Trois fins de règne : celles de trois présidents,
De Gaulle, Mitterrand, Chirac. On peut se demander comment
Henri Amouroux a pu avoir l'idée incongrue de lier les destins de ces trois hommes, aussi étrangers l'un à l'autre que possible, qui ont été tour à tour adulés et hais, mais jamais par les mêmes personnes. Voilà une façon efficace de repousser un maximum de lecteurs, se dira-t-on..
En fait, l'histoire de ces trois présidents est aussi l'histoire de beaucoup de Français. Sur les soixante et quelques années de ma vie, par exemple, ils ont cumulé 37 ans de pouvoir. Mais surtout, avec le recul, on se rend compte que tous trois avaient une vision historique, une hauteur de vue, un sens de l'intérêt public, dont leurs successeurs actuels semblent souvent dépourvus. On peut détester Mitterrand, bien sûr, mais quand on se rappelle les propos qu'il tenait sur les médias : « La télévision a besoin de détruire la sphère politique parce qu'elle croit qu'elle est le vrai pouvoir. », on doit reconnaitre que l'analyse vaut encore plus pour aujourd'hui que pour hier.
Amouroux ne se contente pas de décrire comment ces trois géants de la politique ont quitté le pouvoir, il retrace succinctement les étapes majeures de leur parcours et surtout, tente de restituer chacun d'entre eux dans sa complexité morale et intellectuelle. Et c'est cela qui rend ce livre attachant. Et passionnant.
Parmi ces trois hommes, celui qui m'émeut le plus, peut-être, est
Jacques Chirac. Celui dont le JDD a pu écrire : « Chirac s'en va, donc on lui pardonne. » (Terrible ce donc !), mais aussi celui qui pouvait dire aux Français, le 11 mars 2007, avec la sincérité qu'on ne peut dénier aux derniers mots publics d'un tel homme, « pas un instant, vous n'avez cessé d'habiter mon coeur et mon esprit », est probablement l'homme d'état le plus incompris de notre histoire politique.