Tout commence par une touche, comme sur un clavier qui s'apprête à donner son chant, façon Erik Satie. Avec tranquillité, délicatesse. Pas à pas se dit la rencontre et court sera le chemin. Entre ces deux points, l'auteure dit l'amour avec une certaine courtoisie tendre, sans emphase. Elle dit la présence et le comblement qui opère simplement au jour le jour. Tout tient dans la clarté du vécu.
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LAC ÉTAL COMME UN ÉPUISEMENT…
Extrait 2
et mon bras sans penser qui s’élève et ce geste une main
qui approche la peau sans savoir et ce doigt qui effleure
d’abord comme s’il n’osait pas ne se souvenait pas et
puis qui et ce doigt qui se pose sur la
bouche et qui touche et qui glisse une lèvre la deuxième
et savoure et puis caresse encore et ranime de loin de
très loin souvenir enchanté
le baiser
La première lettre m’accorde à la nuit
la seconde crève le silence
et me parle de ce qui
de toi
s’avance et me défait
Extrait 3
Comment se nomme-t-il ce temps de tous les
possibles Quand tout affleure croise circule Ce
temps où l’on sait que l’on ne peut rien et où
pourtant tout se peut Comment écrire ce
moment où les choses s’enclenchent où s’ébauche
l’accord où la phrase s’amorce dans la feuillée
informe des mots Que se passe-t-il dans l’amont de
la prise des corps Comment désigner cette entaille
légère dans le paysage où l’on n’est rien
rien d’autre qu’attention étonnée à ce qui est en
train de percer
et à quoi il est si doux
simplement
de s’abandonner
LAC ÉTAL COMME UN ÉPUISEMENT…
Extrait 1
Lac étal comme un épuisement
cherche une place dans la nuit
eau dormante
eau mourante
absorbe l’or des mots
qui hier encore
nous embrasaient
Mon cœur à travers la croisée qui rejoint les étoiles
là où je te pense
là où nue
je te découvre me manquant
Extrait 2
En-deçà pas même un murmure
pas une trace
pas un indice
un lit pour la parole peut-être
mais plus tard
la chance d’une voix peut-être
mais plus tard
la clameur de la vie peut-être
mais
pour l’instant
dans l’instant
dans l’instant de l’instant
au jour d’avant le jour
silence du silence
Extrait 1
Je n’imagine presque rien je ne rêve
presque rien je ne dis presque rien
Mais il paraît qu’un mot un simple petit
mot parfois dans le lointain peut toucher
ou se faire désirer
Comme si le monde entier
ou peut-être un visage
s’y trouvait convoqué