Au marché, leurs femmes, leurs maîtresses, leurs petites amies et leurs proches parentes portaient de lourds colliers et bracelets en or ; elles avaient la réputation de faire venir d’Europe des meubles hors de prix. Il n’était pas rare que les personnages importants et leurs épouses traitent leurs domestiques comme des esclaves. En général, ils étaient impopulaires et, entre amis, on les tournait en ridicule, mais, comme ils exerçaient une influence redoutable, on en parlait peu en public.
La présentation est le premier rite de passage africain. La cérémonie, qui débute toujours à l’aube, huit jours après la naissance de l’enfant, donne aux parents et aux amis l’occasion de voir et d’accueillir le nouveau venu.
Si vous vous attendez à ce que les Africains vous ouvrent les bras et vous invitent chez eux, vous allez au-devant d’un sacré choc. Ils ne sont pas méchants, remarquez. Jamais méchants, seulement un peu distants, pour la plupart. Notre incapacité à parler leur langue pose un problème, évidemment. Sans langue commune, il est très difficile de communiquer.
On reconnaît bien là les Noirs. Ils sont ici chez eux et ils ne veulent pas de nous. Ils sont comme des crabes dans un seau, toujours à se monter les uns sur les autres. Ils ne changeront jamais. Allons-nous-en.
Je n’ai jamais considéré l’Afrique comme une femme ; au fond, je m’oppose à l’utilisation de tout pronom sexué pour décrire un continent si complexe. L’Afrique n’est ni un homme ni une femme. Elle est plus que ça.
L’Afrique a besoin d’aide. Pendant des siècles, les esclavagistes l’ont dépossédée de ses filles et de ses fils les plus forts ; pendant des siècles, on l’a colonisée ; à présent, il faut que ses descendants fassent quelque chose pour elle.
Sur son visage, de la couleur des briques anciennes, je vis un sourire empreint de fierté. Je me dirigeai vers le miroir. De longues pointes noires et raides partaient dans tous les sens et des bouts de ficelle descendaient jusqu’à mes épaules. C’était la coiffure qu’affectionnaient les négrillons dont j’avais vu les détestables photos dans de vieux livres. J’étais atterrée. Pas étonnant qu’elle ait ri de si bon cœur. Vite, j’épiai son visage à la recherche de signes de moquerie, mais je n’y trouvai que la satisfaction du travail bien fait.
" Faut que ça serve, sinon ça se perd. "
Ce que nous considérions comme de la discrimination raciale s’expliquait-il moins par la race que par la malchance que nos ancêtres avaient eue de se faire capturer, vendre et exploiter comme des bêtes ?
J’étais bien la fille de ma mère. Lorsque, à dix-sept ans, j’avais quitté la maison, elle m’avait dit : « Je ne me fais pas de souci pour toi. Tu vas faire de ton mieux et tu vas peut-être réussir. N’oublie pas : tant et aussi longtemps que tu vas gagner ta vie, tu pourras subvenir aux besoins de ton bébé. Quand il y en a pour un, il y en a pour deux. » Je n’avais qu’à trouver du travail supplémentaire.