Editions de l'Olivier,©2010. 217 pages. Collection Points pour mon exemplaire. Evidemment, le bandeau rouge avec “Étincelant” m'a influencée pour découvrir cet auteur dont j'entends parler régulièrement… Mais étincelant est-il le mot qui convienne ? Pas sûr.
Nathan, le frère de Sarah est mort quelques mois plus tôt après une vie faite de malchance, de tentatives de suicides, voulues ou inconscientes, vu qu'il fumait (pas que du tabac), qu'il buvait comme un trou et s'essayait à écrire un roman toujours refusé par les éditeurs… “Il finissait alors par réapparaître, à l'improviste, les yeux fiévreux, souriant mais chancelant, cramé, usé jusqu'à l'os, sec et tranchant, prêt à craquer, à prendre feu à la moindre étincelle.”
Le seul endroit où Nathan a été heureux c'est au Japon dans un petit village côtier près de Kyoto, bordé de
falaises qui attirent les aspirants au suicide. Là, Natsume, un ancien flic en retraite, veille, leur murmure à l'oreille, les prend par la main et les ramène chez lui, allant jusqu'à les héberger jusqu'à ce qu'ils se sentent en état de repartir. Sarah en recherchant ce qu'elle a perdu de ce frère, va découvrir qu'elle aussi s'est perdue dans une vie convenue, bourgeoise et confortable moralement mais mortellement ennuyeuse et délétère. Ce qui la dédouanait un peu de voir que son frère n'allait pas bien, que leur relation quasi gémellaire, au fil du temps ne ressemblait plus à rien, surtout pour elle qui s'était “reniée” pour plaire à tout le monde : son mari, ses enfants, la société, son boulot.
La douleur d'entrapercevoir puis de voir ce qu'elle est devenue, son immense solitude, lui éclatent à la figure, pendant que Natsume lui parle des jours heureux de Nathan.
Construit sur des flash-back entre le Japon et Paris, ou ailleurs, là où ses souvenirs la porte, c'est l'histoire d'un deuil douloureux, de la reconstruction d'une vie qui s'est dissoute dans la bienséance, jusqu'à l'éclatement final de la famille, prévisible par ailleurs… Un thème traité avec pudeur et violence parfois, mais dilué dans d'interminables descriptions (quoique poétiques) qui m'a juste effleurée. Un style agréable, mais rien d'original. J'ai aimé les passages où Sarah se souvient de sa jeunesse avec son frère, et comment elle a pu changer à ce point, devenir indifférente aux autres et à elle-même. J'ai moins aimé globalement, la lenteur et l'essoufflement rapide du sujet qui fait “rabâché” à force… J'ai aimé les réflexions sur la littérature et le destin des écrivains maudits : “Au fond, à part la précarité réelle de sa situation, que j'adoucissais parfois, je ne pouvais m'empêcher de l'inclure dans le tableau qu'il dressait, les yeux rouges de colère, de cette sorte d'aristocratie en fin de cycle qui préférait le statut de l'écrivain à la littérature, à l'écriture elle-même. Au fond, je détestais cette prétention qui le poussait à s'ériger en artiste avant même d'avoir produit, montré, partagé quoi que ce soit.”
Un livre que je n'ai pas aimé plus que ça, tiède à mon goût, mais je comprends que l'on puisse apprécier cet auteur. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour moi… Car quand on lit l'avis de Télérama en quatrième de couverture : “
Olivier Adam excelle a dire des gestes inachevés, les mots au bord des lèvres, les élans avortés, la tendresse retenue”, et bien on s'attend à une certaine fougue dans un style moins immobile, fougue et flamboyance que je n'ai pas trouvées !
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