AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 1213 notes
5
53 avis
4
16 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis
C'est sur les recommandations de l'instagrammeuse Sans-fioritures que je me suis lancée dans la lecture d'Aurélien d'Aragon, et encore une fois j'avais bien raison de suivre ses conseils.

Aurélien tombe amoureux de Bérénice Morel qui ,de sa province, est venue passer quelques jours à Paris. Rien de plus comme résumé pour laisser tout le plaisir de la découverte au lecteur.

Nous sommes dans le Paris des années folles, illustré par des hommes ayant vécu l'horreur et voulant tenir à distance les démons par la fête. Nous découvrons et vivons avec ces êtres humains abîmés par la vie, par les hommes, abîmés dans leur chair et dans leur âme.

Aragon parle d'amour à travers ses deux personnages principaux mais aussi au travers de tous les personnages secondaires avec un seul est même point commun: l'amour est douloureux.

L'auteur présente surtout la société en pleins bouleversements. Des courants émergent comme le dadaïsme par exemple donc Aragon a été une figure emblématique mais qu'il quittera par la suite et y portera d'ailleurs un regard critique dans cette oeuvre.

La prose est poétique et philosophique, magnifique et subjuguante on en redemande en on rêve. Un coup de coeur pour tous les personnages dans leur douleur qui en font leur grandeur, dans leurs défauts qui ne les rend que plus humains, dans leur passion qui résonne, donne et prend un petit bout de nous pour en prendre sa place et rester en nous à jamais.
Lien : http://www.lesmiscellaneesde..
Commenter  J’apprécie          70
« Ceux qui jamais ne furent saisis par un amour ne comprendront pas Aurélien ».
Qu'est-ce que l'amour, en effet ? Et comment un amour naît-il, grandit-il, vieillit-il, meurt-il ? Et surtout, pourquoi naît-il et pourquoi meurt-il ? Telles sont quelques-unes des questions existentielles que soulève ce très beau roman.
Dans le Paris mondain des années 20, où l'on va rencontrer Picasso, Cocteau, Tristan Tzara, ou encore le Général Mangin, on suit le double cheminement qui va conduire l'un vers l'autre Aurélien Leurtillois, jeune rentier oisif, dont le vice est d'être noctambule (page 84) et qui n'est donc pas l'homme d'une seule femme (page 191), et Bérénice Morel, femme de Lucien Morel, venue passer quelques jours à Paris chez son cousin Edmond Barbentane et sa femme. Leur idylle va durer deux mois, jusqu'à ce réveillon du 31 décembre 1922 où chacun, à sa façon, se prépare et s'attend à retrouver l'autre… Apogée de leur amour, ce changement d'année va précipiter la chute de ce dernier, leur chute à tous les deux, et, finalement, celle de l'histoire.
Le roman est la superbe description du sentiment amoureux dans toutes ses étapes, voire tous ses états. Au fil du récit, Louis Aragon nous dépeint ainsi le regard insistant (« Aurélien s'aperçut qu'il ne parlait à personne, et qu'il regardait Bérénice » - page 67), la rêverie (« Très vite, il éprouva sa présence, son entière présence dans le songe » - page 182), le coeur qui bat la chamade (« Il savait qu'il pouvait encore détourner le cours de ses pensées … il était encore son maître … bientôt il ne le serait plus … » - page 202), la peur de se déclarer (« Il se répéta qu'il était encore temps de se ressaisir » - page 202), le silence complice (« Ils savaient tous les deux ce qui se débattait entre eux sans avoir à l'exprimer. Rien n'avait été dit, tout avait été dit » - page 214), le manque de l'être aimé (« Aurélien n'attendait plus personne. Il n'avait plus de raison d'être là. Elle ne viendrait pas » - page 348), la dispute amoureuse (« Vous voulez jeter notre amour ? » - page 467), l'obsession (« de l'absence physique ou de cette présence imaginaire, qui se confondaient, laquelle était à Aurélien plus que l'autre pénible ? » - page 572) ou encore la nostalgie d'une séparation (« Elle avait laissé pour toujours sur sa vie une nostalgie dont il demeurait le prisonnier » - page 641).
Au-delà du sort du seul Aurélien, Aragon décrit aussi le regard de l'homme sur la femme (« C'est à ce moment, comme il va prendre le verre tendu, qu'Aurélien aperçoit Diane. Il y a bien six mois qu'il n'a pas rencontré Mme de Nettencourt. Elle est là, plus belle que jamais. Elle sourit de toutes ses dents. Elle a comme toujours la plus belle robe de la soirée. On ne voit qu'elle » - page 343), celui de la femme sur l'homme (« J'ai encore cru que c'était M. Leurtillois. La phrase avait échappé à Bérénice, et elle rougit » - page 104), l'attirance qui conduit l'un vers l'autre, le regard qu'un tiers porte sur un homme et une femme lorsqu'il les voit ensemble (« On la voyait beaucoup avec un toréador, ça faisait jaser » - page 616)
Malheureusement, Aurélien donne, enfin, un aperçu de ce qui conduit l'homme et la femme à s'éloigner l'un de l'autre : la déception amoureuse (« le coeur ? Vois-tu, je n'ai pas de coeur ... enfin je n'en ai plus … il y avait Lucien … il l'a pris … il n'y en a plus … » - page 107), la lassitude (« Mais les années, les années … ça vous change un homme et une femme … » - page 275), le doute de l'homme sur la fidélité de sa femme (« Vous voulez me rendre un service ? Appelez chez moi au téléphone … Oui, je vous prie … Ne dites pas que c'est moi … Demandez si Mme Barbentane est chez elle » - page 171), la jalousie (« Nous autres hommes, nous ne pouvons jamais comprendre ce qui fait le succès d'un autre … » - page 178), les oeillades d'une femme mariée à un homme qui n'est pas son mari (« Je peux vous dire quelque chose, ma petite Blanchette ; vous regardez un peu trop ce M. Leurtillois » - page 158), le mensonge (« le baiser qu'il lui mit sur le front avait une ironie que les mots n'ont pas » - page 200), la provocation de se montrer au bras d'un autre (« Alors, Rose aperçoit son mari. Elle lui fait un petit signe d'amitié » - page 346), la perspective de manigancer un divorce (« Il pourrait par exemple accorder le divorce à une Blanchette qui aurait un amant » - page 369), le cynisme de la maîtresse qui reproche à son amant d'aimer sa femme légitime (« Je te soupçonne de me tromper avec elle » - page 613), la fuite du domicile conjugal (« Elle avait jeté sa vie par-dessus bord » - page 470), la passion charnelle (« Mais ce qu'elle avait ressenti dans ses bras ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait jamais pu connaître … » - page 518), le désespoir (« Enfin Blanchette avait voulu se tuer » - page 355), le veuvage (« Voilà six mois que Mme Devambèze est morte … Après une très longue maladie. Ce qu'elle a souffert ! Je lui posais des ventouses. M. Devambèze n'est plus le même » - page 148), etc.
Et puis, il y a Paris, personnage à part entière du roman : on ne peut pas terminer cette critique sans indiquer qu'Aurélien est un hymne à Paris et à la Seine.
Aurélien est un livre joyeux et triste à la fois, qu'on lit au rythme des battements de coeur d'Aurélien. Joyeux, parce que dans une société qui vient de sortir des horreurs de la première guerre mondiale, il nous emmène de soirées mondaines en vernissages, au coeur de ces années dites folles, nées de la victoire. Triste, parce que les couples qui existent au début du roman vont se déliter et se désunir, et que, dans le même temps, celui auquel Aurélien et Bérénice aspirent ne verra pas le jour. Comme si une seule débâcle ne suffisait pas, le roman s'achève au moment de la grande débâcle de mai et juin 1940.
L'épilogue sublime, poignant, apparaît comme l'expression d'un trop-plein d'amour, comme un ultime cri du coeur d'Aurélien, qui vient remuer le couteau dans la plaie. Ah, cet épilogue ! Sûrement un des plus beaux morceaux de la littérature française, à lire et à relire sans modération.
Aurélien, ou l'histoire d'un amour fou, comme un écho au poème d'Aragon « Aimer à perdre la raison ».
Aurélien, ou l'histoire d'un amour impossible, comme un autre écho à un autre de ses poèmes « Il n'y a pas d'amour heureux ».
Désormais, Aurélien et Bérénice ont rejoint au panthéon des amoureux, Roméo et Juliette, Tristan et Iseult et tant d'autres.
« Celui qui n'a jamais été la proie d'une obsession ne comprendra pas Aurélien ».
Commenter  J’apprécie          70
Aurélien
Louis Aragon (1897-1982)
« L'amour a ses raisons… »
« La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. »
Ainsi commence ce roman de 700 pages dont l'action se passe pour l'essentiel à Paris dans une ambiance artistique au début des années 20, juste deux ans après une guerre dont Aurélien Leurtillois ne s'est jamais remis. Il faut dire que celle-ci l'avait pris avant même qu'il eût vécu. Aujourd'hui âgé de 32 ans, rentier suite à la mort accidentelle de ses parents et à l'héritage en résultant, il considérait que sa vie n'avait pas commencé, lui qui ne savait que flâner désoeuvré, sans perspectives et sans projet.
Noctambule, fidèlement servi à son appartement de l'Île Saint-Louis pour les tâches domestiques par Mme Duvigne, il aimait à traîner dans ces lieux de lumières où la vie ne s'éteint jamais, quand les autres sont endormis. Après avoir étudié autrefois le droit, il n'avait pas rejoint cet avocat qui l'avait pris sous son aile. Il promenait avec lui sa guerre comme une plaie secrète. Autrefois, le couple de ses parents toujours en dispute l'avait par la suite dissuadé d'établir une liaison sérieuse avec une femme. le mot ménage prenait toujours un goût amer dans sa bouche malgré tous les efforts de sa soeur Armandine pour le marier, elle mariée jeune qui s'était jetée dans les bras de Jacques Debrest qui depuis longtemps dirigeait l'usine du père Leurtillois. Pour Aurélien, une femme pour un homme, c'était d'abord un miroir, ensuite un piège ! Un monde de complications !
« Aurélien n'aimait que les brunes et Bérénice était blonde, d'un blond éteint. Il aimait les femmes longues à sa semblance, elle était petite sans avoir cet air enfant que cela donne parfois. » Mais comment donc Aurélien a –t-il pu rencontrer cette femme et l'aimer, une Bérénice dont cependant il aime la voix tout de suite, « une voix de contralto chaude, profonde, nocturne ». C'est par l'entremise de son ami ancien camarade de front Edmond Barbentane, marié à une certaine Blanchette fortunée, père de deux fillettes, un homme un peu cynique à la carrière rapide et brillante dans les affaires, aux goûts de luxe affirmés, qu'il fit la connaissance de Bérénice, la provinciale cousine d'Edmond mariée à Lucien Morel, un pharmacien du Sud-ouest, un imbécile selon Edmond.
Aurélien plaisait aux femmes en général, mais il n'avait jamais fait les quelques gestes qui retiennent une femme. Les femmes ne supportaient pas cette inattention respectueuse qu'il leur portait. Au cours d'une soirée chez Mary de Perseval qui souhaite aussi lui faire rencontrer des femmes avec quelques arrières pensées, Aurélien finalement jette son dévolu sur Mary dans un petit hôtel voisin.
Bérénice pendant ce temps libre comme l'air et le vent parcourt Paris en tout sens avide de découverte et de sensations nouvelles. Un très beau chapitre à travers les rues de Paris. Également un très beau début de chapitre X avec des variations sur le thème du gris.
de soirées en soirées, Aurélien rencontre Rose Melrose chaperonnée par son médecin de mari aux petits soins pour elle, le Dr Jacques Decoeur. Il n'est pas insensible à son charme quoiqu'elle ne soit plus de première jeunesse. Pendant ce temps Bérénice est courtisée par le jeune poète Paul Denis, cependant qu'Aurélien veille…mais ne sait pas que Blanchette est amoureuse de lui depuis qu'Edmond la lui a jeté dans les bras pour avoir les coudées franches dans ses sports favoris, la galanterie et la séduction, avec Rose notamment. Tout ce petit monde de la nuit se livre à un chassé-croisé dans la conquête de la femme à séduire tant en soirées privées qu'au vernissage de minuit des oeuvres contestées de Zamora, peintre peut-être sud-américain, un chapitre XL décrivant magnifiquement ce genre de soirées au cours desquelles tout se joue sauf l'avenir des oeuvres d'art.
Aurélien se voit enfin accordée une danse par Bérénice : c'est alors que l'alchimie s'opère et… « elle ferma les yeux. Se penchant sur elle, il la vit pour la première fois. Il régnait sur son visage un sourire de sommeil, vague, irréel, suivant une image intérieure…Portée par la mélodie, abandonnée à son danseur, elle avait enfin son vrai visage, sa bouche enfantine…Aurélien se répéta qu'il n'avait encore jamais vu cette femme qui venait d'apparaître… »
Aurélien se sent vaincu par un sentiment qu'il n'a jamais connu. Et tandis qu'il fantasme à la piscine municipale, il imagine « Bérénice mêlée à la caresse de l'eau, à la souplesse de la nage, à cette intimité solitaire de son corps nu, à cette paresse jointe à l'effort, à toute la merveille de la rêverie et du mouvement… Un bouleversement total, une agitation intérieure. L'amour. L'étrange nouveauté de ce mot lui serrait le coeur… Elle était celle qu'il avait toujours attendue, sans le savoir, celle à qui pour la première fois de sa vie, il dirait « Je vous aime »…Il perdait pied. Jamais il n'avait été si désarmé devant une femme…Au fond, le siècle d'Aurélien s'écrit en deux mots : il y avait eu la guerre, et il y avait Bérénice. »
La suite est un long chemin semé d'embuches quand se mêlent incompréhension et incommunicabilité. Bérénice revoit Paul Denis le jeune poète. Aurélien se console avec Simone du Lulli's bar… L'affrontement entre Aurélien et Paul semble inéluctable.
Aurélien et Bérénice n'auraient-ils pas placé leur amour trop haut, « n'ont-ils pas eu trop fort l'orgueil de cet amour, pour accepter qu'il se survécût de concessions, d'oublis, au rabais. »

On a souvent dit au sujet de ce roman que le personnage d'Aurélien, c'était Aragon lui-même et lui même a souvent dit que c'était Drieu La Rochelle, un ami de sa prime jeunesse. Plus tard, Aragon a estimé qu'Aurélien n'était ni l'un ni l'autre, mais davantage une situation plutôt qu'un personnage. Il est l'ancien combattant de la guerre 14/18 qui revenu du combat ne retrouve pas sa place dans la société.
Aurélien est certes un roman d'amour, mais c'est encore plus un roman sur l'amour et ses variations et ses obstacles, l'amour dans tous ses états. Un roman plutôt pessimiste et sombre avec quelques périodes de bonheur pour chacun des personnages. Il semble fonder comme un principe l'impossibilité de la formation du couple en raison du fait que contrairement à l'homme, la femme a une certaine continuité de pensée quelque soit les événements. Il montre également les ravages que peut provoquer la passion. C'est aussi une peinture des moeurs d'une époque et l'on croise tour à tour Cocteau, Monet, Picasso ou Tristan Tzara dans des soirées ou des événements culturels.
En conclusion, un très beau roman de Louis Aragon, un très grand écrivain, au merveilleux style plein de poésie et de nostalgie, qui nous rappelle qu'il écrivit aussi qu' « il n' y a pas d'amour heureux ». On ne sort pas indemne de cette lecture. Un chef d'oeuvre éternel.

Commenter  J’apprécie          60
Une magnifique réflexion sur l'amour et la vie dans un Paris célébré à chaque instant.L'amour ne se nourrit que de son désespoir ou de son impossibilité, de ses images de l'autre que l'on crée pour soi et à qui l'on confère un destin qui échappe à celle ou celui qui en est l'objet. Aurelien cherche Bérénice qui n'est que le reflet qu'il s'en fait et ce qui lui permet plus encore d'échapper aux autres rendez-vous de la vie. Bérénice aime Aurelien pour échapper à une vie tracée dans l'ennuie. Une vision caustique aussi sur la bonne société des années vingt. Une réflexion empreinte de modernité aussi sur les chocs post traumatiques causés par la guerre, sur les revanches que l'on prend sur elle en privilégiant ses plaisirs et en essayant d'échapper à la normalité. Et puis une écriture magnifique, ruche et foisonnante... Bref un très beau moment de littérature qui se termine de manière totalement désabusée et très forte.
Commenter  J’apprécie          60
Rêverie sur l'amour

Longue rêverie sentimentale d'un jeune bourgeois dans les « années folles » juste après la Première Guerre Mondiale, Aurélien est l'occasion pour Aragon de poser un regard nostalgique et finalement assez bienveillant sur une époque de sa vie qu'il avait mise à distance, d'évoquer sans haine, son passé et le Paris mondain qu'il a fréquenté.
Jamais vraiment remis des années passées au front, Aurélien mène dans le Paris des années 1920 l'existence oisive d'un jeune rentier célibataire et séducteur : garçonnière dans l'île Saint-Louis, nuits blanches au Lulli's Bar, soirées mondaines et liaisons sans lendemain. Il fera la rencontre d'une jeune femme mariée, Bénérice qu'il commencera par trouver laide pour finalement en tomber amoureux en l'identifiant parfois jusqu'à la confondre avec l'inconnue de la Seine. Bérénice l'aime-t-il ? Cet amour pourra-t-il voir le jour ? ou est-il condamné à ne jamais s'accomplir ?
L'auteur nous décrit de manière très étoffée les comportements d'une jeune bourgeoisie qui sort de guerre et qui peine à trouver un équilibre de vie. L'écriture très fluide et la caricature de certains personnages fait que soit nous nous y attachons soit ils nous sont désagréables.
Le terme de l'amour est omniprésent avec toute la souffrance qu'il peut engendrer lorsqu'il est impossible ou non partagé.
Une oeuvre à découvrir ou redécouvrir que l'on prend toujours autant de plaisir à lire.
Commenter  J’apprécie          60
Dans un Paris des années 20, Aurélien aime Bérénice. Peut être. Bérénice aime Aurélien. Peut être pas.
Un roman sur l'amour, mais plus particulièrement sur toutes les formes d'amours, car il existe mille façons d'aimer quelqu'un. L'inconstant, le pur, la repentie, le romantique, le désabusé... Cette oeuvre nous permet de traverser les personnalités, les facettes d'une société passée mais moralement intemporelle. Les cercles culturels sont fidèlement évoqués, et de très belles références littéraires sont alimentées de rebondissements amoureux inattendus, qui, cependant, subissent parfois une certaine lenteur, en ce sens que les aspects psychologiques intérieurs sont souvent visités, interrogés sur des thèmes réguliers, qui le sont un peu trop à mon goût.
Une fin époustouflante cependant, et une petite gifle littéraire qui fait du bien.
Commenter  J’apprécie          60
Paris 1922 – Aurélien a survécu à la Grande Guerre. Il est rentier à Paris et traîne son mal de vivre dans les soirées parisiennes branchées. Un jour, chez son ami Edmond Barbentane, ancien combattant comme lui, il rencontre la cousine de celui-ci, Bérénice. Il la trouve laide tout d'abord avant de tomber passionnément amoureux d'elle. Au début, celle ci l'ignore (elle est mariée) puis se laisse séduire, le rencontre (en tout bien tout honneur) chez Zamora, le peintre qui fait son portrait. Mais il semblerait que le destin veuille les séparer…..
Autour d'eux une galerie de personnages aux sentiments passionnées et troubles : Blanchette, la femme d'Edmond, est en même temps amoureuse de son mari, qui la trompe abondamment, et d'Aurélien. Edmond, qui a épousé sa femme pour son argent, a un jeu encore plus pervers : il encourage l'attirance entre Aurélien et Bérénice : dans quel but ? faire souffrir sa femme ? avoir le champ libre pour vivre avec sa maîtresse, une actrice ?

Paul, un jeune poète d'une vingtaine d'années, est tour à tour amoureux de Mary puis de Bérénice. Et que dire enfin de Bérénice, qui s'est mariée en croyant aimer son époux, qui découvre l'amour (platonique) avec Aurélien et l'amour « physique » avec Paul. Bérénice ne pardonnera pas à Aurélien un « écart » de conduite.

Bérénice, marquée par l'abandon de sa mère quand elle avait huit ans, saura-t-elle reconnaître l'amour d'Aurélien ?
Que de passions avouées et inavouées dans ce pavé (570 pages écrit petit dans ma version) ?


Aragon nous brosse le portrait d'une génération survivante de la guerre 14 -18, et qui veut vivre pleinement. le Paris de ces années fourmillent de peintres, de poètes et d'écrivains dans une farandole qui laisse admiratif et aussi un peu triste (que de rencontres manquées et d'amours contrariées). La poésie d'Aragon m'a charmée et je me souviendrai longtemps des yeux de Bérénice si différents ouverts et fermés mais toujours si vivants.
Lien : https://lajumentverte.wordpr..
Commenter  J’apprécie          60
Aurélien est un jeune homme désabusé. Il a fait la guerre des tranchées en tant que sous-lieutenant. Les disputes incessantes de ses parents l'ont découragé de se marier. Il fait la connaissance de Bérénice, mariée, dans une des soirées mondaines qu'il fréquente. Elle est la cousine d'un compagnon d'armes. Il la trouve franchement laide, puis finit par être troublé. Bérénice efface ses souvenirs de guerre et il se sent revivre. Ils se débattent dans leurs incertitudes. S'aiment-ils vraiment ? Ils n'arriveront pas à se rejoindre dans cette quête de l'absolu et se retrouveront au début de la deuxième guerre, tragiquement. J'avais trouvé un souffle lyrique à cette histoire lorsque j'étais étudiante et j'avais adoré. Aujourd'hui, je le trouve désuet et je n'adhère plus à cette histoire d'amour hésitante et platonique.
Commenter  J’apprécie          60
Celui-là, c'est un monument qui fera partie des livres à emporter sur une île !! L'écriture d'Aragon est envoûtante !!
Commenter  J’apprécie          62
Aurélien trouve Bérénice Morel « laide » à la première rencontre. Il a trente ans, a fait la guerre (celle de 14), n'a jamais pensé à se marier, et veut rester libre. Il habite un petit appartement à Paris, a une bonne, et vit grâce à une rente. de sa fenêtre, il voit la Seine, cette Seine qui charrie des corps, parfois, comme cette inconnue qu'il évoque longuement et qui revient en leitmotiv. Il ne travaille pas, passe ses soirées chez ses amis ou dans les dancings où le jazz, que les américains ont apporté, enchante les soirées parisiennes. Et puis, contre toute attente, Aurélien tombe amoureux de Bérénice, sa voix, ses yeux fermés, et tout cela lui donne le vertige, offrant au lecteur des lignes d'une beauté saisissante.
Aragon, le poète, nous offre ici un condensé de la vie. Il parle de beauté, d'amour, mais aussi de guerre, et de racisme. Ici le mot « nègre » choque, c'est l'époque dira-t-on, mais cela choque toujours ce mot dans un roman. Les discussions de soirées entre amis sont l'occasion de balayer cet entre-deux-guerres des années folles mais aussi nimbées du colonialisme dont l'auteur soulève des pans, évoquant les sénégalais au front, et puis il y a ce lauréat du Goncourt, René Maran pour « Batouala », deux ans après Proust. Forcément on discute de tout cela, on donne son avis, des poings se ferment sous les tables.
Une lecture dont je sors enrichie à tous points de vue.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (4410) Voir plus



Quiz Voir plus

Aragon (difficulté moyenne)

Aragon a été journaliste dans un de ces journaux. Lequel ?

Minute
Le Figaro
Libération
L'Humanité

10 questions
144 lecteurs ont répondu
Thème : Louis AragonCréer un quiz sur ce livre

{* *}