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EAN : 9782709661225
J.-C. Lattès (19/08/2020)
3.89/5   28 notes
Résumé :
Dix ans après le naufrage du Joola, Adrien Absolu se rend en Casamance. Il s’installe à Ziguinchor. Très vite tous ceux qu’il croise lui racontent cette journée de septembre 2002 qui a changé leurs vies, le naufrage, ce que cette catastrophe dit de cette région du Sénégal, magnifique, convoitée, et traversée par de violents soulèvements. Cette histoire commence à le hanter : que s’est-il passé le jour du drame ? comment une telle catastrophe a-t-elle pu arriver ? Au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le 26 septembre 2002, le ferry le Joola, qui relie en treize heures la région de la Casamance, au sud du Sénégal, à la capitale Dakar, coule à quarante kilomètres au large de la Gambie, avec à son bord plus de 2000 passagers. Il n'y a que 65 survivants. S'intéressant quinze ans plus tard au parcours d'un jeune étudiant français originaire du Morvan et disparu dans le naufrage, l'auteur se rend à plusieurs reprises au Sénégal pour enquêter. Il nous restitue l'histoire du drame, depuis la conception du bateau jusqu'à son dernier voyage, révélant d'innombrables et graves dysfonctionnements dans l'entretien et l'exploitation du navire, l'ahurissante incurie des autorités dans la gestion des secours et, pour couronner le tout, le déni de justice qui a finalement conduit au classement de l'affaire sans poursuite.


Le constat est accablant : vétusté, incompétence, corruption, maintien en circulation d'un bateau sans permis de circulation, double billetterie et surcharge, défaut d'équipement de secours… La liste des dysfonctionnements est longue comme le bras. Leur accumulation ne peut que mener à la catastrophe, pourtant le Joola continue à naviguer comme si de rien, avec à son bord près de quatre fois le nombre autorisé de passagers. le bateau se retourne en moins de dix minutes, seuls deux canots de sauvetage finissent par pouvoir être utilisés, et les secours, aussitôt alertés, mettent presque une journée pour parvenir sur place. Il y a au final plus de victimes que lors du naufrage du Titanic, tant à cause du chavirement que de la lenteur du sauvetage…


Au drame causé par l'irresponsabilité vient bientôt s'ajouter pour les familles l'impossibilité d'obtenir justice. le dossier est classé sans suite dès 2003 au Sénégal. Les tribunaux français, saisis par les proches de nos ressortissants disparus dans le naufrage, confirment définitivement le non-lieu en 2018, en raison de dispositions internationales les rendant incompétents dans cette affaire. Les victimes s'avèrent ainsi triplement condamnées : par l'incurie qui a mené à la catastrophe, par le défaut d'assistance, et par l'absence de poursuites judiciaires.


Ce livre s'attache aux faits, retraçant avec le plus grand sérieux les différents éléments de la tragédie, glanés après une enquête approfondie et de multiples rencontres en France comme au Sénégal. L'auteur trouve le ton juste pour évoquer avec une émotion contenue la dimension humaine de la catastrophe, s'attachant en particulier au sort d'un des passagers mais en évoquant aussi beaucoup d'autres. L'ouvrage se fait hommage, au service de la mémoire des disparus et de leurs familles. Cette lecture, stupéfiante et choquante, est nécessaire, pour sauver de l'oubli les victimes d'une des catastrophes maritimes les plus dramatiques jamais survenues, mais aussi pour dénoncer la noire lâcheté de certains comportements humains. Avec son style fluide et efficace, c'est aussi un passionnant documentaire sur l'histoire du Sénégal, en particulier de la Casamance.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le drame du naufrage Joola, titré par Florence Aubenas dans Libé « Trois jours de deuil national pour le Titanic sénégalais », a été éclipsé par d'autres catastrophes dans le monde.
Ce bateau qui relie la terre du Casamance au Sénégal fit pourtant presque deux mille victimes ce 26 septembre 2002. Un accident qui aurait pu être évité ?
En novembre 2013, l'auteur se trouve dans la boulangerie-épicerie-tabac d'un village du Morvan où se vendent des bougies à l'effigie du ferry Joola. La propriétaire de la boutique a perdu son fils dans le naufrage. L'auteur fait alors le lien avec ce qu'il a entendu lors d'un de ses voyages en Casamance.
Depuis, il a effectué six autres séjours à Ziguinchor, menant des entretiens avec les rares rescapés, des membres de familles en deuil, des habitants de Dakar ne voyant pas le Joola arriver, ainsi que d'autres protagonistes impliqués. Il s'appuie également sur d'autres écrits, et un documentaire (qui n'a jamais trouvé de diffuseur), ce qui en fait un récit très documenté qui se lit comme une enquête, sans jamais tomber dans le genre exposé, car l'auteur connaît très bien le terrain et y mêle histoire, géographie, traditions, moeurs.
Ce livre très documenté nous livre les archives de la construction du navire jusqu'à ses derniers instants, qui sont liés à l'histoire du Sénégal et du contexte de la Casamance au sein de la région.
« Ce n'est pas possible, le Joola ne peut pas sombrer en plein mer, nous avons tous déjà pris le Joola et il est toujours arrivé à destination, un ferry en bon état construit par les Allemands ne coule pas à 30 kilomètres des côtes, les gens disaient vous vous trompez.»
C'est l'histoire d'un fils dont le corps n'a jamais été retrouvé, le chemin d'un deuil difficile à effectuer.
« ... il n'y eut jamais d'images pour aider à faire ce trajet mental jusqu'à l'évidence, pour venir opposer aux fantasmes de mort d'une scénographie précise, ce qui ne fit qu'accentuer la sidération, l'impression de vivre un cauchemar éveillé, le déni. »

#LesdisparusduJoola #NetGalleyFrance
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Pour qui connait le Sénégal et la Casamance, ce livre fait vibrer: on s'y retrouve! Je n'ai pas pu me rendre en Casamance, fortement déconseillé aux touristes et interdit par ma fille: on venait de décapiter le conducteur d'un car plein de touristes. C'était après le drame du Joola; ce livre me donne envie de reprendre le livre de Fatou Diome qui évoque la veuve d'un marin; elle utilise l'autre terme: le Sangomar, si ma mémoire est bonne. Je l'avais abandonné, lassée par l'animisme.
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Adrien Absolu a mené une minutieuse enquête sur le naufrage du Joola.
Qui s'en souvient ? Pas grand monde je suppose, moi-même j'avais dû en entendre parler pour l'oublier aussi vite.
L'auteur fait donc ici un état des lieux précédant le naufrage, relatant toutes les causes possibles et avérées en faisant une « chronique d'un naufrage annoncé ».
Il décrypte autant les problèmes mécaniques et physiques du ferry que l'environnement politique du Sénégal, peu propice, en tout cas à l'époque, pour des transports de personnes en toute sécurité.
Il va ensuite nous faire revivre au travers de témoignages de rares survivants cette nuit d'horreur où 1863 personnes ont perdu la vie, hommes, femmes, enfants, bébés. Les secours qui n'arrivent pas et quand ils arrivent leur manque de coordination et d'efficacité.
Ensuite vient le temps des deuils, celui des familles dont le corps d'un proche a été retrouvé et identifié, celui des familles qui attendent une liste des survivants pour y voir celui de la personne qu'ils attendent, celui des familles qui ne savent même pas si leur proche a pris le ferry ce jour-là. Enfin celui de ceux dont on n'aura rien à mettre dans la tombe, porté disparu, présumé décédé.
Commenceront alors les questions, les batailles, les procès.
Ce texte constitue un superbe document, un témoignage, et assez de preuves pour pouvoir analyser les causes pour ainsi éviter que ça ne se reproduise. Ce récit est étayé du témoignage involontaire d'un des disparus du Joola, jeune étudiant français de 20 ans qui envoyait régulièrement des mails pour donner des nouvelles à ses parents jusqu'à ce 26 septembre 2002.
Une question s'impose cependant à la fin de cette lecture. Pourquoi un paquebot britannique ayant coulé à cause d'un glaçon et ayant fait près de 400 morts de moins et dix fois plus de survivants est-il plus célèbre que ce taxi-ferry sénégalais ? J'ai quand même peur d'en connaître un élément de réponse.
A lire, pour ne pas les oublier.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Moi qui adore les récits de naufrages, j'abandonne cet ouvrage à regret car j'ingérais l'histoire jusqu'à tomber sur ce titre dans le catalogue en ligne de la Médiathèque du Mans. Bien que bien écrit, le récit ne m'emballe pas même au bout d'une trentaine de pages donc mauvais signe, comme à chaque fois. Trop de détails géographiques avant d'entrer dans le vif du sujet que je n'ai donc pas eu l'occasion d'aborder ... C'est bien le premier ouvrage // thématique naufrage maritime que je me vois contrainte d'abandonner d'autant à regret que c'était un des rares livres à évoquer ce sujet ...
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critiques presse (1)
Culturebox
21 août 2020
Une enquête passionnante sur l'une des plus tragiques catastrophes maritimes de l'histoire.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ces calculs révèlent que, toutes circonstances égales par ailleurs, avec seulement 580 passagers à bord, le bateau aurait été bien chahuté cette nuit-là, mais ne se serait pas retourné. Que pareillement, si les ballasts avaient été remplis à ras bord, la stabilité accrue du bateau lui aurait permis de faire face à la charge excédentaire. Mais que l’accumulation des facteurs – passagers surnuméraires, carènes liquides, chargement aberrant, mauvaise météo – a empêché le redressement du Joola, quand celui-ci s’est mis à tanguer trop fort.
Quand cela fait plusieurs mois que l’on s’intéresse à l’affaire, la lecture de ce rapport n’apporte pas beaucoup d’éléments nouveaux, mais elle est édifiante, parce qu’elle ordonnance tous les éléments du drame, rend nette une réalité en kaléidoscope. Et statue : « chronique et certaine » (l’absence de calculs de stabilité) ; « certain et connu » (le dépassement de la jauge passagers) ; « conjoncturel et certain » (le coup de vent).
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C'est un poème que Dominique a écrit quelques semaines avant son départ, ce dont témoigne la date d'enregistrement du fichier.
Je pensais n'en retranscrire que les premiers vers, mais ne sachant où couper, le voici in extenso.
La mer / torrent salé / funeste élément auquel j'ai tout consacré / tu me détruis / je t'ai tant aimée quand tu me berçais sur tes flots calmes, apaisants / Désormais, alors que gronde le ciel / tu te déchaînes. / Ma frêle embarcation plie sous ta force prodigieuse. / Tu l'as saisie de tes bras furieux / au flanc d'une vague d'émeraude / elle s'est évaporée en mille morceaux. / Les cris et les plaintes du mât brisé, des voiles déchirées / sont restées silencieux. / La fureur qui t'éprend se confond avec ton immensité. / Tu balaies les parasites / les vaniteux qui ont eu l'audace de te chevaucher. / Tu domptes les hommes / asservis au gré de tes caprices. / Pourtant, tant de marins t'aiment obstinément. / La larme à l’œil / ils te défient chaque soir à la même heure, fidèlement / lorsque le soleil s'échappe. / Tu es le dieu des ports, / église où ces hommes entretiennent ton culte / Toi, modèle de sérénité / souffle vital, terre d'asile. / Ta seule évocation illumine les yeux des hommes les plus braves : / Les échos de ton âme sont perçus par tous ceux qui ont / un jour, une seconde / su te regarder. / Comment peux-tu, aujourd'hui, envahir ma cabine ? / Tu ne le sais pas, tu ne te rends pas compte ! / Peut-être veux-tu simplement me protéger ! / Me recouvrir de ton manteau soyeux, / couvrir mon visage des menaces du ciel. / Qu'ai-je donc fait pour provoquer ta colère ? / Ma gorge s'enflamme de ton nectar salé. / Je te sens, / Tu gagnes tout mon corps, / tu me noies. / L'élément vital devient destructeur. / La houle est monstrueuse, / mes os se brisent dans un fracas épouvantable. Tes entrailles, jamais repues, ont-elles déjà digéré mon navire ? / Tu ne me protèges plus... / Noyé, pensif, / je descends.
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Dès le 4 février 1997, un courrier du directeur de la Marine marchande au chef d’état-major de la Marine nationale dénonce l’absence à bord du matériel de secours obligatoire. De nombreux fax sont échangés entre 1997 et 2000 entre le bureau de vérification Veritas et l’antenne d’exploitation du Joola à Dakar : les certificats ont expiré le 11 novembre 1996, mais en dépit de nombreuses relances, la plupart des courriers de Veritas restent sans réponse. Le Joola est menacé de déclassification, en raison d’anomalies sévères – la pompe à eau de mer n’est plus opérationnelle, le groupe électrogène principal est hors service. Les factures impayées s’accumulent. Veritas sollicite chaque mois l’organisation de visites de régularisation. « Le dossier du Joola est dans un parapheur sur le bureau du Premier ministre », se voient continuellement répondre ses dirigeants. La visite à flot est finalement organisée le 7 octobre 1997 : elle révèle un criant défaut de maintenance du navire. Les contrôleurs de Veritas découvrent entre autres que l’un des ballasts tribord d’eau salée a été perforé, en raison de la corrosion, et le Joola passe en hors-classe, le dernier sas avant la radiation. Le capitaine de vaisseau qui assure le commandement du navire demande une fois encore à Veritas que soit rédigé un mémo recensant toutes les non-conformités. Eu égard à l’importance de son client qu’est l’État sénégalais, Veritas s’exécute, énumère les actions correctives à entreprendre : réparation des alarmes incendie, contrôles d’étanchéité, remise en état du dispositif de fermeture des portes arrière, etc. La liste est longue comme le bras. Ange Pasquini, coopérant français tenant le rôle de conseiller auprès du chef d’état-major de la Marine, se démène pour essayer de sauver la classification du Joola. Mais les promesses de l’armateur restent lettre morte, et les travaux ne sont pas réalisés (...).
Tous les certificats étant périmés, et la patience ayant des limites, le comité de classification de Veritas annonce officiellement le retrait du Joola de ses registres le 23 septembre 2000, présumant son innavigabilité potentielle. Ça ne change rien : le bateau poursuit ses rotations, il est en roue libre, et ceux qui le gouvernent sont comme les conducteurs d’un camion fou lancé à contresens sur l’autoroute ou des alcooliques mondains : entrés dans une phase de déni.
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La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais par l’attachement à l’intégrité territoriale de leurs habitants respectifs, leur identité fière et jalouse, leurs festivités folkloriques, et l’idée de leur indépendance jamais complètement dissoute, elle n’est pas absurde : les colons français qui ont occupé la Casamance au début du XXe siècle avaient rebaptisé ses habitants diolas, à l’esprit égalitaire et individualiste mâtiné d’un grand sens du collectif, « les Bretons du Sénégal », et aussi vrai qu’il n’y a pas d’autoroute en Bretagne, il est difficile d’atteindre la Casamance, et tout aussi difficile pour une puissance étrangère d’y maintenir son emprise, qu’elle prenne son pouvoir à Paris ou à Dakar. On s’y attache comme à un paradis perdu : le cinéaste géorgien Otar Iosseliani chercha longtemps l’endroit où tourner son film contemplatif Et la lumière fut. Il tomba en arrêt devant un village de Casamance dont je n’ai pas réussi à retrouver le nom. Ses prises de vues extatiques ont saisi un temps suspendu, avec ses cireurs de chaussures, sa chasse à l’arc de la biche, ses jarres en terre cuite qui passent d’une main à l’autre, l’ardeur au travail, les eaux calmes des chenaux de marée, la société villageoise clanique, mais sans castes, ses habitants rétifs à l’autorité, aussi attachés à leur liberté que des chats.
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Personne ne sait en réalité combien de personnes se trouvent sur le Joola quand celui-ci largue les amarres : 45 billets ont été vendus en cabines, 110 en seconde classe, mais combien en troisième, à 3 500 francs CFA, soit un peu plus de cinq euros le passage ? Officiellement 855, mais personne n’ignore qu’il existe un système de billetterie parallèle, où la vente se fait de main à main, sans récépissé. Les gens s’entassent partout : dans les coursives, les allées du garage, le gaillard avant, près des canots sur le pont supérieur, s’asseyant sur les caisses renfermant les gilets de sauvetage. Où ils peuvent. Et comme les bagages n’ont pas été pesés, on ne sait pas non plus quel poids de fret charrie le bateau.
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Vidéo de Adrien Absolu
« Les Disparus du Joola » de Adrien Absolu, un combat acharné pour découvrir la vérité, une enquête passionnante, documentée et sensible, qui fait de nous les témoins du naufrage du Joola, l'une des plus tragiques catastrophes maritimes de l'histoire.
« Déroulée d'une écriture limpide et efficace, l'autopsie de cette catastrophe offre non seulement à chacune des victimes une sépulture en forme de récit, mais il donne aussi l'occasion au lecteur d'entrer dans l'épaisseur du monde, sa beauté et sa noirceur, et dans le coeur des hommes, la lâcheté des uns, l'héroïsme des autres. » - France Info
Paru aux éditions JC Lattès en août 2020. Retrouvez tous les auteurs de la rentrée littéraire 2020 dans la playlist https://www.youtube.com/watch?v=FicXRryAVHg&list=PLsZ5K2QrWs21plHm4SarNb5yEzVtIaeoS Et découvrez pleins d'autres vidéos sur notre chaîne https://www.youtube.com/channel/UCtoS...
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