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sur 211 notes
Des odeurs de citrons charriées par le vent s'engouffrent dans les ruelles écrasées par le soleil de l'après-midi. Je déambule entre deux ombres, ombre de moi-même, en direction de la plage. le regard perdu dans mes pensées, celles qui te font dire que ta place n'est pas ici, celles qui te proposent d'en finir de la plus belle des manières, en toute discrétion. Un air de trompette s'évapore d'une fenêtre, la suavité de Paolo Fresu, un air marin, un air de Sardaigne. La voisine y apparaît, à demi-dénudée, un gros sein qui prend l'air chaud du vent. Je la regarde, son sourire, la longueur de ses cheveux qui habillerait presque sa nudité. La chaleur écrasante toujours, la sueur perlante, je continue mon chemin avec mes tristes pensées, la mine solitaire n'écoutant que le vent se distiller entre les notes de Paolo. D'ailleurs ou justement, une nouvelle pensée s'aventure entre les habituelles, je repense à son album mystique « Mare Nostrum », la voisine a de sublimes écoutes en plus de sublimes courbes.

D'ailleurs ou justement, la question est là, celle qui accapare de longues heures de silence, comment organiser son départ… Comment faire d'un acte voulu et réfléchi le suicide parfait, celui qui consiste à faire croire aux autres que ce n'est qu'un accident, histoire de ne pas peiner, histoire de ne pas dire aux proches que vous n'aviez tout simplement plus envie…

La chaleur s'estompe légèrement, un dernier verre sous les oliviers, la nuit se fait, les ombres s'agrandissent sous le regard dévoilé de la lune. Une lumière à sa fenêtre qui s'allume, je me retourne vers elle, et la vois, l'observe, la mémorise comme on mémorise un sourire intimidant, un souvenir éternel. Et si un sourire ou une lune pouvait arriver à faire changer les plus tristes pensées, comme des ondes sensuelles.
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Cette courte histoire m'a interpellée par son ambivalence. Milena Agus a choisi d'aborder des thèmes graves que sont le suicide et la maladie sur un ton très léger.
Comment dire ?
Séduction ? Deux voisin, voisine monoparentaux se rencontrent et l'alchimie (les) opère.
Attraction terrestre ? Deux forces faibles convergent et évitent « le point de non-retour ».
Une nouvelle à l'italienne simplement puissante.
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Sous le soleil écrasant de Cagliari, elle fixe sans retenue le beau visage de son voisin lorsqu'elle le croise dans la rue. Mais le voisin ne la remarque même pas. le reste du temps, « Elle a[...] l'intention de consacrer son énergie à une bien meilleure idée de suicide, quelque chose que tout le monde prendrait pour un accident. » Mais un jour, le fils du voisin vient lui rendre visite et elle lui prépare un oeuf à la coque. Un petit plaisir simple, comme une renaissance…
C'est l'Ultra moderne solitude chantée par Alain Souchon, celle d'une femme quittée par son mari et désemparée face à son petit garçon handicapé qui ne parle pas, celle de deux voisins désemparés face à leurs enfants, séparés par un mur couvert de tessons de verre et envahi par la végétation. Une belle métaphore de leurs relations, si délicatement décrite. Des mots, des regards, comme une caresse… Miléna Agus a de la tendresse pour ses personnages, elle ne force jamais le trait mais va à l'essentiel, capte les fêlures et la fragilité des êtres, la douceur des échanges, les rires dans la torpeur de l'été, lorsque tout vacille dans la vie de quatre êtres en quête d'amour.
Une nouvelle sombre et joyeuse, sensuelle et morbide qui laisse un souvenir vivifiant.


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" le voisin, elle l'avait rencontré un jour alors qu'avec son petit elle rentrait de promenade. Il était très beau. Et ensuite, toujours à la même heure. Elle arrêtait la poussette et le fixait sans retenue. Mais lui ne les voyait pas, même quand la rue était vide.

Ainsi commence Mon voisin. Une novella de 50 pages à peine, servie par une plume chaleureuse et pleine d'humour qui nous fait voyager dans une Italie de carte postale - sur les côtes.
Au départ, j'ai pensé que ce serait une histoire comme "La lettre d'une inconnue" de Stefan Zweig, jusqu'à ce qu'apparaissent les envies suicidaires de la jeune femme. Envies qu'on ne prend pas tellement au sérieux à cause du ton détaché de l'auteur.

Mais derrière l'écriture assez légère de Milena Agus, l'auteur cache des douleurs très modernes de notre époque. Celles de la solitude, de la perte de confiance après une séparation, des bouleversements que peuvent amener une naissance dans un couple, de la peur de l'inconnu après la déception, de la féminité qu'on ne sait plus exprimer et qu'on tente de ré-apprivoiser lorsqu'on veut plaire à nouveau.

Et bien sûr, l'histoire du voisin, c'est l'histoire de beaucoup de femmes (et d'hommes) qui s'empêchent vivre pas seulement par peur de l'inconnu, mais parce qu'ils s'attendent à trop de bonheur et oublient de saisir les petits moments anodins du quotidien qui nous manquent tant lorsqu'ils disparaissent.

Un petit moment de lecture drôle et plein de tendresse.
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Ouvrir un livre de Milena Agus, c'est faire jaillir le soleil de la Sardaigne des pages qui se tournent, c'est être inondé de sa lumière et sentir la caresse de sa chaleur sur la peau ; c'est froisser quelques feuilles de thym ou de menthe, de sarriette ou de romarin et s'imprégner des senteurs comme une invitation au voyage pour un ailleurs ; c'est s'extasier des couleurs comme du rouge flamboyant des géraniums et en admirer le chatoiement.

C'est une ambiance qui se crée, qui transporte aussitôt dans une ruelle ombragée, un jour d'été trop suffocant, sur une plage face à une eau transparente et limpide à la recherche d'un peu de la fraîcheur du large.

Parfois, cela peut être l'évocation d'un jardin rendu à son élan sauvage, d'où, au milieu d'une végétation laissée à sa liberté, surgissent des personnages qui vont bousculer la vie d'autres qui ne faisaient que contempler ce coin de nature.


"Elle" n'attend plus rien de l'existence, presque décidée à la quitter. Son fils, enfermé dans le "silence de vie" de sa mère, ne parle, ni ne marche : à quoi bon puisque ce serait pour aller nulle part, ce serait pour ne pas trouver les mots qui pourraient donner, à cette mère qui vit en recluse, l'envie de vivre quelques jours encore...
Et puis, jailli de ce jardin d'herbes folles, de cet enchevêtrement sauvage, un petit garçon inconnu, à l'opposé du calme et de la retenue de cette petite famille murée dans le refus de vivre, et à sa suite son père - le voisin - qui vont bouleverser par leurs exigences, leurs questionnements l'existence de ces deux êtres qui n'habitent plus que le silence et les souvenirs.
Dès lors, au fil des jours, il devient facile d'échanger quelques mots avec l'étranger qui tente de travailler, il devient facile de "voir" le monde, comme une évidence qui était jusque là niée.

Le jardin comme un havre d'où surgissent, parmi toutes les nuances de verts, les couleurs d'une vie qu'on peut écrire plus gaie, plus proche des autres, dans lequel un petit garçon muet de voir sa mère s'éloigner un peu plus chaque jour trouve quelques balbutiements pour la retenir encore un peu.


Une nouvelle de quelques pages pour dire l'importance du regard de l'Autre pour apprendre à voir la beauté de ce qui est proche, l'importance des paroles d'un "voisin" pour trouver, dans le dialogue, des mots comme autant de mains qui se tendent vers celui qui fuit une existence, dans laquelle il ne pense plus avoir sa place.
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Sous le soleil écrasant de Cagliari, dans un décor de dunes de sable blanc et de mer transparente et calme, où même quand les nuages se font plus sombres et la mer menaçante, "Cagliari est aussi beau comme ça", une jeune femme n'a plus envie de vivre. Son voisin, lui , a peur de mourir...

Entre les deux se crée une complicité. Et si le bonheur c'était plus simple qu'on ne le pense. Ne pas songer à hier, ne pas avoir peur de souffrir à nouveau demain, ne penser qu'au bonheur présent.

" Ça semblait ne pas suffire, sans l'assurance d'un bonheur futur, et pourtant si, ça suffisait. le présent aussi suffisait. Et elle ne l'avait pas compris. "

Histoire courte qui raconte tout en douceur les douleurs de la vie, le manque d'affection, l'attente de gestes tendres, de paroles apaisantes, de doux regards, qui paraissent insignifiants, mais qui peuvent sauver une vie.
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J'adore l'Italie, j'adore la Sardaigne, j'adore quand Milena Agus nous emmène à Cagliari.
Une jeune femme élève seule son enfant de deux ans qui ne parle ni ne marche.
Elle semble assez misérable, envisage de se suicider.
Son voisin est très beau mais ne la regarde ni même ne la voit.
Jusqu'à ce que le fils du voisin vienne en vacances chez son père et n'interpelle la jeune femme.
Des relations s'instaurent alors entre eux au-dessus du mur recouvert de tessons de bouteilles.
Ce n'est pas vraiment un roman, c'est plutôt une nouvelle.
Nouvelle qui nous replonge dans les ambiances chères à l'auteure.
Des lieux tellement bien décrits qu'on les voit réellement.
Des personnages sensibles et attachants.
Regret que ce soit si court : 52 pages très aérées écrites en gros caractères.
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Un grand coup de coeur pour ce tout petit livre!
Comment le décrire!? C'est une très jolie histoire d'amour qui s'installe avec une simplicité innocente,presqu'enfantine . On y découvre que la laideur du monde n'existe que par le regard qu'on lui porte et que tout peut se transformer...si l'on regarde avec le coeur !
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Cest une nouvelle très courte. Au départ, il y a un côté intimiste qui est agréable mais très vite on plonge dans une atmosphère morbide et pesante, difficile à supporter.
L'héroïne est une jeune femme qui semble exclue socialement: elle a un jeune enfant mais pas d'amis, pas de famille, pas de travail.
Elle songe à se suicider en maquillant en accident son suicide programmé...Son attention est pourtant attirée par son voisin...Un voisin qu'elle trouve très séduisant.. Va-t-il réussir à lui redonner goût à la vie?
La trame est intéressante mais trop c'est trop..le côté morbide m'a vraiment rebutée..
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Elle, si tendre et si fragile, aimerait bien en finir avec la vie mais sans faire souffrir quiconque de cette décision. Un suicide parfait ?
Lui, solitaire et lointain, et hypocondriaque, ne s'imagine absolument pas les courbes merveilleuses de sa si jolie voisine.
Et pourtant c'est bien sous un balcon, à la façon de Roméo et Juliette, que va prendre naissance leur idylle.

Une histoire toute petite mais emplie de poésie comme c'est si bien les raconter Milena Agus. Une histoire envoûtante créée par le climat, la végétation et les caractères bien singuliers des personnages.

Une chanson douce pour ne heurter personne...
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