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EAN : 9791097515164
84 pages
Editions la Trace (01/09/2019)
4.34/5   19 notes
Résumé :
"On ne sort pas comme l'on entre, au Flore (...)

Ce 10 mai 1981 a pris les allures d'un jour du bonheur parti pour durer éternellement. Je me refuse, en cet instant précis, à penser au futur, à toutes ces années à venir et, m'emparant de ma énième coupe de champagne, j'y trempe les lèvres, formulant ainsi, en silence, une promesse, celle de ne jamais oublier ce jour..."
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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« Au café de Flore
La faune et la flore
On allume le monde
Dans une fumée blonde

Maintenant que deviennent
Que deviennent les valses de Vienne ?
Dis-moi qu'est-ce que t'as fait
Pendant ces années ?
Si les mots sont les mêmes
Dis-moi si tu m'aimes... »

Saint-Germain-des-Prés, 6e arrondissement, c'est son musée Delacroix, son église médiévale, son école des Beaux Arts et celle d'Architecture...
C'est son bord de Seine, ses bouquinistes, le Pont des Arts tout proche et ses célèbres cadenas d'amour...
C'est les boutiques chics...
Saint-Germain-des-Prés, c'est aussi le Café de Flore, son esprit littéraire et sa terrasse où dansent encore parfois entre les tables Apollinaire, Breton, Aragon, Picasso, Ionesco, Sartre et Simone de Beauvoir...

Saint-Germain-des-prés, en cette année 1981, pour Océane, arrivée de ses salins du Midi à l'aube de ses 18 ans, c'est une invitation au rêve, c'est l'inconnue, la liberté et l'insouciance...

Et à cette terrasse du Café de Flore, Boulevard Saint-Germain, c'est dans une fumée blonde que s'allumera son monde. Entre deux bulles de champagne qui dansent, deux regards qui se croisent... Celui d'Emmanuel, malgré toute l'éphémerité de leur amour, nourrira l'esprit d'Océane pendant plus de 30 ans, comme une longue mélodie qui lancine dans son coeur.

Alors on s'installe à une table, sur une des banquettes rouges du Flore, on commande un café serré ou une coupe de champagne, et on écoute Ionesco nous murmurer que « seul l'éphémère dure », René Char nous souffler que « l'éternité n'est guère plus longue que la vie » et Montherlant nous susurrer qu' « Éternité est l'anagramme d'étreinte »...

Et on se fait témoin de cette sublime correspondance qui colore l'absence et que nous offre Mona Azzam, entre deux êtres qui se sont tant aimés... Ses correspondances sont musique et poésie.

On pense à Rimbaud et Baudelaire.
On pense à Fellini et Scola.
On pense à Gainsbourg, qui habitait non loin de là, et à son Anamour.
On pense à Aznavour, natif de Saint-Germain...

« Hier encore, j'avais vingt ans
Mais j'ai perdu mon temps à faire des folies
Qui ne me laissent au fond rien de vraiment précis
Que quelques rides au front et la peur de l'ennui
Car mes amours sont mortes avant que d'exister »
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Paris, le 10 mai 1981. Il est midi. À 20 heures, la radio et la télévision annonceront l'élection de François MITTERRAND. Ce jour, qui honore les 18 ans d'Océane, est également unique pour la jeune étudiante en architecture qui, pour la première fois, se retrouve seule à Paris afin de poursuivre ses études.


Après de sensuelles pérégrinations dans la capitale, Océane, légèrement hésitante, entre dans le Café de Flore à Saint- Germain-des-Près. Invitée par de jeunes gens à s'asseoir à leur table, son regard, animé d'un désir manifestement partagé, rencontre celui d'Emmanuel. Il est présenté tel un "poète philosophe", libertin et inconstant ; mais beau et séduisant, il plait.


Au moment de quitter ses nouveaux "amis", Océane - "un joli prénom qui donne envie de naviguer dans les océans" (P.20) – accepte l'invitation à prendre le thé chez lui. Ils font l'amour ; les corps exultent. Extatique, la jeune femme est pénétrée par les flèches de Cupidon. Quand les désirs sont exaucés, Océane sort ; elle laisse un billet sur l'oreiller : " Je t'aime, je serai au Flore à partir de midi" (P.36).

"Je t'aime". Trois mots qui anéantissent toute possibilité d'avenir. " Océane réveille-toi, ces "je t'aime" ce sont des inepties. Je ne t'aime pas. Nous nous apprécions…l'amour n'existe que dans l'imaginaire collectif…l'amour…c'est ce que l'on croit ressentir, parce qu'on a voulu le ressentir…" (P.37, 39).

Désemparée, anéantie, Océane ne reverra plus Emmanuel ; elle quitte définitivement Paris, le 12 mai 1981.


Trente années plus tard, "au seuil de son existence" (P.48), Océane regarde une photo jaunie. Et se remémorant la sentence prononcée au Flore, grisée par le champagne et la perspective d'Emmanuel - "ce 10 mai 1981 a pris les allures d'un jour de bonheur, parti pour durer éternellement. Je me refuse, en cet instant précis, à penser au futur, à toutes ces années à venir et, m'emparant de ma énième coupe de champagne, j'y trempe les lèvres, formulant ainsi, en silence, une promesse, celle de ne jamais oublier ce jour…" (P.24) – elle a tenu parole : parce que "seul l'éphémère dure" (P.48), Emmanuel est resté et demeurera éternellement dans ses rêves.


"Nous nous sommes tant aimés, publié par les éditions LA TRACE, est le dernier roman de Mona AZZAM, professeur de lettres à Montpellier, née en Côte d'Ivoire. Elle est l'auteur d'une première fiction "sur l'oreiller du sable", " d'un recueil de nouvelles "dans le silence des mots chuchotés" ainsi que d'ouvrages et études littéraires, tel que " Nerval dans le sillage de Dante".


L'onirisme et la poésie demeurent les univers privilégiés de Mona AZZAM. "Nous nous sommes tant aimés" consolide et renforce la caractéristique de l'écriture de l'auteur. Christophe Maris, préfacier de l'ouvrage, rappelle, à raison, le romantisme artistique attaché aux endroits où nous amènent le roman, "de Saint-Germain-des-Prés à Rome". Mais c'est insuffisant. L'invention d'Océane (et d'Emmanuel) – si elle accorde au lecteur une possibilité d'identification à des émotions, à une époque et à des lieux – n'est que le prétexte, sincère et véridique au demeurant – à la volonté de Mona AZZAM d'exprimer, dans une "prose poétique", un genre également symbolique.


Le récit débute par l'arrivée d'Océane, jeune étudiante de 18 ans, à Paris. Elle découvre le quartier latin, Saint-Germain-Des-Prés, le Café de Flore. L'auteur s'attache à lui (à nous) faire (re) vivre une époque, à travers ses artistes (écrivains, chanteurs, cinéastes, "nous nous sommes tant aimés", titre choisi en hommage au film d'Ettore Scola), des sentiments (amitiés, amours, parfois contrariées), ou encore une atmosphère. C'est le temps du romantisme.


Mais celui-ci, ancré dans la réalité, ne dure qu'un temps, si peu de temps pour Océane. Arrivée à Paris le 10 mai 1981, amoureuse d'Emmanuel le jour même, elle quitte la capitale, éconduite, deux jours après.


Mona AZZAM poursuit son oeuvre dans le monde onirique, fictif. Les références à Rimbaud ne sont pas aléatoires. Trente années plus tard, à la faveur d'une vieille photographie, Océane rend compte du temps qui a passé et de celui à venir, aux côtés d'un d'Emmanuel éternel.


Si l'histoire est en définitive assez commune, son intérêt réside dans sa narration et l'utilisation des styles littéraires - du romantisme au rêve - qui lui confère toute sa puissance.


"Nous nous sommes tant aimés" est le fruit d'une écriture parfaitement maîtrisée. Lire Mona AZZAM c'est aussi entendre la puissance des mots savamment harmonisés. D'allitérations en assonances et de prose en rimes, le récit de l'auteur est sensuel et intense.


Il est à noter la corrélation entre l'oeuvre de l'esprit et le livre, son support matériel, d'une particulière qualité avec, en couverture, une magnifique reproduction de la photographie du Café de Flore (Philippe Huchet).


Bonne lecture,

Michel.




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Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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On n'est pas sérieux quand on a 18 ans. Océane, jeune provinciale fraîchement arrivée à Paris va en faire l'amère expérience.
Nous sommes le 10 Mai 1981, dans quelques heures la France va basculer.
Éblouie par sa rencontre avec Emmanuel à la terrasse du Flore, elle vit un rêve éveillé.
1er regard, 1ers mots échangés et enfin 1ere nuit d'amour avec son bel inconnu.
Non on n'est décidément pas sérieux quand on a 18 ans. Alors qu'elle s'attendait à vivre une belle et grande histoire, tout va subitement s'écrouler.
Un billet laissé sur un oreiller, déclaration d'amour pour l'une, ineptie pour l'autre vont tout précipiter.
Ravagée,humiliée par cette trahison, Océane va quitter Paris, renonçant à ses rêves de conquête.
Quelques 30 annees ont passées . Emmanuel elle ne l'a jamais revue.
Pourtant une vielle photo ravive les souvenirs.
L'image d'Emmanuel ressurgit et une sorte de dialogue s'installe entre eux.
C'est le temps des souvenirs et des regrets.
Histoire banale d'un homme et d'une femme qui vivent une histoire sans lendemain, sans doute.
Mais toute la force de Mona Azzam est de sublimer cette histoire.
Elle nous bouleverse, elle me bouleverse et nous rappelle toute la fragilité des histoires d'amour.
Un grand merci à Babelio et aux éditions La Trace pour ce beau moment.
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Je l'ai tant aimé le dernier roman de Mona Azzam ! Il n'a l'air de rien si vous restez à la surface de l'histoire d'amour manqué d'Océane et d'Emmanuel. Plongez plus profond et laissez-vous porter par la poésie des mots qui l'animent. Car dans ce roman l'éphémère rejoint l'éternité.
Peu de pages mais quelle intensité, quelle maîtrise de la langue !
Lisez Nous nous sommes tant aimés une première fois pour découvrir l'histoire qui est contée, et surtout une deuxième fois pour mieux apprécier la langue et goûter à la saveur des mots.
Entrez dans l'univers de Mona Azzam, un univers que ses lecteurs ont déjà pu apprécier Dans le silence des mots chuchotés ou Sur l'oreiller du sable.
LES MOTS et particulièrement ceux des poètes comme préliminaires à l'étreinte amoureuse qui unira Océane et Emmanuel la nuit historique du 10 mai 1981, jour des 18 ans d'Océane. Les mots qui engagent et effraient comme ceux du billet qu'Océane déposera sur l'oreiller d'Emmanuel, où son "je t'aime" viendra rompre l'enchantement d'un amour à peine éclos. Les mots encore lancés pendant de longues années comme des bouteilles à la mer. Ces mots, véritable catharsis, pour traverser l'absence et apaiser les blessures.
La MER toujours présente chez Mona Azzam, Océane en porte même le nom. Un prénom déjà entrevu dans son précèdent roman.
LES LIEUX, ceux des RENCONTRES INATTENDUES, offrant un bonheur qu'on voudrait voir durer éternellement. Trois lieux pour deux rencontres éphémères mais inoubliables : le Flore puis la rue Dante et Rome, la ville éternelle.
LE TEMPS où les brefs instants, une nuit ou une heure, deviennent moments d'éternité.
L'AMOUR : une première fois qu'Océane aurait voulu éternelle ; un moment sans lendemain pour Emmanuel qui ne pourra cependant jamais oublier. Un amour passionnel et fugitif qui, par l'intensité et le souvenir, demeurera celui de toute une vie.
Mais la vraie rencontre est au-delà du temps, des lieux, des êtres. Elle dépasse tout, touche à l'insaisissable, à l'intemporel. Et Mona Azzam de citer Saint Paul à plusieurs reprises : "les choses visibles sont éphémères, les invisibles sont éternelles".
Merci Mona, continuez à nous transporter et à nous émouvoir.
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Si, aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années, comme le soulignait Rodrigue dans le Cid, il semblerait que, pour un roman réussi, elle ne dépende pas de la longueur du récit. Et, "Nous nous sommes tant aimés", le dernier roman de Mona Azzam en est à mes yeux le parfait exemple.

Il lui aura suffi de quatre-vingt-cinq pages aérées pour m'emporter et me ravir en un petit moment trop rapide, relecture de certains passages comprise. Il faut dire que la couverture déjà est tout un symbole, "Le Flore". Qui ne rêverait de rencontrer l'amour dans un lieu aussi mythique ? A peine Océane y est-elle entrée, en ce 10 mai 1981, jour de ses dix-huit ans, qu'elle y succombe "Mon regard plonge dans un univers vert émeraude, qui me tient en captivité. Une chaleur soudaine m'envahit et ma main s'électrifie au contact de sa paume qui s'y attarde…", elle vient de rencontrer Emmanuel…Et l'amour ! Un amour fou, éternel, et pourtant fait d'absence. Un simple "Je t'aime" griffonné sur un papier signe très vite le glas de cette relation. Océane quitte Paris…Banale à première vue qu'une énième histoire d'amour, et pourtant…

Plus qu'un roman, j'ai eu l'impression de lire un poème, un hymne au sentiment le plus noble de l'Homme. La beauté du texte tient avant tout à l'écriture, magnifiquement maîtrisée, poétique, vive, saccadée, répétitive. Les répétitions, venons-en, loin de m'agacer, ont résonné en moi comme un écho, m'ont bercée, enveloppée : "Et de te dire la douleur de l'attente, te dire et redire l'amour en profondeur. J'ai envie de te dire, Océane, ce que je n'ai pas eu le temps de te dire." Les figures de style sont nombreuses qui donnent corps au texte, les références littéraires aussi. Et rien de mieux qu'une lecture à voix haute pour transcender les mots parfaitement orchestrés, le rythme et les rimes.

"Acta est fabula : le rideau se referme sur la scène du Flore où s'est joué le théâtre de nos jours.
Acta est fabula : je contemple les dernières images qui me restent de nous deux, dualité complexe, corps unis et désunis, envers et contre tout.
Et de ces images, je n'en retiens qu'une, celle de nos dernières retrouvailles."

Un roman tant aimé à lire et relire, qui confirme la tendresse toujours plus grande que je voue aux auteurs des Editions La Trace sans oublier la très jolie préface – lue après le roman – de Christophe Maris.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'existence peut parfois s'avérer d'une ténacité inégalable. Il suffit de peu et voilà que tu te prends le passé en pleine figure, figure où trône désormais quelques rides, le temps ayant sévi inexorablement.
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Heureuse, l'année charnière, charnelle, de mes dix-huit ans; rythmes passionnés, envies démesurées, de croquer la vie, d'en savourer l'instant, éphémère, dont le goût fugitif avait des pointes de libertés inédites.
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Merci d'avoir mis sur mon chemin Océane et Emmanuel, de m'avoir fait vivre, à travers de précieux mots, leurs émois, leurs regrets, leurs tâtonnements. Il me tarde aujourd'hui de m'installer à la terrasse du Café de Flore pour y croiser des personnages vivants et inspirants, surgis du passé comme du présent.
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L'amour n'existe que dans l'imaginaire collectif. Ce n'est que de la prose. Seule la poésie est amour, passion même, car le mot s'unit au son qui en épouse le contour, créant du rythme.
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Entre le rien et le tout, il n'y a qu'un vide banal et qui se nomme routine.
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