Ne serait-ce que pour l'ironie mordante qui la caractérise - et qui surprend sans aucun doute celles et ceux qui ne l'ont jamais lue - j'aurais aimé avoir la possibilité de passer quelques heures auprès de
Jane Austen, chez elle, vêtue de l'une de ces belles robes de l'époque, et l'écouter parler!
L'héroïne de ce roman, Catherine, une jeune provinciale mettant pour la première fois les pieds à Bath, station thermale huppée, chaperonnée par les Allens, pourrait être agaçante de pureté et naïveté, si elle n'avait pas ce caractère doux certes, mais réfléchi, et cette curiosité un peu macabre qui l'amène à fouiller - lors d'un passage parodique de la littérature gothique - les meubles et couloirs sombres de
Northanger Abbey.
Personnage austénien par excellence, tout comme Henry ou encore John - qui ne fait pas assez d'apparitions dans ce roman à mon goût - on sait à quoi s'attendre avec eux, on anticipe déjà les rebondissements, mais ça rend la lecture d'autant plus agréable puisque c'est un plaisir un peu facile. Isabelle et son frère sont délicieux d'hypocrisie, tout comme Henry et sa soeur le sont de bons sentiments. Mais ce qu'il y a d'encore plus délicieux, c'est la narration de
Jane Austen elle-même, interpellant le lecteur, se moquant des procédés littéraires et jouant avec plaisir à une lecture à double niveaux, où le lecteur comprend ce que la jeune et naïve Catherine tarde à saisir.
Je n'ai pas eu l'énorme coup de coeur comme pour
Mansfield Park, certes, mais c'était quand même bien agréable!