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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans cet essai, Gaston Bachelard nous explique comment, au fil du temps, le feu a influencé les créations artistiques et les visions scientifiques humaines.
Pour ce faire, il prend appui sur les mythes et les complexes.
Il explique l'ambivalence de cet élément qui peut symboliser pour l'homme autant le bien que le mal, le paradis que l'enfer, c'est la connaissance qu'on veut voler (Prométhée), c'est autant la destruction que la purification, c'est la chaleur, le réconfort ou bien, au contraire, la folie, la puissance du désir sexuel, il nous nourrit en cuisant nos aliments, nous enivre avec l'alcool (l'eau de feu), il participe à l'alchimie, c'est un élément de puissance…
Tout au long de cette lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Calcifer, le petit démon lié à Hauru dans le dessin animé de Hayao Miyazaki le château ambulant (ou plutôt dans le roman le château de Hurle, mais j'avoue, je ne l'ai pas encore lu…). A lui seul il prend presque toutes les formes dont parle le philosophe.
Au départ c'est un feu stellaire, c'était une étoile tombée du ciel avant qu'il ne fasse un pacte avec Hauru, c'est le feu nourricier, le feu magique qui déplace le château, le feu de la passion, il détient le coeur d'Hauru, il est aussi le feu purificateur lorsqu'il essaie de détruire le vers espion de la sorcière Suliman, il est réconfortant, c'est le foyer…
Je crois que Gaston Bachelard l'aurait beaucoup apprécié !
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Du feu purificateur-comme pur, feu en grec- au feu destructeur, du feu du démiurge, de l'industrie humaine, qui forge, protège et transforme la matière au feu qui dévore, consume et détruit, du feu qui éclaire, illumine au feu qui punit, le feu, comme le dit si bien Espritroumain, est oxymorique.

Feu d'Empédocle, feu d'Héraclite, feu de Prométhée...le feu nous renvoie à l'histoire de l'humanité, à sa quête du savoir et du mieux-être, et aussi à mythologie qui est une autre façon de dire ce que l'on sait, plus imagée, plus narrative.

Feu littéraire aussi, comme ces voleurs de feu qui ont suivi Rimbaud depuis la lettre du voyant dans les sentiers dangereux de la poésie moderne- déjà défrichés par Nerval et quelques autres...

J'ai vis à vis de la philosophie contemporaine des réticences certaines: j'ai toujours l'impression qu'on se paye de mots et qu'on dit de façon ultra codée et compliquée ce qu'on pourrait dire de façon limpide, rationnelle et communicable, comme les philosophes anciens....

Comme si la sagesse -un philosophe est simplement un ami de la sagesse- qui est la chose du monde la moins partagée mais la plus hautement désirée pour la communauté humaine, devenait l'apanage exclusif de ceux qui savent déjà et se gardent bien de partager ce savoir,- une sorte de cercle fermé, d'entre-soi d'où seraient exclus tous ceux qui n'ont pas les clés...

Rien de tout cela chez Bachelard, qui est un peu le chien fou de la philosophie, je sais, et peu considéré par les VRAIS philosophes (???)...

Chez lui, au contraire une clarté -c'est bien le moins avec un tel sujet!-, un plaisir à partager et faire comprendre, une inclusion et pas une exclusion: la science et la poésie, les anciens et les modernes, l'histoire et la légende, les adeptes et les novices, pour reprendre une terminologie babeliote!

Merci Bachelard - bien après Platon, Lucrèce, Montaigne, Pascal, Rousseau, Voltaire, Diderot .. lus avec passion et intérêt- de m'avoir redonné envie de renouer avec la philosophie dont m'avait rebutée la philosophie contemporaine..
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Bachelard tente ici de faire le tour du sujet et nous livre une analyse fouillée sur la perception du feu à travers les âges et le ressenti qu'en ont eu les hommes...Le feu fascine, entre enfer et paradis il est partout, il représente le bien comme le mal/ l'incendie non maitrisé où la flambée apaisante devant l'âtre. Elément à la fois purificateur et destructeur, le feu est un élément central. C'est cette histoire et cette réflexion que G Bachelard nous livre ici...
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L'explication de la découverte du feu reste celle (non avérée) du frottement (volontaire) de deux bouts de bois (d'essence différentes : dure (mâle) pour la flèche et tendre (femelle) pour le creuset) dont l'échauffement produit (l'acte sexuel) crée la flamme (l'amour).
Il subsiste alors une contradiction entre le pur et l'impur qui donne au feu un pendant démoniaque lorsqu'il est débridé (p 167) et un côté harmonieux lorsqu'il est constant, au sein du foyer (Chap. VIII).
Plus sur anne.vacquant.free.fr/av/
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Tombé dessus par hasard, je l'ai acheté chez un bouquiniste pour la modique somme d'un euro.
On pourrait dire un euro symbolique quand on sait qu'il faut débourser pas moins de 20 euros pour acquérir le dernier Philippe Besson ( par exemple). Là aussi, la différence est pour moi, très significative. Pourtant l'importance que j'attache à la modestie du livre d'occasion n'est pas seulement d'ordre économique, elle à une valeur supplémentaire, j'ajoute à l'objet de seconde main une valeur qui n'est pas vraiment "raisonnable", irrationnelle?
C'est précisément cette "qualité supplémentaire" que l'on attache aux objets, qui relève plus de l'imagination que de l'entendement, le sujet d'étude de prédilection de Gaston Bachelard. Epistémologue avant de s'intéresser à la poésie, le matériau de son étude réside dans tout ce qui fait obstacle à l'objectivité scientifique, ce qui hante notre pensée humaine, trop humaine.
Plus précisément, dans la psychanalyse du feu, Gaston nous expose une syntaxe métaphorique autour de l'élément feu, nous démontrant que l'ensemble de ces images symboliques qui fondent notre inconscient collectif, constituent autant de barrières psychologiques à franchir pour accéder à une connaissance plus pure de ce qui relève de la simple réaction chimique.
Pas d'inquiétude à avoir, il ne s'agit pas d'un ouvrage scientifique, mais de psychologie qui emprunte à la littérature fantastique, à la poésie, à l'alchimie, aux mythes fondateurs, les exemples les plus probants de conceptions animistes ou substantialistes du feu.
L'étude non exhaustive de cette matière inconsciente qui abuse nos sens et notre entendement s'avère vraiment passionnante et plus digeste qu'il n'y paraît.Des thèmes comme le complexe de Prométhée, le complexe d'Empédocle ou la sexualité du feu sont abondamment illustrés d'exemples ce qui ravive une lecture parfois difficile. le langage emprunté à la psychanalyse jungienne peut être rébarbatif, voir désuet, mais l'essentiel est à la portée de tous ce qui sauront s'intéresser à la substance de la "rêverie", cette très intime expression du Soi, inspiratrice de l'esprit poétique.
J'aime particulièrement cette citation de Paul Eluard en préambule de l'ouvrage:
"Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis"
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La première chose que je me suis dite est "tiens, je n'avais jamais vu les choses comme ça" pour moi c'était l'eau qui représente une dualité forte mais le feu l'est encore plus, le premier paragraphe le résume parfaitement.
Peut-être est-ce dû à un changement de la vision du feu, ne servant aujourd'hui qu'à cuire nos aliments ou à ravager une partie de l'Australie, perdant cette contemplation rêveuse qu'offre l'âtre. J'ai pourtant des souvenirs d'enfance similaires à l'auteur, bien que n'étant pas de la même génération, la douceur du feu remplissant le salon, la beauté d'une flamme de bougie d'anniversaire, voir mon père s'occuper avec art de raviver la flamme du foyer.
L'auteur aborde l'objet du feu à travers divers complexes, vulgarisation oui mais nécessitant de connaître des bases solides en psychologie. Psychanalyse qui emprunte à la philosophie, ce petit livre est grand par son contenu. Je ne suis jamais déçu des découvertes faites dans les bibliothèques d'hôpitaux.
La littérature est également présente avec "Histoire du rêveur" de George Sand, "en tout cas, elle porte la marque du Volcan plutôt imaginé que décrit." et divers autres auteurs. Les références ne sont pas étouffantes et la psychanalyse m'a semblé claire même si j'ai dû rechercher à plusieurs reprises pour avoir des définitions philosophiques.
Complexe mais néanmoins passionnant.
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La psychanalyse du feu de Gaston Bachelard remonte toute les époques pour nous expliquer comment la perception psychologique et l'inconscient peut altérer la littérature et les sciences objectives.

Cette « psychanalyse de la connaissance objective » est découpé en plusieurs chapitre reprenant les complexes et les problèmes liées au feu. On y découvre notamment un chapitre sur la chimie du feu et comment elle a été influencé par l'inconscient. Chaque chapitre est découpé en plusieurs sous partie qui mène à la réponse au chapitre (qu'est ce que le complexe d'Empédocle ? ...) L'avantage de ce découpage est qu'il permet une lecture très découpé les différentes idées étant bien séparé, un chapitre peu se lire sans forcément qu'on ai en tête le chapitre précédents.

Le style d'écriture est agréable on peut tout de même noté que les référence d'auteurs sont très nombreuse rendant des fois le texte un peu coupé. Sinon les phrases sont simple, le vocabulaire utilisé reste philosophique mais accessible. le ton est plutôt cordial, on sent un auteur qui est proche de nous.

En ce qui concerne le sujet il est assez passionnant, c'est vraiment essayé d'analyser la connaissance objective pour montrer qu'elle n'a pas toujours était vraiment objective. Plusieurs passage sur la médecine ou l'alcool sont très marquant de ce concept d'influence. le livre pourrait se résumer à la question « Comment la connaissance subjective du feu a imprégner l'art et la science ? » On peut aussi noté un fait intéressant qui est celui de l'évolution de la science qui se voit très bien dans cet essaie.

Pour conclure cette petite critique, le livre est passionnant, notamment d'un point de vue historique (évolution de la culture sur le feu). D'un point de vue philosophique il est intéressant de montrer l'interaction entre connaissance objective et subjective. Ce livre est assez court à lire et il se trouve tout à fait intéressant de le lire, que ce soit un chapitre où même juste la conclusion.
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