Robin des Bois et Petit Jean était l’une des pièces de mai préférées des gitans anglais et écossais de l’époque ; comme les gitans, elle avait été officiellement bannie, le parlement écossais décrétant le 20 juin 1555 que « nul ne doit tenir le rôle de Robin des Bois, Petit Jean, l’abbé de Déraison ou la reine de Mai. »
(..) Pour quelle raison avait-elle été interdite ? En partie, manifestement, parce que le sujet lui-même, la défense d’un légendaire hors-la-loi était considéré comme subversif. (…) Robin des Bois, pendant tout le Moyen Âge en Ecosse et en Angleterre, ne fut qu’accessoirement le hors-la-loi dont parla plus tard l’histoire. Avant tout il était une espèce de lutin qui dérivait de l’antique dieu des celtes et saxon de la fertilité ou de la végétation, « l’Homme vert », tandis que dans le folklore populaire, « Robin des Bois » était un surnom interchangeable avec celui de « Robin vert », « Robin du Bois-vert », « Robin-le-bon-compagnon », le Puck du Songe d’une nuit d’été qui, au solstice, préside à la fertilité, à la sexualité et aux épousailles.
La légende de Robin des Bois offrait en pratique un prétexte commode pour réintroduire les rites de fertilité de l’ancien paganisme au sein d’une Grande-Bretagne nominalement chrétienne. Chaque 1er mai, il y avait un festival d’origine païenne. Les rites étaient joués autour du « mât de mai », symbole traditionnel de la déesse archaïque de la sexualité et de la fertilité. A la Saint-Jean, chaque vierge du village devenait métaphoriquement la reine de Mai. Beaucoup d’entre elle étaient conduites dans la forêt où elles recevaient leur initiation sexuelle d’un adolescent jouant le rôle de Robin des Bois ou Robin-le-bon-compagnon, tandis que le frère Tuck, « l’abbé de Déraison », officiait, « bénissant » les couples réunis en une parodie de noces solennelles. En vertu des ces mises en scènes, les frontières séparant la pantomime du rite de la fertilité s’évanouissaient. Le 1er mai était en réalité une journée d’orgie. Neuf mois plus tard, il produisait, à travers les îles Britanniques, sa moisson annuelle d’enfants. Ce fut ces « fils de Robin » que beaucoup de noms de famille tels Robinson, Robertson trouvèrent origine.
306 - [J’ai lu n° 8935, p. 151-152]
A la fin du XIVe siècle, cent ans avant Colomb, un autre Sinclair s’embarqua dans un exploit encore plus audacieux. Vers 1395, Sir Henry Sinclair, comte (ou comme on l’appelle parfois « prince ») d'Orkeney, en compagnie de l’explorateur vénitien Antonio Zeno, tenta la traversée de l’Atlantique. Il est certain qu’il atteignit le Groenland, où le frère de Zeno, lui aussi explorateur, affirmait avoir découvert un monastère en 1391 ; des études récentes suggèrent qu’il pourrait même avoir atteint ce que l’on appela plus tard le Nouveau Monde. D'après certains témoignages, des éléments troublants indiquent qu’il avait l’intention de se rendre au Mexique (3). Si c’est exact, cela expliquerait pourquoi Cortès, quand il arriva en 1520, fut identifié par les Aztèques non seulement avec le dieu Quetzacoalt, mais aussi avec un jeune homme blond aux yeux bleus qui, dirent-ils, l’avait précédé il y avait bien longtemps.
308 - [J’ai lu n° 8935, p. 145]
3) L’informateur de Sinclair, un pêcheur, affirmait que vingt-six ans plus tôt, il avait fait naufrage sur une île du Nouveau Monde. Au cours de ses longues années de captivité, il fut conduit au sud, où existait une grande civilisation : » … ils sont plus civilisés vers le sud-ouest, où le climat est plus doux ; ils ont des cités, des temples pour leurs idoles, dans lesquels ils sacrifient des hommes, qu’ils mangent ensuite. Dans ces contrées, ils connaissent l’or et l’argent ». (Major, op.cit., p. 14). Sinclair avait l’intention de se faire accompagner par ce pêcheur pendant le voyage sur l’Atlantique qu’il projetait. Malheureusement, le pêcheur mourut juste avant le départ.
En fait on peut se demander si le coup de Philippe fut si inattendu qu’il le croyait, et que les historiens le pensèrent plus tard. Des preuves considérables laissent supposer que les templiers reçurent un avertissement. Peu avant l’attaque, le Grand Maître Jacques de Molay fit apporter un grand nombre des livres de l’ordre et les fit brûler. Un chevalier qui se retira du Temple vers cette époque apprit du trésorier qu’il était extrêmement « avisé », car cette crise était imminente. Un édit officiel circula dans toutes les commanderies françaises, soulignant qu’aucune indication ne devait être livrée sur les rites ou rituels de l’ordre.
En tout cas, que les templiers aient été prévenus ou qu’ils aient simplement senti le vent tourner, certaines décisions furent assurément prises. En premier lieu, nombre de chevaliers s’enfuirent, et comme s’ils en avaient eu l’instruction -- nulle part il n’est fait mention de templiers français résistant activement aux sénéchaux du roi. En second lieu on dispose de certaines indications relatives à une fuite organisés par un groupe de chevaliers, dont presque tous étaient associés, d’une façon ou d’une autre, avec le trésorier de l’ordre.
Etant donné ces préparatifs flagrants, il n’est pas étonnant que le trésor du Temple ait disparu, ainsi que presque tous les documents et archives. Interrogé par l’Inquisition, un chevalier révéla que le trésor avaient été transféré de la commanderie de Paris peu avant les arrestations. Le même témoin déclara que le Commandeur de France avait lui aussi quitté la capitale avec cinquante chevaux, et embarqué -- il n’existe aucune indication de l’endroit où cela eut lieu -- avec dix-huit galères, dont on ne revit jamais aucune. Que cela fût vrai ou non, toute la flotte du Temple semble effectivement avoir filé entre les griffes du roi. On ne possède aucun rapport sur la prise éventuelle d’un des vaisseaux de l’ordre -- pas seulement à l’époque, mais jusqu'à maintenant. Au contraire, les navires semblent s’être complètement volatilisés, en même temps que ce qu’ils transportaient.
313 - [J’ai Lu n° 8935 - p. 76]
Les Sinclair n’étaient pas les protecteurs des seuls maçons. Au cours du XVIe siècle, ils s’étaient institués patrons des gitans, qui » bénéficiaient encore de la faveur et de la protection de la famille Roslin dans le premier quart du XVIIe siècle ». En Ecosse, la législation avait toujours été sévère à leur égard, et sous la Réforme elle le devint plus encore. En 1574, le parlement écossais décréta que tout gitan appréhendé devait être fouetté, marqué au fer rouge à la joue ou à l’oreille, ou bien avoir l’oreille droite coupée. De nouvelles lois, encore plus strictes, furent introduites en 1616. A la fin du XVIIe, les gitans furent déportés en masse vers la Virginie, les Barbades et la Jamaïque.
307 - [J’ai lu n° 8935, p. 150]
Il d’autres domaines où il n’existe pas la moindre documentation, où des estimations même grossières sont impossibles. On sait que le Temple possédait une flotte considérable -- de navires marchands et de guerre -- qui opérait non seulement en Méditerranée, mais aussi sur l’Atlantique. Les comptes rendus médiévaux font au passage de nombreuses allusions aux ports du Temple, aux vaisseaux du Temple, aux ressources navales du Temple. Il y a même des documents où sont apposés la signature et le sceau d’officiers de marine appartenant à l’ordre. Et pourtant, aucune sorte d’information détaillée n’a survécu concernant l’activité maritime des templiers. Il n’existe nulle part la moindre indication sur la force de la flotte, ni sur ce qu’elle devint après que l’ordre eut été supprimé. De même, un rapport anglais de la fin du XIIe siècle parle d’une femme reçue dans le Temple en tant que sœur, et semble impliquer tout à fait clairement l’existence d’une antenne féminine. Mais on n’a jamais trouvé de plus net ou plus précis à ce sujet. Même les informations susceptibles de figurer dans les archives de l’Inquisition ont depuis longtemps disparu, ou ont été volontairement détruites.
309 - [J’ai Lu n° 8935, p. 86]