Elle aurait pu s'appeler
Océane. Elle s'appelait Florence, Flo. Quelque part la mer avait déjà pris place dans ses veines.
Sauvage, animale, instinctive. Un peu folle aussi et sans limite. C'est ainsi que je définirai Florence après lecture de ses mémoires.
Entièrement tournée vers la mer, entièrement vouée aux courses, elle vivra sa passion jusqu'au bout. Au bout d'elle-même. Au bout de ses envies, au bout de ses forces. Mais hélas aussi au bout du manque de sponsors.
C'est à l'âge de 18 ans qu'elle prend conscience que sa vie ne sera jamais rythmée par la cadence du métro boulot dodo. Elle veut vivre Florence. Elle veut découvrir qui elle est vraiment. Elle veut apprendre par elle-même. Et ce chemin qu'elle se choisit passera par les bateaux. Elle veut se confronter aux éléments, être maître de son destin.
Déjà habituée à naviguer grâce aux leçons de voile reçues dans sa jeunesse, c'est sur la Méditerranée qu'elle fera ses premières armes. Ses rencontres décisives avec des marins chevronnés (son père, éditeur, publie les aventures de ces grands marins) la pousseront inexorablement vers la mer, et plus particulièrement vers l'océan atlantique, son élément de prédilection.
C'est en 1976, sa première traversée de l'atlantique en temps que stagiaire sur le Petrouchka, qu'elle découvre la rupture du temps, n'être plus obligée de suivre des rythmes non choisis, une impression de liberté.
Et déjà en 1978, elle affrontera l'atlantique pour sa première course en solitaire, la route du rhum.
Seule, unique maître à bord, puisant au fond d'elle-même force et détermination, flirtant avec l'épuisement et la folie, elle arrivera à bon port. D'aucuns salueront son courage quand d'autres lui reprocheront ses origines bourgeoises !
« J'ai quelquefois été critiquée, jalousée, très souvent aimée. Beaucoup ne comprennent pas les raisons de mon amour pour la mer, les motivations qui me poussent à lui dédier ma vie. Moi-même je n'en connais pas toutes les raisons, même si je sais que cet amour plonge ses racines au plus profond de mon enfance. »
Quant à moi, je salue toutes ses performances qui ne sont le résultat que de son savoir-faire, savoir-mer, sa connaissance profonde de l'
océan et de ses humeurs, de son engagement envers elle-même et sa rage de vaincre.
J'ai adoré lire cette biographie qui m'a permise d'approcher Florence en toute sincérité. J'ai mieux compris qui elle était vraiment et ce qui la poussait à aller toujours plus loin. Une rage de vivre pleinement, intensément. Repoussant sans cesse ses limites. Un caractère dur et entier envers elle-même et les autres.
J'ai ressenti beaucoup d'émotions en parcourant sa vie. Si fragile en cherchant sa place sur terre, se trompant de parcours, s'enlisant dans la recherche de sponsors, mais si éclatante et puissante à la barre de son bateau.
« Je ne domine pas la mer. Elle ne me domine pas non plus. Nous nous contentons de partager. »
Florence,
la fiancée de l'Atlantique : un grand marin !
Je remercie Babelio et sa masse critique ainsi que les editions Flammarion/Arthaud pour ce partage intense.