Citations sur Un billet d’avion pour l’Afrique (69)
Notre peuple avait toujours eu la nostalgie de la terre ancestrale. Pendant des siècles, nous avions évoqué dans nos chants un lieu qui n’avait pas été construit par des mains humaines, un lieu dont les rues étaient pavées d’or, lavées avec du lait et du miel. Là, les saints défileraient, vêtus de robes blanches et coiffés de couronnes serties de pierres précieuses. Là, enfin, nous n’envisagerions plus la guerre et, surtout, nul ne nous déclarerait plus la guerre.
Mais les vieux diacres noirs, les placeurs, les mères de l’église et les chorales d’enfants n’aspiraient qu’en partie au ciel. Dans cette nostalgie, l’Afrique et le paradis étaient inextricablement mêlés.
Et là, moins d’un siècle après l’abolition de l’esclavage, certains descendants des premiers esclaves arrachés à l’Afrique revenaient, lestés d’un lourd espoir, dans un continent dont ils ne gardaient aucun souvenir, une terre qui, honteusement, les avait presque oubliés.
Je suis ton seul enfant, maman, mais n’oublie pas que c’est ma vie, pas la tienne. L’épine du buisson que l’on a soi-même planté, nourri et taillé entame plus profondément la peau et fait saigner davantage.
paradis des protestants.
Je songeai à quelques-uns des Africains de ma connaissance : ils étaient si épris des merveilles de l’Europe que la paralysie les empêchait de construire un avenir splendide pour l’Afrique.
Les années d’adolescence de Guy n’avaient été faciles ni pour lui ni pour moi. En grandissant, il avait commencé à se replier sur lui-même. Parce que je n’avais pas compris qu’il était assailli par une avalanche de pulsions sexuelles, je m’étais sentie trahie. Aux moments les plus sombres, pourtant, nous avions toujours été sauvés par l’amour et le rire.
Lorsqu’un jeune de dix-neuf ans décide de se draper dans sa dignité, rien ne peut pénétrer son armure, sinon la pitié et la peur abjecte. J’étais trop en colère pour demander la première et, de toute évidence, l’époque où Guy éprouvait la seconde était bel et bien révolue.
Il fallait que je quitte l’Afrique,
Ça cache de promesses subtiles et ses souvenirs des générations passées. J’imputais la responsabilité de mon malaise au continent et à l’histoire, alors que la véritable cause était plus particulière et aussi personnelle qu’une migraine.
Pour livrer notre bataille, nous avons besoin de gens sur tous les fronts. Ne sois pas si prompte à condamner une personne simplement parce qu’elle n’agit pas comme toi, ne pense pas comme toi ou hésite un peu. Il fut un temps où tu ne savais pas ce que tu sais aujourd’hui.
Je ne suis ni un fanatique ni un rêveur. Je suis un homme noir qui aime la justice et qui aime son peuple. Et avec le haut-commissaire du Nigeria qui, du haut de ses cent cinquante centimètres, faisait trente-cinq centimètres de moins que lui, Malcolm fut un fils fort et attentif se justifiant de façon engageante auprès de son père de petite taille.
Si les Blancs qui savent ne veulent pas de moi et que les Noirs qui savent veulent bien de moi, mon appartenance, me semble-t-il, ne fait pas de doute. Je suis un homme noir. Remarquez que je ne dis pas que je suis un Noir américain. Je ne suis ni démocrate, ni républicain, ni américain. Je suis un musulman noir de descendance africaine.
Chez moi, c’est-à-dire là où je suis né, des Blancs m’ont traité de nègre jaune, de nègre à la peau claire, de nègre rouge et crâneur, de nègre séditieux à la peau claire, mais, jusqu’à aujourd’hui, on ne m’avait encore jamais traité de Blanc. Ce que je veux dire, c’est que les Blancs, qui doivent tout de même savoir se reconnaître entre eux, n’ont jamais commis l’erreur de fermer les yeux sur mon sang africain. Il est bizarre d’expliquer les effets de l’esclavage en Afrique, et le jeune homme qui a posé la question est peut-être le seul à avoir besoin qu’on mette les points sur les i, mais s’il y en a d’autres, je leur suggère d’écouter attentivement.