L'histoire du combat d'une femme pour sa liberté,liberté d'aimer,de vivre,dans un pays musulman,arabe,uniformément machiste.
Nous sommes au Koweit.Kawthar,belle jeune femme chiite,la trentaine, responsable de portefeuilles de personnalités VİP dans une banque, s'éprend d'un client.Le dit client,sunnite ,de surcroît marié et pére de trois enfants veut et va l'épouser, suite à une liaison de quatre années, une situation pas des plus commodes ("La phrase horrible de ma mère me revient," Il n'y a pas d'autre homme au Koweit?",").
Son cher pére, qu'elle idolâtrait ,mort,elle quitte le domicile familial pour vivre seule. La famille y étant contre, une décision qui va couper les ponts. Elle semble dans une impasse, mais c'est sans compter avec sa personnalité tenace , qui va dévoiler peu à peu ses desseins, ses craintes,ses espoirs à l'orée de ce mariage solitaire , pas comme les autres.....dans le contexte de son pays.
L'auteur, Taleb Alrefai lui-même alterne la narration avec Kawthar se mettant en scène en tant que meilleur ami de son pére, dans le récit,estompant les limites entre fiction et réalité.
Koweit ou,un quelconque pays européen, l'être humain ne change pas ,homme ,femme , ceux sont les mêmes peurs,espoirs,faiblesses,ruses,émotions....donc dans le fond de cette histoire peu de dépaysement, mais il y a les détails,qui nous rappellent le contexte,("Ici la société brise et réprime le désir féminin ,l'empêche de déclarer sa flamme et d'exprimer sa souffrance "/ Ici, un homme marié peut épouser sa maîtresse, même si dans le fond éthiquement cela semble peu acceptable,du moins dans le récit.).
Je ne connais pas le Koweit,mais vu que c'est un pays musulman arabe,dont les lois concernant les familles musulmanes sont encore les lois de la Charria ,j'ai trouvé étonnant, que la femme malgré la pression sociale a quand même des droits,comme ne pas porter le voile(impossible en Arabie Saoudite ou en Iran),pouvoir habiter seule,même si c'est au prix fort,pouvoir avoir une position professionnellement prestigieuse,...( bien sûr relativement, comparé à d'autres pays similaires)....j'ai été troublée aussi par le fait que même dans ce tout petit pays, la scission chiite et sunnite est forte, et bien que deux branches d'une même religion, un mariage mixte y est inacceptable, socialement parlé.
Kawthar déterminée à conquérir son indépendance , va-t-elle épouser l'homme qu'elle aime, et substituer la tutelle du pére à celle d'un mari,ou rompre et prendre un chemin encore plus épineux,hors du mariage?.....
Un beau roman, le premier que je lis d'un auteur Koweitien, un pays que je ne connais pas ,qui ne m'attire pas spécialement ,mais dont j'aimerais connaître un peu plus de sa litterature après ce premier livre.
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Magnifique roman dont l’action se déroule au Koweït. Une belle histoire d’amour où l’héroïne brise les conventions sociales et familiales. Elle veut vivre seule et épouser un sunnite. En plus, il est déjà marié et 3 enfants. Très bien écrit mais j’aurais aimé une suite à ce récit. Je suis donc restée sur ma faim même si cela m’a donné un avant-goût d’un pays dont la littérature est relativement méconnue. Un auteur à découvrir
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J'étais en troisième quand pour la première fois de ma vie je parlai à un garçon et au bout de trois conversations, je compris qu'il tournait autour du pot et qu'il cherchait plutôt à parler de choses sexuelles.Alors, pour couper court, je lui demandai de ne plus me téléphoner avant d'avoir lu un roman de Dostoïevski.Je n'entendis plus jamais le son de sa voix.(Koweit)
P.68
C’est étrange, un contrat de mariage ! À travers un mur élevé, une porte s’ouvre pour laisser passer deux êtres. Avant cette porte, c’est le temps des sentiments, tout un monde… Une fois la porte franchie, c’est autre chose. J’ai beaucoup entendu sur les problèmes qui adviennent après le mariage. J’imagine la suite et c’est comme si ce contrat constituait une sorte de poisse apposée sur l’histoire d’un homme et d’une femme. Un démon, caché dans l’encre du contrat de mariage, murmure à l’homme : “Cette femme est devenue ta servante et ta propriété, tu peux faire d’elle ce qu’il te plaît.” Le démon murmure à la femme : “Cet homme est devenu tien, tu te dois de le suivre.”
Il émane de ton allure virile un magnétisme, qui laisse tes plus proches collaborateurs pétris d’admiration pour ton calme, ta courtoisie et ton élégance. Tu es “intelligent”, tu façonnes ton image à la perfection, tout comme ta prestance, ta grâce, ton regard. Tes vêtements distingués, la montre à ton poignet, l’éclat de tes souliers, ton pas quand tu avances… Tu séduis et tu tentes n’importe quelle jeune fille, n’importe quelle femme se laisserait amadouer.
Est-ce qu’un homme marié à deux femmes les rassemble dans le même lit pour faire l’amour ? Ce doit être excitant de s’allonger entre nous dans les mêmes draps. Qu’y a-t-il de mal à ce que deux femmes partagent le même homme ?
L’homme prend du corps féminin ce qu’il désire, comme un dû dont il a payé le prix par quelque promesse éphémère. La femme considère que faire l’amour est un début, l’homme considère que c’est une fin en soi.
'On the Map', 2012 : Taleb ALREFAI.