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EAN : 9782020932608
117 pages
Seuil (23/08/2007)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Lorsque Rick (Humphrey Bogart) entre dans sa chambre et allume une lampe, il découvre Ilsa (Ingrid Bergman), debout devant la fenêtre, en train de regarder la nuit de Casablanca ; elle se tourne vers lui, son visage est encore dans la pénombre, et nous la voyons avec les yeux de Rick. Ni lui ni nous n’oublierons jamais cette apparition. Pour lui, pour nous, irréelle et évidente, elle est déjà un souvenir.

M. A.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Célèbre anthropologue, Marc Augé délaisse ici ses thèmes professionnels de prédilection pour aborder ses souvenirs lié au film Casablanca (de Michael Curtis avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman) qu'il a vu à sa sortie en France en 1947 et à l'âge de 11 ou 12 ans dans un cinéma du quartier Latin (un authentique avec de vraies ouvreuses).
A ce film mythique qui traite « de la mémoire et du souvenir, de la fidélité et de l'oubli », Marc Augé associe toute la période de son enfance (l'avant-guerre, l'exode, l'occupation).
Mais au-delà de ces souvenirs personnels, Marc Augé évoque également la magie du 7°art et décortique avec justesse certains aspects techniques comme le montage qui gomme la banalité de la vie, ou les flash-back qui « conjuguent le passé au présent ».
Un petit ouvrage passionnant !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La relecture d’un roman, à quelques années d’intervalle, peut donner lieu à des impressions et des interprétations différentes. Le lecteur est toujours un peu l’auteur du roman qu’il li ou relit. Au théâtre, il est habituel qu’une même pièce soit reprise dans une autre mise en scène et avec d’autres acteurs : c’est une autre interprétation de la pièce et éventuellement de ses personnages qui est alors proposée aux spectateurs.
Rien de tel au cinéma (si le mets à part le cas des « remakes ») : c’est toujours le même film que l’amateur de cinéma retrouve, les mêmes personnages, les mêmes acteurs. Lorsque le film qu’il revoit lui semble avoir « vieilli », comme l’on dit, c’est lui qui a changé, en fait.
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Il y a une suite aux souvenirs, et c’est ce qui en rend la gestion délicate. Le film du souvenir est toujours inclus dans un film plus long, le film de la vie, qui en infléchit le sens, parce que le regard de celui qui en est tout à la fois le personnage, l’acteur et l’auteur change. Julien Gracq, dans son livre de souvenirs, « Les Eaux étroites », décrit dans le détail une promenade, souvent faite depuis sa première jeunesse, au bord d’un petit affluent de la Loire, l’Èvre, et termine en expliquant pourquoi il ne souhaite plus vraiment la refaire. Car la magie de cette excursion tenait non seulement à la beauté du lieu, sans doute toujours intacte, mais aussi à son désir, au « sang jeune » de celui qui le parcourait « tourné vers l’avenir ». L’avancée en âge rend cette perspective caduque. Tout retour sur les lieux du rêve initial est nécessairement décevant, comme Proust en avait fait l’expérience, parce qu’il impose l’épreuve de l’impossible retour vers soi – ce « soi » qui a bougé et ne considère plus le temps du même point de vue.
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C’est parce que nous avons besoin de croire à l’amour, à l’héroïsme et au renoncement que nous adhérons d’instinct à la version la plus romantique de l’histoire et, dans le secret de notre mémoire, laissons opérer le montage intime et personnel de notre film, de film dont le titre « Casablanca », chaque fois que nous le prononcerons, résonnera dorénavant en nous comme un souvenir venu de loin.
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Nous ne pouvons nous empêcher de pleurer au spectacle du mélodrame. À cause des visages, d’abord, ces visages émus et émouvants, en plans rapprochés, dont nous décryptons les moindres nuances comme si elles nous étaient destinées. À cause de ce léger « flottement » dans l’attitude des personnages, qui provient peut-être des hésitations du réalisateur, mais exprime surtout les incertitudes de la vie, de nos illusions – celles de la mémoire, bientôt, comme si les incertitudes de la mémoire, par une sorte d’étrange fidélité, reproduisaient celle du passé. À cause de ce besoin de tristesse et de beauté qu’il nous arrive de ressentir dans les hauts lieux de la détresse et de la séparation, les gares, les aéroports, et qu’un refrain, de temps à autre, fait resurgir sans raison.
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Un film est la combinaison de trois regards : celui de la caméra, qui obéit au réalisateur ; celui du personnage principal, avec lequel il arrive que le premier se confonde quand la caméra se fait « subjective » ; celui du spectateur, enfin, qui est pris en charge par les deux autres, le temps d’une séance de projection. Paradoxalement, c’est en définitive le dernier regard, le regard du spectateur, pourtant tributaire des deux autres, qui fait ou défait le film, selon qu’on se laisse guider ou non par le premier et s’identifie ou non au second.
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Videos de Marc Augé (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marc Augé
2028 : on apprend qu?un homme décédé en 1978 à la suite d?un cancer vient d?être ressuscité par une équipe française qui, soutenue en secret par la présidence de la République, a pris une avance considérable dans le domaine de la cryogénisation, technique qui permet le refroidissement du cadavre jusqu?à ? 196 °C, puis sa « réanimation ».
Le héros de cette histoire, brillant universitaire né en 1940, est confronté au fait d?avoir à reprendre sa vie après une interruption d?un demi-siècle qui perturbe ou anéantit ses relations de parenté et d?amitié?
Ressuscité ! est une farce politico-scientifique, dans le style de la Sacrée semaine, qui aborde frontalement les questions de la vie, de la mort et de l?avenir de l?humanité.
Marc Augé est l?un des plus grands anthropologues français. Ancien élève de l?École normale supérieure, il a présidé l?École des hautes études en sciences sociales, où il a succédé à Fernand Braudel, Jacques le Goff et François Furet. Fondateur du Centre d?anthropologie des mondes contemporains de l?EHESS, il est l?auteur d?une quarantaine de livres qui font autorité, dont Génie du paganisme, Non-lieux ou encore Une ethnologie de soi. Il a, plus récemment, publié La sacrée semaine qui changea la face du monde, qui a connu un grand succès.
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Marc Augé, (1935-2023) anthropologue des « non-lieux » contemporains

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