Cela faisait déjà quelques années que cette oeuvre me faisait de l'oeil et que je faisais le yo-yo entre des avis positifs et un premier feuilletage rebutant. Finalement, j'ai bien fait de franchir le pas !
Pourtant, en début de lecture j'ai eu des sérieux doutes, car cette oeuvre est assez difficile d'accès. Il y a d'abord une hiérarchie, des niveaux et des relations difficiles à saisir au sein de ce chaos nommé Enfer … car c'est bel est bien en Enfer que se situe ce récit. Il y a ensuite ce graphisme noir et blanc qui rebute et ne facilite pas la lisibilité et l'accès de ce chef-d'oeuvre.
Cependant, au fil des pages, la magie finit par opérer et l'Enfer finit par prendre vie. Les liens entre les nombreux démons s'installent et l'Enfer prend forme. Les conflits s'intensifient, les affrontements se font de plus en plus violents et chaque démon essaie d'agrandir ou de consolider son territoire. Pendant ce temps les âmes damnées souffrent et errent au milieu de la désolation, l'horreur et le chaos. Lentement le lecteur découvre toute la densité de ce récit de près de 300 pages et consomme les planches à la même vitesse que l'Enfer consomme ses âmes. du chaos initial surgit alors une oeuvre maîtrisée et le talent d'un auteur regretté.
Et finalement, on finit même par se dire que ce graphisme noir et blanc, au sein duquel on a parfois du mal à distinguer les événements et les personnages, dépeint à la perfection ce lieu de désolation et la noirceur de ceux qui tentent d'y survivre.
L'auteur, Firmin Aristophane Boulon, dit
Aristophane (1967-2004), est malheureusement décédé à 37 ans, mais il laisse derrière lui une oeuvre aussi imposante que grandiose.
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