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sur 360 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Puis les mâchoires de l'univers s'étaient refermées. »
Quel impressionnant voyage ai-je fait !
Enfermée dans un vaisseau à des années lumières d'une Terre qui n'est plus. Je flotte en apesanteur en compagnie de mes semblables dans le froid et le noir de l'espace, pour combien de temps encore ? si cette notion a toujours un sens.. La vitesse de la lumière nous emporte aux confins de nous mêmes. Nous sommes cinquante, combien serons-nous dans un an, dans une année-lumière, dans une révolution ? Dans une multitude de galaxies ? Notre vaisseau et nos âmes arriveront-ils à tenir le cap hors du temps ? Même les plus forts d'entre nous commencent à éprouver de la peine à nous maintenir droit au cap. Sauf un. Un roi sans couronne.
Un roman qui mêle science et aventures humaines pour un voyage inoubliable dans l'au-delà de Poul Anderson. Un petit bijou.
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Ce petit bijou de la SF au titre si alléchant aborde le sous-genre arche stellaire appartenant au genre space opera. Ce genre est l'un de mes préférés en matière de SF, dont il représente à mon avis la quintessence. Et quand il est de plus estampillé « hard SF », en référence aux sciences dites « dures », on peut s'attendre à des développements technologiques et scientifiques assez pointus. Les sciences dites « molles » comme la psychologie sociale, l'étude des comportements, entre autres, ne sont pour autant pas oubliées dans le récit, comme vous allez pouvoir le découvrir si toutefois vous me lisez jusqu'au bout. Cependant, la science ici serait donc plutôt hard. Démonstration.

Le facteur tau en question (la lettre grecque τ) possède une limite asymptotique que l'on ne peut scientifiquement atteindre, mais dont le concept est omniprésent dans le récit. Tau étant égal à √(1-v2/c2), il tend vers zéro lorsque la vitesse v s'approche de c, l'infranchissable vitesse de la lumière dans le vide. Son inverse, plus connu dans les équations relativistes sous le nom de facteur de Lorentz, est lui désigné par la lettre grecque gamma : γ = 1/τ = 1/√(1-v2/c2). Si v tend vers c, τ tendra vers zéro et γ tendra vers l'infini et au-delàààààààà… de quoi faire un sacré buzz !

Si par malheur vous vous approchez de cette limite, il pourrait vous en cuire car vous subirez alors la contraction des longueurs et le ralentissement du temps (observés seulement par ceux qui restent sur le plancher des vaches). Et c'est justement ce qui arrive aux protagonistes de cette histoire, qui en embarquant pour une croisière stellaire et en diminuant drastiquement leur facteur tau, voient à l'inverse leur monde d'origine disparaître dans l'accélération vertigineuse du temps terrestre, rendant ainsi caduc tout espoir de retour.

Voilà pour les principes sous-jacents de cette hard SF, reconstituant fidèlement dans son scénario les effets relativistes prévus par Einstein. le récit de Poul Anderson est émaillé de références aux calculs relativistes et de points de situation, rappelés en voix off sans jamais être trop pesants, permettant de mesurer la distance parcourue, le temps écoulé, la vitesse atteinte, etc. au cours du voyage stellaire.

Le pitch est assez simple : cinquante hommes et femmes respectant parfaitement la parité embarquent à bord du Leonora Christina pour un voyage d'exploration spatiale qui doit durer 32 années et atteindre l'une des exoplanètes les plus prometteuses du système Beta Virginis. Cette étoile a été utilisée pour valider la théorie de la relativité générale en 1922, clic, clic (clin d'oeil appuyé de Poul). Mais des ennuis techniques (dont je ne spoilerai pas le contenu ici) entraînent quelques fâcheuses complications et tout ne va évidemment pas se passer comme prévu. Et même, disons que l'on va s'écarter bien loin du prévu, sortir largement des sentiers battus et prendre quelques libertés avec les itinéraires bis de bison futé de la manière la plus extrémiste qui soit.

Les personnages embarqués sont nombreux mais suffisamment creusés pour présenter un panel de personnalités contrastées et attachantes ; les intrigues se nouent et se dénouent rapidement ; les situations de crises se gèrent sans être répétitives, faisant ressortir les individualités, transparaître les stratégies personnelles, les conflits amoureux et les luttes de pouvoir. L'étude des comportements sociaux d'une communauté d'humains mijotant en vase clos est subtilement développée et même théorisée par le personnage principal, Charles Reymont, le gendarme du bord, formé pour maintenir l'ordre et garantir la cohésion du groupe. Charles Reymont, personnage central par ailleurs pas toujours très sympathique, mais sachant dans tous les cas de figure conserver son sang-froid, deviendra peu à peu l'homme-clé indispensable pour toute prise de décision concernant la survie du vaisseau.

On retrouve le thème de l'arche stellaire dans d'incontournables standards de la SF anglo-saxonne. On peut citer à titre d'exemples "Croisière sans escale" de Brian W. Aldiss, "Les orphelins du ciel" de Robert A. Heinlein, ou encore "Pour une autre terre" d'Alfred E. Van Vogt.

Pour ma part, je rapprocherais "Tau zéro" de "Pour une autre terre", qui décrit également et avec brio (mais de façon moins scientifique) les effets relativistes sur un vaisseau qui parvient contre toute attente à revenir sur Terre au terme d'un long périple, dans une hallucinante scène superposant des réalités « transformées » (au sens des transformations de Lorentz). Convenons que Van Vogt parvient à faire reculer les frontières de l'imaginaire romanesque, en faisant fi de la crédibilité scientifique, en franchissant allègrement la vitesse de la lumière, là où Poul Anderson ancre son récit dans une orthodoxie scientifique rigoureuse, au risque de brider son imaginaire fictionnel (car même s'il pousse assez loin le bouchon, c'est sans réels effets de surprise et toujours dans la même direction).

Qu'à cela ne tienne, Tau zéro reste un magnifique exemple de space opera mâtiné de hard SF, équilibrant parfaitement la toile de fond scientifique et la comédie humaine qui se joue au premier plan, en huis-clos, servie par des acteurs attachants qui parviennent à éviter les stéréotypes.

Ce roman, sorti en 1970 aux Etats-Unis, n'a pas pris une seule ride et était cité par Poul Anderson lui-même comme étant l'un de ses cinq meilleurs romans. Il aura pourtant fallu attendre quarante ans avant de le voir traduit et publié en France. Consternation ! Nous sommes bien en face d'un cas d'école. Tau zéro avait-il été jugé trop « hard science » à l'époque ?

Les éditions le Bélial rattrapent le coup et, afin de mieux nous faire comprendre les éléments scientifiques du récit, nous offrent en prime quelques bonus collector de très bonne facture : un avant-propos de Jean-Daniel Brèque, une postface de Roland Lehoucq (par ailleurs auteur de "La SF sous les feux de la science" qui reprend quelques idées de cette postface ou inversement). Roland Lehoucq ne se contente pas d'éclairer pour nous le contexte scientifique de sa plume limpide et vulgarisatrice, il entreprend de refaire tous les calculs relativistes à partir des éléments glanés dans le récit et ne laisse rien échapper (il pointe au passage les erreurs de Poul Anderson !)
Un grand merci à Babelio et aux éditions le Bélial pour cette opération Masse critique, qui, on l'aura compris, était de très grande qualité.
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Quel livre étonnant que celui-ci ! 40 ans et quasiment pas une ride. le thème choisi est intemporel : le voyage dans l'espace en vue de la colonisation d'une autre planète située à plusieurs dizaines d'années-lumière.

Ce n'est pas la proche banlieue du Soleil et le vaisseau bénéficie d'un système de propulsion lui permettant d'atteindre une vitesse relativiste (donc la plus proche possible de celle de la lumière). Il lui faut, pour assurer sa propulsion, puiser dans l'espace l'hydrogène nécessaire à son alimentation. En effet, plus on approche de la fameuse vitesse limite, plus la masse du vaisseau augmente et plus il lui faut de carburant pour lui donner une accélération. Impossible de tout embarquer au départ, le besoin croît de manière exponentielle à mesure que la vitesse augmente. Mais comme il va plus vite, il "ratisse" plus d'espace à chaque seconde, ce qui lui permet d'engranger plus de carburant. CQFD !

Si à ce niveau d'explications vous trouvez cela pénible, alors autant abandonner la lecture. Car ce livre est de la Hard SF et quasiment toutes les hypothèses sont réalistes. C'est donc un bonheur de lecture, partagé entre la thématique du voyage et de l'accélération, du temps qui subit un décalage "vu du vaisseau" et "vu de la Terre" et la vie à bord.

Ils sont 50, la moitié de femmes et la moitié d'hommes, censés pouvoir créer une nouvelle humanité à l'arrivée. Bien évidemment tout ne va pas se dérouler comme prévu et d'innombrables aventures vont parsemer le voyage. Les rapports humains sont captivants et interrogent beaucoup de facettes de nos personnalités avec un grand réalisme.

Un formidable huis-clos qui m'a permis de réaliser que l'homme pourrait atteindre un jour une étoile proche, une lointaine, l'autre bout de la galaxie, voire plus. le tout durant sa propre existence, puisque plus on accélère, plus on parcourt d'espace en un temps très court (le maximum étant pour le photon qui ne "voit" pas le temps passer ; j'y reviendrai dans un article spécifique que je laisserai sur mon blog).

Vers l'infini, et au-delà !

A noter que le texte d'explications scientifiques final de Roland Lehoucq est passionnant.

Lien : https://www.patricedefreminv..
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Vertigineux...

Je crois que c'est le mot qui convient pour définir ce livre.

Pour être honnête, j'ai lu ce bouquin en deux fois. Quand je l'ai commencé il y a quelques mois, j'arrivais pas à "entrer dedans". Je comprenais rien au côté science de la fiction, vraiment, j'ai pas pu. Alors je l'ai mis en pause. Je ne l'ai pas arrêté pour deux raisons : d'une parce que j'aime beaucoup ce qu'écrit l'auteur d'habitude, de deux parce que s'il dit que c'est un de ses meilleurs, je vais pas passer à côté, crévinguiou d'bon sang de bois !, et de trois parce que certains de mes potes dont les goûts sont proches des miens l'ont fort bien noté... Bon ça fait trois raisons, ok !

Alors quoi !? Un peu de hard science va me laisser collée au plancher des vaches ? Meuuuuuuh non... Car il y a peu, j'ai lu l'avis de Eric75, et miracle, j'ai commencé à comprendre quelque chose à ce qu'il se passait dans ce livre, ce qui m'a décidé à le reprendre... Or donc tout cela est "expliqué" dans la postface ! Mais que c'est bête ! Je vous le dis en vérité, ça m'aurait simplifié la lecture si la postface avait été une préface, même si ça déflorait quelque peu la surprise, je vous l'accorde.

Parce que ce bouquin est juste "soufflant". Vertigineux. Prodigieux. Rien que dans l'idée, déjà, dans les descriptions, et même dans les relations humaines qui me paraissent plutôt justes dans l'ensemble.
Ce n'est même plus un road-trip interplanétaire, mais un road-trip intergalactique et au-delààààààà !
Alors je vais continuer à planer un peu, si vous voulez plus de détails lisez les moult autres avis, moi je vais aller voir si je peux dégoter le fameux bouquin de Silverberg dont parle Fnitter... En volant, oui oui...

(Bon juste il faut pas tenir compte des 4 dernières pages, mdr...)

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Le Léonara Christina embarque des chercheurs, des astronautes et des ingénieurs, les meilleurs que la Terre à de plus intelligent, de plus brillant. Ils sont tous et toutes à la pointe de leur art. Ils partent tous vers Beta Virginis, une étoile de la constellation de la vierge. Un voyage de 36 années lumières de la Terre. Dans cette constellation on a découvert pas moins de 3 planètes qui pourraient accueillir des humains. En effet, le tau gazeux est excellent et semble pouvoir accueillir la vie. Mais il faut encore pouvoir y arriver sans encombre.

Beta Virginis (ß Vir / ß Virginis) est une étoile de la constellation de la Vierge située à 36 années-lumière de la Terre. Elle est aussi appelée Zavijava (ou Zavijah). C'est la cinquième étoile la plus brillante de sa constellation, bien que son nom soit ß.
Beta Virginis est une naine jaune-blanche de type spectral F9, sa taille est de 66 % et sa masse de 25 % supérieure à celle du Soleil. Cette étoile fait partie des 100 étoiles comprises dans le projet Terrestrial Planet Finder de la NASA qui a pour objectif de détecter et d'étudier des planètes telluriques.
Beta Virginis a été utilisée durant l'éclipse de Soleil du 21 septembre 1922 pour confirmer la théorie Einstein en déterminant la vitesse de la lumière par la mesure de son déplacement apparent due à la masse du Soleil. En effet, se situant près de l'écliptique, elle est occultable par la Lune, et quelques rares fois par les planètes. Elle sera occultée par Vénus le 11 août 2069.
Wikipedia

Pour cela, le Léonara Christina est propulsé par un moteur Bussard. le moteur collecte son carburant en se déplacent. Il fut décrit lors d'une publication en 1960 par Robert Bussard. Nous avons donc, ici, un vaisseau spatial doté de ce moteur qui se déplacera en toute autonomie et constante accélération.

La méthode de propulsion de vaisseau spatial de statoréacteur Bussard a été proposée en 1960 par le physicien Robert W. Bussard.
Il s'agit d'une variante d'une fusée à fusion capable du vol spatial interstellaire rapide. Elle utiliserait d'immenses champs magnétiques (de l'ordre de plusieurs kilomètres de diamètre) pour collecter l'hydrogène du milieu interstellaire et le compresser jusqu'à atteindre les densités nécessaire à la fusion thermonucléaire.
Il s'agit donc d'un statoréacteur utilisant des champs magnétiques pour collecter et compresser le comburant (au lieu du carénage dans un statoréacteur classique) et la fusion nucléaire en lieu et place de la combustion atmosphérique entre oxygène et carburant.
La puissance dégagée par la fusion alimente en énergie le vaisseau et les gaz produits par la fusion, éjectés à très haute température, servent à le propulser.
Wikipedia

Sauf, car il faut qu'il y ait un sauf, si non nous aurions ici, non pas un roman d'anticipation, mais une simple projection sur un avenir éventuellement crédible.... Donc tout n'est pas si parfait dans ce vaisseau parti à la conquête d'une nouvelle planète, puisqu'il va dévier de sa trajectoire par tout un ensemble de malheureuses circonstances. La trajectoire se trouvera totalement déviée et ils vont se perdre dans le confins de l'univers et même au-delà...

Un roman d'anticipation écrit en 1970 par Poul Anderson que je pourrais décrire comme le papa d'Avatar, en effet, le film est tiré d'une nouvelle « Call me Joe », n'a pas pris une seul ride, il aurait tout aussi bien pu être écrit hier par un maître de la SF on n'aurait pas vu de différence, peut-être dans les dialogues, mais il n'en reste pas moins une bombe !!!
Lien : http://tousleslivres.canalbl..
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Voici un roman de science-fiction, un space-opera, totalement captivant pour tout ceux qui seraient intéressés par les voyages spatiaux, la vitesse de la lumière et ses conséquences sur le Temps.

Nous sommes dans le futur.

Un équipage : 25 hommes et 25 femmes, embarque sur un astronef, le Leonora Christina. La destination : une planète potentiellement habitable située à une trentaine d'années-lumière de la Terre. Si celle-ci ne tient pas ses promesses, le vaisseau reviendra sur Terre dans une trentaine d'années. Si la planète est habitable, l'équipage se transformera en colons et le voyage aura été un allée simple.

Mais voilà : une avarie provoquée par le passage dans un amas stellaire, endommage le système de décélération du vaisseau. Celui-ci est condamné à accélérer indéfiniment… Tout va être compromis et emmener nos protagonistes dans un voyage bien au-delà de ce qui était prévu.

Ce roman est extrêmement bien documenté et se base sur des théories scientifiques réalistes. le lecteur se retrouve littéralement perdu dans l'espace, filant a quasi la vitesse de la lumière (la valeur Tau) avec cet équipage auquel on ne peut que s'attacher.

C'est un huis-clos captivant où, au-delà du voyage spatial, les comportements humains en milieu confiné sont décrits avec sensibilité et justesse.

On peut regretter que les personnages soient quelque peu caricaturaux mais c'est peut-être le reflet d'une époque, n'oublions pas que ce roman a été écrit dans les années 70.

J'ai été captivée par le voyage proposé aux confins de l'espace et du temps. Je vous recommande vivement d'embarquer sur le Leonora Christina à la condition que vous n'ayez pas peur des destinations lointaines …
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Il y a des années de ça, quand j'étais tout gamin, j'avais décidé me jeter dans une quête perdue d'avance, une tentative encore plus désespérée que de faire taire un tonton raciste le soir du Réveillon : écrire une nouvelle de hard-SF. Autant vous dire que pour le turbo-filière l'que j'étais, incapable de résoudre une addition sans remuer les lèvres et bardé d'acolytes fins connaisseurs de ganja, je me faisais atomiser mon cousin passionné d'astrophysique en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « détonateur à neutrons ». J'imaginais pourtant cette histoire d'astronautes allant à une vitesse extraordinaire, tant et si bien qu'ils verraient l'Univers grandir puis se rétracter autour d'eux, traversant les éons dans un océan de gigantisme. Cette histoire, elle existe déjà, c'est Tau Zéro de Poul Anderson.
Parce que oui, autant y aller franco avec vous, je spoile un peu histoire de vous donner envie. Combien de gens parmi vous auront vu passer ce titre deux ou trois fois, entendant claironner que c'était un grand monument de la hard science, puis lui ont tourné le dos en se disant : « Ouais bon, c'est juste des mecs qui vont coloniser une autre planète » ? Sauf que les choses ne se passent pas comme prévu : suite à une perturbation des moteurs à très haute vitesse, le vaisseau ne freine plus et la dilatation temporelle s'agrandit…
Les habitants du Leonora arriveront-ils à s'arrêter avant que l'Humanité ne s'éteigne ? Vers où se dirigent-ils, un autre système, une autre galaxie ? Mais surtout, surtout, arriveront-ils à vivre ensemble ? C'est sur ces questions vertigineuses que l'écrivain décide de révolutionner la hard-SF, et autant vous dire que le spectacle est total : vous avez aussi bien des scènes intimes que débordantes de sense of wonder, une foule de personnages et d'intrigues dans un roman très dense, des questionnements sociétaux sur fond de message progressiste. C'est là que vous vous dites : Oui Sylvain, mais tu nous la fais à l'envers, là ; c'est de la hard-SF, donc ça va être une purge à lire ? Eh bien non, pas du tout : parallèlement à ce bouquin, je lisais Balzac pour les cours, et pour être honnête avec vous, je n'ai vu aucune différence significative dans la qualité du style !
La plume se fait en effet mélancolique et douce-amère pour mieux explorer la psyché humaine et la métaphysique : dès le premier chapitre, nous quittons la Terre de façon définitive, et nous voyons derrière l'attirail scientifique l'histoire universelle de l'Homme condamné à errer, à désespérer… et parfois à renaître. On pourra me rétorquer qu'il n'y a pas de héros en tête pour endosser ce destin ; certes, mais des personnages sont plus fréquents que d'autres. Également qu'ils n'ont pas tous beaucoup de charisme ; mais leur psychologie, leur sensibilité (et surtout leur sociologie) est comprise avec suffisamment de finesse pour endosser plus que crédiblement l'un des centres névralgiques du roman.
Côté explications scientifiques, il y a un ou deux gros déballages, mais toujours bien vulgarisés et surtout prenant très peu le pas sur le récit qui du reste s'avère exemplairement fluide. le plus gros est laissé à l'émerveillement, le vertige de la solitude, et enfin l'espoir tout au fond. Il y a à bord du vaisseau des gens de tous les pays, de toutes les religions, protestants comme athées, américains comme africains, hédonistes comme abstinents. C'est une version hard-SF de Star Trek. Avec du sayks. Bon, pas tant que ça. (Au passage, on notera que dans cet univers, la Suède a été choisie comme nouveau pays maître du monde, ce qui serait une bonne idée puisqu'à l'heure où j'écris cet article je ne sais pas qui sera élu chef des US mais je sens que dans tous les cas c'est reparti pour quatre ans de c***ries…)
Bref, Tau Zéro est un grand roman de hard-SF, et par-delà ça un grand roman de SF, voire un grand roman tout court. Voilà quelques semaines déjà que je l'ai lu et je n'en démords pas ; il faut dire aussi que l'édition soignée du Belial (malgré quelques coquilles) aide aussi. du reste, ruez-vous dessus, c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans le futur ou 50 astronautes, 25 hommes et 25 femmes, vont tenter de coloniser une planète lointaine. L'intrigue, qui parait classique, ne manque pas de s'avérer rapidement solide, prenante et entraînante. le format court du roman permet aussi d'offrir une tension efficace et trouve le juste milieu sans jamais donner l'impression de trop en faire. le premier point qui m'a fasciné, c'est justement ce voyage, cette notion d'émerveillement, d'évasion, de grandeur et de vertige avec en parallèle cette impression dans le vaisseau de cloisonnement, de huis clos, d'enfermement ou encore d'humilité. La travail social et l'étude que nous propose Poul Anderson ne manque pas non plus de faire réfléchir et s'avère passionnante et très bien construite. L'autre point qui m'a captivé c'est le côté scientifique. On est dans un roman de Hard-Science, certes plus compréhensible et moins, on va dire, « austère » que du Greg Egan par exemple. Pour ma part j'adore ce développement de théories et d'idées, qui pousse même parfois à se renseigner, mais je sais que ce point ne plaira pas à tout le monde. Pour autant je trouve que le récit ne se perd pas dans cet aspect scientifique, qu'il n'en fait pas le coeur de son histoire et l'ensemble reste fluide et entraînant. Alors après je regretterai le sentiment que sur les relations entre les personnages, le roman ait un peu vieilli. Je trouve aussi, toujours au niveau des personnages, que si le groupe est fascinant, chacun individuellement parfois s'avère légèrement archétypaux. Enfin concernant le côté sociologiques et principalement la façon dont son traitées les péripéties j'ai trouvé que ça sonnait parfois un peu trop juste, répondant parfois un peu trop à la logique. Rien de non plus trop bloquant tant j'ai passé un excellent moment avec ce livre, bien porté par une plume dense et efficace.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Référence incontestée de la hard SF moderne, ce récit vertigineux sur la recherche d'une planète habitable par un groupe d'humains a été édité en français quarante ans après sa parution outre-Atlantique.
Un drame psychologique haletant autour de la fuite dans le temps...
Lien : http://www.universcience.tv/..
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Découvert grâce à Masse critique, merci aux éditions Bélial', Tau Zéro a été un coup de coeur assez intense.
Le principe de base est assez simple: cinquante membres d'équipage, vingt-cinq hommes, vingt-cinq femmes, embarqués dans le Leonora Christine pour un voyage de cinq ans, ceci de leur point de vue mais j'y reviendrai. Certains sont destinés à piloter l'engin en question, d'autres sont des spécialistes, chacun dans leur domaine, pour l'étude du futur monde où ils s'implanteront.

Il s'agit d'un roman difficile à chroniquer sans révéler certains points clés de l'intrigue qu'il faut pourtant passer sous silence pour ne pas gâcher la surprise. Soyons francs, c'est assez frustrant. Cependant, cela n'empêche pas de souligner que l'un des points importants est bien celui-ci : les retournements de l'intrigue, l'originalité d'un roman partant pourtant d'une base somme toute ultra-classique dans la SF, le voyage spatial à destination de colonisation... On est surpris, enthousiasmé, emporté par les différents retournements de situation et jamais la SF ne m'avait accrochée ainsi, avec la trépidation qui vous fait tourner la page suivante pour savoir la suite!

Autant prévenir tout de suite un lecteur intéressé: la science-fiction ici ne comporte ni pisto-lasers, ni autre combat spatial entre armadas. Non, l'histoire ne concerne que ce vaisseau et ses cinquante membres d'équipage partis à la découverte, et peut-être à la colonisation d'un monde. Si deux personnages peuvent prétendre au titre de personnages principaux, une dizaine de membres d'équipage réapparaissent régulièrement dans le roman, et permettent ainsi à l'auteur d'explorer une multitude de réactions face à l'espoir, au découragement et à toutes les épreuves que l'équipage et les scientifiques les accompagnant va devoir affronter pour survivre et on en vient immanquablement à se demander quelles seraient nos propres réactions.

Signalons enfin qu'il ne s'agit pas que d'une histoire de huis clos, fût-il spatial, mais d'un vrai roman de hard science-fiction. Il exploite de façon très intelligente le principe de la dilatation du temps (pas d'inquiétude, c'est expliqué dans le roman) et utilise la physique comme un ressort narratif avec beaucoup de talent.
Poul Anderson a fait ses devoirs et ça se sent: les principes soutenant le vaisseau sont expliqués sans que cela alourdisse l'oeuvre, et il a suffisamment bien construit et son moteur, et son plan de vol, pour que l'ouvrage soit digne d'une postface d'un astrophysicien, Roland Lehoucq, en manière de cerise sur le gâteau.

Une excellente lecture que je n'aurai jamais découverte sans Masse Critique et que je recommande chaudement.
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