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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Souvent ce qui fait très mal, est remisé sous une pile d'autres souvenirs et l'on y revient suite à un « coup » donné dans l'étagère et la blessure est réouverte, celle sur laquelle, on a tant à dire. C'est ce qui arrive à Laure Adler, des années après la perte de son petit Rémi, elle met des mots sur sa souffrance. Ces mots sont choisis avec tendresse, délicatesse, justesse, harmonie. Rien n'est lourd, rien n'est brutal, tout est conté d'un style littéraire parfait, dans une douce pudeur. La forme du récit colle parfaitement à son fond, aux sentiments, aux émotions, aux impressions qui arrivent et s'étendent sur le papier grâce à une plume poétique, d'une sensibilité touchante.
De nombreux messages resteront gravés en moi. Les maux d'un système de santé résonnent comme une sirène et notamment les silences du corps médical derrière lesquels se cache l'ignorance alors qu'il est tellement compétent, dans certains cas, de simplement dire « je ne sais pas ». J'aimerais contribuer en apportant une pierre à l'édifice et revoir ce qui me touche de près, l'humain dans ce système de santé.Une lecture très riche.
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"À ce soir" est un récit autobiographique. Laure Adler y relate la disparition de son tout jeune enfant survenue il y a dix-sept ans. En découvrant le thème de cet ouvrage, j'ai redouté la profusion de détails à la limite du supportable, un voyeurisme déplacé, l'emprise du pathos sur le récit. Durant toute la lecture de ce livre, je n'ai rien senti de tel.

Dans les premières pages, Laure Adler utilise un moyen détourné (un accident de voiture sans conséquences graves) pour amener lentement le lecteur au coeur du sujet du livre. Sujet très sensible que celui du décès d'un petit garçon âgé d'à peine un an.
L'auteur y parle avec émotion, avec une belle sensibilité (il y a des passages sur sa grossesse et sur les liens qu'elle a entretenu avec son fils durant l'hospitalisation qui sont pleins d'une tendre pudeur) et retenue. le fait qu'il se soit passé dix-sept ans entre les faits et l'écriture de ce récit donne au livre une richesse très réelle.
Le transport aux urgences, le diagnostic, la vie à l'hôpital, les soins prodigués, les rapports avec les médecins, le silence, les non-dits, le temps qui se fige tout autour, la colère, le désarroi, l'espoir, la fatigue toujours mais aussi (et surtout) tous les liens ténus qui unissent la mère à son petit garçon. Tous ces sentiments qui se confondent, se confrontent, s'opposent les uns aux autres, la souffrance qui jamais ne s'efface sont, dans ce récit, très justement abordés.
Pas d'effets de style, pas de surabondance de détails, etc. Juste ce qu'il faut pour rester au plus près.
Un récit touchant, très humain.
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Malgré un démarrage un peu confus, l'histoire de cette maman, son combat, ses espoirs de voir guérir son petit garçon m'a touchée et cette fin tragique m'a émue... L'écriture est douce et poignante à la fois, composée de paragraphes parfois très courts et très espacés, qui donnent un certain rythme à la narration et la sensation de ressentir, nous aussi, ces instants de doute ou d'espérance et d'incompréhension. Très belle découverte de lecture, malgré le sujet ô combien dramatique et dur...
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Laure Adler ne dira jamais "A ce soir" à Rémi, son bébé mort de maladie avant sa première année. C'était il y a longtemps et depuis elle a eu deux filles. Mais un jour, dix-sept ans après le drame, alors qu'elle évite un grave accident de la route, elle a besoin de raconter ce qu'elle a vécu. Pourtant elle écrit "Ceci n'est pas un récit. C'est une tentative de raccommodement avec le monde".
A l'hôpital, Laure Adler passe de longues journées mais aussi de longues nuits à attendre, à guetter le moindre regard du bébé lorsqu'il se réveille.
J'ai moi-même eu un bébé hospitalisé et il est vrai que la communication ne se fait que par les yeux surtout lorsqu'on ne peut pas le toucher et qu'il y a tout un appareillage autour de l'enfant.
Elle raconte son impuissance à agir ou même à poser des questions, faisant entièrement confiance au corps médical. Ce qu'elle regrette par moment car elle se rend compte que la première équipe qui a soigné son bébé n'a pas toujours été à la hauteur. Mais sa seule force est d'être présente, de croire en la guérison.
Son fils est mort et elle reste vivante. Alors elle ne tente pas d'apaiser sa douleur car cela lui semble impossible mais seulement de la maîtriser. Comme Baudelaire l'écrit dans un poème "Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille", elle sait que la douleur est quelque chose de concret.
C'est terrible car on ressent sa solitude face à son impuissance de sauver Rémi. Elle ne dit presque rien sur le père (qui semble pourtant présent) comme si le drame ne pouvait pas être partagé. C'est un point de vue touchant et très personnel.


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Page Facebook: Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com

« Je n'écris pas pour me souvenir. Je n'écris pas pour apaiser la douleur. Je sais depuis dix-sept ans que la douleur est et demeurera ma compagne. Je vis avec elle. Je la tiens en laisse. Quelquefois, elle me bouscule et me fait tomber. Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. »
Toute la force de ce récit court et poignant tient dans ces quelques lignes. À la suite d'un accident de voiture sans conséquences, Laure Adler éprouve le besoin de revenir sur la mort de son tout jeune enfant, Rémi, dix-sept ans auparavant. Une mort qualifiée de subite mais qui sera néanmoins précédée d'un long séjour à l'hôpital et d'une succession de périodes d'espoir et de moments difficiles jusqu'à la fin tragique.
Laure Adler nous ouvre un peu la porte de la communauté qu'elle a rejointe lors du décès de son enfant (« nous –cette communauté désignée par le destin pour endurer la plus grande des injustices, cette tribu silencieuse et honteuse, sommes toujours écorchés vifs. Les blessures de nos mémoires sont toujours béantes. Quoi que nous fassions. ») et elle parvient à le faire avec douceur et délicatesse.
« À ce soir » est le genre de récit qui pourrait aisément verser dans le pathos mais tel n'est pas le cas. Pas de détails sordides mais beaucoup de pudeur dans la narration du chagrin et de l'insoutenable. J'ajoute que ce n'est pas seulement un témoignage mais également une oeuvre littéraire car l'auteur écrit très bien et pose des mots très justes sur sa douleur et sa relation avec l'enfant lors de sa courte vie. Elle nous parle également du «vivre après », lorsque les mots gravés sur le cadran d'une montre, « À ce soir », résonneront désormais comme une menace.
Un livre court et émouvant qui parle avec beaucoup de finesse du plus terrible des deuils.

Lien : http://pascalebookine.eklabl..
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Je me souviens, beaucoup trop parfaitement, de cette journée. À tout à l'heure. le coeur de maman déchirée par la première matinée de séparation, d'adaptation comme on l'appelle. le premier message au bout de trente minutes, puis les autres, la voiture, le radar qui s'affole quand je la retrouve moins d'une heure après l'avoir laissée. Ce radar, cette sensation de chutes qui se rapprochent, cette alarme sourde et stridente qui hurle en moi qu'un danger imminent arrive. À tout à l'heure, je lui avais dit. À tout jamais, elle a essayé de me répondre, une trentaine d'heures plus tard.
Ces milliers d'heures de couloirs, de machines à café, de salle d'attente, de larmes, d'appels des proches, de prières, je les ai vécus. J'ai marché sur le fil de sa vie retenu par une magie imperceptible pendant huit jours. Et Dieu que vous n'imaginez pas comme c'est long huit jours. Trente sept mois plus tard, le fil est devenu un petit chemin, mais encore loin d'être une route solide. Les mots de Laure Adler ont résonné si fort. La quatrième de couverture m'avait induite en erreur. Je pensais à une femme ayant perdu son mari. J'ai rencontré, heurté une mère qui a perdu une partie de son âme dans ces couloirs, ces machines qui ont fait mon quotidien pendant quatre mois. Trente sept mois, ce n'était pas assez pour lire ce cri du coeur sans y laisser quelques plumes, larmes, souvenirs.
Mais au delà du souvenir et de l'histoire, il y a une écriture percutante. Les mots choisis si éloquents. Bravo, et merci, d'avoir pu écrire des lignes qui me paraissent encore aujourd'hui impartageable, trop inimaginable malgré les avoir vécues de plein fouet. Merci d'avoir exorcisé ce tabou d'un talent salutaire.
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Un témoignage bouleversant sur la mort de son bébé il y a dix-sept ans, un accident a été le déclic lui permettant de se libérer de cette histoire.
Je parle de témoignage mais celui-ci appartient à la littérature, pas à la presse à scandale, la langue est claire, concise et l'émotion ne cesse de sourdre sous sa plume.
Ce n'est pas le récit d'une maladie mais celui d'une incompréhension totale d'une mère qui perd son fils sans que sa détresse ne lui autorise à l'accepter ni à le voir.
Il s'agit d'amour, du chant d'un oiseau, de la couleur du ciel que nous aimerions partager avec ce petit corps hospitalisé dans un système de santé dépassé, froid, clinique et si peu humain.
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C'est un livre remarquable que celui de Laure ADLER, mais un livre douloureux. Perdre un enfant, un bébé de neuf mois plein de vie. Comment décrire les sentiments quand ils sont de l'ordre de ...
Lien : http://www.lirezvous.com/lau..
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