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3,46

sur 158 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un agréable moment
Sans être le roman de l'année, ce roman permet de passer un moment bien agréable. Quitte à passer un moment festif c'est moins déprimant que Bret Eston Ellis, mais c'est aussi moins drôle que Tom Sharpe...Pas la fête du siècle donc, mais un agréable moment de lecture parfois fort amusant.
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Il existe des livres âpres et difficiles à terminer mais pour lesquels nous nous acharnons à creuser le sillon de la lecture, quoi qu'il en coûte. Pendant l'ascension de la montagne de pages, il faut savoir prendre des pauses, de profondes respirations. Sans cela, épuisé, le risque est de voir nos doigts tétanisés par l'effort lâcher leur étreinte et laisser le livre nous tomber des mains. Il est alors vital d'avoir à sa portée un ouvrage qui nous permette de relâcher la pression et de reprendre notre souffle.

"La fête du siècle" a été l'un de ces romans soupapes. Marteau d'urgence acéré, prêt à l'emploi et à la désincarcération littéraire. Une bouffée d'air frais des Apennins.

On y suit la trajectoire de deux parcours parallèles et diamétralement opposés réunis brusquement dans un barnum people gonflé aux stéroïdes. Les deux personnages vont ainsi servir de prétexte à l'auteur pour effectuer à travers leurs trajets cahoteux une coloscopie douloureuse de l'Italie du 21ème siècle : médias, célébrités, télévision, monde de l'édition, écrivains ; acteurs et spectateurs de ce microcosme bouffi vont en prendre pour leurs grades. Et ils sont tous officiers.

J'ai passé un agréable moment, riant ou souriant souvent grâce à la vis sarcastique et nerveuse d' Ammaniti. J'ai particulièrement apprécié cet art du portrait à la kalachnikov qui permet – et c'est bien le moins que l'on puisse attendre d'un tel calibre – de voir à travers les personnages et leurs postures minables.

Mention spéciale à la création savoureuse de ce groupe de satanistes du dimanche que sont "les enragés d'Abaddon". Meute restreinte à trois pauvres loups émaciés regroupés autour du leader, - Mal aussi incarné qu'un ongle – à savoir Saverio Moneta, alias Mantos (dieu étrusque du monde souterrain).

Face à l'hémorragie de ses adeptes partant rejoindre les uns après les autres un groupe rival nommé "Les fils de l'Apocalypse" et son maître Kurtz Minetti, Mantos est forcé de riposter. Il doit proposer à ses derniers fidèles un coup d'éclat, une vraie action satanique qui fera enfin parler de leur groupuscule démoniaque. Plus question de tags minables à la gloire de Baphomet ou de viol sordide sur une étudiante shootée aux Rhohypnol. Il faut du lourd.

Mais Saverio-Mantos, grand prêtre de Belzébuth la nuit, l'aube venue redevient un petit chef de rayon dans un magasin de vente de meubles subtilement nommé "Les Maîtres Charpentiers Tyroliens ". Circonstance aggravante, il est sous les ordres de son beau-père tyrannique et son épouse l'a depuis longtemps transformé en paillasson conjugual, à peine décoratif. Abandonner tout espoir, se résigner à son salaire et enterrer tout reliquat de dignité ? Ou retrouver dans quel tiroir sont rangés ses couilles et semer le chaos et l'anéantissement sur le Latium ? Mantos doit prendre une décision.

De l'autre côté de l'arc en fiel, c'est Fabrizio Ciba. Ecrivain éternellement "jeune" malgré ses 41 ans, ses quelques livres à succès et l'éjaculation difficile de son futur roman à l'état "projet" depuis trop longtemps. Détendu et sûr de son succès éternel auprès des médias, des lecteurs et de sa maison d'édition, Franceso s'endort sur les lauriers de sa renommée. Il profite de la lumière du star-system et du charme fou que dégage sa dégaine savamment composée d'écrivain faussement introverti "ne sachant pas d'où lui vient tout ce talent".

Pourtant, au détour d'un bosquet – où il tente d'expliquer à une charmante traductrice le principe du pont-levis – il surprend une discussion entre le directeur et l'administrateur de sa maison d'édition. On le voit comme "fini", "asséché" et pire "surpayé". le choc pour Fabrizio qui lui aussi, tel Saverio, va se lancer dans une reconquête de son honneur bafoué en cherchant un sujet pour le futur "grand roman italien" qu'il ne va pas manquer d'écrire.

A ce moment précis de la narration, Ammaniti se saisit de ces deux hommes en proie à une remise en question dramatique de leurs existences et les jette dans un shaker de péripéties. Il remue bien fort en y ajoutant de la vodka et une pincée de coke et les lance au beau milieu d'une réception gigantesque organisée dans le parc romain de "la Villa Ada".

Le propriétaire et millionnaire Salvatore Chiatti a pour ambition d' y organiser "la fête du siècle". Il invite pour cela tout ce que l'Italie fait de stars, starlettes et autres "beautiful people" et se charge de les époustoufler en organisant un safari baroque et grandiloquent.

C'est le champ de bataille cathartique où tout va exploser dans un splendide bouquet final, feu d'artifice attendu tout au long des pages-mèches de ce roman.

J'avouerai que ce n'est pas cette partie qui m'aura le plus enthousiasmé mais bien le ton coupant, l'humour, le rythme bien tenu et la très belle galerie de figures improbables que nous sert Ammaniti presque tout du long.

Quand je lis certaines critiques qui font de "che la festa cominci", le plus mauvais livre de l'auteur, je salive déjà de ce qu'il me reste à lire de lui.
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Niccolo Ammaniti n'a peur de rien. Dans son roman précédent, Comme Dieu le veut, il se colletait, avec une incroyable férocité, au monde des exclus, marginalisés dans une Italie abrutie par la société de consommation. Changement de décor avec La fête du siècle, nous voici dans le monde tapageur des VIP's, un univers d'une vulgarité crasse où starlettes, entrepreneurs, écrivains, chirurgiens esthétiques, footballeurs ..., tous confits dans la vanité de leur importance, vont déguster ..., mais pas de la manière qu'ils imaginaient.
Pour corser l'affaire, Ammaniti introduit un quarteron de branquignols, satanistes à la manque, qui servent de contrepoint loufoque à l'élimination au lance flammes des "pipoles" auxquels l'auteur réserve un traitement de choc qui dépasse l'imagination. Qu'on se le dise, Ammaniti n'a vraiment peur de rien ! A partir de la centième page de la fête du siècle, la folle sarabande commence. Dans une sorte d'apocalypse qui prend le décor d'un invraisemblable Jurassic Park, la chasse au tigre dégénère totalement et les morts les plus spectaculaires se succèdent. On sent la jubilation de l'écrivain satiriste derrière ce jeu de massacre, une envie d'en découdre avec la société italienne du paraître et des paillettes, telle qu'elle existe depuis l'arrivée au pouvoir d'un certain Silvio B., jamais cité, mais dont l'ombre plane au-dessus de ce roman méphitique. Ammaniti en fait t-il trop ? On est en droit de le penser avec une dernière partie qui en remet une couche dans le délire façon film d'horreur. Entre Rabelais et Dario Argento, La fête du siècle nous a de toute façon emmené tellement loin que notre esprit cartésien a depuis longtemps rendu l'âme. A bien y repenser, ce roman exorciste, qui fait rire à chaudes larmes et frissonner de terreur, est une farce sociale qui pose de vraies questions sur une civilisation dont la déliquescence n'a rien à envier à celle l'Empire romain.
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On m'a offert ce livre et je ne connaissais pas du tout cet auteur. J'ai longtemps hésité avant de me lancer et, finalement, j'ai passé un excellent moment.

Nous avons deux personnages principaux, deux hommes très différents l'un de l'autre. le premier, Saverio Moneta, est employé dans l'entreprise de son beau-père. Sa femme est belle mais inaccessible ; pourquoi l'a-t-il épousée, lui-même l'ignore. Point particulier : il est sataniste et dirige sa propre secte, les Enragés d'Abaddon. Au début du roman, la secte ne compte plus que quatre membres, en comptant son chef. le second, Fabricio Ciba, est un écrivain plus ou moins reconnu, plus ou moins minable. L'un de ses livres a fait un succès, le plus récent est plutôt une déception pour ses éditeurs. Il multiplie les histoires sentimentales, fait des plans sur la comète et se cache derrière son masque.
Ces deux hommes que tout oppose vont se retrouver à la fête du siècle, donnée au parc Ada par Salvatore Chiatti, un magnat de l'immobilier. le premier veut réaliser – enfin ! – un coup d'éclat en assassinant une chanteuse pop, autrefois sataniste ; l'autre s'y rend parce que tout le monde y va et qu'il doit être vu.
Mais les rêves démesurés de Salvatore Chiatti sont rapidement balayés, piégeant invités et intrus dans un véritable cauchemar…

Ce roman est totalement absurde, et l'auteur ne s'en cache pas. Il est cependant l'occasion de révéler les dessous des célébrités, de l'hypocrisie qui règne dans ce milieu et de leurs manipulations incessantes pour rester au sommet.
L'auteur ne met pas de gants : le vocabulaire est cru et brutal, le style parfois méprisant. C'est une véritable critique de la société romaine qui nous est offerte, et personne n'est épargné. le résultat est un livre qui se lit vite mais qui marque l'esprit, en nous distrayant tout en nous forçant ainsi à prendre conscience de cette réalité cachée.
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Il y a Mantos à la tête d'une secte sataniste italienne qui ressemble davantage aux pieds nickelés qu'aux adorateurs des sectes du même acabit et qui rassemble en fait quatre paumés de la vie qui se donnent surtout une raison de vivre et d'être ensemble dans une vie de merde.

Il y a Fabrizio Cibo, écrivain vendant des best-sellers qui tour à tour est sûr de son immense talent et plein de doutes sur ses capacités mais s'illusionne d'un énorme succès de librairie, d'une faconde et d'un style de vie qui le placent sous les feux de la rampe, sa chevelure au vent, savamment et régulièrement manipulée pour lui donner de l'effet à l'instar d'un romancier français ayant un jour décerné lui-même un prix à sa création.
Les unes et les autres évoluent en parallèle jusqu'à ce que ce qui doit être la fête du siècle les réunisse dans la villa Ada de Rome et figure comme l'apogée du roman d'Ammaniti.

Cette fête du siècle improbable rassemble aussi les paumés anonymes aux plus grandes stars du sport, de la télé, de la politique ou de la littérature italiennes dans un scénario qui ne l'est pas moins… encore que.

Dire plus serait dévoiler le coeur du roman qui dépeint une société italienne berlusconisée où les repères n'ont plus de sens et plus largement une société occidentale qui se perd, s'est perdue, dans un embrouillamini qu'elle a elle-même patiemment organisé pour se donner encore l'impression de vivre par delà le superficiel auquel elle s'accroche.

On rit jaune, mais on rit beaucoup puis l'on s'interroge et l'on se dit, chiche : que le fête commence.
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La Fête du siècle (2009) est un roman fictif, une parodie déjantée et implacable de l'ère Berlusconi que j'ai failli abandonner dès le premier chapitre mais heureusement que j'ai continué…Car le premier chapitre démarre sur les sectes sataniques en Italie, spécifiquement sur la secte des Enragés d'Abaddon qui réunit quatre paumés dans la vie, quatre êtres à la dérive dont « le chef », le mentor, est un pauvre type malmené par sa femme. Ce sont des êtres malfaisants dont le seul credo est le Mal; ils peuvent aller jusqu'au viol, jusqu'au meurtre, juste pour se prouver qu'ils sont vivants.

Fort heureusement ce chapitre n'a duré que 8 pages et cela enchaîne avec l'introduction de l'un des personnages principaux du livre : Fabrizio Ciba, un écrivain à succès, bellâtre, imbu de sa personne, prédateur sexuel, très courtisé, avec un ego à preuve de balles et en manque d'inspiration pour son livre en cours…C'est un personnage magnifiquement bien esquissé; probablement qu'Ammaniti s'est servi de sa propre expérience pour annexer tant et tant d'anecdotes savoureuses. Je me demande s'il aurait pu écrire ce livre aujourd'hui? je pense qu'il se ferait incendier par le mouvement « meToo ».

Le titre du livre concerne une fête pharaonique organisée par un satrape décadent qui a gagné trop d'argent dans l'immobilier ; il veut laisser dans L Histoire une trace de festivité démesurée en l'offrant à tout ce que la société romaine considère comme VIP : politiciens véreux, artistes, vedettes de la TV, joueurs de football surpayés, journalistes, écrivains, etc. Ammaniti donne le parfait échantillonnage de la société du temps de Berlusconi, toutes les strates sont représentées.

Mais cette fête va tourner au cauchemar et l'auteur donne libre cours à une imagination débordante, surréaliste, obscène, pour nous montrer à quel point tout cela sent la décadence, l'avilissement du peuple devant le bling bling, un manque de culture, une pensée téléguidée par les médias, une manipulation permanente. C'est un monde sans morale, pathétique, complètement frelaté, qui tourne dans un vide sidéral et baigne dans la corruption avec surconsommation de substances psychotropes.

Tout ceci est raconté avec un humour féroce donnant quelques scènes d'anthologie baignant dans le loufoque le plus total; j'ai trouvé que le livre est réussi et qu'il donne une image accablante d'une Italie viciée par un libéralisme à tout va.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Ce mois italien réserve de belles surprises ! Niccolo Ammaniti ,dont le nom revenait souvent dans les pistes de lecture, m'a cueillie par son inventivité et son encre corrosive. Dans les rayons de la médiathèque, ma légère dyslexie dûe à la fatigue me faisait chercher désespérément un "Amaretti". J'ai réalisé au bout d'un moment que cet homme ne portait pas le nom des célèbres macarons italiens et j'ai enfin mis la main sur "La Fête du siècle" !

L'écrivain donne vie à deux personnages masculins, aussi pathétiques l'un que l'autre. le premier, Saverio Moneta, petit employé dans l'entreprise de meubles de son beau-père, cache sous une apparence terne et une soumission totale à sa femme, refaite de la tête aux pieds, son vrai MOI. Il est Mantos, grand maître de la secte satanique, les enragés d'Abaddon, qui compte le nombre astronomique de trois membres. Il est obligé de se remuer un peu les méninges car les rangs déjà clairsemés, menacent de l'être encore plus. Ses trois compères veulent une action d'éclat, une action qui, relayée sur les réseaux sociaux, leur permettra de figurer dans L Histoire. La fête donnée à Rome par Salvatore Chiatti, un magnat de l'immobilier, pourrait être l'occasion pour les quatre "branquignols" de faire passer pour de la roupie de sansonnet la nonne décapitée par une secte rivale, Les fils de l'Apocalypse.

le deuxième, Fabricio Ciba, est un écrivain, tendance BHL, au look débraillé soigneusement étudié, qui dissimule derrière son émission littéraire, ses apparitions aux cocktails et ses frasques sentimentales, le fait que son dernier roman n'avance pas d'une ligne. Il semblerait que son inspiration ait disparu, au contraire de son ego, devenu envahissant. Il cultive l'image d'un écrivain peu mondain, soit-disant observateur acerbe des moeurs de ses contemporains. Bien évidemment, cette posture ne va pas l'empêcher de participer à la fête du siècle.

Nos deux hommes se retrouvent donc au parc Ada, à Rome, que la mégalomanie de Chiatti a transformé en une immense réserve d'animaux sauvages. Ce parvenu compte en mettre plein la vue à tous les peoples italiens invités. Il a organisé non pas un mais trois safaris différents. Cette soirée doit le consacrer, faire de lui le number one ! Ce ne serait pas drôle si tout se déroulait parfaitement... Les rouages bien huilés de la fête ne résistent pas longtemps aux sabotages de nos satanistes, aux comportements irresponsables de certains et à l'apparition d'étranges créatures surnommés les hommes taupes (une grande trouvaille !)

C'est drôle, grinçant et d'un cynisme complet. Seuls quelques personnages féminins suscitent la sympathie du lecteur. Niccolo Ammaniti a une piètre opinion de la gent masculine, trop souvent nombriliste, avide de pouvoir et de reconnaissance. Les hommes ne sortent pas grandis de cette fête, véritable foire aux vanités.
Ce mois italien réserve de belles surprises ! Niccolo Ammaniti ,dont le nom revenait souvent dans les pistes de lecture, m'a cueillie par son inventivité et son encre corrosive. Dans les rayons de la médiathèque, ma légère dyslexie dûe à la fatigue me faisait chercher désespérément un "Amaretti". J'ai réalisé au bout d'un moment que cet homme ne portait pas le nom des célèbres macarons italiens et j'ai enfin mis la main sur "La Fête du siècle" !

L'écrivain donne vie à deux personnages masculins, aussi pathétiques l'un que l'autre. le premier, Saverio Moneta, petit employé dans l'entreprise de meubles de son beau-père, cache sous une apparence terne et une soumission totale à sa femme, refaite de la tête aux pieds, son vrai MOI. Il est Mantos, grand maître de la secte satanique, les enragés d'Abaddon, qui compte le nombre astronomique de trois membres. Il est obligé de se remuer un peu les méninges car les rangs déjà clairsemés, menacent de l'être encore plus. Ses trois compères veulent une action d'éclat, une action qui, relayée sur les réseaux sociaux, leur permettra de figurer dans L Histoire. La fête donnée à Rome par Salvatore Chiatti, un magnat de l'immobilier, pourrait être l'occasion pour les quatre "branquignols" de faire passer pour de la roupie de sansonnet la nonne décapitée par une secte rivale, Les fils de l'Apocalypse.

le deuxième, Fabricio Ciba, est un écrivain, tendance BHL, au look débraillé soigneusement étudié, qui dissimule derrière son émission littéraire, ses apparitions aux cocktails et ses frasques sentimentales, le fait que son dernier roman n'avance pas d'une ligne. Il semblerait que son inspiration ait disparu, au contraire de son ego, devenu envahissant. Il cultive l'image d'un écrivain peu mondain, soit-disant observateur acerbe des moeurs de ses contemporains. Bien évidemment, cette posture ne va pas l'empêcher de participer à la fête du siècle.

Nos deux hommes se retrouvent donc au parc Ada, à Rome, que la mégalomanie de Chiatti a transformé en une immense réserve d'animaux sauvages. Ce parvenu compte en mettre plein la vue à tous les peoples italiens invités. Il a organisé non pas un mais trois safaris différents. Cette soirée doit le consacrer, faire de lui le number one ! Ce ne serait pas drôle si tout se déroulait parfaitement... Les rouages bien huilés de la fête ne résistent pas longtemps aux sabotages de nos satanistes, aux comportements irresponsables de certains et à l'apparition d'étranges créatures surnommés les hommes taupes (une grande trouvaille !)

C'est drôle, grinçant et d'un cynisme complet. Seuls quelques personnages féminins suscitent la sympathie du lecteur. Niccolo Ammaniti a une piètre opinion de la gent masculine, trop souvent nombriliste, avide de pouvoir et de reconnaissance. Les hommes ne sortent pas grandis de cette fête, véritable foire aux vanités.


Ce mois italien réserve de belles surprises ! Niccolo Ammaniti ,dont le nom revenait souvent dans les pistes de lecture, m'a cueillie par son inventivité et son encre corrosive. Dans les rayons de la médiathèque, ma légère dyslexie dûe à la fatigue me faisait chercher désespérément un "Amaretti". J'ai réalisé au bout d'un moment que cet homme ne portait pas le nom des célèbres macarons italiens et j'ai enfin mis la main sur "La Fête du siècle" !

L'écrivain donne vie à deux personnages masculins, aussi pathétiques l'un que l'autre. le premier, Saverio Moneta, petit employé dans l'entreprise de meubles de son beau-père, cache sous une apparence terne et une soumission totale à sa femme, refaite de la tête aux pieds, son vrai MOI. Il est Mantos, grand maître de la secte satanique, les enragés d'Abaddon, qui compte le nombre astronomique de trois membres. Il est obligé de se remuer un peu les méninges car les rangs déjà clairsemés, menacent de l'être encore plus. Ses trois compères veulent une action d'éclat, une action qui, relayée sur les réseaux sociaux, leur permettra de figurer dans L Histoire. La fête donnée à Rome par Salvatore Chiatti, un magnat de l'immobilier, pourrait être l'occasion pour les quatre "branquignols" de faire passer pour de la roupie de sansonnet la nonne décapitée par une secte rivale, Les fils de l'Apocalypse.

le deuxième, Fabricio Ciba, est un écrivain, tendance BHL, au look débraillé soigneusement étudié, qui dissimule derrière son émission littéraire, ses apparitions aux cocktails et ses frasques sentimentales, le fait que son dernier roman n'avance pas d'une ligne. Il semblerait que son inspiration ait disparu, au contraire de son ego, devenu envahissant. Il cultive l'image d'un écrivain peu mondain, soit-disant observateur acerbe des moeurs de ses contemporains. Bien évidemment, cette posture ne va pas l'empêcher de participer à la fête du siècle.

Nos deux hommes se retrouvent donc au parc Ada, à Rome, que la mégalomanie de Chiatti a transformé en une immense réserve d'animaux sauvages. Ce parvenu compte en mettre plein la vue à tous les peoples italiens invités. Il a organisé non pas un mais trois safaris différents. Cette soirée doit le consacrer, faire de lui le number one ! Ce ne serait pas drôle si tout se déroulait parfaitement... Les rouages bien huilés de la fête ne résistent pas longtemps aux sabotages de nos satanistes, aux comportements irresponsables de certains et à l'apparition d'étranges créatures surnommés les hommes taupes (une grande trouvaille !)

C'est drôle, grinçant et d'un cynisme complet. Seuls quelques personnages féminins suscitent la sympathie du lecteur. Niccolo Ammaniti a une piètre opinion de la gent masculine, trop souvent nombriliste, avide de pouvoir et de reconnaissance. Les hommes ne sortent pas grandis de cette fête, véritable foire aux vanités.






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A Rome, de nos jours.

Fabrizio Ciba, écrivain à succès, la quarantaine, homme à femme ou adepte de la « jambe en l'airisme », perd de sa notoriété. Un rival brillant de vingt ans plus jeune, lui vole une grosse part de son succès. La frustration l'envahit. Il est lentement laissé de côté par son éditeur car il perd de son cachet. Pour Fabrizio c'est ignoble, il est en rage quand il sait qu'il est comparé à une nonne qui vend des livres de recettes de cuisine. C'est une insulte qui demande réparation, le gant est jeté. Son charisme suffira-t-il à retourner la tendance en sa faveur lors de la Fête du siècle ?
A côté de cela, dans la même ville, apparaît les enragés d'Abaddon, une secte sataniste sans valeur. Une petite bande transparente devant le groupuscule concurrent « Les fils de l'Apocalypse » de Kurtz Minetti. le leader des enragés, Fabrizio Moneta alias Mantos, un soumit, un vendeur de meubles pour son exécrable beau-père, marié à une femme castratrice écoeurante, père de jumeaux en bas âges, est surmené, voir dépassé, par tout. L'organisation de son groupe secret composé de, lui comprit, trois autres personnes inefficaces et rock n'roll démodé : Zombie, Murder et Silvietta. Mantos approche le stade du pétage de plomb. Il découvre alors, la jouissance que procure la possibilité de dire « non ». Ce qui libère son inspiration et le pousse à orchestrer un coup énorme qui lui permettrait d'être respecter de tous. le sectaire fou et sa clique trouvent par inadvertance le moyen de se joindre à la fête du siècle. L'heure de gloire approche.
La fête, encore et encore. Et du siècle en plus. Précipitons nous à rejoindre le tapis rouge pour gratter l'un ou l'autre sourire. Car de rire, vous ne serez pas épargné. Plus comique qu'à pouffer de rire, bon ben là, c'est en fonction du degré de réception de l'humour qu'insuffle un artiste. Tout le monde ne rigole pas aux mêmes blagues…
Les deux invités, malgré eux quelque part, se retrouvent à la fiesta l'esprit revanchard, empli d'animosité pour des raisons qui ne se rejoignent pas toujours et même proche du grand écart.
Tout est en légèreté, à l'humour décapant, ironique à souhait. Une vraie blague géante avec des scènes cocasses, farfelues et des situations catastrophe qui s'enchaînent. le lecteur s'amuse, c'est obligatoire, secoué par le dynamisme présent dans chaque instant. L'écriture voltige en tout sens, osée, sans barrière, imaginative et bien dosée sur l'humour, sans exagération. Si ce devait être un film, le rôle de l'écrivain, Ciba, serait taillé pour Roberto Benigni.
Il y a un amas de situations impromptues qui étire les rides au point de les figer sur le visage. le lecteur prit sur le fait par un voisin, dans un bus bondé en route pour un centre-ville quelconque, serait fusillé du regard. À voir le lecteur souriant constamment, le voisin grincheux se demanderait comment peut-on lâcher un bêta dans la nature, toujours à rire bêtement alors qu'il n'y a rien de drôle, qu'on l'enferme. Ce serait une place de gagner dans ce bus qui en manque considérablement, ce matériel roulant qui n'est qu'un gros filtre ne filtrant rien et étouffant les passagers d'odeurs immondes de transpiration un jour d'été très corsé. Mais comment ne pas être cet imbécile heureux présumé ? Lorsqu'un lecteur se retrouve avec une histoire dans la main (ou en mémoire), dont des images d'un genre de festival de Canne (sauf que c'est à Rome dans la prestigieuse villa « Ada ») qui se métamorphose en phénomène sismique (et où la St Barthélémy sonne comme une berceuse à côté), tourne en boucle dans ses pensées. C'est une sorte de « Scary movie » lâchée dans un « Jurassik park » sans les dinosaures.
Sans répits, vous l'aurez compris.
Pas de place pour la honte, vous vous souvenez le lecteur dans le bus…Il s'en fou, il aime. À ce niveau-là, c'est même insignifiant. Par contre dans ce livre, Ciba est en conflit avec sa société aguicheuse et énervante, avec lui-même aussi, il rejette l'exubérance et s'y noie impuissant. La honte oriente ses mouvements, ses choix. Sa honte est un gilet par « apparence trompeuse » inefficace. La crainte du ridicule ou de l'indécence le turlupine. L'auteur démontre qu'il n'y a plus de honte dans la décadence. À un certain stade, elle disparait. Pourquoi s'en faire ? Être respectable, pour quoi faire ? Être exemplaire pour vendre des bouquins, des films…
« Ce que tu appelles ces moments de honte, ce sont des éclairs de splendeur médiatique qui donne du lustre à ton personnage et te rendent plus humain et sympathique. S'il n'existe plus de règles éthiques et esthétiques, les moments de honte périclitent en conséquence. » (p206)
Au-delà des regrets, l'envie ou l'amertume de chacun devant une fiesta mielleuse et exagérée. C'est avant tout une ode au ridicule qui ne tue point sauf dans le roman. Un contre argument au gaspillage d'intelligence. Une très belle comédie, l'horreur y est risible, quelques scènes de sentimentalisme à considérer comme la pause du lecteur dans ce chaos. C'est une sucrerie acide, de celle qui vous bloque les zygomatiques après une ou deux succions.
Il ne faut pas tout ramener à l'excentricité et la folie servie par une élite ou des chanceux privilégiés ou encore au seul ex-futur-ex premier italien. Des milliardaires, politicards du genre capricieux, manipulateur et égocentrique, des « VIP » qui se nourrissent de copinage frauduleux ou stérile de vraisemblance, il y en a dans chaque pays avec autant de villas « Ada » que de personnes qui ont faim. Oui la connerie du pouvoir de l'argent, de ce qu'il apporte, de la recherche de reconnaissance illusoire (inculquée dès le plus jeune âge) et passagère d'une société nauséeuse. Société dans laquelle le temps déprime par sa rapidité inébranlable.
Quand la fièvre est passée, la normalité reprend son cours. L'éphémère comédie se brise ici et naît là-bas. Ainsi est la nature humaine inapte devant ses inventions. La consommation, le progrès, la rentabilité… Faut-il s'indigner, se résigner ? Aucun des deux n'a de chance de réussite. Par contre tempérer autant que possible. Et puis sauve-qui-peut quand les eaux tumultueuses ravagent et nettoient tout sur leurs passages…
Un très bon moment de lecture satirique. Pour qui a envie de se changer les idées en toute légèreté. Bienvenue à Rome pour une détente amusante aux frontières du paranormal et du thriller. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai bien dit aux frontières du...
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Dans cette histoire, nous avons à faire tout d'abord à Fabrizio Ciba, jeune romancier à la mode, très égocentrique et imbu de lui-même. Celui-ci décide de se rendre à la fête du miliardaire Sasa Chiatti, annoncée comme la fête du siècle qui s'annonce grandiose et où tous les people sont invités (écrivains, joueurs de foot, artistes, stars, journalistes, mannequins...). le deuxième personnage du roman s'appelle Saverino Moneta, dit Mantos. Lui n'est pas invité à cette fête. Il est le leader d'une secte satanique, rejoins par trois autres membres, embauchés en tant que serveurs. Ils veulent faire parler d'eux pour être enfin reconnus par les autres sectes d'Ttalie. Leur plan : décapiter une chanteuse sur scène. Mais évidemment rien ne s'annonce comme prévu...

Si vous admettez de vous faire embarquer dans cette histoire loufoque, vous partez pour des éclats de rire et vous irez de surprises en surprises. Ammaniti ne semble rien s'interdire, dépeint une société italienne en à bout de souffle, épingle tout le monde (presse, télé, politique...) et s'en donne à coeur joie. Son scénario part en sucette et son imagination n'a pas de limites.

Ici, place au divertissement. Ammaniti maîtrise des dialogues drôles et percutants digne d'une véritable comédie au cinéma. Ecrire un roman drôle n'est pas un exercice facile mais selon moi, il relève brillamment le défi.....
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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Agréable moment de lecture encore avec cet auteur et la traduction !
J'ai envie de dire que c'est un roman très masculin car rien n'est écrit avec finesse !
Anzi !
C'est parfois vulgaire, grotesque mais j'ai ADORÉ !!!!
Quoi qu'il en soit, j'adore cet auteur au point d' avoir fait toutes les vieilles librairies de Toulouse pour dénicher un de ces anciens romans qui n'est plus édité.
Mais parlons de " la fête du siècle ":
La satyre de l'Italie contemporaine, et de celle de Berlusconi et ses fêtes, est brillante.
L'humour féroce de l'auteur verse de l'acide sur les plaies d'un pays en pleine dégringolade.
C'est un roman ironique sur l'Italie moderne, une Rome décadente gouvernée par l'argent, l'hypermédiatisation, la superficialité et l'égocentrisme.
Cette fête se présente comme une soirée apocalyptique où trouvent à s'exprimer tous les travers d'une société en plein déclin.
Une ère du paraître, du "moi je" et de la sophistication vulgaire.
L'auteur pointe du doigt les pires comportements de cette société
abracadabrante.
Il le fait avec l'humour noir qui le caractérise.
C'est très bien construit avec alternance des chapitres (j'aime beaucoup ce style de construction )
Un chapitre sur 2 nous dépeint Fabrizio Ciba, écrivain à cours d'inspiration et le chapitre suivant, nous suivons les 4 adeptes d'une pseudo secte.
Ces 5 personnages participeront évidemment à " la fête du siècle "
La dernière partie est complètement déjantée, glaçante,décapante, outrancière... du grand n'importe quoi , du délire total mais c'est très réussi !!!
Si vous ne connaissez pas Niccoló Ammaniti, commencez par lire " comme dieu le veut "
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Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
842 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

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