Hideki Arai poursuit sa vision pessimiste de notre société et livre ici l'ultime volet de cette saga apocalyptique baptisée "The World is Mine". Tout comme les treize précédentes, la couverture annonce immédiatement la couleur et préfigure du contenu sombre et malsain de cette série de la collection Sakka. Faisant écho à la violence propagée par Toshi et Mon-chan, la population continue d'alimenter la vague terroriste sans précédent qui déferle sur la planète. le chaos qui en résulte est renforcé par le trait pas toujours séduisant d'
Hideki Arai, par un découpage brouillon et par un début d'album plutôt décousu. En revenant sur le début de sa relation avec Mon-Chan, Toshi confirme son admiration envers la sauvagerie et l'anticonformisme de ce compagnon qui fonctionne essentiellement à l'instinct. Fasciné par la force dévastatrice de cet être impénétrable, mystérieux et brutal, le frêle jeune homme va tout faire pour devenir comme lui.
En emmenant Higumadon et Mon-chan en dehors des frontières japonaises, l'auteur va également alimenter le contexte géopolitique plus large du récit. En posant Mon-chan et le mouvement qu'il déclenche en tant qu'alternative ou échappatoire au futur que dessine la surpuissance américaine au genre humain,
Hideki Arai poursuit sa critique envers la politique internationale égocentrique des Etats-Unis. Il pointe du doigt ces leaders mondiaux qui semblent agir selon le titre de cette série, alors que le monde nous appartient tous. La menace incarnée par la croissance démesurée de cet ours brun géant qui semble se nourrir de l'escalade de violence qui fait rage, permet également un questionnement concernant l'utilisation du nucléaire. Cette arme à vocation dissuasive, que l'humanité s'est imposée comme véritable fardeau, est ici présentée comme l'ultime remède.
Alors que les tomes précédents étaient rythmés par la course folle de Mon-chan et Toshi à travers un Japon en perte de repères, celui-ci, baignant dans un abus de texte, est beaucoup plus lent. Les révélations concernant l'enfance de Mon-chan sont cependant aussi attendues qu'intéressantes et le rendez-vous ultime avec ce monde à la dérive, loin d'être décevant.