Je crois bien qu'Olivier Adam écrit toujours, obstinément , le même livre : celui du vide de l'absence, celui de la vie diluée dans les excès et les rencontres glauques, celui de la difficile, voire impossible reconstruction après le deuil , celui du miracle, si fragile, du retour à la vie.
J'avais d'abord lu "Les lisières", et , bien sûr, l'écriture fluide du narrateur coulait comme la parole transparente et libérée d'une psychanalyse.
J'ai ensuite lu "Je vais bien , ne t'en fais pas" , son premier livre, dont l'histoire était bouleversante.
Et toujours cette référence à l'océan, dont le rythme des vagues, l'insondable profondeur, la violence, parfois protectrice, faisaient régulièrement écho au récit...
"Falaises" contient toutes les thématiques "chères" à l'auteur, avec, me semble-t-il, un désespoir, une inadéquation à la vie au paroxysme du tragique.
Le suicide de sa mère hante le jeune adulte (Olivier) depuis vingt ans. Sa mémoire, cruelle, refuse de lui rappeler des pans entiers de son existence heureuse, celle d'avant le drame, comme une ultime punition. Ses années d'enfance et d'adolescence ne sont plus que des années d'échappatoire , ou, si l'on veut, de fuite en avant face à cette image d'un corps qui tombe du haut d'une falaise, alors qu'il n'a que 10 ans. Comme un point de non retour.
En raison de son inadaptation au monde qui l'entoure, le narrateur erre de rencontre en rencontre, sans y trouver ni réconfort, ni apaisement, mais plutôt en recherche d'êtres aussi paumés que lui. Soigner le mal par le mal : telle semble être la thérapie choisie par Olivier.
Au bout de ces années de décrochage constant, au seuil de cette lisière (mot-clé chez Olivier Adam) entre la vie subie et la vraie vie, la rencontre d'une femme et la paternité apporteront au narrateur la lumière, de façon, on l'espère, définitive.
"Je sais déjà qu'à mon réveil, quand j'ouvrirai les yeux [...] tout sera calme et lumineux."
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Quelqu'un me regarde, il y a quelqu'un dans mon dos, je me retourne, il n'y a personne, juste le voile que laisse une absence, une ombre qui se retire. Comme le creux que fait ma mère dans mon ventre, comme celui que fait mon enfance. Une empreinte, un fossé, à peine plus, à peine de quoi croire qu'il y eut quelque chose plutôt que rien. p.174
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Ecriture Fine. Moments intenses. Emotion. L'auteur nous emporte grâce à sa plume acérée. Un récit intimiste sur la vie du personnage principal. Quelque part aussi sur la vie de beaucoup d'autres...
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Un roman magnifique, triste et émouvant sur la vie tourmentée d'un jeune garçon qui perd sa mère à 11 ans. Il grandit et devient un écrivain puis un père avec cette douleur qui l'a construite.
Un livre très touchant qui ne m'a pas laissé intacte.
Difficile de m'en défaire même après avoir tourné la dernière page.
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