Culte !
Je connaissais le roman de
Louis Aragon «
Aurélien » et pourtant je ne l'avais pas lu. Comme je souhaite l'offrir, j'ai tenu à le lire avant. Je vais à un mariage prochainement, les amoureux se nomment
Aurélien et Léna et ne sont pas de grands lecteurs. Alors j'ai eu très envie de leur offrir un livre pour leur faire partager ma passion et c'est facile avec un prénom romanesque comme
Aurélien. Et puis je me dis que, peut-être un jour, les jeunes mariés qui verront trôner ce livre sur une étagère verront aussi s'éveiller la lectrice ou le lecteur qui est en eux.
Pour ma part, ce roman m'a bouleversée car, avec une trame assez simple a priori (l'histoire d'un amour impossible),
Aragon ouvre les grandes portes de la littérature. Car «
Aurélien » n'est pas seulement un grand roman d'amour. C'est aussi le Paris d'après-guerre, les années 20, la vie culturelle et économique dans un monde privilégiée, la poésie, la religion, la conscience du monde. Mais ce qui m'a le plus bouleversée c'est le style unique d'
Aragon et les magnifiques descriptions de Paris et de la Seine.
L'histoire est d'une grande puissance.
Aragon décrit le grand amour que le lieutenant
Aurélien Leurtillois, célibataire oisif, encore hanté par les souvenirs du front, éprouve pour une jeune provinciale, Bérénice Morel, femme mariée, venue à Paris pour quelques jours.
Cette passion va bouleverser leurs vies.
Aurélien tombe amoureux pour la première fois d'une femme différente de celles qu'il fréquente habituellement : « de toutes les femmes de ce soir-là, elle était la seule qui se fût assise ou levée pour se lever ou s'asseoir, la seule qui respirât sans ruse.» Bérénice aime
Aurélien mais craint de ne pouvoir satisfaire son « goût de l'absolu » chez cet homme plutôt volage : « Moi, je ne pense à rien d'autre qu'à
Aurélien. Pourquoi se mentir ? A rien d'autre qu'à
Aurélien. Pourtant c'est fini,
Aurélien et moi. Fini sans avoir commencé. Parce qu'il aurait fallu que ce fût si haut, si grand, si parfait, pour être, simplement pour être... J'aurais pu... et je n'aurais pas pu... non, je n'aurais pas pu... pas avec
Aurélien... ».
Ils vont évoluer dans le Tout Paris peuplé par des anciens combattants, des poètes, des peintres, des épicuriens, des hommes d'affaires, des ouvriers, des soldats américains, et des femmes légères. Ils vont, à leur insu, être impliqués dans un jeu d'intrigues qui les éloigne l'un de l'autre et se retrouveront par hasard pendant la seconde guerre mondiale, nouveau contexte dramatique.
On n'est pas sans penser au poème « Il n'y a pas d'amour heureux », l'un des grands
poèmes d'
Aragon qui aurait été composé durant l'écriture d' «
Aurélien » et qui évoque l'atmosphère pessimiste de ce roman mais oh combien passionnant.
En temps normal j'ai du mal à supporter les pavés. Dès qu'il dépasse 300 pages je trouve le roman trop long et j'apprécie plutôt les nouvelles et petits romans qui traitent de l'essentiel. Et bien, j'ai revu mon jugement grâce à
Aragon.