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4,06

sur 1014 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La dolce vita version gloss à la fraise et string à paillettes.
Francesca et Anna, 13 ans bientôt 14, sont les meilleures amies du monde et habitent le même immeuble face à la mer, dans la cité côtière et industrielle de Piombino, juste en face de l'île d'Elbe. Les touristes ne font que traverser leur ville, qu'elles sont vouées à ne jamais quitter. Mais pour l'instant, en cet été 2001, elles en sont les reines, tant elles irradient de beauté et de jeunesse. Cependant, malgré le soleil d'Italie, la vie n'est pas si simple au pied des hauts-fourneaux de l'aciérie qui barrent le ciel immense et bleu.

Ce n'est pas le roman auquel je m'attendais : il est bien mieux ! Je pensais lire l'histoire d'une gentille amitié entre deux jeunettes, le récit de leurs secrets, leurs espoirs, leurs rêves etc., mais c'est beaucoup plus que cela. C'est d'abord un roman social, autour d'une usine qui engloutit les hommes pour mieux les recracher, et des barres d'immeubles construites par la municipalité communiste d'alors pour permettre aux ouvriers de bénéficier d'une vue sur la mer. Toute une époque, désormais raillée par l'arrogance berlusconienne. Reste un coin d'Italie peu ragoûtant et violent, avec ses pères démissionnaires, ses mères battues, ses adolescentes enceintes, ses garçons sans diplômes, et ses papis libidineux. Et pourtant, le roman n'est jamais misérabiliste ; au contraire, il s'en dégage une folle énergie, impulsée par l'incroyable appétit de vivre de Francesca et Anna.
Car s'il est question des hommes qui s'abiment le corps dans la fournaise de l'aciérie, l'intrigue se concentre surtout autour des inséparables amies qui ne pensent qu'à s'amuser, profiter de la plage sale et de la mer polluée, splendides à un point qu'elles n'imaginent même pas dans leur accoutrement un peu cheap, mais néanmoins dures et hautaines. Et là, l'auteur dresse avec une justesse inouïe le portrait exquis de ces adolescentes qui basculent encore entre enfance et maturité, en exaltant leur sensualité naissante et si peu maîtrisée.
D'ailleurs, l'écriture est très sensorielle, que ce soit pour décrire la nature souillée, les corps couverts de sueur, ou la chaleur qui immobilise la ville ; on a vraiment l'impression d'y être, d'entendre les pétarades des scooters, d'être aveuglé par le soleil, de sentir l'odeur de la vase. J'ai adoré cette immersion totale dans ce coin de Toscane peu glamour.

Nicolas Mathieu est fan de Silvia Avallone, et j'ai effectivement retrouvé dans ce roman des échos de "Leurs enfants après eux" (écrit après celui-ci). Je partage son admiration, tant le dosage entre roman social et roman d'apprentissage est réussi, et tant l'auteur est parvenu à atteindre un degré de réalisme et d'humanité impressionnants.
Aussi brillant qu'un vernis à ongles fuschia.
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Roman qui se lit très bien mais plusieurs fois, lors de la lecture, j'ai du me reprendre, me poser et me dire "mais elles ont 14 ans ?... on parle bien de 2 adolescentes de 14 ans?..."
L'écriture peut être crue, osée, triste, drôle... un vrai concentré d'émotions mais toute cette vie à 14 ans ?! c'est trop... beaucoup trop...
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"La mer et le mur des barres d'immeubles, le soleil brûlant de juin, c'était comme la vie et la mort qui s'insultent. Pas de doute : vue de l'extérieur, pour ceux qui n'y habitaient pas, la via Stalingrado c'était une désolation. Pire : la misère."

Au coeur de la via Stalingrado, des familles qui tirent le diable par la queue, des jeunes qui vont travailler par dizaines aux aciéries Lucchini et s'oublient ensuite dans la drogue et les boîtes de nuit, des mères dépassées, des pères abusifs ou absents.

Et au milieu de cette pauvreté, Anna et Francesca, treize ans presque quatorze en cet été 2001, amies depuis toujours, rayonnant d'une beauté qui émerge et fait se retourner les hommes sur leur passage.

"Elles couraient au milieu de la foule, se retournaient pour se regarder, se prenaient par la main. Elles savaient que la nature étaient avec elles, que c'était une force."

J'avais ce roman dans ma PAL depuis la chronique louangeuse de @soso_books_moods_and_more. L'été m'a paru la période idéale pour le découvrir.
Il n'aura pas fait long feu, je l'ai dévoré en moins d'une journée.

L'écriture de Silvia Avallone est nerveuse, presque saccadée par moments, la narration passe de la troisième personne à la deuxième personne puis revient, comme un zoom rapide avant de détourner le regard.
Ses personnages sont travaillés, complexes, entiers, meurtris, le contexte social est ardu ; pas exactement le genre de roman que tu poses pour déguster ta piña colada comme si de rien n'était.

Une belle lecture, de celles qui laissent leur empreinte quand tu les as terminées et qui ne te laissent pas en paix.
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Un roman âpre.

L'histoire se passe en Italie, en 2001, dans une petite ville, dans une cité populaire et nous fait découvrir la vie de deux familles d'une barre d'immeubles. Anna et Francesca ont 14 ans et sont amies d'enfance. C'est l'été, l'adolescence, l'âge des premières amours, de la découverte de la sexualité. Chacune a envie de vivre, de s'émanciper de sa condition...

Ce roman m'a laissé un sentiment mitigé.
J'ai apprécié ma lecture mais plusieurs éléments m'ont semblé invraisemblables (la fin mais aussi le comportement des héroïnes par rapport à leur âge).
Je n'ai pas ressenti assez d'émotions à sa lecture car l'écriture est trop brute, je crois, à mon goût. Pourtant, j'avais envie de savoir la suite...
Ce roman ressemblait, surtout au début, à ceux d'Elena Ferrante, la peinture sociale est réussie comme si Silvia Avalone était un peu l'arrière- petite-fille spirituelle de Zola.

Un roman âpre et pessimiste, dans lequel l'image des hommes n'est pas reluisante.
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C'est l'été 2001, Anna et Francesca vont bientôt avoir 14 ans et le monde leur appartient. Les deux meilleures amies attirent tous les regards, ceux des garçons et des hommes, surtout. Elles sont fusionnelles et ont des rêves plein la tête. A la fois sensuelles et naïves, elles grandissent dans un environnement violent et misérable : les barres d'immeuble de Piombino, en face de l'inaccessible île d'Elbe. Ici, la vie des hommes est rythmée par les journées de travail à l'aciérie, la drogue, le sexe et les trafics en tous genres. Les femmes quant à elles sont des bouts de viandes à collectionner quand elles sont jeunes et sexy, avant de devenir des mères de famille vieilles avant l'âge. Ce roman est dur, violent, par les thèmes qu'il aborde : maltraitance, hypersexualisation des jeunes filles (voire pédocriminalité), difficultés du travail à l'usine... La langue utilisée fait écho à cette dureté. Les premières pages m'ont déroutée, mais j'ai finie par me faire à ces phrases un peu rocailleuses. le roman met mal à l'aise, mais il est difficile d'en décrocher ! Même si l'adolescence de Francesca et Anna est très loin de la mienne, leurs rêves et leurs émotions ont quelques chose d'universel qui m'a touchée. L'usine Luchini et le quartier qui l'entoure sont des personnages à part entière, on ressent très bien l'ambiance de ces lieux. Ce roman est poignant, je serais curieuse de savoir comment le film qui en a été tiré a su adapter ce roman sans tomber dans le cliché.
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L'acier,
Comme la brûlure incandescente du soleil sur le métal en plein été;
Comme l'univers industriel et les barres d'immeubles;
Comme la barre de pôle dance d'un club miteux;
La vie quoi, dure comme l'acier.

On découvre la Toscane, mais pas celle de nos vacances, celle de la banlieue où la vie ne fait pas de cadeau. Et en même temps elle est à un jet de pierres des destinations qui nous emballent. L'Italie avec ce qu'elle peut avoir de miséreux socialement et économiquement.

La vie de 2 gamines qui veulent grandir trop vite -classique-, dans leur amitié fusionnelle qui cache plus que des problèmes d'adolescence, et que la vie ne va pas épargner. Une amitié comme un écran à la misère de leurs vies. Deux beautés qui contrastent avec la dureté de l'aciérie où travaillent tous les hommes du coin, faute de mieux. La joie et l'insouciance face au fardeau et la sombreur. Deux jeunes filles qui veulent vivre et pas seulement survivre.

Le livre dépeint également beaucoup de personnages secondaires intéressants. On suffoque avec eux de cette chaleur écrasante et de ce manque de possibilités de vies.

Une écriture droite, vraie et âpre. Un coup de poing dans la gueule comme ils en reçoivent, eux, trop souvent.
Comment grandir et avoir des rêves d'avenir quand celui-ci semble cadenassé à une vie moche et morne?
Un livre puissant comme une claque, qui remet les choses à leur place. Une analyse féroce incroyable de la part d'une auteure d'à peine 25 ans!
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Autour de deux filles de treize ans dans le Nord industriel de l'Italie où la sidérurgie se maintient vaille que vaille, la vie de la classe laborieuse encaquée dans les HLM : violence, couples boiteux et surtout sexe qui définit déjà tout l'univers de gamines à peine sorties de l'enfance. L'impression d'un monde sous cloche, sans espoir, est métaphoriquement représentée par l'île d'Elbe que l'on aperçoit du continent, qui n'est pas très loin, terre d'élection des riches touristes à laquelle on rêve sans jamais prendre le ferry qui pourrait nous y déposer en un rien de temps. Un roman très solide, virulent, charpenté, qui souligne de façon expressionniste la difficile condition des gens modestes dans le monde impitoyable d'une industrie finissante.
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Dès le début on pense à L'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante … tout en sachant quelque part que ce sera différent.
Dès le début, on sent que l'humour n'aura pas de place dans ce monde. Les rêves, si !
Dès le début, on est dans le vif du sujet : ces pères, à l'autorité toute puissante, qui annoncent d'emblée le lieu, l'époque, le milieu.

Autorité toute puissante dont on comprend de suite qu'elle ne sera jamais bienveillante ni sereine, mais coléreuse, violente, ignoble voire barbare, jamais sensée ni réfléchie, mais brute, rétrograde.
Car, pour le père, c'est la seule façon d'un peu exister.

Le récit se poursuit, conduit par le Rêve.
Ceux des pères mafieux, ou démissionnaires; ceux des mères dépassées, courbées sous l'atavisme, ou à l'arrogance débridée.
Et tout autant, ceux des ados : les garçons, dopés à la cocaïne, qui, dès le plus jeune âge, s'imaginent chefs de bandes, de gangs; les filles qui, du haut de leur à peine quatorze ans, se voient écrivain, célèbres, reconnues, adultes.
Le Rêve, cristallisé par l'ile d'Elbe, à une petite encablure de chez eux, sur laquelle personne n'a jamais débarqué, mais que tous portent en eux comme l'Eldorado, passage magique qui saura les dédouaner de la banlieue sordide, de la dope soi-disant salvatrice, des rigides barres de béton, de la promiscuité lourde, des aciéries dévorantes, de leur non-existence actuelle.

Livre sans concession, dur, "d'acier", où la vie subit le rythme impérieux des fonderies, celui de la chaleur exacerbée des hauts-fourneaux et du métal en fusion;
et où, seule, l'amitié passionnée de deux lolitas, les très jeunes adolescentes Anna et Francesca, saura introduire fraîcheur et espoir.

A l'image de l'acier, alliage, d'atavisme et de modernité, de rigidité et de malléabilité, de corrosion et d'espérance, de rigueur et de laisser-aller, de dur et de doux.

Voie enfin royale vers l'ile d'Elbe !
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Ce livre m'a plu !
Ce n'est pas un coup de coeur mais il est resté longtemps gravé dans ma mémoire.
Le style d'écriture est plutôt vif et rapide avec des phrases courtes meme si il y'a beaucoup de passages de description.
Je trouve qu'il faut quand même s'accrocher au début pour ne pas lâcher le livre et se laisser entraîner dans cette atmosphère d'acier.
Je le conseille vivement pour découvrir l'Italie sous l'angle des années 2000 dans le milieu ouvrier.
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J'ai ajouté ce livre à ma PAL après la lecture d'une critique de "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu. Critique soulignant une certaine similitude de genre.
Et comme j'ai adoré le Goncourt 2018, que j'apprécie énormément le roman dit social, j 'ai voulu lire ce roman largement plébiscité sur Babelio.

Et effectivement, on retrouve l'ambiance des Hauts fourneaux, la jeunesse livrée à elle même, les parents démissionnaires ou dépassés, le chômage, l'alcool, les trafics en tout genre...
Mais sous le soleil de l'Italie ! La misère est-elle moins pénible au soleil ? Pas sûr...

A travers l'histoire d'amitié entre deux adolescentes, l'auteur brosse le portrait d'une catégorie de gens qui ont bien du mal à joindre les deux bouts, chacun réagissant différemment, résignés ou pas, effacés ou au contraire rebelles.
Deux jeunes filles au physique avantageux qui ont choisi de se montrer, de provoquer, d'exciter les garçons...une sorte d'échappatoire à leur quotidien morose, voire morbide. Une belle amitié qui va cependant prendre deux directions différentes. Se rejoindront elles un jour ?
Et puis il y a les garçons, beaux comme des Dieux, provocateurs, de vrais Bad Boys...c'est un peu caricatural, soit, mais la fin à sû faire monter l'adrénaline de façon inattendue.

3,5 ce n est pas très bien noté mais il m'a manqué quelque-chose.
Du point de vue de l'écriture, je ne peux pas mettre plus. Fluide mais rien d'exceptionnel.
En fait, j'ai eu du mal à m'attacher aux héroïnes, sortes de lolitas méprisantes avec les jeunes filles moins délurées et surtout moins belles qu'elles. Elles ont des circonstances atténuantes, certes, mais elles ne m'ont pas été sympathiques.
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