C'est que la justice n'est qu'un pansement pour le coeur meurtri, elle désigne tout au moins les bourreaux, punis les responsables. Certains échappent au filet de la justice.

Le mot fort : la foi en la paix, en la connaissance, en la perfectibilité de l'homme. Raphael Esrail souligne : « l'instruction, la connaissance, et la réflexion sont les meilleures armes pour avancer et grandir et pour développer un esprit critique. ». D'autres témoignages indirects ou directs sur le génocide du Rwanda, convergent vers cet esprit. Pour Jean Pierre Kabirigi, il s'agit de « travailler ensembles », « d'éveiller la conscience ». Damien Ngaboniza évoque « accepter l'héritage de ce passé récent, de cette souffrance commune » tout en mettant en avant la responsabilité des parties. Pour Laurien Ntezimana, il s'agit de conduire les autres dans la prise de conscience également : « j'aime à dire que je suis un conducteur passionné qui prend les gens à Mugonero ( où l'on ronfle) pour les amener à Rubona ( où on a l'oeil ouvert) ». Cette phrase imagée est frappante et exprime avec efficacité la volonté de guider les autres dans la compréhension.

Dès lors, les façons de dépasser les conflits, sont bien la compréhension des événements, léguant son héritage aux générations suivantes : des leçons mais combien terribles. C'est bien à cet égard que Hume affirmait que l'histoire est riche en expériences : « L'histoire n'est pas moins fertile en instructions qu'en amusements : elle est même la plus instructive de toutes nos connaissances. » Il s'agit de dépasser les conflictualités que d'autres ont rencontré et oeuvrer dans la marche pour la paix.

La deuxième partie porte sur la retranscription d'une conférence d'Olivier Abel sur le désaccord fondateur : « un conflit converti en courtoisie par un travail individuel dans lequel on fait coexister le désaccord et l'accord…. ». Selon le philosophe, le conflit est inhérent à notre société, à l'homme. Les structures anthropologiques de l'homme reposent sur une certaine conflictualité, notamment la famille : les intérêts sont différents. Il n'y pas de parfaite entente.

L'auteur fouille dans l'archéologie de la violence, en montrant ses divers moyens, ses diverses formes. Il n'y a pas dès lors pas qu'une forme de violence. Il met en garde contre les solutions comme le pardon qui portent leur germe de contradiction. Il s'agit de rejouer un drame et de réveiller les responsabilités de chacun : « on rejoue toute la scène ».

La conférence se clôt : «Il nous faut des machines à ralentir, des machines à retarder. Toute la littérature, et d'abord la littérature biblique, toutes les institutions, ce sont des machines à retarder. le mot religion pour veut dire cela : ce qui nous empêche d'aller trop vite ». La religion ne doit pas être gestionnaire des conflits, ce n'est pas sa place. La foi gouverne les coeurs, pas les conflits.

La littérature, les institutions sont des moyens de mettre des embuches sur la route de la violence. La religion met des embuches d'amour, la littérature grossit le regard de l'altérité, réveille la sensibilité, les institutions codifient et légifèrent, organisent des contraintes (droits, codes, règlements).
Il s'agit de ritualiser, de canaliser, d'organiser la violence selon les mots de l'auteur. C'est ce que fait une civilisation. Et c'est que nous devons faire, pour avancer vers la paix.


La lecture de ce livre a été plaisante, l'écriture est concise et claire. Après la lecture d'un tel ouvrage, les questions continuent de cogiter, la réflexion se lance. Cet ouvrage permet de réfléchir sur la violence et la paix. A ceux qui veulent avoir des éclairages sur ces notions, à ceux qui s'intéressent à l'homme, et qui veulent continuer à s'interroger sur les « énigmes » de notre condition, cet ouvrage est fait pour vous !

La complexité de la nature humaine est toujours là pour nous surprendre.


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J'ai reçu ce livre grasse a Masse Critique.
Le sujet est intéressant mais traité ici trop superficiellement, trop en surface à mon goût. Il y a des choses très intéressantes à y puiser mais je trouve l'agencement du livre perturbant.
En effet, le livre commence, après une préface très intéressante, par 4 témoignage de personnes ayant vécu la violence extrême : 1 rescapé d'Auschwitz et 3 personnes originaires du Rwanda. Ces témoignages sont très intéressants et apportent beaucoup au lecteur sur le vécu dans ces situations extrêmes.
Puis le livre transcrit une conférence du philosophe et théologien Olivier Abel sur "Le désaccord fondateur de la permanence et du dépassement des conflits". Conférence qui me semble très intéressante à écouter mais qui pour moi fut difficile à lire. En effet, une conférence transcrite à l'écrit n'apporte pas le ton, les accents sur telle ou telle partie, les liens que le locuteur y met a l'oral, d'où l'impression de lire un livre mal écrit. de plus, la conférence n'est pas liée aux témoignages, il n'y a pas de références directe à ceux-ci d'où l'impression de lire 2 livres distincts. Enfin, cette conférence, bien qu'apportent de nombreuses idées intéressante, me semble ne faire qu'effleurer ces mêmes idées sans les approfondir, sans les argumenter.
Je pense que cette conférence mériterais, si elle a été enregistrée ou filmée, d'être mise à disposition des lecteurs du livre en format audio ou vidéo téléchargeable.
Ce sujet et ces idées très intéressantes méritent mieux que l'agencement et la présentation qu'en font ce petit livre.
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J'ai découvert ce livre grâce à masse critique.
Le sujet m'a d'abord semblé très intéressant, mais je suis quelque peu déçu par la brièveté de ce recueil de témoignages.
Ce livre, certes bien écrit, et bien documenté m'a apporté une réflexion, non pas sur la violence, mais surtout sur la réconciliation et le pardon. Mais il m'a manqué un approfondissement et d'autres témoignages pour me satisfaire.
J'ai pris ce livre plus comme un résumé. Il me faut une suite ! Mais quelle bonne idée aux auteur de m'avoir ouvert l'envie d'en savoir plus !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'instruction, la connaissance, et la réflexion sont les meilleures armes pour avancer et grandir et pour développer un esprit critique
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