Le propos est intéressant, la démonstration bien argumentée. Néanmoins, ce livre n'est pas facile d'accès. Il faut de solides bases en économie pour le comprendre pleinement. Malgré cette difficulté, on peut aussi le lire "en travers" et garder quelques exemples concrets et saisissants permettant de répondre à la question du titre (et à d'autres : pourquoi Hitler a envahi la Pologne en 1939, comment la France était-elle asphyxiée économiquement sous occupation allemande etc...)
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À moyen terme, la guerre devait être refinancée grâce aux ressources étrangères, et le niveau de vie de tous les Allemands devait être soudainement relevé. Il s’agissait à court terme de couvrir autant que possible les besoins en denrées alimentaires. Seul ce dernier objectif fut atteint, et encore, de manière incomplète. Mais cela n’altère en rien le résultat de l’analyse historique : le souci du bien-être des Allemands constitua la motivation déterminante de cette politique de terreur, d’esclavagisme et d’extermination.
Chacun semble se donner pour mission essentielle de se créer des conditions de vie plus confortables et de pouvoir accumuler et envoyer au pays le plus de denrées alimentaires possible. On réalise dans ce domaine des résultats vraiment surdimensionnés. Le troc et le marché noir fleurissent comme jamais ; ce que les Juifs faisaient autrefois, il faut voir comme les “Aryens” le font aujourd’hui sous une forme beaucoup plus aboutie !
Le gouvernement nazi ne voulait pas prendre le risque d’informer les Allemands – ne fût-ce qu’approximativement – des dépenses que représentait la guerre, associant très tôt cette crainte à l’envie, devenue une habitude pour la population, de vivre dans la belle illusion d’être matériellement épargné. À la différence de Churchill, Hitler ne put à aucun moment annoncer « du sang, de la sueur et des larmes ».
Nous vivons une époque prodigieuse ; il faut nous réjouir de pouvoir assister à ces événements. Quelle importance si, de temps en temps, il n’y a pas autant de beurre qu’on en voudrait, s’il n’y a plus de café, s’il faut faire telle ou telle chose qui ne nous convient pas vraiment, etc. Face à tous ces progrès, c’est parfaitement dérisoire.
Il existe de bonnes raisons de considérer le nazisme comme une dictature de la jeunesse, devenue en quelques années seulement le projet générationnel le plus abouti – dans ses conséquences destructrices – du XXe siècle.