L'histoire : « lorsque Henri embarque dans le bateau qui le conduit en terre indochinoise, il a dix-neuf ans et le voyage va durer un mois et quelques jours. La camaraderie, les embuscades, les longues marches, les villages, les rizières, l'eau, le soleil, les lucioles, les sangsues, le manque des siens, les parties de rigolade, le bordel… Et les soldats qui tombent au combat, car la guerre est une histoire sérieuse… »
Rappelons les causes de cette terrible guerre qui s'est déroulée de 1946 à 1954. La France colonialiste de plusieurs pays asiatiques est à l'origine de ce conflit et en particulier de la scission du Viêtnam… Qui dit colonialisme, dit profit du maître étranger, exploitation du peuple, prolétariat misérable… Quel fut le résultat de cette guerre ? une boucherie humaine, l'explosion du budget de la défense, et l'engraissement de ceux que la guerre engraisse.
La Tombe d'Hanoï est un témoignage qui se lit bien, bon enfant, un récit soft, un parti-pris, très certainement de l'auteur… En fait je pense que c'est une histoire de respect, Henri ne voulait pas faire de peine aux parents des morts…
Je n'ai pas voulu raviver en vous les souvenirs pénibles… Un jour avec le temps, un autre récit viendra compléter celui-ci, plus dur…
Le témoignage tout en pudeur d'Henri me fait penser à mon père, ancien d'Algérie à qui j'essaie d'arracher ses souvenirs de guerre, mais en vain. Contrairement à Henri, il ne peut en parler. Il l'a fait à deux reprises, en larme, ( ce sont les seules fois où j'ai vu pleurer mon père), en racontant les horreurs commises par les parachutistes (mon père était chez les paras), lorsque ces derniers débarquaient dans les petits villages isolés où il n'y avait pas d'hommes, seulement des femmes, des vieux et des gosses… Pas beau… Pas beau… Pas beau la guerre…
Henri tenait à publier son histoire. Il est mort en 2003 mais son épouse a exaucé son souhait… Les témoignages du passé sont importants pour la mémoire collective. Qu'on se le dise!