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sur 389 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 #16 °°°

Direction la Norvège arctique. Archipel du Svalbard, sa capitale Longyeabyen, la « ville » ( seulement 2400 habitants ) la plus septentrionale de la planète, sa nuit polaire hivernale, ses anciennes cités minières, son université en études de biologie arctique, sa réserve mondiale de semences. Une étudiante y est retrouvée morte. Des milliers de kilomètres plus au Sud ( mais toujours au-delà du cercle polaire ), les îles Lofoten qui vivent au rythme de la pêche au skrei. le corps d'une autre femme est retrouvée.

Deux enquêtes, deux enquêteurs aux fortes convictions qui ne croient pas aux versions initiales, trop faciles. Lottie Sandvick, flic pugnace qui semble avoir « fui » un passé douloureux en mutant au Svalbard, territoire réputé à l'abri des assassinats et morts crapuleuses, a l'intuition qu'il y a quelque chose qui cloche dans la mort de l'étudiante attribuée à un ours. de son côté, le journaliste reporter de guerre Nils Madsen n'admet pas que son ancienne amoureuse ait pu se suicider. Evidemment, les deux morts suspectes le sont réellement, évidemment elles sont liées, évidemment les deux enquêtes vont se croiser.

Incontestablement, Morgan Audic maitrise son sujet. Les reconstitutions de ses terres arctiques reculées sont très immersives, on a l'impression de voir les lieux décrits, de saisir les ambiances très particulières de la nuit hivernale polaire, de comprendre les dynamiques territoriales. L'intrigue enquêtes en elle-même est solidement construite avec de nombreuses fausses pistes crédibles qui nourrissement l'avancée du récit et permettent d'appréhender la vérité.

Mais voilà. J'avais sans doute trop d'attente tant j'avais adoré le précédent polar de l'auteur, de bonnes raisons de mourir, qui se déroulait dans la zone d'exclusion irradiée de Tchernobyl. Cette fois, j'ai trouvé que ça ronronnait un peu trop, que la trame polar était très classique. Je ne me suis jamais ennuyée, mais ne me suis pas sentie impliquée à 100%.

La faute sans doute à mon passé de lectrice qui a déjà lu pas mal de polars arctiques écrits par des romanciers français : Mo Malø et sa quadrilogie au Groenland inaugurée par Qaanaaq, ou encore Caryl Férey et son Lëd qui explore la Sibérie. Bien que les pattes d'auteurs cités soient très différentes de celle de Morgan Audic, plus sobre et géopolitique, ces lectures antérieures ont quelque peu façonné mon imaginaire arctique ... et une sensation de déjà-lu s'est imposée tout au long de ma lecture de ce troisième roman de Morgan Audic.

Au final, ce qui m'a le plus intéressé, c'est le talent de l'auteur à intégrer et manier des thématiques passionnantes : celles liées à des préoccupations environnementales ( réchauffement climatique, pêche à la baleine décriée, échouage de cétacés pour causes anthropiques ) et géopolitiques post guerre froide avec la présence russe symbolisée par Pyramiden, enclave soviétique devenu ville fantôme dans le Svalbard mais dont la présence de quelques gardes russes brandit encore l'étendard russe. le dénouement est malin, brassant toutes les possibilités offertes par la vision panoramique très réaliste que propose l'auteur.

Ma notation est un peu « fraîche » car il m'a manqué l'étincelle qui fait décoller une lecture et vibrer au diapason des personnages, mais je suis persuadée que ce polar enthousiasmera le plus grand nombre.

Lu dans le cadre d'une Masse critique Babelio
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Pour un dépaysement, ce thriller est un vrai dépaysement dans lequel Morgan Audic nous entraîne dans le sillage de deux victimes.
Le corps dans un sale état de la première, vraisemblablement déchiquetée par un ours, a été retrouvé sur l'archipel du Svalbard, près de Longyearbyen, dernière ville avant le pôle Nord, autant dire que le climat n'y est pas vraiment tropical.
Une partie du job de Lottie Sandvik, enquêtrice des services de police du gouverneur du Svarland consiste à faire en sorte que la cohabitation avec les ours se passe le mieux possible en gardant à l'esprit que le pire peut toujours arriver comme cela semble venir de se produire. C'est elle qui est donc chargée de mener l'enquête pour la mort d'Agneta Sorensen, vingt-six ans, originaire de Tromsø, étudiante à l'UNIS, l'université du Svalbard où elle préparait un doctorat en biologie arctique. Son dernier message sur Insta : « On n'imagine pas toute la cruauté qu'il peut y avoir chez l'homme. »
Le deuxième cadavre découvert, celui d'une ex-journaliste, a été trouvé, à des milliers de kilomètres de là, sur une plage isolée des îles Lofoten, en Norvège continentale. Après autopsie, la thèse du suicide a été retenue.
Pour Nils Madsen, cette nouvelle est inconcevable car, après avoir été reporter de guerre aux côtés de Nils, couvert les conflits les plus durs sur tous les continents, Åsa avait décroché et trouvé son salut huit ans plus tôt dans les Lofoten après avoir plongé avec les orques. Elle était depuis, à la tête d'une agence d'excursions en mer, à Svolvaer, la capitale.
À priori, rien ne lie ces victimes, si ce n'est qu'elles s'intéressent de près aux mammifères marins...
Il se trouve que nos deux enquêteurs sont aussi motivés et entêtés l'un que l'autre, la flic n'est pas du tout convaincue par cette attaque d'ours, et le reporter de guerre ne peut envisager que son ex-collègue se soit suicidée.
Il va leur falloir effectivement beaucoup de pugnacité s'ils veulent élucider ces deux fins tragiques les conflits politiques étant prêts à rejaillir. Ils vont se retrouver vite confrontés à cette triste réalité que la nature est une marchandise et ses défenseurs des cibles de choix.
J'ai été happée dès le début, d'une part par la découverte de ces territoires du grand Nord où le soleil ne se lève pas pendant des semaines, que l'on connaît si peu, et par leur mode de vie. Vendu sur le papier comme un petit paradis glacé, mais où la réalité est autre…
On aimerait se prendre à rêver devant ces paysages magnifiques et cette faune de toute beauté, qu'il s'agisse des oiseaux, des ours ou des baleines, orques, cachalots ou bélugas mais une menace plane…
Personne ne meurt à Longyearbyen est un thriller glaçant, non seulement par les températures sous lesquelles il se déroule mais surtout par la cruauté et la cupidité dont se révèlent capables les hommes lorsqu'il s'agit d'assouvir leur désir de s'enrichir ou d'asseoir leur pouvoir.
Sous couvert de préservation de coutumes ancestrales, combien d'animaux en ont et en font toujours les frais ?
Glaçant, et pourtant le réchauffement climatique est là, déjà bien installé. Pour preuve, ces ours qui s'approchent de plus en plus des endroits occupés par les humains pour y trouver de quoi se nourrir, la banquise reculant chaque année et la chasse aux phoques se complexifiant donc pour ces plantigrades.
Morgan Audic, en nous plongeant dans ces confins sauvages de l'Arctique nous ouvre un univers fascinant quasi irréel qu'on aimerait tant voir préservé !
Outre l'intrigue menée de main de maître avec une résolution tout à fait inattendue, l'auteur a su distiller tout au long du récit quantité de faits fort instructifs et intéressants. C'est ainsi que j'ai pris connaissance du fait que depuis les années 1930, la Norvège avait laissé s'installer une enclave russe sur son territoire, sur l'archipel du Svalbard, et que le village russe de Barenstburg organisé autour d'une mine de charbon résistait encore et toujours à l'occident !
Si j'étais au courant de l'existence de cette Réserve mondiale de semences, cette chambre forte souterraine creusée près de la petite ville de Longyearbyen, j'ignorais qu'en mai 2017, celle-ci avait été inondée à cause du réchauffement climatique, le pergélisol, la couche de terre qui ne dégelait jamais ayant fondu…
Bien d'autres éléments encore interfèrent dans le roman, rehaussant toute la crédibilité de cette lutte acharnée que doivent mener les écologistes.
Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic a été pour moi un immense coup de coeur et je remercie pour cette lecture passionnante Babelio et les éditions Albin Michel.

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Personne ne meurt à Longyearbyen car chacun y sort OBLIGATOIREMENT armé d'un fusil. A cause des ours qui ont parfois une petite faim à assouvir. 1000 ours polaires cohabitent avec 3000 habitants sur l'archipel de Svalbard.

Cet archipel administré par la Norvège est à 1000 kilomètres au nord de Narvick. C'est un territoire neutre, démilitarisé, où n'importe quel pays est libre d'exploiter les ressources locales comme la Russie qui y gère des mines de charbon. A l'époque de l'URSS la population russe y dépassait la population norvégienne. Aujourd'hui 3 consulats russes administrent les mineurs, souvent issus du Donbass, et donc partagés entre russes et ukrainiens … Situé géographiquement à l'ouest de la Norvège, ce territoire se trouve stratégiquement proche de la Russie.

Depuis le déclenchement de « l'opération spéciale en Ukraine » la conjoncture s'est refroidie à Longyearbyen. le gel des transactions financières interdit aux russes de l'archipel d'utiliser leur cartes de crédits et les Distributeurs de Billets.

Simultanément le réchauffement climatique ouvre des perspectives économiques et logistiques qui suscitent des convoitises et placent Svalbard au coeur de l'échiquier mondial.

Les températures sont polaires sur l'archipel et les nuits hivernales fort longues. C'est un vrai désert médical et chaque malade, chaque femme enceinte, chaque vieillard est transféré en Norvège…. Personne ne meurt à Longyearbyen

C'est dans ce contexte, très clairement exposé par Morgan Audic, enseignant d'histoire et géographie, que se déroule ce thriller, reçu à l'occasion d'une « Masse critique » spéciale.

Sans divulgacher l'intrigue, découvrir le cadavre d'une étudiante grignotée par une ours est une anomalie statistique car les femelles sont (comme chacun le sait) moins gourmandes que les mâles et ce détail attire l'attention de la police … de plus cette suspecte est morte non pas d'indigestion, mais d'un coup de feu …

Ce roman est un vrai coup de coeur : didactique, écologique, original, politique, chaque chapitre rebat les cartes et alerte le lecteur sur les enjeux climatiques, économiques et militaires. le lecteur en sort bien documenté, c'est un livre « intelligent ». L'écriture est fluide et précise, les protagonistes bien campés et l'intrigue policière (lisible par tout public) est habilement tissée et offre un twist final stupéfiant.

« Personne ne meurt à Longyearbyen », évoque les meilleurs romans de Michel Bussi (autre géographe), et s'inscrit au rang des chefs d'oeuvres. Cinq étoiles sans hésitation malgré la coquille de la page 210 « Elle a déjà fait amené des copains à elle pour bloquer le port. »

Merci à Babelio et à Albin Michel pour leur confiance renouvelée ; je vais chasser les autres titres de Morgan Audic, découvert à Longyearbyen.
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Recette pour écrire un polar :

1. le lieu
La France c'est banal. Choisissez un lieu plus exotique. Si les îles des mers du sud ne vous tentent pas, visez le nord. Pourquoi pas la Norvège ? le Svalbard, les îles Lofoten ! C'est cool, c'est original, c'est glacial, c'est dépaysant.

2. Les enquêteurs
Il vous faut un flic forcément. Une femme, c'est bien ça, une femme. C'est dans l'air du temps. Mais une femme avec des problèmes, des failles. Il ne faudrait pas qu'elle soit heureuse, ce serait ennuyeux. Un divorce qui se passe mal et des troubles de l'anxiété ? Parfait !
Et si on la faisait collaborer avec un journaliste, mieux, un reporter de guerre ? Un type shooté à l'adrénaline qui a couvert tous les conflits sur la planète, un vrai mec quoi !

3. Les crimes
Alors…il en faut deux ! Avec deux enquêtes parallèles qui finissent par se rejoindre. C'est un procédé qui a fait ses preuves.
Le premier, ce serait une étudiante déchiquetée par un ours polaire ! On est dans le Svalbard oui ou non ?!
Le deuxième, une autre femme…Et pourquoi pas un meurtre déguisé en suicide ? C'est toujours une bonne idée pour faire briller un civil plus malin que les policiers locaux.

4. Les méchants
Les Russes bien entendu ! Ils faisaient de parfaits méchants pendant la guerre froide et le filon a bien été exploité. Depuis la glasnost, on les a un peu oubliés mais avec ‘'l'opération spéciale'' en Ukraine, ils peuvent redevenir à la mode…

5. le contexte
Alors là, c'est du tout cuit ! Il faut parler d'écologie, de préservation de la nature, de protection animale, de réchauffement climatique. C'est dans l'air du temps et ça parle à tout le monde.

Une fois tous ces ingrédients, débrouillez-vous ! Il y a de quoi faire avec le froid, la glace, les aurores boréales, les bélugas, les baleines, les pêcheurs, les scientifiques, les méchants, les gentils, etc.

Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour ce polar qui ne m'a pas convaincue mais qui a déjà conquis d'autres lecteurs.
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Polar très nordique, puisque l‘action se situe sur l'archipel Svalbard, dernière étape avant l'arctique. le cadavre d'une jeune étudiante git dans la neige, non loin d'un cachalot échoué, et un premier bilan laisse supposé qu'un ours est passé par là. L'affaire devrait être vite réglée, pourtant Lottie, en charge de l'enquête tique sur des détails qui manquent de logique pour un scénario aussi simple.

Plus au sud, dans les îles Lofoten, un jeune femme s'est suicidée. Pourtant, cette reporter de guerre ne semblait pas vouloir en finir avec la vie, elle était engagée dans un combat difficile pour la sauvegarde des mammifères marins et malgré un divorce récent ne semblait pas déprimée. C'est en tout cas ce dont et convaincu Madsen, son collègue, qui essaie d'en savoir plus.

Une belle aventure au coeur de ces régions hostiles, froides et sombres, où s‘affrontent les artisans de la conservation de la nature et ceux dont le profit constituent le seul but.

Les personnages participent à l'intérêt pour l'histoire, et en particulier Lottie, dont les angoisses envahissent son quotidien et qui croyait trouver dans des contrées peu peuplées un second souffle. Avec Madsen, on comprend le phénomène attrait répulsion que suscite le reportage de guerre.

Au delà de la double enquête passionnante, une intéressante analyse politique et écologique dont on dévore chaque page.



Je remercie les éditions Babelio les éditions Albin Michel

384 pages Albin Michel 13 septembre 2023
Masse critique privilégiée Babelio

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Je tiens tout d'abord à remercier la maison d'édition Albin Michel et Babelio pour l'envoi de ce fascinant roman dans le cadre d'une opération masse critique privilégiée.

"Fascinant" est bien le terme pour qualifier ce roman dans lequel l'auteur capte l'attention du lecteur encore plus que dans son best-seller "De bonnes raisons de mourir" de 2019, qui a reçu 306 billets favorables sur notre site de lecteurs, dont le mien du 25 avril 2019.

En effet, Morgan Audic a réussi l'exploit de nous raconter, en alternance, une double enquête policière située dans un décor digne d'un setting géographique hollywoodien.

Les descriptions des conditions de vie au sommet de notre continent dans les archipels de Lofoten et de Svalbard en Norvège septentrionale et plus précisément dans cette petite ville au nom difficilement prononçable de Longyearbyen est digne du meilleur guide Baedeker. Pour ce qui est de la prononciation, cela aide si l'on sait qu'il y a eu un homme d'affaires américain qui a créé cette petite ville en 1906 pour l'exploitation de charbon et qui s'appelait John Munro Longyear (1850-1922) et que le suffixe "byen" se réfère à une ville en Norvégien. Cet endroit exotique arctique comptait exactement 2.417 habitants en 2020.

Il se trouve que j'ai une nièce (la fille aînée de ma soeur aînée) qui vit à Harstad à moins de 300 kilomètres de Tromsø, le point de départ des excursions vers les archipels précités, et donc dans le cercle polaire. Une région que j'ai pu explorer un peu à l'occasion de son mariage avec un toubib norvégien pour lequel j'avais l'honneur d'être son témoin.

Mon intérêt pour cette partie du globe ne date ainsi pas d'hier, n'empêche que l'auteur m'a éberlué par sa profonde connaissance de cet univers bien à part.

C'est sur cet arrière-fond spectaculaire que 2 jeunes femmes connaissent une fin de vie bizarre : Agnete Sørensen de la ville de Tromsø, une étudiante en biologie arctique, se serait fait déchiqueter par un ours blanc et Åsa Hagen, ex-reporter et fondatrice de l'agence Nordland Safari se serait jetée à la mer près de Solvær dans les îles de Lofoten.

Ce sera l'inspectrice Lottie Sandvik, de la police de la gouverneure de Svalbard et avant de la brigade criminelle d'Oslo, qui mènera l'enquête sur la mort d'Agnete Sørensen et le reporter de guerre, ancien amant et collègue d'Åsa Hagen, Nils Madsen, qui se chargera de l'enquête sur son soi-disant suicide.

Je ne dirai pas un mot sur ces enquêtes captivantes, que je vous laisse suivre en toute tranquillité, pour vous signaler que l'auteur nous explique également la difficulté pour faire respecter les règles internationales relatives à la protection de certaines espèces animalières comme l'ours polaire, l'histoire mouvementée des baleiniers et la tension politique avec les Russes à Svalbard, qui s'est empirée depuis l'invasion militaire d'Ukraine par Poutine.

Bref, un livre exceptionnellement informatif tout en étant aussi extraordinairement riche en intrigues et actions.
Ce qui m'étonne, c'est que "Personne ne meurt à Longyearbyen" n'a pas encore reçu un beau prix littéraire, mais ce moment viendra sûrement bientôt.
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Un polar classique tant dans son déroulement que dans ses personnages mais dépaysant par le lieu où il se passe avec deux intrigues entre les îles Lofoten et l'archipel du Svalbard !

Un meurtre qui est passé pour un accident suite à une mauvaise rencontre avec un ours d'une part et des animaux marins scarifiés d'autre part, pour la partie enquête.

Morgan Audic est journaliste et toute la partie géopolitique des deux régions est très bien décrite avec l'antagonisme avec les Russes depuis la guerre en Ukraine, l'écologie avec la protection de la faune aquatique face aux pécheurs locaux.

C'est une des facettes que j'aime beaucoup dans ses polars qui ne se contentent pas d'être localisés ailleurs qu'en France, à travers eux nous avons un aperçu des problèmes inhérents à ces régions ou ces pays et les enquêtes sont une façon simple d'aborder les sujets !

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Prof d'histoire-géo à la ville, Morgan Audic est aussi auteur de thrillers. Il imagine des crimes barbares commis dans des contextes géopolitiques troubles et troublés. J'avais apprécié son précédent ouvrage, de bonnes raisons de mourir, dont l'essentiel de l'intrigue prenait place, pendant la guerre du Donbass, dans la zone irradiée de Tchernobyl, retournée à l'état sauvage après l'explosion de la centrale.

Son dernier roman, Personne ne meurt à Longyearbyen, m'a embarqué en plein hiver pour le Svalbard, un archipel norvégien, situé bien au-delà du cercle arctique. L'été, on peut y apercevoir le fameux Spitzberg ; l'hiver, on ne peut espérer contempler que des aurores boréales. le territoire bénéficie d'un statut diplomatique spécial, car il est tenu pour stratégique par plusieurs pays, et tout particulièrement par la Russie. On y trouve des centres de recherche d'avant-garde en biologie marine. Les conditions climatiques, la configuration désertique et la présence d'ours blancs représentent de telles difficultés dans la vie courante, que les autorités locales sont très attentives à la sécurité et au bien-être de chacun. Tout est fait pour qu'on ne meure pas au Svalbard.

Et pourtant l'on y découvre le corps d'une jeune femme à moitié dévorée par un ours blanc ; une thésarde, qui étudiait l'impact de l'activité humaine sur le comportement des mammifères marins. Accident ? C'est ce que voudraient croire les autorités et la petite équipe de police locale. Dans un thriller, c'est toutefois peu probable. Ce n'est pas non plus l'avis d'une jeune inspectrice récemment installée à Longyearbyen pour se ressourcer, loin de la trépidation stressante des grandes villes.

Une deuxième intrigue se développe dans un autre archipel, plus au sud, à proximité des côtes norvégiennes. Les îles Lofoten ont longtemps vécu de la pêche. Puis le tourisme a pris de l'ampleur, dopé par les superbes paysages de fjords et de reliefs rocheux, ainsi que par la curiosité pour les évolutions des baleines, des bélugas et des orques. Une ex-journaliste de guerre vient de s'y installer, en vue d'une reconversion dans le tourisme marin.

Elle est retrouvée morte, noyée. On pense qu'elle s'est jetée à l'eau. Dépression ou quelque chose comme ça. Bien sûr, un journaliste, ancien partenaire de la victime, n'en croit rien et il investigue.

Deux enquêtes, donc. Convergeront-elles ?

Dans ces régions du Nord profond, on imagine aisément des tempéraments humains sages, réglo, respectueux. Il n'en est rien. Les pêcheurs de saumons, de cabillauds, de baleines n'en font qu'à leur tête. Ils pestent et se rebellent contre les règlements européens et contre les défenseurs de la cause animale. Ceux-ci surveillent ceux-là et n'hésitent pas à dénoncer les nombreuses transgressions. de menaces en provocations, tout peut survenir.

Sans compter que dans certaines bases militaires, on a appris à dresser des cétacés à des fins de reconnaissance sous-marine.

Ce thriller très documenté m'a passionné pendant 45 chapitres (sur un total de 53). J'ai suivi avec plaisir et curiosité les pérégrinations de la policière et du journaliste, deux personnes abimées par la vie, qui enquêtent avec détermination, parcourant sans relâche des territoires nocturnes, glacés et sauvages, pour interroger les suspects. Au bout du compte, on trouve au Svalbard des êtres humains ni meilleurs ni pires qu'ailleurs, qu'ils agissent par intérêt personnel ou pour le compte d'une grande puissance.

Les huit derniers chapitres m'ont un peu déplu. Non pas sur le fond ! Je regrette une espèce de naïveté dans la narration, tant pour les scènes de lutte préalable à l'arrestation du criminel, que pour les trop longues révélations apportées ultérieurement. Mais cela n'efface pas ma bonne impression générale.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Il y a quelque chose de pourri dans les îles de l'Arctique…

Au Svalbard, l'archipel le plus au nord de la Norvège puis dans les îles Lofoten un peu plus bas à l'Ouest, deux cadavres de femmes sont retrouvés. L'une a été partiellement dévorée par un ours ; l'autre semble s'être suicidée. Semble…

Agneta et Asa, deux inconnues mais un point commun : un intérêt marqué pour les orques, cachalots, bélugas et autres mammifères marins qui s'échouent trop souvent sur les côtes, traqués par des braconniers avides ou victimes collatérales de pêcheurs intensifs.

Dans le Svalbard, c'est Lottie qui enquête, flic rongée par ses traumas passés et ses crises d'angoisse, sans compter ses problèmes familiaux ; dans les Lofoten, Madsen, grand reporter qui a autrefois travaillé avec Asa lors du printemps arabe ne se résoud pas à la thèse du suicide.

Mais dans ces îles où la vie est rude et le soleil absent d'octobre à février jusqu'à son retour au Solfestuka, l'un comme l'autre ne sont pas les bienvenus et les pêcheurs locaux, comme les flics ou les scientifiques russes se chargent rapidement de leur faire savoir.

Personne ne meurt à Longyearbyen est un polar classique, au thème et territoires connus, qui ne bouleverse certes pas le genre mais qui a le mérite d'être addictif en parfait pageturner qu'il est, et ses 375 pages, ponctuées de très nombreux dialogues, se lisent quasi d'une traite ; et c'est déjà beaucoup.

Un regret toutefois : qu'il soit justement trop convenu, alors que j'attendais tellement plus de l'auteur du superbe de bonnes raisons de mourir. Un peu comme les bons élèves qui ont parfois la tentation de passer les épreuves sans forcer leur talent.

Reste - répétons-le - un bon polar qui tient la route, et qui confirme le talent d'Audic.
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Après les lions et les rhinocéros dans Okavango de Caryl Ferey, après les ours dans Et vous passerez comme des vents fous de Clara Arnaud, voici venir s'échouer, baleines, bélugas et dauphins dans l'Archipel du Svalbard et dans les Iles Lofoten ...
Triste Planète !

Ces morts suspectes accompagnées de mutilations interpellent une jeune scientifique, Agneta , retrouvée déchiquetée par un ours près du cadavre d'un béluga .
C'est Lottie ,une jeune flic de Longyearbyen qui est chargée de l'enquête , elle n'est pas cependant persuadée malgré les apparences que la mort de l'étudiante soit due à l'ours.

Dans les Iles Lofoten, Asa, une ancienne journaliste de guerre, convertie dans les activités touristiques autour des cétacés, est retrouvée noyée après avoir sauté d'un pont.
Son ancien ami, le journaliste Nils Madsen ne croit pas à un suicide et se rend sur place.

On se rend compte que , même dans ces contrées arctiques, isolées, au dur climat et aux conditions de vie compliquées,avec des nuits polaires interminables , les hommes ne se battent pas que pour leur survie et dans les deux cas de morts suspectes, les coupables potentiels sont légion : les pêcheurs baleiniers dont les pratiques sortent de la légalité et qui tuent sans scrupules, des russes occupant une ancienne ville dans une enclave et aux activités peu claires, un professeur d'université irascible, un chasseur solitaire et asocial , des jeunes nostalgiques de l'extrême droite ...

J'y ai appris beaucoup de choses sur l'espionnage, sur le braconnage , sur les recherches scientifiques, l'exploitation des animaux ...

Le rythme est soutenu , et j'ai bien aimé suivre nos deux enquêteurs , même si j'avais préféré @De bonnes raisons de mourir du même auteur.

Je vais faire en sorte de choisir des sujets plus légers pour mes prochaines lectures car la constatation de ces ravages de notre faune et de notre monde en général me dépriment gravement...


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