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EAN : 9782931235041
murmure des soirs (01/09/2023)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Une cigarette à demi fumée par le créateur du cubisme, qui a révolutionné notre vision du monde et éclaté nos points de vue, bouleverse l'existence de tous ceux qui croisent sa trajectoire. Des années 50 à nos jours, sa pincée de tabac brun et de papier jauni, conservée comme un talisman par le maçon qui l'a ramassée, redessine les destins les plus tragiques, rejoue les enfances, renverse toutes les perspectives : « Ce n'est pas comprendre, c'est voir, ce qui est là... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Et si le mégot d'une cigarette pouvait être le point de départ d'un roman ?

Il n'en a pas fallu plus pour Richard Apté pour nous offrir une histoire où les souvenirs associés à ce mégot vont renaître.

Au travers de ses personnages, on se rend compte de l'influence du maître du cubisme dans leur vie. Miguel, en contant ses souvenirs d'enfance à son ami Blin va revenir notamment sur une époque passée au temps de la dictature de Franco, période où Ignacio, le père de Miguel a quitté précipitamment l'Espagne à la recherche d'une vie meilleure en France.

Étant originaire du Sud de la France, cet ouvrage a trouvé écho en moi, car j'ai eu l'occasion, dans la jeunesse, de pouvoir côtoyer des personnes ayant traversé les Pyrénées pour échapper au régime franquiste.

J'ai trouvé la plume de Richard Apté très poétique même si j'ai eu beaucoup de mal à rester concentré sur la lecture. Malgré un texte assez court, il a fallu plusieurs jours pour la lire. Étant fatiguée actuellement, je pense qu'un lecteur en forme ne rencontrera pas cette difficulté.

Je tiens à remercier les Éditions Murmure des Soirs et Babelio pour ce roman où l'on se rend compte du pouvoir des souvenirs...
"C'est comme ça, sans qu'on aille les chercher, que les êtres qui nous ont traversés continuent de vivre à travers nous, alors même que certains sont morts. Et les morts sont ceux qui luisent le plus, car ils n'ont plus d'autre vie que la nôtre pour exister, or les morts sont comme tout le monde, ils ne veulent pas mourir. Certains luisent tellement qu'ils nous empêchent de dormir, et le pire c'est qu'on se surprendrait presque à vouloir les éteindre pour retrouver le sommeil"...
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Je remercie les éditions "Murmure des soirs" de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio. 
Miguel et Blim sont amis d'enfance et travaillent ensemble. Ils assistent tous les deux à une revendication des saisonniers de l'entreprise d'Ignacio dont Blim est le comptable. le climat est tendu et les deux hommes inquiets par cette situation. C'est ainsi que Blim surprend son ami s'adonner à un étrange rituel. Il ouvre une boite renfermant un mégot de cigarette qu'il hume et met à la bouche sans l'allumer. Il le garde juste entre ses lèvres. Blim est si intrigué par cette attitude énigmatique, qu'il demande des explications à celui qu'il croyait pourtant bien connaître.

Miguel confie à son vieil ami, qu'il lui suffit de porter ce mégot à la bouche pour que jaillissent dans le profond de sa mémoire des souvenirs d'enfance. Blim apprend ainsi le passé d'Ignacio le père de Miguel, immigré espagnol fuyant la dictature de Franco avec l'espoir de trouver en France une vie meilleure. Ce mégot est une sorte de talisman qui symbolise une rencontre particulière entre deux immigrés espagnols. Ignacio était maçon, en raison de son travail il se trouvait dans le parc de la magnifique "villa Californie" à Cannes. Ignacio pensait que les occupants étaient américains, mais quelle surprise lorsqu'il découvre que l'homme qui vient à sa rencontre, en s'excusant d'avoir lancé par mégarde son mégot de cigarette sur lui, parle espagnol. Ignacio n'en croit pas ses yeux parce que cet homme qui semble avoir les mêmes origines que lui n'est autre que Pablo Picasso.

Ces deux hommes dont la vie est complètement opposée ont pourtant un passé commun : leur arrivée en France et leur demande de nationalité française. Si Ignacio l'a obtenue, Picasso lui explique : "Moi, je l'ai demandé mais jamais obtenue. Cinquante ans que je suis dans ce pays, tu te rends compte ! Beaucoup plus que ça ! Mes premières années en France comptent au moins double, vu la vache enragée qu'elles m'ont fait manger ! A vingt ans, quand j'ai franchi la frontière, je n'avais rien, mes poches étaient aussi vides que mon carnet d'adresse, je n'étais personne et personne ne s'intéressait à moi. Ce n'était pas gagné d'avance, tu peux me croire ! Et l'Espagne paraissait si loin ! Un vrai déraciné sans le sou." Extrait page 56

Après cette rencontre incroyable Ignacio, pour se prouver qu'il n'a pas rêvé, a ramassé le mégot de Picasso et l'a conservé religieusement comme une relique dans un ancien boitier de montre de son père. Ce mégot fait partie depuis de l'histoire familiale. Une rencontre peut-elle changer le cours d'une vie ? Celle d'Ignacio l'a été c'est certain.


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Un tête à tête entre deux vieux amis, Miguel, maraîcher et Blin, son comptable.

Lors d'un rendez-vous chez Miguel pour remettre les comptes d'aplomb, Blin y trouve les saisonniers au bord de la révolte. Mais une révolte silencieuse, sans revendication, sans violence. Agglutinés devant la maison, ils ont tout bonnement arrêté de travailler et leur mécontentement est palpable, mais rien de plus.
Blin se réfugie dans la maison et y trouve Miguel bien démuni face à la situation. A bout, n'y tenant plus, il sort alors de son bureau un vieil étui de montre, dans lequel repose un mégot. Après l'avoir reniflé, il ne l'allume pas, mais le met entre ses lèvres et tire une longue bouffée imaginaire. Sous le regard ébahi de Blin, Miguel soliloque un instant devant la baie vitrée s'ouvrant sur ses plantations, il tire encore quelques bouffées sur le mégot, et c'est l'épiphanie : les arbres n'ont pas été élagués depuis des années, coupant le vent et rendant le travail intolérable pour les saisonniers !

Blin est abasourdi, il ne comprend rien. Mais Miguel déjà part retrouver les élagueurs. En partant, il l'invite à repasser le lendemain, en lui promettant que demain, il lui expliquera tout....

"Tout", c'est bien sûr l'histoire du mégot : la rencontre entre Ignacio, le père de Miguel, réfugié en France suite au bombardement de sa ville natale, et Picasso, qu'il vénère comme un dieu.
Cette rencontre et ce mégot auront de nombreuses conséquences sur la vie d'Ignacio, de Miguel mais aussi de Blin.


Tout en poésie, et en cubisme, j'ai été happée par l'histoire de ce mégot, d'Ignacio, de Picasso, de Miguel, de Blin... Un peu une histoire "poupées russes". Les personnages sont touchants et bruts. Bien qu'il soit court (153 pages) j'ai trouvé parfois quelques longueurs, notamment dans les nombreuses énumérations et références aux oeuvres du maître Picasso. Je connais ses plus grandes oeuvres mais ne suis pas une inconditionnelle, et tout cet étalage de titres de tableaux m'a bien souvent paru fastidieux.
Je tiens à remercier les éditions Murmure des Soirs et l'opération Masse Critique pour cette découverte. Un très bon moment de lecture !
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J'ai beaucoup apprécié cette histoire d'amitié forte sur fond de guerre civile espagnole et de création contemporaine. Tous les éléments du récit se combinent et se répondent, entrent en résonnance. La magie du mégot de Picasso, même éteint, c'est d'enflammer l'imagination d'Ignacio, de le pousser à prendre non le pinceau mais la truelle pour concrétiser son propre rêve. C'est d'enflammer celle de son fils, Miguel, pour lui inspirer ce "traquenard angélique" où va tomber le narrateur, son ami Blin, cet homme perdu, plongé dans une tristesse infinie. C'est d'enflammer enfin ma propre imagination de lecteur tenu en haleine par une intrigue à la limite parfois du fantastique et du polar. Avec ce roman original, 2024 commence bien.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C'est comme ça, sans qu'on aille les chercher, que les êtres qui nous ont traversés continuent de vivre à travers nous, alors même que certains sont morts. Et les morts sont ceux qui luisent le plus, car ils n'ont plus d'autre vie que la nôtre pour exister, or les morts sont comme tout le monde, ils ne veulent pas mourir. Certains luisent tellement qu'ils nous empêchent de dormir, et le pire c'est qu'on se surprendrait presque à vouloir les éteindre pour retrouver le sommeil.
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Être l'ami de Miguel, c'était s'abreuver à une magie et à une légèreté hors de portée dont toutes ces paroles déposaient un peu de sable doré sur ses yeux.
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Blin prend toute la mesure de ce "quelque chose" dont il a eu l'intuition il y a quelques minutes : Miguel est devenu fou. Non seulement il n'a pas vieilli, mais son esprit a régressé jusqu'à l'époque de la maternelle, lorsqu'ils se faisaient un volant de voiture d'une assiette en plastique et buvaient un café dans le rond ouvert de leur main, ce temps de l'enfance où l'on se réinvente sans fin à coups de "On dirait qu'on serait", dans des histoires insensées plus réelles que le réel le plus dépeuplé. Miguel est devenu fou, et il est enfermé avec lui, seul avec un fou dans une maison assiégée par des fous qui profèrent des sons sans suite car ils ne savent pas ce qu'ils veulent.
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