AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,06

sur 1005 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'Italie, la Toscane, Piombino, le soleil, la plage, ça donne envie, non !
Et bien détrompez-vous le roman de Silvia Avallone est tout le contraire. A travers une dizaine de personnages, la dure réalité de petites gens dont les parents ont fait une croix d'une vie meilleure, les jeunes rêvant encore de lendemains plus florissants. On est touché par Anna et Francesca à la fois insolentes, provocantes mais aussi émouvantes. Ecoeuré par la lâcheté et la violence des pères. Troublé par le mutisme des mères, les secrets ne doivent pas franchir la porte des appartements.
Et puis au milieu de tout ça, L'aciérie, qui rythme cette petite ville industrielle, seule espoir de gagner un maigre salaire et de survivre malgré tout.
Un roman coup de poing, noir, âpre, dur, le portrait d'une jeunesse sous l'air berlusconienne sans confession. L'écriture est au diapason. Malgré l'image idyllique de cette région, c'est bien la noirceur qui prédomine tout du long du roman de Silvia Avallone. Et même si le roman se termine sur une note d'espoir c'est la désespérance qui en est le fil conducteur.
Une belle réussite.

Commenter  J’apprécie          885
Le paradis et la merde peuvent-ils porter le même nom?

Les cristaux de neige, si rares en Maremme, dessinent ,en hiéroglyphes, son nom. Les Etrusques, secrètement ,nommaient ainsi leur île déifiée. Toutes les grands mères du coin le portaient comme prénom.

ILVA.

L'autre nom de l'île d'Elbe. Elba, Ilva, petit morceau de paradis flottant au large de Piombino.

Piombino, ville de plomb, ville de fer et d'acier, ville ouvrière frappée par la crise , ville des hauts fourneaux, arrêtés l'un après l'autre. Dont l'usine, autrefois, osait porter , elle aussi , le nom d'ILVA.

"Le paradis et la merde peuvent-ils porter le même nom? "s'étonne le beau Mattia, ouvrier dans cet enfer de feu, de fer et de sueur.

Tout le paradoxe du livre me paraît résumé dans cette interrogation onomastique: enfer et paradis au coeur du même lieu.

Enfer du travail d'usine épuisant , sous la menace constante du licenciement économique, travail dangereux qu'on supporte à coups de ligne de coke ou de soirées moites au Gilda, devant le slap dance des filles dénudées et humiliées.

Enfer des familles aux mères écrasées ou impuissantes, aux pères absents et maffieux, ou incestueux et brutaux, pantins ou ogres, mais tous victimes dehors, tyrans dedans- les "babbuini" comme les appellent leurs filles...

Enfer des tentations consuméristes, martelées par la T.V. berlusconienne., putassière et vulgaire..

Mais aussi paradis: la mer, si bleue, si chaude, si tendre aux corps amoureux, paradis des premiers émois, des premiers troubles. Paradis du sexe qui trouve, tôt ou tard, son revers, son enfer, lui aussi.

Paradis des amours enfantines, petites bulles d'enfance dans un coin de parc oublié avec ses balançoires rouillées, son petit banc de pierre moussue ou dans une plage secrète ,enfouie sous les algues, pleine de chats faméliques et de barques encalminées...

Paradis de l'amitié amoureuse de deux "ragazze" de 13 ans, Anna la brune et Francesca , la blonde.

Paradis qui peut aussi devenir un enfer de jalousie, de trahison, de déréliction suicidaire...

J'avais dévoré , en français, le livre de Silvia Avallone à sa sortie.

Je viens de le relire, en italien cette fois, et "in situ", dans cette Maremme étrusque, terre de fer et d'eau, de mines sombres , de "via cava" et de soleil brûlant, avec l'île d'Elbe qui palpitait sous la lumière ou disparaissait sous les nuées, au rythme d'un temps agité et capricieux..

Enfer et paradis. Merda e paradiso, comme disait Mattia...

J'avais aimé ma première lecture: j'ai adoré ma relecture, en V.O., plus lente, plus patiemment dégustée.

Silvia Avallone sait être tour à tour brutale et cruelle, crue et sensuelle, poétique et tendre. Elle module toutes ces tonalités avec un étonnant naturel, dans un récit méthodiquement scénarisé et maîtrisé, une sorte de chant choral puissant qui suit alternativement tous les personnages gravitant autour des deux jeunes filles, et qui trouve son point d'orgue dans les derniers chapitres où l'horreur puis l'apaisement culminent..

Enfer et paradis, jusqu'au bout...

Commenter  J’apprécie          539
D'Acier est un roman social qui se déroule en Italie dans une ville industrielle de Toscane .On y suit plusieurs personnages dont principalement deux jeunes filles Anna et Francesca qui rêvent d'un avenir brillant, loin de cette rouille ,de ces cris et ces violences.
Siliva Avallone nous dépeint un environnement où la pauvreté et criante, l'horizon bien sombre laissant vraiment peu de place à l'espoir . L'auteur nous fait vivre le quotidien de ces familles, quotidien rythmé par les violences , l'alcoolisme des maris, ou encore les astuces pour survivre dans les conditions dures de l'usine, vol, drogues…
L'atmosphère est glauque, le langage parfois cru et les situations quelque peu caricaturales nous permettent de visualiser sans aucune difficultés Piombino cette ville où évoluent tous ces personnages .
L'italie ici décrite vient bousculer l'image d'une Italie ensoleillée, estivale et séduisante mais si l'on écoute les musiques parsemées dans ce livre comme Gianni Nanni ou encore Renato Zero , que l'on déguste des spaghetti alle vongole et que l'on savoure du limoncello comme nous le lisons au cours des pages, nous pouvons alors sans difficulté nous plonger quelques instants dans l'Italie que nous aimons !!!
Commenter  J’apprécie          450

"D'acier" c'est avant tout l'histoire d'une amitié entre deux jeunes filles de 14 ans : Anna et Francesca.

Silvia Avallone dresse ici un tableau plombant de cette ville en bord de mer au passé et au présent très industriel mais à l'avenir compromis...

"Plombant" c'est bien le terme qui me vient à l'esprit quand je pense à ces vies écrasées par le travail harassant à l'usine d'acier, phagocytant cette cité de bord de mer, la rendant différente et bien loin des images de cartes postales de villes italiennes méditerranéennes.

Piombino une ville usine où coule l'acier. L'envers du décor est si triste.

L'écriture de Silvia Avallone est une écriture de sensations, charnelle. Une écriture touchante, tranchante, sans concessions sur la situation économique et sociale.

Anna et Fransesca nous permettent de nous infiltrer dans le quotidien des habitants de Piombino et celui-ci est loin d'être reluisant.

Même la vie de ces deux jeunes filles au moment de tous les possibles semblent sans grand espoir... Seule leur relation fusionnelle semble les préserver de la dureté extérieure. Un vrai cocon d'amitié et peut être même d'amour, se tisse à l'heure des choix de vie...

Les familles de l'une et l'autre sont bancales, les pères absents et ou violents. Attachés et même enchaînés à l'usine ou au contraire en rébellion à la recherche d'espoir.

Les corps sont mis en avant, les corps de ces deux adolescentes qui changent, qui grandissent, s'épanouissent en même temps que leurs rêves, leurs vies.

Leur relation très charnelle ne prend pas la même trajectoire chez l'une et l'autre et le cocon se déchire... Dans la violence des sentiments adolescents.

Il y a aussi dans ce livre le portrait des amitiés masculines avec Alessio le frère (presque père) d'Anna, Mattéo le petit ami d'Anna et Cristiano l'ami d'Alessio.

Silvia Avalonne dresse un portrait édifiant et moderne de cette jeunesse sacrifiée.

Alessio le frère d'Anna est l'une des figures phares de cette histoire. L'homme de la maison remplaçant ce père fuyant et absent. J'ai été subjuguée par sa beauté, sa fougue, sa fierté.
L'auteure a su me captiver, me plaquer sur le sol brûlant de cette ville. Son écriture et ses personnages m'ont fascinés et éblouis.

Comme un soleil rasant cognant très fort, l'auteure a réussi à m'éblouir, me faire suffoquer, et cligner des yeux pour verser quelques larmes "a-mer". Car oui, la vie n'est pas toujours à l'image d'un été dans une ville de bord de mer.

Une excellente lecture vous l'aurez deviné !

Une lecture brûlante aux sentiments entiers de l'adolescence en fusion.

Une image de carte postale brûlée à l'acier coulant dans les hauts-fourneaux.

Une chronique sociale et économique d'une Italie qui se délite,
prenant en étau une jeunesse bouillonnante.

Chers amis lecteurs, maintenant que nous voilà habitués aux canicules,
laissez-vous brûler à l'acier de cette histoire
en espérant ne pas vous faire éblouir par quelques mirages...
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          445
Viva Italia ! Piombino, cité industrielle, où grandissent comme des herbes folles deux jeunes adolescentes inséparables Francesca et Anna,l'une est brune, l'autre est blonde. Belles, insolentes, insouciantes, qui rêvent de "s'arracher " à cette vie de misère, sous un soleil de plomb, elles aiment se se retrouver dans leur "jardin secret , un coin sur la plage pour rêver à leur avenir...au loin l'île d'Elbe. Côtoyant ces familles qui vivent dans ces barres de béton, entourés d'usine qui crachent jour et nuit des fumées où la violence est le lot quotidien de leur vie, des femmes au foyer prisonnières de leur vaisselle et du ménage, dépendantes d'hommes querelleurs, voyous ou alcooliques...là où tout le monde sait mais se tait quand il y a des drames.
Francesca et Anna ont l'insouciance de leur jeunesse, inconscientes de leur beauté et pourtant presque femmes quand elles essayent de faire tourner des têtes et testent leur amitié inaltérable...

Quelle balade ! on se retrouve les pieds sur une plage, une bande son à la Lelouch..........et le film commence ! mais nous sommes loin de la Dolce Vita , nous en avons que les effluves où justement nos deux héroïnes aspirent à vouloir y arriver . Ce roman est une ode à la nonchalance, on se laisse surprendre à cette paresse "doucereuse"à cette sensualité , on ressent le soleil torride, on entend cette petite musique qui happe les adolescentes et leur soif de liberté, les prémices de leurs sentiments, une once de rébellion et leur envie surtout d'échapper à leur condition.

Roman magistral ! Calez-vous dans votre méridienne, sirotez une menthe à l'eau !...et vous voguerez avec délice dans cette histoire.
Commenter  J’apprécie          302
Ce roman social se passe en Toscane dans la ville de Piombino, nous somme dans le quartier des laissés pour compte, des pauvres, de ceux qui travaillent dans les hauts fourneaux.
Nous suivons surtout deux familles dont les filles sont amies depuis la maternelle, les parents ne se fréquentent pas. La mère de Francesca est une femme au foyer, le père travaille à l'usine, c'est un homme violent, il passe son temps libre à surveiller sa fille. Les parents d'Anna, la mère travaille et est militante syndicaliste, le père est un petit escroc souvent absent, le frère travaille à l'usine.
Anna et Francesca, plus tout à fait des enfants, pas encore des femmes qui se savent belle et regardées vont nous faire traverser ce roman social noir, très noir, au rythme d'une histoire soutenue, qui vous bouleverse,vous prend aux tripes, vous met en rage, déprimante aussi car les personnages sont attachants, on ne ressort pas indemne de cette lecture et je pense que je ne l'oublierai pas.
Un très bon roman sociologique dont je découvre la plume, il faut aussi noter que c'était le premier roman de Silvia Avallone, quel talent !
Commenter  J’apprécie          293
D'acier traînait depuis des années sur mon étagère sans que je daigne lui accorder un regard. Pourtant c'est bien moi qui l'avais acheté à sa sortie en poche, vaicue par les critiques portant aux nues le talent de cette surdouée des lettres italiennes d'à peine 25 ans, Silvia Avallone. Et par un miracle, alors que je cherchais désespérément, telle l'assoifée, un roman à me mettre sous la dent, D'acier s'est offert à moi dans toute la splendeur d'une pépite littéraire. Car oui, chers amis, D'Acier m'a conquise, sans aucune forme de procès. J'ai dévoré cette histoire d'amitié absolue entre nos deux héroines, nymphettes lolitas de 13 ans, Anna la brune, Francesca la blonde, parées de l'aura de leur jeunesse, drapées dans l'insolence de leur beauté impudique qui fait chavirer le coeur et surtout les hormones de plethores d'hommes de 7 à 77 ans. Telles des reines inaccessibles, elles règnent sans partage sur la cours d'une cité dortoir de Piombino, ville sidérurgique du bord de mer, sinistrée par la crise, rongée par le chômage, la pauvreté, l'apathie générale, sacrifiant ses enfants sur l'autel de la Lucchini, monstre démiurge dont les hauts fourneaux noient de leur désolante hauteur la beauté du paysage : l'enfer industrielle aux portes du paradis, face aux splendeurs de l'ïle d'Elbe.
Au coeur de cet univers sinistré et sclérosé, plombé par un soleil ravageur, Anna et Francesca jouent et s'amusent, des hommes, des femmes, des conventions, cruelles chasseuses bien décidées à marquer de leur empreinte le monde autour d'elles. Fortes d'une amitié inébranlables, fusionnelles dans l'excès, l'été de leurs 13 ans va pourtant bouleverser l'équilibre précaire auquel elles s'ancrent tant bien que mal pour ne pas sombrer, comme les autres, leurs mères, leurs pères, résignés à une vie médiocre sans couleurs. de ça elles n'en veulent pas. Mais peut-on s'extraire si facilement d'un déterminisme social ? A travers cette amitié sans faille, Silvia Avallone nous livre une peinture sociale qui jamais ne sombre dans le misérabilisme. Grâce à sa plume enlevée et à l'acuité de son regard, elle donne vie à deux héroines hautes en couleurs et si attachantes et troublantes, dont on se sent instantanément proches. Roman de l'amitié et des premiers émois, roman d'apprentissage, D'acier n'en demeure pas moins une fable implacable et acerbe qui m'a laissée le sentiment d'avoir eu entre les mains une vraie pépite.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
Commenter  J’apprécie          260
Dès les premières pages j'ai eu le sentiment de déjà lu….. Ne suis-je pas en train de relire l'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante ? Deux fillettes, une cité ouvrière, deux familles semblables et différentes à la fois, Milan…. Ah non nous sommes à Piambino, en Tocasne, face à l'île d'Elbe….. L'un des deux adolescentes est douée à l'école, l'autre en échec, l'une veut être écrivain etc…..Ce livre paru en 2010 (Italie) a beaucoup de similitudes avec la saga en 4 tomes de l'Amie Prodigieuse dont le premier tome est paru en 2011 (Italie)….. Coïncidence peut-être…..

2001 – Italie, Piambino, une ville coincée entre deux mondes, celui de l'aciérie Lucchini où tout bruit, noirceur et crasse et où travaille une partie de la population de la cité ouvrière où vivent Anne et Francesca, 13 ans, de l'autre l'Ile d'Elbe, le miroir aux alouettes, où tout semble doux et doré. L'usine transforme les métaux en acier, la vie va transformer ces deux jeunes adolescentes qui rêvent d'ailleurs et oscillent entre jeux et rêves et qui vont grandir vite, très vite, trop vite.

Les filles de leur âge, les boudins que leur propre vision dans le miroir plongeait dans la crise totale, les détestaient. Anna et Francesca, leur beauté, elles te l'envoyaient dans la gueule. Chaque putain de minute, il fallait qu'elles te prouvent qu'elles étaient mieux que toi, qu'elles avaient gagné, à priori et pour toujours. (p103)

C'est l'histoire d'une amitié qui va être confrontée à des drames : il y a des coups qui pleuvent sur l'une mais elle se tait et ne pleure plus, elle serre les poings et les lèvres, il y a l'argent qui manque, les dettes qui s'accumulent dans la famille de l'autre, mais toutes les deux regardent par la fenêtre et narguent les hommes qui les regardent, elles rient, elles ont tous les culots car elles sont à l'âge où on découvre le pouvoir du corps et le monde des adultes. Elles se pensent invincibles car elles sont deux et leur force vient de là. Mais sont-elles si fortes que cela….. A vouloir se comporter en femme on oublie que l'on est encore qu'une enfant.

Comme à la maternelle quand on te montre du doigt et qu'on te dit sèchement : « Toi non, tu joues pas ». Une expérience qu'elle n'avait jamais connue Qu'elle n'imaginait même pas. Parce qu'elle n'était pas un mais deux. N'était pas tu mais vous. Vous ne jouez pas. Annafrancesca ne joue pas. Mais elles s'en fichaient bien, toutes les deux : elles avaient leurs plages secrètes, des cabanes en bois, des caves, des bancs, la côte de Salivoli tout entière pour elles seules. (p351)

L'aciérie Lucchini donne le tempo dans la vie de la cité et de ses familles : les métaux se transforment en acier, les adolescentes veulent se transformer en femmes, ailleurs, sur les plages de l'ïle d'Elbe, sous le soleil qui dore la peau, où la mer est bleue et sans détritus. L'acier résiste mais leur amitié va-t-elle résister, vont-elles résister à ce de partir, d'un ailleurs où les rêves, croient-elles, deviennent réalité, où c'est forcément plus beau, où l'avenir passe par autre chose qu'une vie comme leurs mères, par la cité et par l'aciérie.

L'âge où on croit que le monde est une mine d'or, qu'il suffira de grandir, de quitter ses parents (p159)

Mais la vie ne fait pas de détails, parce que la vie lamine, sape, détruit dans ces cités où les corps et les esprits souffrent, s'usent, les soucis et les peines prennent le dessus,, comme pour Alissio, le frère d'Anna, le Don Juan de la cité, qui passe des week-ends sans sommeil après le travail à la coulée, de l'acier au sexe et à la drogue pour tenir, pour oublier.

C'est l'histoire d'une année de la vie de ces deux fleurs à peine écloses, rieuses, effrontées, sûres d'elles (en apparence) mais finalement si fragiles qui vont passer du rire aux larmes, de l'espérance au désespoir.

Elle était en train d'éclore. Elle avait quelque chose d'indéchiffrable dans les yeux. Simplement elle était encore entre deux. (p205)

A 13 ans elles pensent mener la danse mais le monde des adultes n'est pas tendre, à vouloir grandir trop vite on peut franchir les limites, être confrontées à une réalité qu'elles n'imaginaient pas.

Roman d'apprentissage et de constrastes où deux mondes s'affrontent, celui du quotidien et celui dont on rêve mais qui ont peu de chance de se rejoindre, car il n'y a que les contes qui finissent bien, la vie est bien plus cruelle pour Anna et Francesca.

Dans ce roman les hommes ne sont pas à l'honneur et mis à mal, les familles ne se préoccupent guère (ou trop et mal) de leurs enfants, ils ont d'autres problèmes : la fatigue, les factures qui s'accumulent, la vie qui ne fait pas de cadeau, la violence. La promiscuité de ces barres d'immeubles ne rapproche pas les êtres, chacun s'enferme, se tait mais parfois les silences sont plus criants que les mots.

Roman d'une année charnière dans la vie de deux adolescentes, au moment où le monde, comme l'acier, se transforme, bascule comme basculent leurs deux vies. Rien ne sera plus pareil ensuite.

J'ai retrouvé le ton vif, efficace de Silvia Avallone, qui nous immerge dans les vies : féminines, celles des cités ouvrières, dans l'éveil aux sens, dans l'adolescence et ses tourments.

Les deux mondes ne communiquent pas. Il ne suffit pas de faire un trou dans le grillage et d'y glisser la tête pour vivre une autre vie. (p236)

Ça poisse, c'est rugueux, c'est noir parfois mais il y a Anna et Francesca, qui illuminent le quotidien par leurs beautés, leurs rires, leurs jeux car il ne s'agit pour elles que de jeux, dangereux parfois mais elles sont jeunes, jolies et n'ont peur de rien. Silvia Avallone distille peu à peu tous les ingrédients du drame, car à trop vouloir jouer avec le feu on se brûle, à trop vouloir croire que l'on maîtrise on tombe.

Roman d'apprentissage, roman noir, roman sociétal d'une Italie ouvrière que l'auteure observe, analyse, aime et semble bien connaître. On s'installe au milieu de cette cité, on regarde, on entend même ce qui n'est pas dit, on voit ce qui se cache sous la crasse quand on gratte un peu, on voit ces vies et ces âmes abîmées, détruites mais il y a toujours dans les romans de Silvia Avallone l'amour, l'amitié, la beauté, c'est brut, c'est fort, c'est costaud : c'est un acier bien trempé grâce à sa plume et il y a toujours de l'espoir.

Je te jure, j'ai cherché « acier » et ça ne veut rien dire. C'est un alliage, avait-elle dit en fronçant les sourcils. Ouais, mais j'ai cherché dans le dico et ça veut rien dire. C'est pas un mot qui cache un autre mot. Ça veut dire cette chose-là. Basta. (p307)
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          235
Vous avez aimé L'Amie prodigieuse ? Moi non. J'ai péniblement fini le premier volume, l'histoire de ces deux jeunes italiennes ne suscitant chez moi aucun intérêt ni même une once d'empathie. Je n'ai toujours pas compris pourquoi ce roman avait eu autant de succès. Et c'est au détour d'un café littéraire skype-confiné que j'ai découvert d'autres lectrices imperméables au charme de cette amie prodigieuse. L'une d'elle a eu la bonne idée de nous recommander ce roman D'acier, moult fois plus abouti et passionnant.
On retrouve un duo d'amies, dans un quartier ouvrier italien, à ce moment de la vie où l'enfance glisse non sans difficulté vers l'adolescence, puis l'age adulte. Ce moment charnière où tout ce qui paraissait évident depuis la naissance prend une autre forme, d'autres teintes. Où le chemin n'est plus tout droit et unique, mais comme si le brouillard soudain levé révélait des embranchements, des choix à faire. Où tous les espoirs sont permis mais on ne voit pas forcément encore qu'il n'y a pas beaucoup d'espoir de faire mieux que les parents. Face à ces bouleversements, l'amitié de toujours est bousculée, mise à l'épreuve. En toile de fond, l'Italie ouvrière et d'autres personnages, les parents, les frères, les copains, qui se trimbalent leurs vies pas très glorieuses, selon les embranchements qu'ils ont pris plus jeunes.
Ils sont résignés, révoltés, amers, combatifs, fiers, drogués, vulgaires, malhonnêtes, envieux, déjà vieux. Ils sont coincés dans une sorte de no man's land, entre l'usine d'acier, noire, fumante, grondante et l'Ile d'Elbe au fond, tout là-bas qui leur fait de l'oeil, comme un paradis inaccessible avec ses plages et ses villas de rêve.

C'est bien fait. Très bien fait. Un peu la version italienne de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Surtout si vous n'avez pas aimé l'Amie prodigieuse.
Commenter  J’apprécie          177
Intensité des émotions, situations poussées à l'extrême, la panoplie italienne des machos et des lolitas, des mères reléguées aux taches ménagères. Ça aurait pu virer au mélodrame, mais ça lorgne plutôt vers la tragédie grecque revisitée grâce à une écriture au couteau, une acuité psychologique indéniable et des personnages qui nous séduisent.
Commenter  J’apprécie          152




Lecteurs (2143) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
829 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}