La vie, modèle réduit

Sébastien Asselin dédicaçait son premier livre dans une jolie librairie où je suis entrée par hasard ou plutôt pour m'abriter d'une pluie diluvienne. le hasard - ou la pluie - faisant bien les choses j'ai acheté ce petit livre en me disant que cela allait faire plaisir à mon exemplaire de la vie mode d'emploi, de G. Perec. Tiens, voilà un copain pour toi, je te présente La vie, Modèle réduit.
J'ai un peu parlé avec l'auteur, un garçon très intéressant. Il m'a dit avoir mis des petites brèves,
des poèmes, des nouvelles, bref tout ce qui fait la vie pour se raconter au fil du temps dans son ouvrage.
Et c'est ça. C'est la vie avec des histoires amusantes. Mais aussi désespérantes.
Il y a des sourires, de la tendresse et de la solitude, des souvenirs et de la nostalgie. Pour ce qui a été et pour ce qui ne sera jamais. Quelques histoires cruelles, des jours et des nuits moroses, la vie n'est pas un long fleuve tranquille, hein !
Sébastien Asselin se promène le long de petits cours d'eau tortueux, il ramasse des cailloux qu'il jette et qui nous touchent.
Comment faire pour changer d'horizon ?
Derrière l'humour désinvolte et pudique on devine un garçon pas dupe et des fêlures affleurent.
J'ai beaucoup aimé ce livre, il y a une assez longue nouvelle « Marty « que j'ai adoré : c'est un type qui prend le RER à 18h, il y a du retard, du monde et du bruit et une chaleur de dingue - je ne vous fais pas un dessin, si vous étiez dans les transports hier vous avez compris - en plus le type vient de se faire lourder, il est...il n'est pas une lumière, on va dire. Mais c'est un brave gars. Et puis et puis. Et puis Zorro est arrivé, non je blague parce que c'est là que ça se corse. Un gosse gras, blond avec des yeux de porc......Je n'en dis pas plus. C'est horrible, et en même temps jouissif.
Sébastien Asselin, un auteur à découvrir et à suivre.

Un texte qui dit la vie comme une palette de textes qui se savourent. Les mots nous traînent, nous entraînent. Il suffit de suivre le tempo et nous entrons dans la ronde de la vie, croquant ici et là des miettes savoureuses et qui laissent, sur nos papilles, un zeste inoubliable.
Pari réussi pour cette Vie modèle réduit.

Je suis rentrée ds ce livre par hasard, en feuilletant au grè des récits des fragments de vie. L'une d'elle m'a particulièrement marquée : style épuré, banalité d'un moment, paroxysme et climax de violence auquel je ne m'attendais. C'est le pouvoir des mots et Sébastien Asselin les maîtrise: tantôt lyrique, tantôt prosaïque..ce livre est une mosaïque de ce qu'est la vie...en modèle réduit.

Ces histoires sont un exercice de style, le travail des mots y est décisif. Chacun d'eux compte dans le défilement de ces fragments de vies formant une alternance de courtes proses et de tirs de précisions poétiques.
Loin des images d'Épinal, ces histoires éloquentes m'ont mis face à ce à quoi je préfère ne pas penser. C'est une lecture hors du temps en ce qu'elle renvoie à la question "Qu'est-ce donc que la vie?", et pourtant elle semble totalement inscrite dans la réalité de notre société en en montrant sa violence ; ce recueil m'évoque la vacuité de nos vie et la fragilité de l'être humain.
Toutefois, ne vous méprenez pas, l'humour y reste omniprésent. Il se pare de toutes ses formes, mais ne cherche jamais le chemin le plus court. Cet humour incisif qu'il appartient à chacun de caractériser ne provoque pas un rire facile. Personnellement, j'ai perçu beaucoup de dérision, celle que j'ai toujours ressenti à la lecture de Ionesco. L'absurde a le pouvoir de nous faire penser.
Un recueil à lire, une fois, et à consulter, beaucoup.

J'ai toujours apprécié des histoires brèves, courtes. Pour moi, c'est de la littérature à compte-gouttes, presque comme une cure homéopathique. Si je devais choisir un mot pour ces textes ce serait "pulsion". La pulsion, ou son absence, qui existe chez tous les êtres humains est joliment et parfois violemment racontée à travers des histoires banales, du quotidien: des histoires de couple, de gosses, de boulot, de repas... enfin, des situations universelles et à priori sans intérêt majeur. Toutefois, c'est le regard plein d'humour et quelques fois pessimiste (et forcément réaliste) de l'auteur qui nous fait comprendre que même avec les gestes les plus violents, l'être humain dégage une beauté inhérente à l'envie de vivre.