AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Anne-Laure Tissut (Traducteur)
EAN : 9782742766581
316 pages
Actes Sud (28/02/2007)
3.65/5   102 notes
Résumé :
Professeur à l'université de Los Angeles, marié, père de famille et convaincu, à l'heure des funestes bilans de la quarantaine, de n'être qu'un loser, Théodore Larue est en route vers son suicide quand un camion heurte de plein fouet sa voiture et projette son corps à travers le pare-brise, le laissant fort proprement décapité. Les services funéraires recousent tête et corps à la va-vite, mais voici qu'au beau milieu des funérailles Ted se redresse et s'assied dans ... >Voir plus
Que lire après Désert américainVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 102 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
9 avis
2
1 avis
1
0 avis
Le cauchemar vivant de George Romero. Je me réveille d'un coup et découvre en face de moi ce que les scientifiques appellent un zombie. Me serais-je tromper d'endroit ? le retour des morts vivants a sonné comme dans une bonne vieille série B qui passe à des heures indues de la nuit avant le film érotico-porno d'une chaine câblée. le gars, un pauvre type, a eu la tête sectionnée, totalement arrachée. Un étudiant à la morgue aussi consciencieux que je pouvais l'être en T.P. de Biochimie le recoud simplement sur le reste de son corps et voilà que le pauvre type se relève de son cercueil et dit « bonjour » à la paroisse éplorée. Je schématise à peine. Je referme le bouquin pour vérifier que je ne me suis pas trompé. Éditions Babel. Alors là, c'est du sérieux, c'est quand même chez eux que j'épuise le catalogue Auster parmi tant d'autres noms reconnus… Je laisse de côté la face de zombie qui est devant moi pour me consacrer au pauvre type. Ce gars, la quarantaine, au volant de la voiture de monsieur-tout-le-monde, part… pour se suicider. Sauf qu'il n'en aura jamais le temps et qu'un camion le percute et le décapite… Suicide raté, résurrection réussie.

Un vrai paumé, un vrai raté, en somme pour qui le suicide devenait une évidence, tant sa vie lui paraissait insipide, sans intérêt, tant ses proches n'éprouvaient plus de grands sentiments ; lui-même ayant simplement perdu l'envie…

Mais bien au-delà de ce phénomène comico-burlesque de la tête arrachée puis recousue, Percival Everett n'épargnera pas de son histoire une virulente critique de sa société « religieuse », de ses travers et ses excès, tout comme ceux des scientifiques ou du pouvoir. Car, dans ce « Désert Américain », on y croise de tout et il s'en passe des choses que l'on nous cache. Un fanatique religieux se faisant appeler Big Daddy avec sa secte de gobeurs qui a enlevé des jeunes enfants, une unité scientifique dévouée au clonage humain qui ont réussi à cloné plusieurs « Jésus », des hélicoptères noirs survolant le désert pour entretenir notre paranoïa façonnée par des années de Big Brother is watching you. Et ce pauvre type qui retrouve le goût de la vie, la force de la vie… après sa mort.

A quel moment finit la vie et débute la mort. Voilà la profonde interrogation que l'auteur met en scène tout au long de son histoire déroutante et débridée. Car, autour de ce zombie, on s'interroge beaucoup sur le sens de cette résurrection, sur le rôle de Dieu le Créateur et sur ce qui pourrait se passer une fois que tous les signes physiques indiquent l'état de « mort ». Et si George Romero avait raison ? Et si un matin, lorsque vous vous regardez devant la glace de la salle de bain, sous une lumière jaunâtre et blafarde, sur un carrelage bleu turquoise et froid, vous apercevez une énorme cicatrise qui fait tout le tour de votre cou, il y aura de grande chance pour que cela soit les traces de votre récente décapitation. le bon point, c'est que même en plein désert, vous n'aurez pas soif, ni même envie de pisser. le mauvais point, c'est que vous êtes mort !
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          270
Théodore Larue, professeur d'université, marié, deux enfants, roule avec la pensée de se suicider lorsqu'il est percuté de plein fouet par un camion. Décapité sous le choc, sa tête roule dans le bas fossé. Les employés des pompes funèbres le recousent approximativement, mais le jour des obsèques, en pleine messe, il se lève de son cercueil, aussi vivant que vous et moi.
Bouleversement dans la famille, dans les médias.
Commence alors un long parcours compliqué pour ce ni mort ni vivant, mais pourtant les deux à la fois.
Je ne sais plus comment ce livre s'est trouvé dans ma PAL, mais je n'avais pas spécialement envie de le lire.
Or, j'ai passé un excellent moment.
C'est bien écrit et l'histoire ne manque pas d'originalité.
Malgré cette situation difficile, j'ai souri plus d'une fois, ça ne manque pas d'humour.
Les excès américains tant religieux que sectaires, que scientifiques sont dénoncés clairement.
Ted ne trouve un sens à sa vie qu'une fois mort.
Où commence la mort ? où se termine la vie ?
Sous couvert d'une comédie loufoque, l'auteur pousse à la réflexion sur la vie et la mort.
Commenter  J’apprécie          222
Comme beaucoup d'auteurs américains, ce n'est pas l'écriture qui attire et retient l'attention chez Everett mais le récit, un récit porté par un regard corrosif sur la société américaine, un récit très efficace.

Avec ce qui pourrait apparaître pour une fable fantastique, le roman nous plonge dans la vie rocambolesque de Ted Larue, un Jésus Christ des temps modernes. Un homme accidentellement tué puis ressuscité bien malgré lui suscite une hystérie collective mêlant pêle-mêle ferveur chez les uns, terreur chez les autres.
Passé à une vie qui n'en est pas, il va se retrouver confronté à tous les excès d'une Amérique en manque de repères qui s'est corsetée dans une morale puritaine.
Tantôt adulé comme le Messie tantôt craint comme le Démon, Ted vit diverses aventures comme autant de prises de conscience sur le sens de la vie. Des prises de conscience qui lui attribuent des qualités qu'une vie ordinaire dans la banlieue de Los Angeles n'aurait pu lui permettre d'y accéder…
Bien sûr avec un tel destin, le héros ne pouvait se contenter de vivre une vie paisible de fantôme ou de « supravivant » pour l'éternité. S'il refuse sans cesse d'être assimilé au Christ, il se voit néanmoins lumineusement investi d'une mission dans le désert : comme tout ressuscité il se doit de sauver l'humanité, d'une moins une partie.

Avec une écriture sans fioriture et des dialogues mordants, ce roman s'avère diablement efficace : on se laisse embarquer dans ce récit complètement loufoque, absurde avec quelques sourires. On observe de manière cocasse une société pleine de névroses. Bien qu'on discerne très vite une parabole de la rédemption, l'auteur parvient à garder une certaine fraicheur ; le récit demeure imprévisible, du moins pour une majeure partie de cette fable.
Car, il n'en demeure pas moins que le récit apparaît mystérieusement inégal. La pointe d'acidité n'empêche pas l'auteur de ponctuer le récit de certains poncifs facilement identifiables dans les fictions américaines : une construction de la trame en quête de héros, un homme à la vie totalement banale et insipide transformé en un homme meilleur… peut être à interpréter comme une volonté de l'auteur de les dénoncer tant les dernières péripéties de la fin du roman sont farfelues et grotesques. Ce qui conviendrait parfaitement avec la dénonciation des excès de la société américaine tels que nous, européens, aimons lire.
Commenter  J’apprécie          160
Dans le genre loser, Ted joue dans la catégorie poids lourd. le destin le prive de son seul et unique moment de rébellion en le gratifiant d'un accident de voiture sur la route qui le conduisait au suicide. Mais en plus, Ted se voit rappeler à la vie, à la surprise générale, y compris la sienne, malgré sa tête arrachée et recousue au gros fil de pêche.

La nouvelle ne passe évidement pas inaperçue. Car tous les médecins confirment inlassablement le diagnostic : pas de pouls, coeur à l'arrêt, aucune activité cérébrale : Ted est bel et bien cliniquement mort, malgré sa capacité à mener une vie normale. La vie normale, cependant, il n'y aura pas droit bien longtemps. Bien vite, des groupes divers se manifestent, bien décidés à lui mettre la main dessus : médias en manque de sensation, sectes religieuses, scientifiques fous, …

Everett nous plonge dans un drôle d'univers avec cet événement absurde dont on tente tout le long du récit de percer la signification. Mis à part Ted et sa famille, le reste de la population assimile assez bien le fait et cherche surtout à l'utiliser à leurs propres fins. L'ensemble forme un portrait assez peu flatteur de la société américaine.

J'ai apprécié le côté absurde et l'humour parfois grinçant qui l'accompagne, mais le dénouement me laisse un peu sur ma fin, j'ai toujours beaucoup de mal à comprendre la signification de cette résurrection inattendue.
Commenter  J’apprécie          130
Sur la route qui devait le mener à son suicide, Ted Larue perd la vie dans un accident de voiture qui le laisse sur le bitume, la tête tranchée. Un échec de plus dans la vie de celui convient d'appeler un loser. Mais Ted Larue est-il vraiment un loser, comme se complaisent à le rappeler la quasi totalité des critiques ? N'est il pas un homme ordinaire dont les imperfections sont mise en lumière à l'approche de la quarantaine ? valons-nous vraiment mieux que lui ? Après tout, ses étudiants lui reconnaissent de grandes qualités pédagogiques et l'aveu de son infidélité demontre qu'il n'est pas dénué de qualité... Ted est finalement comme beaucoup d'entre nous, un homme qui n'arrive pas à être celui que la société souhaite qu'il soit.
Cet état des choses va changer le jour de sa résurrection, au beau milieu de ses funérailles, événement déclencheur d'une folle aventure. Ces aventures sont évidemment un prétexte pour dénoncer les dérives de la société américaine, notamment religieuses, le livre nous présentant une galerie de personnages sacrément illuminés, fous de la parole de quelque gourou ou adeptes de la théorie du complot.
Desert américain appartient au genre du roman déjanté, serti d'humour noir et d'aventures loufoques. On passe un bon moment, on rit parfois et la curiosité nous pousse à aller jusqu'au bout de ce roman à l'intrigue maîtrisée. le message que veut faire passer l'auteur n'est toutefois pas très clair, il est question de rédemption salvatrice et d'absurdité de la vie. Un roman absolument non essentiel.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Sur l’électrocardiogramme, c’était le calme plat. D’après l’électro-encéphalogramme, Ted, en pratique, était mort. On ne détecta pas d’activité nerveuse à l’électromyographie. L’image à résonance magnétique ne fut d’aucun secours. Quant à la scintigraphie, elle apporta la démonstration que Ted était un mort en parfaite santé. A court d’idée, les techniciens en blouse blanche procédèrent à une angiographie, une laparoscopie, une pyélographie intraveineuse, une sialographie, ainsi qu’un lymphangiogramme. Le docteur Lyons enfonça ses doigts dans la bouche de Ted, ses oreilles, son anus, lui tâta les aisselles, le scrotum et les amygdales, puis s’assit pour lire les pages de résultats. Nu sur la table d’examen, allongé sur le coté, Ted sentait sa vue s’adapter peu à peu à la violence de la lumière reflétée par les placards en acier inoxydable.
- Quel est le verdict ? demanda-t-il.
- Vous êtes mort.
- Vraiment ?
- Et vous ne l’êtes pas. Enfin, vous êtes là à me regarder, à me parler, mais apparemment, vos muscles ne reçoivent pas de stimulation électrique pour produire le mouvement, votre cerveau ne parle plus à vos membres, votre cœur est en sommeil profond, et rien ne coule dans vos veines. Et pourtant, nous sommes là à parler.
Commenter  J’apprécie          180
"Le choeur entonna un chant intitulé, Ce chemin qui nous mène au Seigneur Jésus-Christ, Notre Sauveur, tandis que l'assemblée debout, missels ouverts, articulait des paroles en silence, et que s'échangeaient des regards stupéfaits. C'est alors, dans l'harmonieuse vibration de l'ultime amen, que Théodore Larue se redressa dans son cercueil. Un silence incompréhensible, quoique de courte durée se fit dans l'église. Emily Larue poussa un cri et, agrippant sa mère, tenta de se hisser dans ses bras, tandis que sur la bouche de Perry Larue se formaient en continu les syllabes "pa-pa". Gloria Larue s'évanouit mais resta figée debout, les yeux écarquillés. Sa soeur s'enfuit vers la porte, prit se grands pieds dans le tapis rouge presque au bout de l'allée et vint rouler aux pieds d'un aveugle, robe par dessus tête. Orville Orson se mit à lâcher des pets à répétition, le doyen à prier à voix haute. Dame Beowulf saisit dans son sac la bombe au poivre dont son fiancé lui avait fait cadeau. Face tournée vers le plafond de la Première Eglise chrétienne du Sang sacré et de l'Esprit éternel, Larville Cène leva les mains au ciel et se mit à crier, "Seigneur Jésus-Christ ! Seigneur Jésus, Mon Dieu ! Alléluia ! Un miracle dans mon église ! Dans ma maison de Dieu à moi ! Jésus ! Jésus ! Jésus !
Puis la chorale à l'unisson se mit à clamer : "Jésus ! Jésus ! Jésus !"
Parmi les clameurs, les cris et les pets, Ted Larue sortit de son cercueil et fit face à l'assemblée. Son pantalon s'étant trouvé être juste à la taille du sieur Sandre, il était nu à partir de la ceinture, ses organes décrivant devant lui un courbe élégante."
Commenter  J’apprécie          50
Face au visage de Gloria, ravagé par les larmes, il revit la dernière fois où ils s’étaient trouvés ensemble dans la salle de bains : elle, nue dans la baignoire, et lui, en train de lui annoncer qu’il avait couché avec une étudiante de second cycle. Même alors, il s’était rendu compte à quel point il était lâche et mesquin de profiter, pour faire un tel aveu, qu’elle fut allongée nue, prisonnière de ce bassin d’eau tiède. S’étant persuadé à l’époque d’avoir opté pour une attitude pleine de courage, il voyait aujourd’hui qu’il avait agi en minable…
Commenter  J’apprécie          160
Le teint jaunâtre, les yeux enfoncés aux contours mal définis, la peau flasque sur les tempes, elle a vieilli de quinze ans. […] son mari lit, couché, en pyjama. Plus jeune qu’elle, il vieillit néanmoins lui aussi. Mais parce que c’est un homme, le fait que son front se dégarnisse importe moins que ses seins qui s’affaissent, et le petit pneu qu’il a à la taille n’est rien en comparaison de la cellulite qui déforme ses cuisses.
Commenter  J’apprécie          170
Elle fit une pause pour tourner son sourire éclatant vers le Messie, en l'occurence, Ted. [...] : "Ma pauvre âme perdue s'est consumée en efforts pour résoudre la déroutante énigme de l'existence, et, tout à coup, la réponse est là, mon bien-aimé Seigneur est venu à moi. [...] O, Seigneur Jésus, daigneras-tu nous parler, et nous laisser entrevoir les premiers éclats de ta divine et sublime lumière ?". Souriant à Ted, elle écarta du pupitre son corps massif et, ses gros bras ouverts, pria Ted de s'avancer.
Ted se leva et gagna l'emplacement que la grosse femme avait laissé tout chaud.
"Y a-t-il un téléphone par ici ?" demanda-t-il.
Commenter  J’apprécie          80

Videos de Percival Everett (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Percival Everett
AMERICAN FICTION | Official Trailer
autres livres classés : resurrectionVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (215) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..