Pierre Assouline, biographe, membre de l'académie Goncourt, retrace le destin tragique d'Alfred Nakache, juif, né à Constantine (Algérie) en 1915, mort en 1983 à Cerbère (Pyrénées Orientales).
Ce champion de natation, recordman du monde, qui a représenté la France aux jeux olympiques de Berlin en 1936 et de Londres en 1948, a vu sa fulgurante ascension brusquement interrompue fin 1943, suite à une dénonciation.
Il a été déporté à Auschwitz Birkenau, par le Convoi no 66 du 20 janvier 1944, avec sa femme Paule et sa fillette Annie de deux ans qui ont été placées dans un autre camp et sont mortes gazées. Albert Nakache est resté interné deux ans et a survécu grâce à son endurance physique.
Le nageur démarre de façon menaçante : « Si je le revois je le tue ». C'est le fil rouge de l'intrigue, nous remontons le temps dans l'attente de la vengeance d'Alfred Nakache contre Jacques Cartonnet. Je vous laisse découvrir le dénouement.
À travers Alfred Nakache,
Pierre Assouline va aborder les thématiques liées à la seconde guerre mondiale, les juifs et la natation, d'un point de vue historique et philosophique.
« Un mot d'ordre : on ne mélange pas le sport et la politique « (p.207). Moi je pense qu'il ne faut pas mélanger littérature et politique mais je crois surtout que le problème c'est qu'on ne sait pas communiquer et qu'on se laisse manipuler.
L'auteur commente les jeux olympiques de Berlin en 1936 : « Hitler avait promis qu'il n'y aurait pas d'exclusion raciale et ils l'ont cru » (p. 66). le Comité international olympique a fait retirer tous les panneaux d'accès aux lieux publics qui portaient la mention : « Interdit aux chiens et aux Juifs ». « Les Jeux leur ont permis de diffuser la fallacieuse image d'une Allemagne tolérante éprise de pacifisme ».
Ce passage me fait penser à nos oiseux débats sur l'écriture inclusive : « Pendant ce temps, au micro de Radio-Paris, on se demande s'il faut prononcer « israélite » en appuyant sur le s ou « izraélite » en insistant sur le z étant entendu que l'une des deux manières de dire est péjorative » (p.94).
Pierre Assouline retranscrit la lettre pastorale du 23 août 1942 signée par l'archevêque, Mgr Saliège (p.113), que
Pierre Laval fait interdire. le clergé manifeste une forte opposition au nazisme et réclame le droit d'asile dans les églises.
Alfred Nakache nous questionne : l'oubli, le pardon ou la vengeance ?
Le nageur regorge de considérations sur la natation.
« le bon nageur, c'est celui qui oublie l'eau, dit
Confucius » (p.69).
« Nager pour ne pas couler » (p.221).
Le nageur est le dernier titre de la liste de mon programme de travail en groupe. La lecture s'est avérée intéressante mais laborieuse et douloureuse, en résonance avec la situation anxiogène actuelle et mon passé familial.
C'est une autofiction factuelle qui laisse peu de place à l'interprétation. Ce n'est pas ma tasse de thé, pour moi ce n'est pas de la littérature.
Pierre Assouline nous ressert une énième description de l'indicible horreur de la Shoah mais ne mouille pas le maillot. Il nous présente Alfred Nakache mais ne le fait pas vivre.
Je recherche des tentatives d'explications : comment est-ce possible que des hommes ordinaires soient devenus des criminels ? Je pense que tout un chacun ne souhaite qu'une chose : la paix, l'harmonie entre les peuples.
Où sont passés Julien Sorel, Emma Bovary, Raskolnikov ? Morts et enterrés pour laisser la place à une génération de personnages désincarnés qui ne nous font pas vibrer.