Plus haut que la tour Eiffel

Kohndo est un rappeur français d'origine béninoise. Jusqu'à maintenant il s'exprimait par la chanson, le slam et le rap. Plus haut que la tour Eiffel est son premier roman. Premier roman qu'il a mis en musique dans un album éponyme. L'album reprenant partiellement le texte du roman.
Le texte du roman est en vers plus ou moins rimés et reprend le rythme du rap.
La couverture du livre est explicite. Au dessus du titre trône, stylisé un gilet de sauvetage. Plus haut que la tour Eiffel est l'histoire de Manga ,docker à Cotonou, qui porte le rêve de son père : quitter le Bénin pour Paris et rejoindre un frère qu'il ne connaît pas.
Les mots, le slam se bousculent pour raconter le départ de Manga du Bénin et les vicissitudes de la route des migrants à travers l'Afrique.
Ce texte de 130 pages se lit d'une traite emporté par les mots. C'est aussi sa limite. La rapidité des mots et des phrases ne permet pas au temps de décanter les réflexions et émotions. Il manque sûrement la scansion de la musique pour donner forme poétique au livre. L'écoute de l'album , ajouté à la lecture du livre, permettra de rendre justice à ces jeunes africains qui ont le courage et l'ambition de vivre .

Bénin natal, aurevoir, Manga doit s'enfuir, prendre le large, vivre le mal de mer, se cacher, craindre tout en rêvant de là-bas, Paris. À Paris, où il souhaite se mesurer à la Tour Eiffel, retrouver un frère « Fofo ».

« Étrange identité, que d'être à jamais bafoué »

Benin natal, aurevoir maman, Manga à accumulé les francs CFA pour la traversée, pour passer Gibraltar, ne pas se faire repérer et enfin toucher terre. Il veut toucher du doigts un rêve, vivre sa vie de corbeau dignement.

Paris bonjour, voilà notre corbeau à la prose vivifiante qui par ses vers nous embarque dans son histoire, sans tanguer, avec des mots assurés et assumés. Être candidat à l'exil, Kohndo l'exprime avec dynamisme. Un texte riche, qui se laisse lire avec entrain, écrit avec passion. 🧡

« Purs produits du sol, fruits du monde agricole, Aucun salut sans travail, l'argent n'en est pas que la récolte.
J'ai l'impression de vivre au sein d'une plantation
Qui fait de moi un esclave sans même m'en donner le nom. »

« Plus haut que la Tour Eiffel » est le premier livre écrit en vers que je lis et ce fut une jolie découverte. J'admets avoir eu un peu d'appréhension sur le fait de ne pas réussir, avec ce type de format, à rentrer dans l'histoire de ce jeune homme Béninois, qui part de chez lui pour rejoindre Paris, avec bien évidemment tous les aléas que peut comporter une traversée comme celle-ci, mais grâce à la plume poétique, les émotions étaient bien là. Et la lecture inarrêtable