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sur 799 notes
Comme beaucoup de monde, j'ai découvert Margaret Atwood au travers de la série The Handmaid's Tale, qui au passage est pour moi une des meilleures séries du moment. On m'a d'ailleurs récemment offert le livre La Servante Écarlate, que j'ai beaucoup aimé. Cela m'a donné envie d'en découvrir plus sur l'univers littéraire de cette auteure, surtout en apprenant qu'elle est plutôt spécialisée dans les dystopies, genre que j'apprécie beaucoup ces derniers temps.

Ce qui est étonnant en lisant le résumé de C'est le coeur qui lâche en dernier, c'est qu'on pense de prime abord tenir en main une dystopie dans un futur plutôt éloigné, un peu dans la veine de 1984, dans une société en apparence assez différente de la nôtre. Pourtant en ayant ouvert le livre, on se rend très vite compte qu'on est à peine quelques années plus tard, dans une continuité directe de notre société (notamment au travers de références de culture pop), et non une société totalement différente.

Mais avant toute chose, de quoi ça parle ?

En période de forte crise économique, une très grande partie de la population se retrouve au chômage et à la rue. Les plus chanceux ont encore une voiture pour dormir et entreposer les quelques effets personnels qu'ils leur restent. La criminalité a aussi augmenté drastiquement (gang, violence, vol, viols). Stan et Charmaine, nos deux personnages principaux, n'échappent pas à cette règle : ils vivotent sur le salaire bien misérable de Charmaine qui a trouvé un travail de serveuse dans un endroit peu recommandable. Ils vivent dans leur voiture suite à la perte de leur maison, dormant aux aguets toujours prêts à démarrer la voiture en cas d'agression la nuit. Ils n'arrivent plus à voir un avenir dans ce milieu hostile, hors de question de fonder une famille sans logement, quand on ne sait pas si on pourra se payer à manger le lendemain.

Pour pallier aux problèmes crées par la crise économique, une société privée instaure un système basé sur deux villes jumelles (Positron et Consilience) : toutes les personnes qui participent au programme ont un logement, un travail et un salaire. le principe ? Les personnes vivent un mois en ville, et un mois en prison. Pendant qu'ils sont en prison, une autre famille vit dans leur maison et vice-versa - ce sont leur alternants, qu'on ne doit jamais rencontrer sous aucun prétexte. Une seule condition : quand on intègre le programme, c'est à vie.

Découvrant ce programme, Charmaine y voit une issue de secours à leur avenir bouché. Elle convint donc son mari d'intégrer le programme, qui répond pleinement à ses attentes : une grande maison, des habits neufs, un travail qui leur plait...etc. Même les mois en prisons se déroulent très bien. Tout bascule quand Stan découvre un mot très chaud laissé par le couple alternant. Il commence alors à fantasmer sur Jasmine, celle qui dort à la place de sa femme quand il n'est pas là. Elle est tout le contraire de Charmaine : coquine, espiègle sensuelle... alors que sa femme est presque frigide, elle ne fait l'amour que pour faire plaisir à Stan, un peu comme une tâche ménagère.

Il règne une ambiance étrange dans ce livre, j'aurais du mal à décrire exactement ce qui m'a donné cette impression. C'est l'atmosphère en général : à la fois rétro mais en-même temps futuriste. Un peu comme un livre d'anticipation qui aurait été écrit il y a 30-40 ans. Pas dans le style, mais dans l'atmosphère générale qui s'en dégage. C'est surtout la personnalité de Charmaine je pense qui m'a donné cette impression. Elle passe pour la femme au foyer dans ces vieilles pubs.


Ma vision de Charmaine dans leur nouvelle maison à Consilience


On appréciera beaucoup la plume d'Atwood, qui sait donner consistance à ses personnages, à travers ses mots elle modèle vraiment leur personnalité. Son écriture totalement maîtrisée et cela est très agréable à lire. Même si c'est à la 3e personne, on a vraiment l'impression d'être en train d'écouter les pensées des personnages principaux.

Les personnages ont un côté caricaturale. Leurs traits sont exagérés, et je pense que c'est un choix réel de l'auteure.

D'un côté nous avons Charmaine, qui est niaise, fragile, docile et prude. L'archétype de la vision conservatrice de la femme. Toutefois les membres du sexe féminin ne sont pas toutes comme Charmaine, elles peuvent aussi être manipulatrice (notamment les personnages de Jocelyn et Aurora). Nous avons aussi Veronica, femme émancipée suite à une "erreur médicale" (mais je n'en dirais pas plus pour ne rien spoiler). Pour Atwood il semblerait que l'émancipation de la femme passe par l'inaccessibilité aux hommes, par une rupture totale du jeu de séduction.

De l'autre côté nous avons Stan, qui est plus "neutre". Dans cet univers, il ne fait pas parti des mâles dominant comme Max, Ed ou encore Conor. Mais il passe quand même pour un obsédé sexuel. Comme plus ou moins tous les hommes dans ce roman. Ils ont tendance à être dominateurs, manipulateurs et des assoiffés de sexe qui ne savent pas vraiment se contrôler (vous aussi allez trouver leur moyen de "lâcher la pression" en prison assez... glauque).



Au final ce livre est bien plus profond qu'on pourrait ne le penser en commençant la lecture. le thème du roman comme on pourrait le croire de prime abord, n'est pas directement la relation fantasmée de Stan sur son alternante. Cela est juste le point de départ. Ce n'est pas une histoire d'amour/romance/sexe (pour mon plus grand plaisir car je ne raffole pas de ce genre). Même si l'histoire évolue autour, ce n'est pas le thème central. le livre prend une direction autre que celle qui était attendue mais la trame de fond par contre est un peu classique : l'utopie qui s'avère être mauvaise malgré les idéaux qui semblaient beaux vu de l'extérieur. Mais comme toujours dans ce genre déjà bien éprouvé de la dystopie, l'idée est de faire une critique de la société et ce roman n'y déroge pas.

De nombreux thèmes sont abordés au fil des pages : manipulation, critique du capitalisme (crise économique), une ville où l'ombre de Big-Brother ne plane pas très loin, le questionnement des nouvelles technologies. Thèmes assez classiques du genre. Mais il y a aussi un message féministe qui apporte plus de profondeur à ce roman : critique de la prostitution, de la soumission (acceptée ou imposée suivant la situation) des femmes, de l'objectification des femmes. On a l'impression que l'auteure veut amorcer une réelle réflexion sur les relations entre les membres d'un couple et sur l'attachement amoureux.



Margaret Atwood pose un regard au final assez sombre, très désabusé sur cette société, et sur les humains.



Ce livre aura été une belle surprise. J'étais un peu sceptique par rapport au résumé, mais ce livre a été bien plus intéressant et captivant que je ne le pensais. Ce n'est que le 2e roman que je lis de cette auteure, je ne peux donc pas vraiment comparer avec le reste de son oeuvre (j'ai beaucoup lu que ce roman serait un peu en-dessous de ses autres romans pour les lectures habitués). Mais je sens que je vais m'attaquer au reste de sa bibliographie très prochainement, car elle semble prometteuse :)



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Après La Servante Écarlate, un livre que j'ai trouvé diablement médiocre par rapport à son adaptation télévisuelle, je voulais donner une seconde chance à Margaret Atwood. Bien mal m'en a pris, tant C'est le coeur qui lâche en dernier, roman de science-fiction qui promettait d'être incisif, ne tient pas ses promesses. Les cent premières pages parviennent à décrire parfaitement une société déchue qui pourrait bien être la nôtre demain : l'économie s'est effondrée, et le bas-peuple est condamné à vivoter dans sa voiture ou à s'entretuer dans la rue pour quelques centimes. Jusqu'au jour où Consilience fait son apparition, une ville idyllique (mais quand même un peu glauque et carrément louche) où chacun pourra se reconstruire. Une fois ce début prometteur passé, plus rien ne tient debout dans cette dystopie décevante. Les personnages sont des clichés sur pattes et ne créent jamais l'identification, la vie "futuriste" de Stan et Charmaine perd de sa saveur à force de répétition, et le récit s'enlise très vite dans la vie sexuelle des protagonistes, à coup de jeux de rôle masochistes et de fantasmes mièvres. On ne compte plus les passages où les personnages parlent de sexe (avec leurs "Alternants", un robot ou même un poulet !!!), les mots grossiers, les situations dégradantes et les rapports de force humiliants entre les hommes et les femmes. On ne comprend vraiment pas où l'auteure a voulu en venir avec cette fable ratée, qui a bien des choses à apprendre des grandes oeuvres de la science-fiction (1984, Le Meilleur des mondes, etc.). Après cette comédie de boulevard vulgaire au style peu engageant, une chose est certaine : j'en ai définitivement fini avec Margaret Atwood, on ne m'y reprendra plus.
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Alors Margaret... Comment te dire.

Franchement, ça avait l'air alléchant.
*Chef d'oeuvre *
*Dystopie après un crise économique*
*Une ville qui promet du rêve et de la sécurité mais on ne peut pas en sortir*
Cool, cool, cool.

Et non, honnêtement non.
J'ai un peu perdu mon temps en pensant que ça allait démarrer.
ça part un peu dans du n'importe quoi.
J'ai sorti les rames pour le terminer (et avec cette chaleur, je te raconte même pas comment j'ai sué)

Je ne me suis pas attaché aux personnages et les rebondissements sensés être incroyables m'en ont touché une sans faire bouger l'autre (citation emprunté à Jean-Michel mon tonton, 55 ans, pastissologue)

Mais bon, comme j'ai l'irrigation du cerveau en panne, je me lance sur "la Servante Ecarlate" (c'est mon petit côté sado)

A la pitchoni
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Encore une belle dystopie de Margaret Atwood qui amène à la réflexion de ce que l'être humain est prêt à faire en cas de bouleversement économique. Cependant, cet opus est beaucoup plus drôle que la Servante Ecarlate...
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Loin des fulgurants "la Servante écarlate" ou de "Le tueur aveugle", Margaret Atwood livre une nouvelle dystopie un peu décevante. Une Amérique en crise voit surgir la résidence "Consilience", Stan et Charmaine en sont les nouveaux résidents. le concept : du travail pour tous, un logement en alternance car un mois sur deux ils doivent vivre en prison.
Atwood n'ouvre ici rien de neuf, une lecture éprouvante de "beaufitude" au royaume du communautarisme...
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C'est le coeur qui lâche en dernier
Margaret ATWOOD

Charmaine et Stan sont jeunes mais pauvres.
Mariés depuis peu ils ont perdus emplois puis maison et vivent maintenant dans leur van depuis la crise immobilière de leur Etats Unis d'Amérique.
Dans l'insécurité permanente, la peur de se faire agresser ou voler.
Peu de possibilités s'offrent à eux... sauf peut-être cette nouvelle communauté dont ils voient une publicité.
La ville de Consilience leur offrirait le gîte, le couvert et du travail un mois sur deux.
L'autre mois ils effectueraient des travaux en prison.
Leur maison serait partagée avec leurs alternants.
A la seule condition qu'ils n'entrent jamais en contact avec ces alternants.
Une règle pas si difficile à respecter.
Si ce n'était ce mot aguichant et sa trace de rouge à lèvres que trouve Stan sous le réfrigérateur et qui va tellement l'obséder qu'il va entrer dans un process incroyable dans cette ville à la Truman show.

Mon premier Margaret ATWOOD et j'ai trouvé cette histoire assez originale.
Quelques passages moins intéressants peut-être et un bémol sur la toute fin mais globalement pas mal.
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Un roman dystopie intéressant qui pousse aux questionnements. L'histoire est prenante et je me suis prise d'affection pour les personnages. Les personnages sont tous complexes et il n'y a pas de "gentils" et "méchants". N'oublions pas que l'histoire de ce roman n'est pas si loin de la réalité.
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Il s'agit du dernier livre de Margaret Atwood que j'ai lu rapidement après ma découverte de la Servante Ecarlate, son livre le plus célèbre (critique ici). Sachant qu'il s'agissait d'une nouvelle dystopie [NDLR: Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur], je m'attendais à un livre dans le même ton: dur, noir, elliptique et tranchant.

Tout faux! Bien que s'agissant d'une autre fiction nous projetant dans un futur cauchemardesque, Margaret Atwood nous propose ici une incroyable satire déjantée. Stan et Charmaine vivent dans un monde en ruine, frappé de plein fouet par une terrible crise économique. Comme beaucoup, ils ont tout perdu. Ils habitent dans leur voiture dans un climat d'insécurité permanent. Ils rêvent d'une vie meilleure où ils pourraient s'aimer, s'épanouir et – pourquoi pas – fonder une famille. Ils entendent alors parler d'une ville qui propose à tous un travail, une maison et la sécurité, mais un mois sur deux…. le reste du temps, ceux qui y vivent doivent le passer en prison, tandis que d'autres prendront leur place dans la maison rêvée.

Stan et Charmaine décident de tenter l'expérience.

Voilà un roman complètement fou! Franchement, il fallait oser transformer ce sujet en un objet burlesque, aussi loufoque, loin, très loin du climat anxiogène de la Servante Ecarlate. le récit s'aventure même à un moment vers la comédie érotique comme ne l'aurait pas reniée San Antonio!

C'est un sacré tour de force que réussit là Margaret Atwood. Elle propose une trame dystopique très marquée et très sérieuse qui interroge sur le degré d'aliénation et les compromis que nous sommes capables d'accepter en échange du confort et de la sécurité. Mais, en même temps, le récit qui prend forme devient à chaque page plus débridé et grivois. La noirceur prend alors des allures de comédie totalement décomplexée. On se demande où tout cela va bien pouvoir nous mener et on se laisse mener par le bout du nez dans cette épatante et délirante comédie noire, d'un mauvais goût assumé.

Qu'une femme de 77 ans, considérée comme l'un des plus grands écrivains canadiens, faisant partie de la short-list des nobélisables, ose se moquer à ce point des conventions et du bon goût et le fasse avec un tel talent et un tel entrain est proprement réjouissant! le dernier Vagas Llosas (nobélisé et âgé de plus de 80 ans) nous offrait déjà il y a quelques mois de savoureux moments érotiques. Comme quoi au pays des grands écrivains, on est longtemps vert!

Tom la Patate
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Dans le genre fiction, cette dystopie colle d’assez près à une réalité qui nous est proche et qui nous inquiète. Les deux jeunes protagonistes, Charlaine et Stan ont tout pour réussir, un job, une maison. Puis tout s'écroule, le travail vient à manquer, ils doivent quitter leur maison, et ils se retrouvent à vivre de petits boulots, au jour le jour, avec pour seul abri une voiture pourrie, dans une région en ruine. Ainsi débute le livre.
A la fin du livre, les 2 protagonistes se retrouvent, avec la liberté de vivre leur vie comme ils l'entendent.

Entre ces 2 épisodes, l'histoire imaginée par l'auteur nous présente le côté sombre de notre monde, l’envers du décor, dans lequel le couple a accepté de vivre (pour survivre) et ceci pour toujours. Tout y est : les robots qui ressemble à la personne fantasmée, une tête réelle à l’accueil des différents services en guise de borne, la surveillance permanente, la sensation d’être en permanence sous cloche, de n’avoir pas de choix et d’être manipulé, l’organisation du temps.

L'histoire est bien construite, prenante, il y a de la tension, il n'y a pas de longueur.
Est-ce que l'homme ou ici la femme peut prendre la décision d'éliminer un être aimé ?
Le robot remplacera t'il l'être humain dans les relations sexuelles ?
Que deviennent les personnes âgées, donc inutiles ?

Il y a dans cet ouvrage de la tragédie et de la dérision, …..

Y aurait-il une échappatoire pour nos deux protagonistes aventuriers ?
Ce livre m'a plu.
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Il est de bon ton d'encenser Margaret Atwood en ces temps d'adaptation télévisuelle de ses oeuvres mais là, non, franchement, c'est laborieux. Désolé de ne pas rentrer dans une dithyrambe, elle n'a de toutes façons pas besoin de moi. Autant j'avais aimé "Le dernier homme", dystopie effrayante sur les manipulations génétiques, ici, cette version revisitée du "Meilleur des mondes" sent le réchauffé et le déjà vu. le formatage des esprits à des fins mercantiles est un classique de l'anticipation. Les personnages ne sont pas crédibles et l'idée des robots sexuels me paraît un peu "appuyée". On n'y croit pas une seconde à ce concours merveilleux, à ce monde meilleur, les héros semblent aveugles et la description de la décrépitude sociale ressemble un peu trop à un reportage télévisuel d'aujourd'hui. L'auteure n'a pas dû voir de banlieues difficiles depuis longtemps.
Les états d'âme du couple phare sont limite risibles et le tour de passe-passe final sent le bâclé, qu'on en finisse a-t-elle dû se dire !
Faites comme vous voulez mais il y a mieux en ce moment sur les tables des libraires.
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